Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/07/2012

LE FIL À RECOUDRE LES ÂMES

japon,hiroshima,seconde guerre mondiale,racisme,nucleaireRoman de Jean-Jacques GREIF
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium, avril 2012
231 pp. – 10,70 €

Au lendemain de l’attaque surprise menée par les Japonais contre la flotte américaine stationnée à Pearl Harbour, dans l’archipel d’Hawaï, le 7 décembre 1941, le FBI arrête de très nombreux Japonais-Américains. Puis, le président Franklin Delano Roosevelt décide, par décret, le 18 février 1942, d’éloigner des côtes californienne toute la population d’origine japonaise qui y réside. Ces personnes (au nombre de 110 000 environ), qu’elles soient citoyennes américaines ou non, sont finalement rassemblées, parquées, dans une dizaine de camps répartis à l’intérieur des terres, dans l’Ouest américain. Ce fait historique mal connu est le point de départ de ce formidable roman de Jean-Jacques Greif. 

Lire la suite

20/01/2012

LES OISEAUX DE L'ESPOIR

Oiseaux de l'espoir.gifAlbum de Judith LOSKE
Traduit par Julie DUTEIL

Éd. Minedition, oct. 2011 - 14 € 

C’est l’histoire vraie de Sadako, une petite fille Japonaise. Chose étrange son histoire nous est contée par sa chatte.

Août 1945, bombardement d’Hiroshima, Sadako a deux ans et demi.

Dix ans plus tard, elle tombe malade. Hospitalisée, la petite fille réalise en pliage des grues de papier espérant ainsi recouvrer la santé, car au Japon les grues sont un symbole de longévité. Elles sont ensuite devenues aussi un symbole de paix.

Dans cet album priorité est donnée à l’illustration pleine page, d’un extrême raffinement dans les détails. Les couleurs sourdes et nuancées évoquent les estampes traditionnelles. Cependant, ne vous méprenez pas, le texte épuré traduit avec force au travers de la destinée de Sadako un fait historique avec toutes ses conséquences humaines et morales.

Les deux dernières doubles pages de l’album précisent le contexte temporel et culturel du récit.

Un livre d’une grande élégance et d’une grande pudeur qui permettra aux plus grands de réfléchir aux réalités du monde. Une valeur sûre à conserver précieusement dans sa bibliothèque.

Josuan (décembre 2011)

PS : L'histoire de Sadako a également donné un très beau roman, Les Mille Oiseaux de Sadako, d'Eleanor Coerr (réédité chez Milan en septembre 2011) et un albume d'Alain Serres et Claire Franek, Je fais un oiseau pour la paix (éd. Rue du monde, 2005).


20/03/2011

Pluie Noire | roman de Masuji Ibuse

pluie noire.gifTraduit du japonais par Takedo Tamura et Colette Yugué
Éd. Gallimard, coll. Folio
[1966] août 2004, 382 pages - 7,80 €

Au lendemain du bombardement d’Hiroshima, la famille Shizuma – Shigematsu, le père, Shigeko, la mère et Yasuko leur nièce et presque fille adoptive – s’est réfugiée dans le village de Kobatake, à une centaine de kilomètres. Tous trois ont été «atomisés» à des degrés divers, mais cinq ans après la fin de la guerre seul Shigematsu semble avoir développé la «maladie atomique». Yasuko est une belle jeune fille, qui ne parvient pas à se marier tant la défiance est forte vis-à-vis des rescapés.

Persuadé que la «pluie noire» qui s’est abattue sur l’ouest de la ville n’a pas contaminé sa nièce, Shigematsu entreprend de recopier son «Journal d’un rescapé» où il relate dans les moindres détails les événements dont il fut témoin entre le 5 et le 15 août 1945. Le journal de Shigematsu (ainsi que des extraits de ceux de Yasuko et Shigeko) constitue l’essentiel du livre. Mais cet effort du souvenir ne suffira pas à faire le bonheur de Yasuko… Ce roman remarquable est déstabilisant, tant son auteur pousse loin le parti-pris de la précision documentaire sans jamais prêter à ses protagonistes de pensées anachroniques. Le lecteur est à la fois submergé de détails (la vie quotidienne, les menus en temps de famine, la géographie du désastre, les symptômes des maladies…) et époustouflé par l’ignorance générale dans laquelle sont englués les personnages. Cinq ans après les bombardements, la «maladie atomique» a à peine un nom, quant aux traitements…

Lire la suite

Gen d’Hiroshima | manga de Keiji Nakazawa

Gen 1 .10 07gif.gifTraduit du japonais par Koshi Miyoshi et Vincent Zouzoulkovski
Préface d’Art Spiegelman

Éd. Vertige Graphique
juin 2003, 266 pages - 15 €

Le récit commence quelques mois avant le largage de la bombe, en avril 1945: Gen est le deuxième garçon d’une famille de cinq enfants. Le Japon est encore en guerre, la population doit se priver de tout afin de participer à l’effort de guerre et la famine commence à sévir à Hiroshima. La famille Nakaoka, parce que le père est un pacifiste convaincu, est rejetée par le voisinage, qualifiée de traîtresse. À l’école, dans la rue, les brimades et les violences se déchaînent contre ce qui est considéré comme une attitude anti-patriotique.
À la toute puissance des militaires et au fanatisme, Gen oppose sa débrouillardise digne de celle d’un Gavroche parisien. La famille survit tant bien que mal quand arrive le 6 août 1945…

Lire la suite

Notes de Hiroshima | essai de Kenzaburô Ôé

Notes de Hiroshima.gifTraduit du japonais par Dominique Palmé
Éd. Gallimard, coll. Arcades
[1965] septembre 1996, 230 pp. 13,72 €

Prix Nobel de littérature en 1994, Kenzaburô Oé n’est encore qu’un jeune romancier de vingt-huit ans quand il entreprend en 1963 ces Notes de Hiroshima. Promis à une belle carrière (ses premiers écrits, notamment Gibier d’élevage, ont rencontré le succès), il n’imagine pas alors à quel point ses voyages à Hiroshima seront déterminants pour son avenir et sa façon de concevoir l’écriture, le rôle de l’écrivain, la dignité humaine et la vie tout simplement. Alors qu’aujourd’hui les malheurs, les guerres et les morts se succèdent dans les médias de manière presque «anodine» (sans conséquences sur notre intimité), ce livre fait d’humilité, de compassion et d’immersion de l’écrivain dans le vécu et la parole des victimes est bouleversant.

Lire la suite

Hiroshima, deux cerisiers et un poisson-lune | album documentaire d'Alain Serres (textes) & Zaü (ill.)

japon,hiroshima,mémoire,survieÉd. rue du monde, coll. Histoire d’Histoire
avril 2005 - 12,20 €

Le principe de la collection est simple: un enfant (petit-enfant, neveu…) demande à un parent de lui raconter sa vie et ce récit, personnel, intime, fournit un éclairage sensible sur un événement de la «grande» histoire (qui est résumé en quelques vignettes documentaires, réparties au cours de l’album). Sur ce principe, Alain Serres a imaginé l’histoire de Yoko et de sa tante, Tsukiyo, toutes deux habitantes d’Hiroshima.
Yoko est une jeune fille d’aujourd’hui, curieuse, éprise de vérité, tandis que la vieille Tsukiyo, rescapée du bombardement atomique, semble vivre dans un univers parallèle, dont cerisiers, grues et poissons-lunes gardent l’entrée. Le texte d’Alain Serres peut paraître déroutant, parce qu’il se construit autour du silence et des fables inventées par la vieille femme pour échapper à la laideur du monde. Détournant, inversant presque, le principe de la collection: ici ce n’est pas le témoin qui livre «sa» version de l’histoire, mais l’enfant, très bien informée par l’école, les commémorations… qui assène les «vérités» historiques, cherchant à réveiller la parole de l’aïeule. Mais Tsukiyo se referme comme une huître («nos belles huîtres d’Hiroshima») et refuse obstinément de raconter les morts, le sang, les larmes et l’origine de la «prune sèche» qui ronge sa main, soixante ans après…

Lire la suite

Après moi, Hiroshima | roman de Franck Pavloff

Après moi Hiroshima.gifLecture accompagnée par Marianne Jaeglé
[Zulma 2002] éd. Gallimard, coll. La Bibliothèque Textes & documents
2003, 222 pp. - 5,80 €

«Derrière lui, le monde s’enfuit, Allemagne, Québec, Mozambique. Le métro s’arrête-t-il toujours à Belleville? Son dos plie sous le poids de ceux qui ont tissé son histoire avant de disparaître, sa mère, Pazardjik, Maria, Eva. Un legs de mille ans d’âge. Comment s’affranchir de cette mémoire gigogne? Tamiki a fait le choix contraire. Il prend la mémoire à bras le corps pour lui faire rendre gorge. Qui a raison?» (p. 121). Après un premier chapitre décrivant de manière saisissante l’explosion de la bombe vécue par un adolescent japonais, ce roman touffu et labyrinthique est à la fois un polar nerveux, une quête du père et de la vérité, et une réflexion sans concession sur l’instrumentalisation de la mémoire et la ligne de démarcation entre la justice et la vengeance.

Lire la suite

18/03/2011

Je fais un oiseau pour la paix | album d'Alain Serres (texte) & Claire Franek (ill.)

oiseau pour la paix.gif

Éd. Rue du monde
mai 2005 - 12 €
Livre-jeux

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas l’art de l’origami, voilà un livre idéal pour une petite initiation. On apprend au fil des pages à plier, replier, déplier le papier et l’on voit apparaître, c’est assez magique, la voile d’un bateau (facile), une barque, une drôle de grenouille (ça devient intéressant), la gueule d’un crocodile (c’est rigolo!), une fusée, la tête d’un loup, une fleur… Et tout ça, à condition de le faire dans l’ordre indiqué, devient une grue (l’oiseau, pas la machine, sinon ça veut dire que vous vous êtes trompés…) À chaque étape, une petite fille nous raconte les métamorphoses successives de la feuille de papier. En parallèle, des explications très bien faites, dessins à l’appui, organisent le modèle.

Lire la suite

Pika, l’éclair d’Hiroshima | album de Toshi Maruki

Pika Hiroshima.gifTraduit du japonais par Nicole Coulon
Adapté par Marie Schuch
Première édition Syros, 1984 -
Nouvelle édition revue et corrigée, Actes Sud Junior, mars 2005
13,50 €

C’est un jour comme les autres à Hiroshima. Un jour de guerre, mais la ville a été jusque-là épargnée par les bombardements américains qui ravagent Tokyo et Osaka. Petite Mi est en train de déjeuner avec ses parents lorsqu’à 8h15 retentit un bruit «strident, assourdissant : PIKA A A A» bientôt suivi d’une «lumière aveuglante, effrayante, violente et blanche». Ce qui suit, c’est l’horreur d’une ville en flammes, d’une mère qui tient contre son sein son enfant mort, des corps qui s’amoncellent sous la pluie noire et épaisse qui se déverse du ciel. C’est aussi, plus tard, la mort du père de Mi et de tous ceux qui n’ayant «ni blessure ni brûlure se réjouissaient de vivre» mais qui mourraient «comme le papa de Mi, sans blessure apparente».

Lire la suite