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08/07/2012

LE FIL À RECOUDRE LES ÂMES

japon,hiroshima,seconde guerre mondiale,racisme,nucleaireRoman de Jean-Jacques GREIF
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium, avril 2012
231 pp. – 10,70 €

Au lendemain de l’attaque surprise menée par les Japonais contre la flotte américaine stationnée à Pearl Harbour, dans l’archipel d’Hawaï, le 7 décembre 1941, le FBI arrête de très nombreux Japonais-Américains. Puis, le président Franklin Delano Roosevelt décide, par décret, le 18 février 1942, d’éloigner des côtes californienne toute la population d’origine japonaise qui y réside. Ces personnes (au nombre de 110 000 environ), qu’elles soient citoyennes américaines ou non, sont finalement rassemblées, parquées, dans une dizaine de camps répartis à l’intérieur des terres, dans l’Ouest américain. Ce fait historique mal connu est le point de départ de ce formidable roman de Jean-Jacques Greif. 


Vu au travers des yeux de Kenichiro un jeune garçon de douze ans qui écrit à son enseignante, depuis le camp où, lui, sa mère et sa petite sœur, sont enfermés. Kenichiro raconte avec des mots simples (bien que dans une langue parfois un peu compliquée pour un enfant de son âge) leur condition de (sur)vie, la plongée forcée dans la culture japonaise (il lui écrit qu’il n’avait jamais vu autant de Japonais), et leur départ pour le Japon… Son père, arrêté tout de suite après Pearl Harbour, a été libéré à condition d’accepter un retour forcé au Japon pour permettre un échange de prisonnier. Là-bas, Kenichiro découvre qu’il est bel et bien américain, par ses habitudes, sa double culture, son japonais hésitant. Sur le chemin de l’école, il rencontre une petite fille, Yukiro, qui se prend d’affection pour lui et tente de l’aider à s’intégrer dans son nouvel environnement. Mais Yuriko doit partir pour rejoindre sa famille à Hiroshima.

Là s’ouvre une seconde partie du roman, terrible, brutale, à la limite du soutenable. Yuriko perd tout dans l’explosion et est gravement blessée par la bombe.

Pourtant, elle et Kenichiro vont encore se croiser… avec tout le romanesque que seule autorise la littérature. Mais également, comme l’histoire qui continue d’unir ces deux pays ravagés par la guerre et qui ont sut faire taire leurs haines.

Selon la formule consacrée, on ne sort pas indemne d’une telle lecture mais elle est indispensable à qui veut comprendre l’histoire d’une des plus grande folie humaine. Après cette lecture, l’atome n’est plus un mot mais une réalité : celle de Yukiro errant dans les rues dévastées d’Hiroshima, entourée de cadavres et de vivants aux allures de fantômes suppliciés.

Ariane Tapinos (juin 2012)

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