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10/08/2010

The Agency – Le Pendendif de Jade | roman de Y.S. LEE

Agency.jpgTraduit de l’anglais par Lilas Nord
Éd
. Nathan | mai 2010 | 384 pp. - 14,90€

Mary, condamnée à l’âge de douze ans à mort par pendaison pour cambriolages, est soustraite in-extremis au châtiment et inscrite sous un faux nom dans une institution pour jeunes filles. Cinq ans plus tard, devenue Mary Quinn, elle est une belle jeune femme de dix-sept ans instruite mais toujours prête à en découdre et pas vraiment faite pour la carrière d’enseignante qui s’offre à elle. Ses protectrices lui apprennent alors que l’Institution pour Jeunes Filles de Miss Scrimshaw cache en réalité une organisation secrète: l’Agency qui officie dans le renseignement. Les agents sont tous des femmes et comme l’explique Felicity, l’une des deux têtes de l’organisation: «C’est là que nous faisons jouer le stéréotype de la docile servante à notre avantage. Puisqu’on considère les femmes comme des créatures superficielles, sottes et faibles, nous nous retrouvons finalement, dans des situations comparables, mieux placées que les hommes pour observer et pour apprendre […] Là où, dans la même situation, un homme éveillerait rapidement les soupçons, nous avons constaté qu’une femme qui fait semblant de travailler comme gouvernante ou comme domestique, par exemple, passe le plus souvent inaperçue…»


Pour sa première mission, Mary est placée comme dame de compagnie d’une jeune fille assez désagréable, dont le gouvernement britannique soupçonne le père de tremper dans de sales affaires ayant trait au commerce avec les Antilles.
S’ensuit une intrigue pleine d’aventures et de charme, racontée avec malice par l’auteure qui ne rate jamais l’occasion de donner le beau rôle au sexe du même nom.
C’est que, derrière l’amusante histoire policière, se dévoile très vite un savoureux roman féministe (osons le mot qui fait rougir!) qui donne à réfléchir aussi sur le travail domestique (dans le sens de «service domestique»*) et trouve un étrange écho dans les débats d’aujourd’hui sur les emplois de service et les discriminations des femmes dans le travail. Au point que les mots qu’Y.S. Lee place dans la bouche des deux dirigeantes de l’Institution pour Jeunes Filles, au milieu du XIXe siècle, sont d’une troublante actualité: «Le mariage est un pari très risqué et les tâches les moins qualifiées réservées aux femmes les placent à la merci de leur employeur. C’est bien pour cette raison qu’on exploite aussi honteusement la plupart des gouvernantes et des domestiques»…

Ariane Tapinos (juillet 2010)

* Il faut lire à ce sujet, le livre de Geneviève Fraisse, réédité en 2009 aux éditions Le Bord de l’eau, sous le titre : Service ou servitude, Essai sur les femmes toutes mains

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