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19/06/2013

BON VOYAGE LOUISE ! & BONNE NUIT LOUISE !

parents,relation père-fille,voyage,sommeilAlbums
de Markus MAJALUOMA
Traduit du finnois par Lucie Labreuille
éd. La Joie de lire
Mars 2013 – 6 €
chaque album

Après Louise & Victor et Louise & la grenouille en robe des champs, Louise et son père sont de retour pour deux savoureux albums. Dans l’un, le père et la fille entreprennent un grand voyage dans lequel l’aventure commence en faisant sa valise et se poursuit sur les escalators de l’aéroport, avant de se vivre aux couleurs de l’Asie. Il faut dire que « Partir en vacances avec Louise n’est pas de tout repos ! »

parents,relation père-fille,voyage,sommeilDans l’autre, Victor tente de coucher Louise. Là encore… ce n’est pas simple. Rien de tel que la traditionnelle (et excellente) recette de l’histoire du soir. Mais avec Louise, tout est une aventure ! Son père choisirait bien un album plein de véhicules formidables mais Louise veut l’histoire de « L’ou’s et l’abeille » ce qui n’est pas sans danger surtout si Louise fait vivre à son père les mésaventure de l’Ours…

Ces deux derniers titres installent ce drôle de couple pas si fréquent dans la littérature jeunesse (à l’exception notable d’Ernest et Célestine) : un papa qui élève manifestement seul son adorable et délurée petite fille. Sans doute fallait-il un détour par la Finlande d’où nous viennent ces petits livres étonnants et amusants, pour que cette configuration familiale (avec un papa coiffé de dreadlocks qui plus est !) fasse son entrée dans nos librairies.

Ariane Tapinos (février 2013)

09/06/2013

DARK EYES

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Roman policier
de William RICHTER
Traduit de l’américain par Raphaële Eschenbrenner
Éd. Albin Michel Jeunesse,
coll. Wiz
Janvier 2013, 363 pages – 15 €

Fini la mode des clones d’Harry Potter ou des vampires romantiques, l’éditeur de Dark Eyes nous annonce en quatrième de couverture la naissance d’une « nouvelle Lisbeth Salander » (l'héroïne de Millénium, pour qui l'ignore encore…). Bon, c’est vrai, Wally est une adolescente, en rupture avec sa famille, qui zone dans les rues de New York à la tête d’une bande de quatre jeunes paumés, installés dans un squat. Elle arbore des collants déchirés, des shorts effilochés et brandit ses ongles peints comme des griffes. D’origine russe, elle a quitté sa mère adoptive, peu après le départ de son père adoptif, et oui, comme il est précisé en quatrième de couverture, son père est un tueur. Très méchant et affublé d’un adolescent prêt à tout qui n’est autre que… le frère de Wally. 

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16/03/2011

L’Automne de Chiaki | roman de Kazumi YUMOTO

9782021000818FS.gif

Traduit du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccaty
Éd. Seuil jeunesse, 2004 – rééd. Coll. Chapitre, 2009
160 pages – 8,50€

Chiaki et sa mère emménagent au Peuplier, une résidence tenue par une vieille dame qui ressemble à «un Popeye méchant». Chiaki a six ans et vient de perdre son père, mort dans un accident de voiture. Elle et sa mère choisissent le Peuplier au hasard de leurs promenades endeuillées et silencieuses. Une étrange amitié se noue peu à peu entre la petite fille triste et angoissée et la vieille dame rusée. La vieille femme propose à Chiaki de transmettre, après sa mort, des lettres à son père.

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20/07/2010

Zarbie Les Yeux Verts | roman de Joyce Carol OATES

zarbie.gifTraduit de l’américain par Diane Ménard
Éd. Gallimard, coll. Scripto | oct. 2005 | 315 pages – 11,50€

Zarbie Les Yeux Verts c’est Francesca ou plutôt Franky Pierson, la fille adolescente d’une ancienne star du football américain, aujourd’hui célèbre présentateur sportif à la télévision. Francesca, c’est son nom «officiel», celui que ses parents, sa mère surtout, lui ont choisi. Franky, c’est le nom par lequel elle veut qu’on l’appelle. Zarbie Les Yeux Verts, enfin, c’est le nom qu’elle donne à une partie d’elle-même: celle qui sait se défendre contre les sales types et contre la vie qui fait mal. Et la vie de Franky, derrière la façade de la famille riche et aimante, est loin d’être facile. Tout comme celle de sa mère qui, ne supportant plus son rôle d’épouse modèle d’un homme célèbre, tente avec mille précautions de gagner un peu d’autonomie et de mettre de la distance entre elle et son brillant mari.

Franky en veut à sa mère, comme n’importe quelle adolescente, de vouloir être libre et de tenter d’exister en dehors de sa famille, de son rôle de mère et d’épouse. Si elle se doute bien que, lorsque sa mère se couvre les bras de longues chemises et arbore une écharpe autour du cou, ce n’est pas pour céder à une mode, elle préfère ne pas trop y penser. Au contraire, elle accuse sa mère de provoquer son père. Elle-même ne sait-elle pas aujourd’hui comment éviter son courroux? Alors pourquoi sa mère s’acharne-t-elle faire ce qui va irriter son formidable père?
Pourtant, pas plus que le lecteur, Franky n’arrive à se convaincre du bien-fondé de l’attitude de son père. Et Zarbie Les Yeux Verts sait bien, elle, que quelque chose ne va pas. L’atmosphère est d’emblée oppressante. Et derrière les façades vitrées de la grande maison d’architecte, le drame, qui ne doit rien au hasard, devient inévitable. Les choses ne peuvent qu’aller de plus en plus mal, jusqu’à la conclusion finale et macabre. Là encore, Zarbie aidera Franky à déjouer les manipulations et à admettre la vérité, aussi terrible soit-elle.

Joyce Carol Oates est l’un des plus grands écrivains contemporains et son Zarbie Les Yeux Verts est un grand roman. Auteure de plus de quatre-vingt ouvrages (romans, essais, théâtre, poésie, nouvelles), Zarbie est seulement sa seconde incursion dans la littérature pour adolescents (après le formidable Nulle et Grande Gueule) et c’est une très grande réussite. Tout y est de ce qui fait les meilleurs romans de Oates: une écriture dense qui contient à la fois la réalité et ce qu’elle cache, un parti-pris idéologique clair mais jamais encombrant. En un mot: de la littérature.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 12 décembre 2005)

 

31/05/2009

Mon papa roulait les R | album de Françoise LEGENDRE (texte) & Judith GUEYFIER (ill.)

mon papa roulait.gifÉd. Sarbacane - Amnesty international | 2° semestre 2008 | 14,90€

Un très bel album. Que l'on aurait tort de classer vite - beaucoup trop vite! - dans la case «album à thème» - ici: l'expatriation ou «ça fait quoi d'être un enfant d'immigré?» Or, aucune charge démonstrative dans ce petit bijou. Un album tout en retenue et en pudeurs et une vraie déclaration d'amour au père. Sans nier les difficultés liées à l'émigration, les auteures maintiennent la douleur à distance, comme circonscrite dans le non-dit ou dans le rythme même de la lecture, à l'image de la phrase magnifique qui ouvre (et clôt) l'album:
«Mon papa roulait les R… mais je ne m'en rendais pas compte.»

Le livre égrène des souvenirs, couleurs, odeurs, jeux, un peu de ce qui fait la saveur de l'enfance et se rattache ici à un père différent («Mon papa m'appelait de drôles de noms qui voulaient dire Petite ourse ou Cornichon… mais je ne le savais pas») Que l'on me comprenne: il ne s'agit pas de naïveté (comme c'est génial d'avoir un père étranger) mais de cette qualité particulière faite à la fois d'innocence («je ne m'en rendais pas compte») et de curiosité, d'attrait du secret (les enveloppes avec un avion bleu et les «j'étais fière qu'il ait traversé toute l'Europe»). Même sans les comprendre, l'enfant devine toujours les difficultés des adultes, les déchirures et les rejets (les larmes du père existent dans le livre aussi), mais le récit est au passé et nous parle d'une femme qui s'est construite sur ce terrain-là, doux-amer, que l'album transcrit de si belle manière. À l'image de la dernière double-page montrant une belle jeune femme, allongée sur un lit multicolore, entourée de petits objets (une peluche, une matriochka) et dont la jupe dessine un horizon où deux petites silhouettes - une enfant guidant un homme - se tiennent par la main.

La nationalité d'origine du père n'est pas précisée, on prononce le mot «apatride» et l'on imagine les confins de l'Europe (la jeune femme a des traits asiatiques - tsiganes? Mongols? - des yeux en amande et une somptueuse chevelure brune)… et ce n'est pas grave. La puissance d'évocation n'en est que plus soutenue: en dehors des livres de géographie, ce pays du père est un mythe pour l'enfant, tout entier contenu dans son accent… Les auteures nous disent en quelque sorte: on peut grandir avec ça, ces mystères-là, ces étrangetés, et les aimer encore.

Corinne Chiaradia
(première publication de l'article: 28 novembre 2008)

Sam story | roman de Laura JAFFÉ

sam story.gifÉd. du Rouergue, coll. DoAdo | février 2005 | 168 pages - 9€

«Mais non je n'invente pas. Enfin, juste un peu. Essaie d'imaginer» Ainsi s'ouvre le roman de Laura Jaffé, qui va retracer la vie de Sam avec ce qu'il faut de réalisme bien tempéré d'imagination. Sam vient de mourir. À Paris, sa fille et sa petite-fille de quinze ans vident son appartement. La dame de l'agence se fait attendre… Dans le froid (le chauffage est déjà coupé), au milieu de ces quelques mètres carrés qui furent son intimité, les deux femmes tâtonnent pour dénouer les fils d'une filiation hésitante… Le livre est la trace de ce dialogue, mais nous n'entendons que les mots de la mère, les réponses de l'adolescente sont seulement suggérées. On la devine incrédule devant la quête nostalgique de sa mère.

Le roman, d'inspiration autobiographique, est donc le récit mi-réel mi-rêvé de la vie de Sam, fils d'immigrés juifs ashkénazes, depuis son arrivée tout bébé à Ellis Island («l'île des larmes») en 1920, puis sa vie aux États-Unis, à Paris, à Toulouse, un parcours d'éternel voyageur, d'intellectuel anticonformiste, et de «père… inadéquat» (de l'aveu même de la narratrice). Le texte n'est pas dénué d'humour («J'abuse tu trouves? Tu crois que je te fais le coup de Yddish Cosette chez l'Oncle Sam?»), le dialogue est vivant, on se prend au jeu d'imaginer les réponses de la fille. Cette mère qui s'en défend finit par nous toucher dans sa recherche du père. Sa quête est à la fois extraordinaire (par les origines de Sam, son parcours, son refus du trivial) et terriblement commune: quel enfant peut affirmer vraiment connaître ses parents?

Publié précédemment dans la collection «La brune» des éditions du Rouergue, Sam Story est réédité en doAdo et c'est une belle initiative. Doucement, presque paradoxalement, le récit se fait plus universel à mesure que l'histoire est plus précise. «Connaître ses origines, d'où viennent ses grands-parents, ses arrières grands-parents, est-ce vraiment important?»: si l'on doute de la réponse à apporter à cette question inscrite en 4e de couverture, on dispose au moins, en refermant le livre, de quelques pistes sensibles, à suivre pour se construire.

Corinne Chiaradia
(première publication de l'article : 1er mars 2005)

06/12/2008

Portée par le vent... | album de Soyung PAK (texte) & Marcelino TRUONG (ill.)

portée par vent.gifÉd. Gautier-Languereau | octobre 2003 | 12€

Voici une très jolie parabole racontée par son papa (vietnamien?), à sa petite fille: quand une graine naît sur une terre trop froide, si elle manque de soleil ou de pluie, elle s'envole, poussée par le vent; elle franchit les océans et vole, vole jusqu'à ce qu'elle trouve une bonne terre où se poser, germer, s'enraciner. Les images lumineuses du pays où la petite fille s'est enracinée contrastent avec les images sombres des pays en guerre ou opprimés que son père a traversés. Soyung Pak, l'auteure, est d'origine coréenne, Marcelino Truong, l'illustrateur, est d'origine vietnamienne. Ils rendent ensemble un bel et émouvant hommage à leurs parents respectifs.

Mireille Penaud
(première publication de l'article: novembre 2003)