04/05/2009
Oasis dans le Pacifique | roman de Jaime Alfonso SANDOVAL
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Aleksandar Grujicic
[titre original : República mutante]
Éd. Thierry Magnier | mars 2009 | 288 pages – 11 €
Dès les premières lignes le ton est donné: «Ceci est un livre sur des personnes désagréables et en particulier sur une famille assez horripilante: la famille Topete Ruiz, ma famille». C’est Pepe junior qui parle, frère jumeau de Flora – adolescente renfrognée et paranoïaque ayant un goût prononcé pour l’horreur et l’apocalypse – et fils de don Pepe Topete, inventeur contrarié à l’imagination si débordante qu’elle mène souvent à un cheveu de la catastrophe atomique. La mère ? Pepe la qualifie de «mélange d’infirmière et de super-héroïne frustrée». Rien ne prédestinait cette famille mexicaine sans ressources – mais non sans histoires! – à faire partie des quelques milliers d’autres, sélectionnées de par le monde pour former les premiers bataillons de colons d’un nouveau pays, la République de Pangée, une île rêvée, créée et dirigée par l’inestimable don Augusto Barnaby (révérence svp). On s’en doute, le cadeau est un rien empoisonné, l’utopie écologiste fondatrice de ce nouvel état prend en fait racine sur des montagnes de déchets et s’enlise dans la tyrannie et les luttes de pouvoir. La famille Topete Ruiz survivra-t-elle à ce guet-apens? Résumons: la mère se désespère lorsqu’elle découvre que son nouvel intérieur a tout du carton-pâte recyclé, Flora se réjouit d’avance de découvrir les monstres mutants tapis dans les entrailles puantes de l’île, et le jeune Pepe s’interroge: doit-il craindre le pire ou encore admirer son père quand celui-ci accepte de devenir le nouveau grand «ingénieur» de Pangéopolis?
Nombreuses sont les péripéties et déconvenues qui émaillent ce récit et en font une lecture réjouissante. À mi-chemin entre «La Famille Adams» et Le Meilleur des mondes, le roman de Jaime Alfonso Sandoval est un régal pour qui apprécie l’humour noir, la politique-fiction… et le dépaysement. C’est cruel, très politiquement incorrect, écologiquement douteux: bref, revigorant.
Corinne Chiaradia (avril 2009)
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15/04/2009
La Vie en rouge | roman d’Anne THIOLLIER
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto | mars 2009 | 288 pp. – 10,50 €
Sun Gangming a six ans lorsqu’il pose pour la première fois le pied en Chine, terre de naissance de son père. Jusque-là il vivait en Indonésie, où depuis plusieurs générations était implantée la famille de sa mère, des commerçants chinois plutôt prospères. Mais nous sommes à l’aube des années 60, et les parents de Gangming ont décidé de tenter un «retour» dans le pays de leurs origines qui semble en plein épanouissement. Intellectuels (tous deux sont professeurs), ils se doutent que cette émigration risque d’être définitive, mais ne peuvent imaginer que l’élan révolutionnaire qui les attire, et auquel ils vont tenter au mieux de se conformer, va en quelques années rabaisser tous les «instruits» au rang d’ennemis du peuple. La désillusion commence dès l’arrivée sur le sol chinois, où on leur apprend qu’ils ne peuvent s’installer dans la ville de leur choix (à Hangzhou, près de la mer à l’est de la Chine, où vit le grand-père paternel de Gangming), mais que la révolution a besoin d’eux dans une école de la petite ville de Kunming, à des milliers de kilomètres d’Hangzhou, dans le Yunnan, province montagneuse au rude climat.
L’histoire de cette émigration «choisie» mais vécue à marche forcée nous est contée du point de vue de deux enfants: le petit Gangming, l’enfant des «Chinois d’outre-mer» et Taisen, d’un an son aînée, qui a toujours vécu à Kunming, sous le regard sévère de son père, professeur et responsable de la propagande et de l’éducation politique de l’école secondaire.
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Le Département du diable | roman de Michel HONAKER
Éd. Flammarion, coll. Tribal | février 2009 | 218 pp. - 10 €
Ça commence comme une série policière banale : Dave est en planque, pour le compte de la société de surveillance qui l’emploie, Surveyvor System. Depuis une chambre suréquipée en matériel électronique, il observe un riche homme d’affaire véreux qui séjourne dans un hôtel de luxe new-yorkais. À l’heure de la relève, Dave s’offre un verre au bar de l’hôtel et se rend compte que quelque chose de pas normal est en train de se passer : l’homme d’affaire a réglé sa note et quitté sa chambre. Départ volontaire ou enlèvement ? Comment une telle chose a-t-elle pu survenir alors qu’il faisait l’objet d’une surveillance rapprochée ? Y aurait-il une taupe chez Surveyvor System ou, pire, un «département du diable», une cellule qui, au sein de l’entreprise, poursuivrait des buts contraires à ceux de la société et surtout illicites ? Et d’ailleurs qui est Dave, ce jeune prodige des technologies de surveillance solitaire et à la recherche de son père disparu des années plus tôt ?
En ce début du roman, la seule certitude du lecteur, c’est que Dave est en danger. Traqué, il entraîne ses poursuivants dans un coin perdu de montagne où l’énigme, qui s’est transformée en affaire d’espionnage, se dénouera…
Voilà un polar drôlement bien ficelé. Pas trop sanglant, avec juste ce qu’il faut de violence pour frissonner et des retournements de situation qui font les délices du genre. On aurait aimé que Michel Honaker, le mélomane, creuse un peu plus les possibilités d’intrigues que lui offrait la passion qu’il prête à son héros : le son et surtout les sons volés. Mais, cette petite frustration mise à part, Le Département du diable est un vrai (bon) roman policier pour les ados. À qui on recommandera, par la suite, de voir l’excellent film de Brian De Palma, Blow Out.
Ariane Tapinos (avril 2009)
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31/03/2009
Le Temps des miracles | roman d’Anne-Laure BONDOUX
Éd. Bayard jeunesse, coll. Millezime | janvier 2009 | 256 pp. – 11,90 €
« Je m’appelle Blaise Fortune et je suis citoyen de la République de France. C’est la pure vérité » : la phrase qui ouvre le dernier roman d’Anne-Laure Bondoux est une vraie-fausse piste, une énigme à tiroirs que le héros-narrateur (Blaise/Koumaïl) mettra des années à élucider, pour en extraire la vérité profonde. Roman de l’exil (de la Georgie à Paris, selon un itinéraire long, périlleux, chargé de larmes, de drames et de belles rencontres), Le Temps des miracles joue à cache-cache avec son héros, ses origines, son histoire, mais c’est aussi et avant tout un roman sur le mensonge et l’amour, l’amour sans bornes d’une femme pour un enfant, son enfant, autour duquel elle a constitué un rempart de mots, de rêves, d’espoirs.
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Pic | roman de Roland SMITH
Traduit de l’américain par Alice Delarbre | éd. Seuil jeunesse, coll. Karactère(s) | janv. 2009 | 236 pp. - 12,50 €
C’est bien de sommet qu’il s’agit dans ce trépident et glacial roman d’aventure, mais le Pic du titre est le prénom du héros ! Ce jeune garçon de quatorze ans, fils de deux alpinistes émérites, est arrêté en flagrant délit d’escalade sur un building de New-York. Pour éviter une peine de prison, il accepte de partir vivre en Thaïlande avec son père, un très célèbre alpiniste. Il est censé y poursuivre ses études, loin du tapage médiatique provoqué par son exploit et qui n’est pas du goût des autorités. Mais Joshua Wood a en réalité d’autres projets pour son fils… Et c’est sur les plus hauts sommets de l’Everest que Pic va purger sa peine…
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La Route de Chlifa | roman de Michèle MARINEAU
Éd. Pocket jeunesse, coll. Roman | janvier 2009 | 190 pp. - 6,40 €
En dix ans, de Beyrouth à Montréal, de la guerre à l'exil, le trajet d'un adolescent entre violence et espoir.
Première partie : janvier 1999, Karim arrive en cours d’année dans un lycée francophone de Montréal, au Canada. Il doit affronter la curiosité – bien ou mal intentionnée – de ses nouveaux compagnons de classe, le racisme, le froid, l’absence de ses amis, l’indifférence («le plus dur c’est l’indifférence, l’impression d’être transparent. Et quand on a enfin le sentiment d’exister, c’est parce qu’on dérange»), les souffrances de l’exil…
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15/03/2009
Ailleurs | trilogie romanesque de MOKA
Éd. L'École des loisirs, coll. Médium | janvier 2009 | 316 pp. - 11 €
Romans précédemment parus à L'École des loisirs sous les titres : Ailleurs rien n'est tout noir ou tout blanc (1991), Le Puit d'amour (1992), À nous la belle vie (1994).
À quinze ans, Frankie Avalon sait déjà bien ce qu'elle veut dans la vie – devenir pilote – et sa passion pour les avions lui fait accepter d'assez bonne grâce un déménagement à Seattle avec le reste de la famille, à savoir son père et sa sœur aînée, Constance. La découverte du pays ne se fait pas sans aléa : Seattle se révèle une ville grise et triste (malgré la présence d'usines Boeing et d'une école d'aviation !). Frankie, qui n'hésite pas à se lier, va découvrir une ville où racisme et préjugés règnent et où une étincelle suffit pour mettre le feu aux poudres. Cette étincelle, c'est le très populaire Linwood Forrester qui va l'allumer, avec ses discours racistes et sa manière de séduire même la naïve Constance…
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Quand la banlieue dort | roman de Benjamin et Julien GUÉRIF
Éd. Syros, coll. Rat Noir | janvier 2009 | 174 pp. - 11 €
Matthieu est adolescent et vit dans un lotissement, un de ceux qui ressemblent aux quartiers résidentiels américains où toutes les maisons sont identiques, où tout est toujours très propre. Tellement nickel que ça en devient effrayant, pensez à Edward aux mains d’argent de Tim Burton. Mais surtout il n’y a rien à faire, pas de magasins, pas de cinéma, rien que des habitations. Alors, comme il faut s’occuper, Matthieu a pris l’habitude d’entrer chez les gens en leur absence, pas pour voler mais pour découvrir qui sont réellement les personnes qui habitent près de chez lui…
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Le Courage du papillon | roman de Norma FOX MAZER
Traduit de l’américain par Jean Esch | Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz | janv. 2009 | 304 pp. – 13 €
[EO New York 2008, The Missing Girl]
Les cinq filles de la famille Herbert sont comme «une volée d’oiseaux» : voilà ce que pense l’homme en gris qui, tous les jours, les observe à l’arrêt de bus, en chemin pour l’école. Toutes ne sont pas belles (Beauty, l’aînée de presque 18 ans, il la surnomme la vieille ou la laide), ni spirituelles (Fancy, 12 ans, c’est « l’idiote ») mais leur innocence, leur insouciance le fascinent. Une vraie aubaine, pour lui qui n’a même plus le droit d’approcher d’une école… Et aucune d’elles ne voit en lui une menace, d’ailleurs elles ne le voient même pas, toutes à leurs préoccupations familiales, amoureuses, scolaires…
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C'est pour toi que le rodeur vient | roman d'Adrienne Maria VRETTOS
Traduit de l’américain par Pierre Charras | Éd. Thierry Magnier, coll. Romans Thriller | janv. 2009, 272 pp. | 11 €
Dans une petite ville perdue dans la montagne, un groupe d’adolescents vit avec le souvenir terrifiant de l’assassinat, dix ans plus tôt, d’un de leurs camarades. Pour Dylan, ce souvenir est pire encore. Depuis la mort de Clarence, elle a développé un terrible don : elle a la vision d’enfants assassinés et du lieu où ils se trouvent, sans jamais voir l’auteur des crimes. Depuis cette époque elle tente pourtant, et dans le plus grand secret, d’aider la police à retrouver ces enfants martyrs et celui qu’on a appelé «le rôdeur». Alors que de nouveaux meurtres sont commis dans la vallée, une nouvelle élève arrive au lycée et pose beaucoup de questions qui font ressurgir les vieilles blessures.
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