14/01/2013
KORCZAK pour que vivent les enfants
Documentaire
de Philippe MEIRIEU (texte)
& PEF (illustrations)
Éd. Rue du monde, coll. Grands portraits
Septembre 2012 – 17,50 €
« Les enfants ne sont pas des personnes de demain. Ce sont des personnes d’aujourd’hui. »
Voilà un documentaire passionnant comme est passionnante la vie de ce grand pédagogue que fut Janus Korczak. Né à la fin du XIXe siècle dans une Pologne alors sous domination russe, mort en 1942 à Treblinka, camps d’extermination allemand en terre polonaise, il a consacré sa vie aux enfants. Médecin, écrivain, pédagogue, il n’a pas seulement recueilli et aidé des orphelins juifs, il a contribué à faire évoluer la manière de considérer les enfants, à leur reconnaître la qualité de personne à part entière. Pas étonnant qu’un autre pédagogue engagé, Philippe Meirieu, lui rende ici hommage. Avec Pef aux images et Rue du monde comme éditeur, on ne pouvait imaginer meilleur attelage pour dresser le « grand portrait » de ce grand homme et donner à lire aux plus jeunes, à la fois sa vie mais aussi de nombreux extraits de ses textes d’une surprenante modernité.
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22/07/2012
MAX
Roman ado de Sarah COHEN-SCALI
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto
Mai 2012, 473 pages - 15,90 €
Max est le premier né du Lebensborn de Steinhöring, en Bavière. Fruit de l’union – forcée – entre une jeune femme choisie pour son « aryenité » et un SS. Max est né sous une bonne étoile nazie, le 20 avril, jour de l’anniversaire du Führer et il est baptisé par Hitler en personne. Max – renommé Konrad – représente la future élite aryenne du programme des Lebensborn initié par Himmler et dont le but est de créer une nouvelle race conforme aux exigences nazies. Ausculté, mesuré, examiné sous toutes les coutures, Max passe avec succès toutes les sélections du docteur Ebner. Il est conforme et ne sera pas « réinstallé » (tué). Bien au contraire, il deviendra la mascotte du Lebensborn et suivra un parcours de parfait petit nazi de la fabrique des bébés aryens à la Napola, l’école – paramilitaire - de l’élite du Troisième Reich. Pire encore, Max est, dès son plus jeune âge, un auxiliaire des crimes nazis, utilisé pour faciliter les enlèvements d’enfants polonais, considérés comme aryen-compatibles, et leur intégration dans l’école où sont regroupés les enfants volés à leur parents, en vue de leur germanisation et de leure future adoption par des familles allemandes.
Pour nous raconter cette histoire ignoble – et pourtant inspirée de faits bien réels – Sarah Cohen-Scali choisit de placer son lecteur dans la tête de Max. Dès avant sa naissance, c’est lui qui nous dit qui il est et à quelle abomination il participe. Tout puissant, il observe, il sait. Le viol de sa mère, les enfants arrachés à leurs mères, ceux « réinstallés » (comprendre : déportés et tués), les tueries, les viols répétés des femmes polonaises, la réduction des femmes à un sexe et un ventre obligés de produire de bons petits aryens.
01/12/2010
J’ai le vertige | roman de Jennifer ROY
Traduit de l’américain par Emmanuèle Sandron
Éd. Alice jeunesse | coll. Les Romans | nov. 2010
210 pp. - 12,90€
«En 1939, les Allemands ont envahi la ville de Lodz, en Pologne. Ils en ont clôturé une partie au moyen de fil de fer barbelé. Puis ils y ont confiné 270 000 Juifs. C’était ça, le ghetto de Lodz.
Les Alliés ont libéré le ghetto à la fin de la guerre, en 1945. Seuls 800 Juifs en sont sortis vivants. Parmi eux, il n’y avait que douze enfants.
J’étais l’un des douze.»
Sylvia Perlmutter, mars 2003 - Prologue à J’ai le vertige.
Syvia est une toute petite fille d’à peine cinq ans lorsqu’elle et sa famille sont contraints, par les nazis qui viennent d’envahir la Pologne, de s’installer dans le ghetto de Lodz. Des années plus tard, aux États-Unis où elle vit désormais, sa nièce écrivaine, Jennifer Roy, recueille son témoignage et décide d’en faire un livre, adressé aux enfants. Après quelques hésitations, elle choisit, pour transmettre le témoignage de sa tante, de raconter sa vie dans le ghetto, à la première personne et avec les mots d’une enfant de 5 à 10 ans. Encadré par une introduction, un épilogue, une bibliographie et émaillé de quelques explications écrites du point de vue de l’adulte auteure du livre, le récit est celui des souvenirs qu’une vieille femme a gardé de son enfance: parcellaires et parfois anecdotiques mais aussi pleins de lucidité. Et c’est tout l’intérêt de ce livre que de raconter, comme en creux, les grands mouvements de l’Histoire dont l’écho arrive jusqu’à Syvia sans qu’elle en comprenne toujours le sens.
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02/12/2008
Grand-père | album de Gilles RAPAPORT
Éd. Circonflexe, 2002 - 12 €
[première publication : mars 1999]
À partir de 10 ans
L’histoire de grand-père c’est celle de tout un peuple. Celle de ces juifs venus de Pologne pour vivre en France, la patrie des droits de l’Homme. Celle des étrangers qui choisissent de défendre leur nouvelle patrie et s’engagent dans la Légion étrangère. Celle des juifs déportés parce que juifs. Celle d’un homme «battu, tondu, tatoué» («Considérez si c’est un homme…»). Celle d’un corps qui résiste quand la volonté a rendu les armes. Celle d’une question qui le hantera toujours : pourquoi a-t-il survécu quand tant d’autres sont morts ? Gilles Rapaport nous livre là une œuvre ambitieuse. Le récit d’une vie qui traverse le siècle. L’urgence de transmettre le témoignage avant que ne s’éteignent les témoins. La mise en image de la pire expérience de déshumanisation entreprise par l’homme. Les wagons à bestiaux, les coups, les hommes entassés sur des paillasses, la mort partout présente. Un livre indispensable.
Ariane Tapinos (février 2005)
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