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25/10/2010

Le Monde de Marcelo | roman de Francisco X. STORK

Marcelo.jpgroman
de Francisco X. STORK
Traduit de l’américain par Anne Krief

Éd. Gallimard jeunesse | août 2010
380 pages - 13,50€


Marcelo a dix-sept ans, il est atteint du syndrome d’Asperger (une forme très légère d’autisme) et fait sa scolarité dans une institution spécialisée qui accueille des enfants souffrant de différents handicaps. Depuis qu’il a découvert l’hippothérapie, il veut apprendre le dressage des poneys et souhaite occuper ses vacances à travailler dans les écuries de l’institution. Son père voit les choses différemment et veut que son fils se confronte à ce qu’il appelle «le monde réel», celui qui s’étend hors des murs de l’établissement spécialisé. Il voudrait même que Marcelo quitte cette école pour faire sa dernière année de scolarité au lycée de la ville. Père et fils passent un marché: si le jeune homme travaille, durant l’été, dans le cabinet d’avocats que son père a fondé et dirige, et s’il y fait ce qu’on attend de lui, il pourra choisir de retourner à l’Institut Paterson à la rentrée. Dans le cas contraire… il devra se plier au désir de son père et faire sa terminale dans «le monde réel».

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23/10/2010

Sens interdit | roman de Danielle MARTINIGOL & Alain GROUSSET

Sens interdit.jpgÉd. Flammarion, coll. Ukronie | août 2010
325 pages – 15€

En 1918, la grippe espagnole a fait des millions de victimes et tous ceux qui ont survécu ont perdu tout ou partie de leurs capacités olfactives. Des religieux extrémistes, réunis dans l’Ordre des Flagellants, ont profité du désarroi de la population de la Confédération française, qui regroupe la métropole et ses colonies, pour asseoir leur pouvoir tyrannique et faire régner l’obscurantisme social.
Des années plus tard, un orphelin, garçon blanc de dix-sept ans, est recueilli dans un monastère de Tanzanie, Tarakea. Le jeune Mathis cache qu’il est un «odorant absolu». La société est divisée en castes, selon les différentes capacités olfactives, décelées dès l’âge de deux ans, chez tous les enfants: certains sont Animal, Végétal ou Minéral, avec différents degrés et sous-ensembles: Odorant Animal Humanique ou Animal Fauve, Végétal Boisé ou Végétal Fruité… Ou, situation la pire, Odorant Rebut: capable seulement de sentir les odeurs de déjections animales et humaines et par là condamné à exercer des métiers dégradants.
Mathis se sait en danger si son secret venait à s’ébruiter.

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11/10/2010

L’Enfant du fantôme | roman de Sonya HARTNETT

enfant du fantome.gifTraduit de l’australien par Fanny Ladd et Patricia Duez
Éd. Les Grandes Personnes | août 2010 | 156 pp. - 13€
REEDITION - Première édition au Serpent à Plume

Une vieille dame rentre chez elle et trouve, installé dans son salon, un jeune garçon qui a tout l’air de l’avoir attendu depuis longtemps. Elle lui offre du thé et des gâteaux et, comme une évidence, se met à lui raconter sa vie. Comment, un soir, alors qu’elle venait de terminer sa scolarité, son père lui demanda quelle était la plus belle chose au monde et comment devant la pauvreté de sa réponse, il l’emmena faire un grand voyage autour du monde pendant une année entière. Comment à son retour, elle avait compris que la plus belle chose était la connaissance de toutes les beautés du monde. Enfin, elle lui raconte comment elle a rencontré un homme étrange, Plume, à qui elle a décidé de lier sa vie pendant quelques temps. Le temps d’un amour, un temps que Plume a concédé sur sa liberté jusqu’à ne plus pouvoir y renoncer.  Comment elle a mené sa vie depuis de le départ de son  amour, comment elle a vieilli jusqu’à être aujourd’hui, cette vieille femme qui se raconte à cet enfant surgi de nulle part.

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25/08/2010

Un automne à Kyoto | roman de Karine REYSSET

Automne Kyoto.jpgÉd. L’École des loisirs | coll. Médium | avril 2010 | 176 pp. – 10€

Cet automne à Kyoto c’est celui que Margaux, seize ans et sa sœur Apolline, quatre ans, passent avec leur père, dramaturge passionné de théâtre japonais et qui a obtenu une bourse du ministère des Affaires étrangères, dans l’ancienne capitale impériale du Japon. Seize ans c’est un âge difficile pour partir loin de ses amis et de ses amours. Et même si Margaux s’est plongée dans les romans de Mishima et d’Haruki Murakami et les films d’Ozu, de Takeshi Kitano ou Hayao Miyazaki, le départ est rendu plus difficile encore par son amour naissant pour Mathias et par le brusque changement de programme de sa mère. Celle-ci, appelée comme costumière sur un tournage, décide de ne pas suivre sa famille pour raccrocher les wagons d’une vie professionnelle en sommeil depuis la naissance d’Apolline.

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20/08/2010

Felicidad | roman de Jean MOLLA

felicidad.gifÉd. Gallimard | coll. Pôle fiction | juin 2010 (EO 2005) | 320 pages – 6 €

Les éditions Gallimard viennent de rééditer le roman de Jean Molla, dans une nouvelle collection de poche, à petit prix. L’occasion de se jeter dessus pour celles & ceux qui ne le connaissent pas, et pour nous, de rééditer la critique parue à sa sortie il y a cinq ans et toujours d’actualité…

Felicidad nous plonge dans l’une de ces sociétés «parfaites» qu’affectionnent les romans d’anticipation. Parfaite, au sens où elle fournit, à première vue, des solutions à certains grands problèmes: les guerres, la faim, le travail, les inégalités sociales, la violence... Ces solutions consistent souvent à confiner les zones de troubles dans des recoins bien isolés et maîtrisés: dans le cerveau d’une seule personne (lire Le Passeur de Loïs Lowry) ou dans des «enclaves» «légalement hors la loi» et des «guerres délocalisées» comme c’est le cas dans Felicidad.

Dans cette Grande Europe du futur, régentée par un consumérisme sans limites et dirigée par un président à vie, le bonheur est devenu un droit et un devoir pour tous les Citoyens (enfin, ceux qui méritent ce titre...) Les tâches contraignantes ou avilissantes ont été confiées à des «parumains»: «des organismes issus du génie génétique imitant l’apparence, le mode de pensée et le comportement des humains». Société parfaite, donc monstrueuse, congénitalement gangrenée. À la suite du meurtre du ministre du Bonheur, les failles de cette organisation seront révélées, une à une, au lieutenant Alexis Dekcked: enquêteur d’exception, lancé sur les traces de trois parumains hors normes, ce solitaire est néanmoins amoureux d’une belle parumaine.

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11/08/2010

Chasses olympiques | roman de Nicolas CLUZEAU

Chasses olymoiques.jpgÉd. Gulf Stream | coll. Courants Noirs | mars 2010 | 268 pp. - 13,50€

Après un terrible prologue, situé en 1897, au cours duquel deux trappeurs découvrent, dans une propriété isolée du nord de la Suède, une famille sauvagement massacrée et dont il ne reste qu’un nourrisson sauvé du carnage par un magnifique renne, l’histoire reprend à Stockholm en 1912, à la veille de l’ouverture des cinquièmes Jeux olympiques. Sonia, le bébé rescapé du meurtre de sa famille, est une jeune athlète de seize ans et s’apprête à concourir au sein de l’équipe suédoise de natation féminine. Au même moment, sa grand-mère meurt après lui avoir révélé l’identité des responsables de la mort de ses parents. Sa grand-mère voudrait que Sonia se venge de la famille Swahr qu’elle accuse, mais la jeune fille refuse de conduire une vendetta quinze ans après les faits et préfère se concentrer sur les Jeux qui commencent tout juste. La disparition de celui qui est à la fois son tuteur et son entraîneur, Björn Fergüson, l’oblige à plonger dans l’histoire familiale et à poursuivre, littéralement et réciproquement, les assassins de ses parents.

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10/08/2010

The Agency – Le Pendendif de Jade | roman de Y.S. LEE

Agency.jpgTraduit de l’anglais par Lilas Nord
Éd
. Nathan | mai 2010 | 384 pp. - 14,90€

Mary, condamnée à l’âge de douze ans à mort par pendaison pour cambriolages, est soustraite in-extremis au châtiment et inscrite sous un faux nom dans une institution pour jeunes filles. Cinq ans plus tard, devenue Mary Quinn, elle est une belle jeune femme de dix-sept ans instruite mais toujours prête à en découdre et pas vraiment faite pour la carrière d’enseignante qui s’offre à elle. Ses protectrices lui apprennent alors que l’Institution pour Jeunes Filles de Miss Scrimshaw cache en réalité une organisation secrète: l’Agency qui officie dans le renseignement. Les agents sont tous des femmes et comme l’explique Felicity, l’une des deux têtes de l’organisation: «C’est là que nous faisons jouer le stéréotype de la docile servante à notre avantage. Puisqu’on considère les femmes comme des créatures superficielles, sottes et faibles, nous nous retrouvons finalement, dans des situations comparables, mieux placées que les hommes pour observer et pour apprendre […] Là où, dans la même situation, un homme éveillerait rapidement les soupçons, nous avons constaté qu’une femme qui fait semblant de travailler comme gouvernante ou comme domestique, par exemple, passe le plus souvent inaperçue…»

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01/08/2010

LA MESSAGÈRE DE L'AU-DELÀ

messagère de l'au-delà.gifRoman ado de Mary HOOPER
Traduit de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez
(première édition : éd. Panama, 2008)
Éd. Les Grandes Personnes, 240 pages
août 2010 - 15 €

Angleterre 1650. Donnée pour morte après avoir été pendue, Annie Green se réveille sur la table d’un apothicaire, entourée de médecins et d’étudiants soudain compatissants. L’histoire de cette incroyable résurrection – inspirée d’un fait réel, nous dit-on – nous est contée de deux points de vue qui s’entrecroisent, chapitres après chapitres. Celui, à la première personne, d’Annie qui, se croyant dans l’antichambre de la mort ou dans quelque purgatoire, se remémore les événements qui l’ont conduite à l’échafaud à peine sortie de l’enfance, et celui de Robert Mathews, un étudiant en médecine, affublé d’un terrible bégaiement, qui l’isole des siens presqu’aussi sûrement que le coma d’Annie. Ces deux récits sont ceux de l’archaïsme et de la modernité en marche. Et s’il n’est pas possible de dévoiler ici ce qui a mené à la condamnation à mort d’Annie pour infanticide, qu’on sache seulement qu’il y est question du pouvoir des hommes sur les femmes, des nobles sur leurs domestiques, d’une justice au service d’une classe et d’un sexe plus qu’au service du droit. Au fur et à mesure qu’Annie avance vers son destin tragique, Robert s’interroge sur la science, sur la nature humaine et sur les relations entre le corps et l’âme.

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21/07/2010

Sexy | roman de Joyce Carol OATES

sexy scripto.gifTraduit de l’américain par Diane Ménard
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto | janvier 2007
223 pages – 9€

Darren est un splendide adolescent. Non seulement il est beau comme un dieu mais en plus, il n’y a pas trace chez lui de cette arrogance du jeune mâle de seize ans. Qualités qui le rendent très populaire au sein de son lycée et lui donnent également un statut un peu à part dans l’équipe de natation de North Falls. Pour l’extérieur – amis, famille, professeurs, coach – Darren affiche une calme assurance. Sous la surface du beau, trop beau, nageur, c’est le bouillonnement des hormones et le maelström des questions identitaires. Alors quand son professeur d’anglais, Monsieur Tracy, lui fait des avances (mais lui a t-il seulement fait des avances?), c’est comme si ses pires craintes («Un visage comme le tien. Pas comme ton frère ou ton vieux. Confiant. Féminin. Efféminé? Beauté. Larges épaules. Hanches minces. Poisson torpille») se réalisaient. Seule solution: se convaincre qu’il ne s’est rien passé, ce qui revient à admettre son pouvoir de séduction sur cet homme cultivé et pathétique. Surtout ne rien, absolument rien laisser paraître quand ses camarades de l’équipe de natation décident, pour se venger d’une mauvaise note, de faire courir une rumeur sur les mœurs de Monsieur Tracy... Et quoi de plus simple dans un monde de suspicion, obsédé par ses propres perversions, que de faire passer cet homosexuel raffiné pour un prédateur de jeunes garçons? Darren sait l’écart qui existe entre les faits et les accusations, mais comment venir en aide à son professeur sans avouer, s’avouer, qu’il a été l’objet de son désir?

Nouveau roman pour adolescents, de la géniale et très prolixe écrivaine américaine Joyce Carol Oates, Sexy est un roman d’apprentissage qui confine au thriller. Avec une précision d’entomologiste et dans un double registre permanent intérieur / extérieur (la piscine / le lycée, les sentiments d’un adolescent / le monde qui l’entoure, l’exceptionnelle beauté / la banalité d’une intelligence moyenne...), elle nous plonge dans les affres de l’adolescence et des questions d’identité sexuelles si présentes à cet âge. Son écriture a quelque chose de clinique qui rend son récit âpre et dérangeant, dans le meilleur sens du terme; quelque chose qui s’adresse à l’intelligence du lecteur comme adulte en devenir. Au-delà de son destinataire, Sexy interpelle le lecteur adulte, le réveille. On ne le dira jamais assez, un roman, quand il est littérature, est pour tous les âges. 

sexy folio.gifAriane Tapinos
(première publication de l'article: 9 février 2007)

Sexy est aussi disponible dans la même traduction mais en collection de poche (… et pas en «jeunesse»): éd. Gallimard, coll. Folio, 2009, 240 pp. - 6,10€

 

 

 

20/07/2010

Zarbie Les Yeux Verts | roman de Joyce Carol OATES

zarbie.gifTraduit de l’américain par Diane Ménard
Éd. Gallimard, coll. Scripto | oct. 2005 | 315 pages – 11,50€

Zarbie Les Yeux Verts c’est Francesca ou plutôt Franky Pierson, la fille adolescente d’une ancienne star du football américain, aujourd’hui célèbre présentateur sportif à la télévision. Francesca, c’est son nom «officiel», celui que ses parents, sa mère surtout, lui ont choisi. Franky, c’est le nom par lequel elle veut qu’on l’appelle. Zarbie Les Yeux Verts, enfin, c’est le nom qu’elle donne à une partie d’elle-même: celle qui sait se défendre contre les sales types et contre la vie qui fait mal. Et la vie de Franky, derrière la façade de la famille riche et aimante, est loin d’être facile. Tout comme celle de sa mère qui, ne supportant plus son rôle d’épouse modèle d’un homme célèbre, tente avec mille précautions de gagner un peu d’autonomie et de mettre de la distance entre elle et son brillant mari.

Franky en veut à sa mère, comme n’importe quelle adolescente, de vouloir être libre et de tenter d’exister en dehors de sa famille, de son rôle de mère et d’épouse. Si elle se doute bien que, lorsque sa mère se couvre les bras de longues chemises et arbore une écharpe autour du cou, ce n’est pas pour céder à une mode, elle préfère ne pas trop y penser. Au contraire, elle accuse sa mère de provoquer son père. Elle-même ne sait-elle pas aujourd’hui comment éviter son courroux? Alors pourquoi sa mère s’acharne-t-elle faire ce qui va irriter son formidable père?
Pourtant, pas plus que le lecteur, Franky n’arrive à se convaincre du bien-fondé de l’attitude de son père. Et Zarbie Les Yeux Verts sait bien, elle, que quelque chose ne va pas. L’atmosphère est d’emblée oppressante. Et derrière les façades vitrées de la grande maison d’architecte, le drame, qui ne doit rien au hasard, devient inévitable. Les choses ne peuvent qu’aller de plus en plus mal, jusqu’à la conclusion finale et macabre. Là encore, Zarbie aidera Franky à déjouer les manipulations et à admettre la vérité, aussi terrible soit-elle.

Joyce Carol Oates est l’un des plus grands écrivains contemporains et son Zarbie Les Yeux Verts est un grand roman. Auteure de plus de quatre-vingt ouvrages (romans, essais, théâtre, poésie, nouvelles), Zarbie est seulement sa seconde incursion dans la littérature pour adolescents (après le formidable Nulle et Grande Gueule) et c’est une très grande réussite. Tout y est de ce qui fait les meilleurs romans de Oates: une écriture dense qui contient à la fois la réalité et ce qu’elle cache, un parti-pris idéologique clair mais jamais encombrant. En un mot: de la littérature.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 12 décembre 2005)