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01/08/2010

LA MESSAGÈRE DE L'AU-DELÀ

messagère de l'au-delà.gifRoman ado de Mary HOOPER
Traduit de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez
(première édition : éd. Panama, 2008)
Éd. Les Grandes Personnes, 240 pages
août 2010 - 15 €

Angleterre 1650. Donnée pour morte après avoir été pendue, Annie Green se réveille sur la table d’un apothicaire, entourée de médecins et d’étudiants soudain compatissants. L’histoire de cette incroyable résurrection – inspirée d’un fait réel, nous dit-on – nous est contée de deux points de vue qui s’entrecroisent, chapitres après chapitres. Celui, à la première personne, d’Annie qui, se croyant dans l’antichambre de la mort ou dans quelque purgatoire, se remémore les événements qui l’ont conduite à l’échafaud à peine sortie de l’enfance, et celui de Robert Mathews, un étudiant en médecine, affublé d’un terrible bégaiement, qui l’isole des siens presqu’aussi sûrement que le coma d’Annie. Ces deux récits sont ceux de l’archaïsme et de la modernité en marche. Et s’il n’est pas possible de dévoiler ici ce qui a mené à la condamnation à mort d’Annie pour infanticide, qu’on sache seulement qu’il y est question du pouvoir des hommes sur les femmes, des nobles sur leurs domestiques, d’une justice au service d’une classe et d’un sexe plus qu’au service du droit. Au fur et à mesure qu’Annie avance vers son destin tragique, Robert s’interroge sur la science, sur la nature humaine et sur les relations entre le corps et l’âme.


Passionnant roman historique et moral, cette Messagère de l’au-delà est aussi une messagère du passé qui nous informe sur le sort réservé aux femmes, et aux plus pauvres d’entre elles, au XVIIe siècle. Le double récit tient le lecteur en haleine tout en lui ménageant quelques moments de répit où il apparaît assez vite que la fréquentation d’un supposé cadavre est bien moins éprouvante que celle d’une servante malmenée.
Par la période à laquelle il se situe et son formidable personnage féminin, entre naïveté et intelligence, ce roman fait penser à l’envoûtant Journal d’une Sorcière(éd. Seuil Jeunesse) de Celia Rees, ou, dans le registre adulte, au terrible roman de Margaret Atwood (par ailleurs citée par Celia Rees comme étant l’un de ses auteurs fétiches) Captive (éd. Robert Laffont). On pense aussi aux très beaux romans de Karen Cushman : Mathilda Bone et L’Apprentie Sage-femme (éd. L’École des Loisirs) qui, s’ils se situent dans une période plus lointaine, proposent eux aussi un éclairage sur la médecine comme reflet de la compréhension de la nature humaine au fil du temps.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article : www.comptines.fr, mars 2008)

 

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