ART ET POLITIQUE

Documentaire
de Nicolas MARTIN & Éloi ROUSSEAU
Éd. Palette, août 2013
24 €

Après le passionnant L’Art face à l’histoire, paru l’année dernière, Nicolas Martin et Éloi Rousseau reviennent avec ce non moins génial, Art et Politique et s’interrogent sur les relations complexes que les artistes entretiennent avec le pouvoir. Artistes courtisans ou contestataires, au service du pouvoir en place ou des révolutions en marche, les auteurs dressent un panorama des liens qui les unissent ou les opposent aux puissants depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Illustré de très nombreuses reproductions, ce documentaire propose une analyse très claire de ces relations parfois compliquées et ambivalentes.

Il met en avant le travail et le talent de l’artiste quelles que soient les circonstances et le contexte dans lesquels s’inscrit sa création et donne sens à des œuvres célèbres ou plus confidentielles. Il rappelle que si l’art est parfois au service du pouvoir, il est lui-même un pouvoir puissant au service des idées.

Un documentaire qui passionnera autant les grands ados que leurs parents.

Ariane Tapinos (octobre 2013)

La Vie en rouge | roman d’Anne THIOLLIER

Éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto | mars 2009 | 288 pp. – 10,50 €

Sun Gangming a six ans lorsqu’il pose pour la première fois le pied en Chine, terre de naissance de son père. Jusque-là il vivait en Indonésie, où depuis plusieurs générations était implantée la famille de sa mère, des commerçants chinois plutôt prospères. Mais nous sommes à l’aube des années 60, et les parents de Gangming ont décidé de tenter un «retour» dans le pays de leurs origines qui semble en plein épanouissement. Intellectuels (tous deux sont professeurs), ils se doutent que cette émigration risque d’être définitive, mais ne peuvent imaginer que l’élan révolutionnaire qui les attire, et auquel ils vont tenter au mieux de se conformer, va en quelques années rabaisser tous les «instruits» au rang d’ennemis du peuple. La désillusion commence dès l’arrivée sur le sol chinois, où on leur apprend qu’ils ne peuvent s’installer dans la ville de leur choix (à Hangzhou, près de la mer à l’est de la Chine, où vit le grand-père paternel de Gangming), mais que la révolution a besoin d’eux dans une école de la petite ville de Kunming, à des milliers de kilomètres d’Hangzhou, dans le Yunnan, province montagneuse au rude climat.
L’histoire de cette émigration «choisie» mais vécue à marche forcée nous est contée du point de vue de deux enfants: le petit Gangming, l’enfant des «Chinois d’outre-mer» et Taisen, d’un an son aînée, qui a toujours vécu à Kunming, sous le regard sévère de son père, professeur et responsable de la propagande et de l’éducation politique de l’école secondaire.