04/01/2019
LE SOURIRE DU DIABLE
roman jeunes lecteurs
de Nancy GUILBERT
Éd. Oskar éditeur, décembre 2018, 178 pages – 14,95 €
Cette histoire commence en 1959, 14 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Louise, 15 ans, a une relation très tendue avec sa mère, Rose. Rose qui lui dit qu'elle a 'le sourire du diable', qui ne supporte même pas sa présence. Louise commence alors à recevoir des lettres d'un jeune allemand, un certain Wolfgang Gerschert qui va remuer un passé que Rose croyait enfoui.
Racontée sur trois périodes : 1943, 1959-60 et 1989 par trois générations de femmes (et un ou deux hommes), ce roman est très juste, incroyablement humain et bouleversant.
Les destins de Louise, Rose, Nina, Wolfgang ainsi que celui de tous ceux que nous croisons dans ce livre nous ferons peut-être voir d'un autre œil les traumatismes que peut engendrer une guerre.
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10/01/2016
HANNA ARENDT
Bande-dessinée
de Béatrice FONTANEL (scénario) & Lidnsay GRIME (images)
Éd. Naïve Livres, collection Grands Destins de Femmes, premier trimestre 2015 – 18€
Ecrit à la première personne – avec des notices biographiques en fin de volume – et fait d’allers et retours au cours du XXe siècle entre Europe et Amérique, cette bande-dessinée remarquable dresse un portrait d’Hannah Arendt en femme libre. Plus que son œuvre, qui cependant est évoquée au fil des pages, c’est de sa personnalité, forgée au cœur des bouleversements du siècle dernier, qu’il est question ici. Celle d’une femme volontaire qui place la liberté de pensée au dessus de tout autre valeur.
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14/01/2013
KORCZAK pour que vivent les enfants
Documentaire
de Philippe MEIRIEU (texte)
& PEF (illustrations)
Éd. Rue du monde, coll. Grands portraits
Septembre 2012 – 17,50 €
« Les enfants ne sont pas des personnes de demain. Ce sont des personnes d’aujourd’hui. »
Voilà un documentaire passionnant comme est passionnante la vie de ce grand pédagogue que fut Janus Korczak. Né à la fin du XIXe siècle dans une Pologne alors sous domination russe, mort en 1942 à Treblinka, camps d’extermination allemand en terre polonaise, il a consacré sa vie aux enfants. Médecin, écrivain, pédagogue, il n’a pas seulement recueilli et aidé des orphelins juifs, il a contribué à faire évoluer la manière de considérer les enfants, à leur reconnaître la qualité de personne à part entière. Pas étonnant qu’un autre pédagogue engagé, Philippe Meirieu, lui rende ici hommage. Avec Pef aux images et Rue du monde comme éditeur, on ne pouvait imaginer meilleur attelage pour dresser le « grand portrait » de ce grand homme et donner à lire aux plus jeunes, à la fois sa vie mais aussi de nombreux extraits de ses textes d’une surprenante modernité.
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22/07/2012
MAX
Roman ado de Sarah COHEN-SCALI
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto
Mai 2012, 473 pages - 15,90 €
Max est le premier né du Lebensborn de Steinhöring, en Bavière. Fruit de l’union – forcée – entre une jeune femme choisie pour son « aryenité » et un SS. Max est né sous une bonne étoile nazie, le 20 avril, jour de l’anniversaire du Führer et il est baptisé par Hitler en personne. Max – renommé Konrad – représente la future élite aryenne du programme des Lebensborn initié par Himmler et dont le but est de créer une nouvelle race conforme aux exigences nazies. Ausculté, mesuré, examiné sous toutes les coutures, Max passe avec succès toutes les sélections du docteur Ebner. Il est conforme et ne sera pas « réinstallé » (tué). Bien au contraire, il deviendra la mascotte du Lebensborn et suivra un parcours de parfait petit nazi de la fabrique des bébés aryens à la Napola, l’école – paramilitaire - de l’élite du Troisième Reich. Pire encore, Max est, dès son plus jeune âge, un auxiliaire des crimes nazis, utilisé pour faciliter les enlèvements d’enfants polonais, considérés comme aryen-compatibles, et leur intégration dans l’école où sont regroupés les enfants volés à leur parents, en vue de leur germanisation et de leure future adoption par des familles allemandes.
Pour nous raconter cette histoire ignoble – et pourtant inspirée de faits bien réels – Sarah Cohen-Scali choisit de placer son lecteur dans la tête de Max. Dès avant sa naissance, c’est lui qui nous dit qui il est et à quelle abomination il participe. Tout puissant, il observe, il sait. Le viol de sa mère, les enfants arrachés à leurs mères, ceux « réinstallés » (comprendre : déportés et tués), les tueries, les viols répétés des femmes polonaises, la réduction des femmes à un sexe et un ventre obligés de produire de bons petits aryens.
08/07/2012
LE FIL À RECOUDRE LES ÂMES
Roman de Jean-Jacques GREIF
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium, avril 2012
231 pp. – 10,70 €
Au lendemain de l’attaque surprise menée par les Japonais contre la flotte américaine stationnée à Pearl Harbour, dans l’archipel d’Hawaï, le 7 décembre 1941, le FBI arrête de très nombreux Japonais-Américains. Puis, le président Franklin Delano Roosevelt décide, par décret, le 18 février 1942, d’éloigner des côtes californienne toute la population d’origine japonaise qui y réside. Ces personnes (au nombre de 110 000 environ), qu’elles soient citoyennes américaines ou non, sont finalement rassemblées, parquées, dans une dizaine de camps répartis à l’intérieur des terres, dans l’Ouest américain. Ce fait historique mal connu est le point de départ de ce formidable roman de Jean-Jacques Greif.
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20/03/2011
L’Enfant d’Hiroshima | roman de Isoko et Ichirô HATANO
Illustrations de Joan Schatzberg (int.) et Keleck (couv.)
Traduit du japonais par Seiichi Motono
Préface d’Odette Georges Brunschwig
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Folio junior
[1959] janvier 2010, 189 pages – 6,10 €
L’Enfant d’Hiroshima est un magnifique dialogue entre un enfant (adolescent) et sa mère, un dialogue par lettres et journal interposés, qui s’étend sur une période de près de cinq ans. Cet échange a réellement eu lieu, de 1944 à 1948, entre le jeune Ichirô, étudiant à Tokyo et sa mère, Isoko, réfugiée à la campagne avec son mari et ses plus jeunes enfants. Ichirô n’est pas «né» à Hiroshima (contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre, il est plutôt un gosse de Tokyo, d’une famille d’intellectuels), mais ses interrogations, ses désirs, ses joies et ses peines sont sans doute représentatives d’une génération de Japonais qui a grandi avec la guerre et la Bombe, entrant dans l’âge adulte à l’ère «post-nucléaire» (il a dix-huit ans en 1948).
Composé au trois quarts par les lettres d’Ichirô à sa mère et pour le reste par les réponses de cette dernière à son fils si pressant, L’Enfant d’Hiroshima est ainsi un poignant témoignage du quotidien d’un adolescent japonais pendant les deux dernières années de la guerre, années de disette, d’humiliations, d’incertitudes, de craintes perpétuelles des bombardements.
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Après moi, Hiroshima | roman de Franck Pavloff
[Zulma 2002] éd. Gallimard, coll. La Bibliothèque Textes & documents
2003, 222 pp. - 5,80 €
«Derrière lui, le monde s’enfuit, Allemagne, Québec, Mozambique. Le métro s’arrête-t-il toujours à Belleville? Son dos plie sous le poids de ceux qui ont tissé son histoire avant de disparaître, sa mère, Pazardjik, Maria, Eva. Un legs de mille ans d’âge. Comment s’affranchir de cette mémoire gigogne? Tamiki a fait le choix contraire. Il prend la mémoire à bras le corps pour lui faire rendre gorge. Qui a raison?» (p. 121). Après un premier chapitre décrivant de manière saisissante l’explosion de la bombe vécue par un adolescent japonais, ce roman touffu et labyrinthique est à la fois un polar nerveux, une quête du père et de la vérité, et une réflexion sans concession sur l’instrumentalisation de la mémoire et la ligne de démarcation entre la justice et la vengeance.
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18/03/2011
Fidèles éléphants |album de Yukio Tsuchiya (texte) & Bruce Roberts (ill.)
L’histoire, célèbre, du «sacrifice» des éléphants du zoo de Tokyo, pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1943, l’armée japonaise, craignant les effets des bombardements sur le jardin zoologique, ordonne aux gardiens de tuer tous les animaux sauvages. Affligés, les gardiens obéissent, mais ne peuvent se résoudre à achever trois éléphants qui, à leur façon, vont «résister» en se laissant lentement mourir de faim. Une histoire tragique et exemplaire, contée et illustrée avec sobriété. Un monument a été érigé dans le zoo même de Tokyo, à la mémoire des fidèles éléphants dont l’histoire est lue, chaque année le 15 août à la radio japonaise, comme un message d’espoir pour une paix durable.
(première publication: juillet 2005)
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Pika, l’éclair d’Hiroshima | album de Toshi Maruki
Traduit du japonais par Nicole Coulon
Adapté par Marie Schuch
Première édition Syros, 1984 - Nouvelle édition revue et corrigée, Actes Sud Junior, mars 2005
13,50 €
C’est un jour comme les autres à Hiroshima. Un jour de guerre, mais la ville a été jusque-là épargnée par les bombardements américains qui ravagent Tokyo et Osaka. Petite Mi est en train de déjeuner avec ses parents lorsqu’à 8h15 retentit un bruit «strident, assourdissant : PIKA A A A» bientôt suivi d’une «lumière aveuglante, effrayante, violente et blanche». Ce qui suit, c’est l’horreur d’une ville en flammes, d’une mère qui tient contre son sein son enfant mort, des corps qui s’amoncellent sous la pluie noire et épaisse qui se déverse du ciel. C’est aussi, plus tard, la mort du père de Mi et de tous ceux qui n’ayant «ni blessure ni brûlure se réjouissaient de vivre» mais qui mourraient «comme le papa de Mi, sans blessure apparente».
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01/12/2010
J’ai le vertige | roman de Jennifer ROY
Traduit de l’américain par Emmanuèle Sandron
Éd. Alice jeunesse | coll. Les Romans | nov. 2010
210 pp. - 12,90€
«En 1939, les Allemands ont envahi la ville de Lodz, en Pologne. Ils en ont clôturé une partie au moyen de fil de fer barbelé. Puis ils y ont confiné 270 000 Juifs. C’était ça, le ghetto de Lodz.
Les Alliés ont libéré le ghetto à la fin de la guerre, en 1945. Seuls 800 Juifs en sont sortis vivants. Parmi eux, il n’y avait que douze enfants.
J’étais l’un des douze.»
Sylvia Perlmutter, mars 2003 - Prologue à J’ai le vertige.
Syvia est une toute petite fille d’à peine cinq ans lorsqu’elle et sa famille sont contraints, par les nazis qui viennent d’envahir la Pologne, de s’installer dans le ghetto de Lodz. Des années plus tard, aux États-Unis où elle vit désormais, sa nièce écrivaine, Jennifer Roy, recueille son témoignage et décide d’en faire un livre, adressé aux enfants. Après quelques hésitations, elle choisit, pour transmettre le témoignage de sa tante, de raconter sa vie dans le ghetto, à la première personne et avec les mots d’une enfant de 5 à 10 ans. Encadré par une introduction, un épilogue, une bibliographie et émaillé de quelques explications écrites du point de vue de l’adulte auteure du livre, le récit est celui des souvenirs qu’une vieille femme a gardé de son enfance: parcellaires et parfois anecdotiques mais aussi pleins de lucidité. Et c’est tout l’intérêt de ce livre que de raconter, comme en creux, les grands mouvements de l’Histoire dont l’écho arrive jusqu’à Syvia sans qu’elle en comprenne toujours le sens.
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