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20/07/2010

Zarbie Les Yeux Verts | roman de Joyce Carol OATES

zarbie.gifTraduit de l’américain par Diane Ménard
Éd. Gallimard, coll. Scripto | oct. 2005 | 315 pages – 11,50€

Zarbie Les Yeux Verts c’est Francesca ou plutôt Franky Pierson, la fille adolescente d’une ancienne star du football américain, aujourd’hui célèbre présentateur sportif à la télévision. Francesca, c’est son nom «officiel», celui que ses parents, sa mère surtout, lui ont choisi. Franky, c’est le nom par lequel elle veut qu’on l’appelle. Zarbie Les Yeux Verts, enfin, c’est le nom qu’elle donne à une partie d’elle-même: celle qui sait se défendre contre les sales types et contre la vie qui fait mal. Et la vie de Franky, derrière la façade de la famille riche et aimante, est loin d’être facile. Tout comme celle de sa mère qui, ne supportant plus son rôle d’épouse modèle d’un homme célèbre, tente avec mille précautions de gagner un peu d’autonomie et de mettre de la distance entre elle et son brillant mari.

Franky en veut à sa mère, comme n’importe quelle adolescente, de vouloir être libre et de tenter d’exister en dehors de sa famille, de son rôle de mère et d’épouse. Si elle se doute bien que, lorsque sa mère se couvre les bras de longues chemises et arbore une écharpe autour du cou, ce n’est pas pour céder à une mode, elle préfère ne pas trop y penser. Au contraire, elle accuse sa mère de provoquer son père. Elle-même ne sait-elle pas aujourd’hui comment éviter son courroux? Alors pourquoi sa mère s’acharne-t-elle faire ce qui va irriter son formidable père?
Pourtant, pas plus que le lecteur, Franky n’arrive à se convaincre du bien-fondé de l’attitude de son père. Et Zarbie Les Yeux Verts sait bien, elle, que quelque chose ne va pas. L’atmosphère est d’emblée oppressante. Et derrière les façades vitrées de la grande maison d’architecte, le drame, qui ne doit rien au hasard, devient inévitable. Les choses ne peuvent qu’aller de plus en plus mal, jusqu’à la conclusion finale et macabre. Là encore, Zarbie aidera Franky à déjouer les manipulations et à admettre la vérité, aussi terrible soit-elle.

Joyce Carol Oates est l’un des plus grands écrivains contemporains et son Zarbie Les Yeux Verts est un grand roman. Auteure de plus de quatre-vingt ouvrages (romans, essais, théâtre, poésie, nouvelles), Zarbie est seulement sa seconde incursion dans la littérature pour adolescents (après le formidable Nulle et Grande Gueule) et c’est une très grande réussite. Tout y est de ce qui fait les meilleurs romans de Oates: une écriture dense qui contient à la fois la réalité et ce qu’elle cache, un parti-pris idéologique clair mais jamais encombrant. En un mot: de la littérature.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 12 décembre 2005)

 

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