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23/10/2010

Sens interdit | roman de Danielle MARTINIGOL & Alain GROUSSET

Sens interdit.jpgÉd. Flammarion, coll. Ukronie | août 2010
325 pages – 15€

En 1918, la grippe espagnole a fait des millions de victimes et tous ceux qui ont survécu ont perdu tout ou partie de leurs capacités olfactives. Des religieux extrémistes, réunis dans l’Ordre des Flagellants, ont profité du désarroi de la population de la Confédération française, qui regroupe la métropole et ses colonies, pour asseoir leur pouvoir tyrannique et faire régner l’obscurantisme social.
Des années plus tard, un orphelin, garçon blanc de dix-sept ans, est recueilli dans un monastère de Tanzanie, Tarakea. Le jeune Mathis cache qu’il est un «odorant absolu». La société est divisée en castes, selon les différentes capacités olfactives, décelées dès l’âge de deux ans, chez tous les enfants: certains sont Animal, Végétal ou Minéral, avec différents degrés et sous-ensembles: Odorant Animal Humanique ou Animal Fauve, Végétal Boisé ou Végétal Fruité… Ou, situation la pire, Odorant Rebut: capable seulement de sentir les odeurs de déjections animales et humaines et par là condamné à exercer des métiers dégradants.
Mathis se sait en danger si son secret venait à s’ébruiter.


Si le monde avait connaissance de la possibilité d’échapper à la maladie, les fondations du dogme des Flagellants s’effondreraient et avec elles toute l’organisation sociale qu’ils ont promue et dont ils assurent le contrôle.
En Suisse, la jeune Anne-Marianne démarre son stage chez GenPharma, l’entreprise pharmaceutique de son oncle et unique parent, Jean de Monestan. Malgré ses diplômes, elle débute aux archives, avec la mission d’y faire de l’ordre et de trier de vieux dossiers. Incidemment, elle découvre des documents qui prouvent l’existence d’un remède au Myxovirus Odorenzae… Très vite, il devient clair que la preuve vivante de l’existence du traitement et de son efficacité est Mathis lui-même. Le jeune garçon suscite alors attentions et convoitises. Pour la bonne cause de la part de Anne-Marianne et de son oncle qui veulent trouver le remède à la maladie. Pour de moins nobles raisons de la part des Flagellants…

Avec beaucoup d’humour et autour d’une intrigue trépidante, Danielle Martignolle et Alain Grousset nous convient à une réflexion sur l’intolérance, la tyrannie et l’archaïsme religieux. 
La critique est d’autant plus efficace que, sous couvert d’uchronie, elle fait maintes fois référence aux dérives actuelles de certains tenants de la foi. La lecture est alerte mais le propos sérieux: quand on confie les destinées humaines et matérielles aux religieux, à l’Eglise, quelle qu’elle soit, on ouvre la porte aux dérives totalitaristes. À méditer en savourant un très bon roman… 

Ariane Tapinos (octobre 2010)

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