Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/05/2009

Shalom salam maintenant | roman de Rachel CORENBLIT

shalonm salam.gifÉd. du Rouergue, coll. DoAdo monde | avril 2007 |178 pages - 9€

En France, aujourd'hui: deux jeunes filles se rencontrent dans un hôpital où elles assistent chacune aux derniers instants d'un proche. Pour arriver à cette rencontre si facile - deux adolescentes fuyant les adultes et la mort dans les couloirs d'un hôpital toulousain - et pourtant totalement improbable, il faut remonter le temps et quatre histoires: celles de David, Léah, Oumaïma et Yashin.
Quatre histoires qui passent par le maquis du Vercors, Jérusalem à la veille de la partition de la Palestine et la Cisjordanie. Quatre personnages, quatre histoires qui retracent l'histoire de la naissance de l'État d'Israël et du départ des palestiniens chassés de leurs terres. Naissance d'un immense espoir pour les juifs, ceux de Palestine, ceux poussés hors d'Europe par la folie nazie; naissance d'une haine nourrie de la pauvreté et de la dureté de l'exil, pour les réfugiés palestiniens, réfugiés sur leur propre terre, réfugiés parqués dans des camps aux frontières d'un État qui n'est plus le leur. De ces quatre histoires entremêlées naîtront Camille, la Française, un peu juive, un peu goy et Chaïma, la palestinienne française de coeur et d'espoir. De cette rencontre naît l'émotion et l'espoir d'une paix, enfin. Shalom salam maintenant…
Une écriture heurtée, parfois brutale et dans un langage cru, des récits entrecroisés dans l'espace et le temps. Une vraie maîtrise littéraire qui ne nuit pas à l'émotion du récit, bien au contraire.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 13 juin 2007)

Le Voyage de grand-père | album d'Allen SAY

voyage grand-pere.jpgÉd. L'École des loisirs | septembre 1995 | 11,90 €

Dans ce très bel album, Allen Say nous conte l'histoire de sa famille entre Japon et États-Unis. Son grand-père parti du Japon pour découvrir le monde, installé en Californie, marié au Japon. Sa mère partie, à l'âge adulte, vivre avec ses parents au pays natal. La guerre qui empêcha son grand-père de retourner aux États-Unis. Lui, enfin, qui s'en alla voir la Californie de ses propres yeux. Ce Voyage de grand-père est celui de l'amour pour deux pays différents et parfois même ennemis. C'est un voyage fait d'allers et retours et d'hésitations, d'émerveillements et de regrets. Illustré par de pleines pages qui sont, chacune, comme un tableau - portrait ou paysage - cet album est un peu comme un album photo qu'Allen Say nous invite à feuilleter avec lui. C'est l'album de sa famille, de son histoire tissée entre deux pays, deux univers, deux cultures. Hommage à ce grand-père mort sans avoir pu retrouver sa Californie, Le Voyage de grand-père est aussi une déclaration d'amour à deux pays si chers au cœur de l'auteur qui avoue: «le plus drôle c'est que dès que je suis dans un pays, je m'ennuie de l'autre».

Ariane Tapinos
(première publication de l'article : 5 juillet 2005)

PS : Ce livre a reçu la Caldecott Medal aux États-Unis en 1994, et le Prix Chronos décerné par la Fondation Nationale de Gérontologie en 1996. Mais ce magnifique album est aujourd'hui (mai 2009) épuisé en France. On peut toujours espérer une réédition…

Sam story | roman de Laura JAFFÉ

sam story.gifÉd. du Rouergue, coll. DoAdo | février 2005 | 168 pages - 9€

«Mais non je n'invente pas. Enfin, juste un peu. Essaie d'imaginer» Ainsi s'ouvre le roman de Laura Jaffé, qui va retracer la vie de Sam avec ce qu'il faut de réalisme bien tempéré d'imagination. Sam vient de mourir. À Paris, sa fille et sa petite-fille de quinze ans vident son appartement. La dame de l'agence se fait attendre… Dans le froid (le chauffage est déjà coupé), au milieu de ces quelques mètres carrés qui furent son intimité, les deux femmes tâtonnent pour dénouer les fils d'une filiation hésitante… Le livre est la trace de ce dialogue, mais nous n'entendons que les mots de la mère, les réponses de l'adolescente sont seulement suggérées. On la devine incrédule devant la quête nostalgique de sa mère.

Le roman, d'inspiration autobiographique, est donc le récit mi-réel mi-rêvé de la vie de Sam, fils d'immigrés juifs ashkénazes, depuis son arrivée tout bébé à Ellis Island («l'île des larmes») en 1920, puis sa vie aux États-Unis, à Paris, à Toulouse, un parcours d'éternel voyageur, d'intellectuel anticonformiste, et de «père… inadéquat» (de l'aveu même de la narratrice). Le texte n'est pas dénué d'humour («J'abuse tu trouves? Tu crois que je te fais le coup de Yddish Cosette chez l'Oncle Sam?»), le dialogue est vivant, on se prend au jeu d'imaginer les réponses de la fille. Cette mère qui s'en défend finit par nous toucher dans sa recherche du père. Sa quête est à la fois extraordinaire (par les origines de Sam, son parcours, son refus du trivial) et terriblement commune: quel enfant peut affirmer vraiment connaître ses parents?

Publié précédemment dans la collection «La brune» des éditions du Rouergue, Sam Story est réédité en doAdo et c'est une belle initiative. Doucement, presque paradoxalement, le récit se fait plus universel à mesure que l'histoire est plus précise. «Connaître ses origines, d'où viennent ses grands-parents, ses arrières grands-parents, est-ce vraiment important?»: si l'on doute de la réponse à apporter à cette question inscrite en 4e de couverture, on dispose au moins, en refermant le livre, de quelques pistes sensibles, à suivre pour se construire.

Corinne Chiaradia
(première publication de l'article : 1er mars 2005)

Manolis de Vourla | roman d'Allain GLYKOS

manolis vourla.gifÉd. Quiquandquoi | sept. 2005 | 144 pages - 19,50€
Livre accompagné d'un DVD documentaire

Vourla, bourgade grecque d'Asie Mineure, septembre 1922. Manolis a sept ans. En quelques jours sa paisible vie de petit paysan va être emportée dans la tourmente de l'Histoire. La France et l'Angleterre viennent d'abandonner leur ancienne alliée, la Grèce, et renoncent à la soutenir dans son incroyable tentative de reconquête d'une partie de la Turquie. La défaite grecque provoque la «Grande catastrophe d'Asie Mineure»: les Grecs sont chassés de ce territoire turc dans lequel ils vivent depuis toujours (les Turcs qui habitent le nord de la Grèce depuis presque aussi longtemps, sont eux aussi renvoyés dans leur «patrie»).
Manolis est depuis quelques jours chez sa grand-mère, Sophia, lorsque la guerre frappe à sa porte. Sophia et lui doivent partir. Marcher des heures de long de routes jonchées de cadavres. Embarquer sur un navire militaire anglais, puis sur un vieux cargo grec. Ils arrivent enfin à Nauplie, la première capitale de la Grèce libre, où ils sont conduits avec tous les réfugiés dans une école de la ville.

Lire la suite

Soudain dans la forêt profonde | album d’Amos OZ (texte) & Georg HALLENSLEBEN (ill.)

soudain dans foret.gifTraduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Éd. Gallimard jeunesse | mars 2008 | 94 pp. - 14,50 €

Il était un village où les animaux n’existaient plus. Il était un village où les souvenirs des parents étaient remplis d’animaux. Il était un village où les parent voulaient oublier ce temps révolu. Certains pourtant parlent – l’institutrice Emanuela affiche des dessins d’animaux dans la classe ou imite leurs cris – mais il sont considérés comme fous. Nimi, un petit garçon rejeté par ses camarades à cause de son physique, ose raconter ses rêves remplis d’animaux. Un jour il quitte l’école et part dans la forêt, tout le village se lance à sa recherche en vain. Ce n’est qu’au bout de trois semaines qu’il réapparaîtra, mais à la place de mots ce sont des hennissements qui sortent de sa bouche. Davantage rejeté il va devenir, au yeux des villageois et de sa propre famille, un pauvre petit garçon errant et fou.
Tous ces mystères environnant le village ont attisé la curiosité de deux autres enfants, Matti et Maya, qui veulent comprendre et connaître la vérité. Ils ont en plus un secret qui n’appartient qu’à eux et qui les conforte dans leur idée: aller explorer la forêt. Sachant leurs parents effrayés par cette dernière et par leurs propres souvenirs, ils décident de partir sans en parler à personne…

Lire la suite

04/05/2009

La Saga Mendelson. Tome 1 : Les Exilés | roman de Fabrice COLIN

saga mendelson.gifÉd. Seuil jeunesse | avril 2009 | 16,50 €

En faisant quitter Odessa à sa famille en octobre 1905, Isaac Mendelson a sauvé les siens d'un péril imminent. Cet homme, sombre mais aimant, horloger renommé, a choisi l'exil pour protéger sa femme Batsheva et leurs deux jeunes enfants, David et Leah, du pogrom qui conduira à la mort de centaines de juifs russes. Le voyage à destination de Vienne, où un ami leur a promis un destin plus serein, sera chaotique et douloureux. Il ne sera pourtant qu'une étape sur une route encore longue vers une vie meilleure. Quelques années plus tard, en pleine Première Guerre mondiale, les Mendelson quitteront le vieux continent pour les États-Unis, New York, puis Hollywood. Ce trajet mouvementé (c'est peu de le dire) sur près de la moitié du globe constitue le premier tome de La Saga Mendelson, une traversée du siècle à laquelle nous convie Fabrice Colin.

Lire la suite

01/05/2009

L'Océan noir | album de William WILSON

Couverture Océan Noir gif.gifÉd. Gallimard jeunesse, coll. Giboulées | avril 2009 | 15,90 €

Ni fiction, ni documentaire, ni album, ni roman, L’Océan noir est un livre hybride, métis comme son auteur franco-togolais, l’artiste William Wilson.
Autour de 18 «tentures appliquées»*, réalisées dans un atelier d’Abomey au Bénin, William Wilson mêle son histoire personnelle à celle qui lie depuis des siècles les Noirs aux Blancs. De l’arrivée des Blancs sur le continent africain aux guerres d’indépendances, des esclaves aux immigrés d’aujourd’hui, des anonymes aux personnages célèbres, L’Océan noir retrace l’histoire d’un métissage souvent violent mais porteur d’espoir, d’un «faisceau entrecroisé de relations (qui) a donné naissance à des merveilles et à des catastrophes» et qui «décrit ce que nous sommes et deviendra ce que nous en ferons».

Chacune des tentures est le point de départ d’un récit où se croisent l’intime, l’historique, le documentaire érudit et le témoignage. Chaque texte déploie, dans une langue parfaite, un moment de cette double rencontre entre l’auteur et sa propre histoire, entre les Noirs et les Blancs. L’ensemble forme un ouvrage passionnant et unique qui puise sa cohérence, au-delà de sa forme multiple (et même en miroir de cette forme) et de son sujet immense, dans la démarche quasi analytique de son auteur. «L’Océan noir est ma contribution aux mémoire éclatées du monde noir» écrit William Wilson. C’est aussi un livre qui rend compte du caractère fractionné (comme les tentures faites de plusieurs morceaux de tissus d’origines différentes) de l’histoire individuelle : «une étoffe mal taillée, malmenée et rapiécée de partout (…) à l’image du destin de chacun d’entre nous dans sa tentative de devenir un être humain, digne de ce nom».

C’est peu dire que L’Océan noir est un livre qui, bien qu’édité par Gallimard Jeunesse, s’adresse aux adultes comme aux adolescents. Il éblouira les uns comme les autres et tous y trouveront matière à réflexion, loin des clichés et des simplifications, dans une approche profonde et généreuse de cette histoire séculaire des Africains.

Ariane Tapinos (avril 2009)

* Ces tentures, ou toiles, sont fabriquées à partir de tissus appliqués (cousus) sur un autre.

31/03/2009

Le Temps des miracles | roman d’Anne-Laure BONDOUX

9782747026451.jpgÉd. Bayard jeunesse, coll. Millezime | janvier 2009 | 256 pp. – 11,90 €

« Je m’appelle Blaise Fortune et je suis citoyen de la République de France. C’est la pure vérité » : la phrase qui ouvre le dernier roman d’Anne-Laure Bondoux est une vraie-fausse piste, une énigme à tiroirs que le héros-narrateur (Blaise/Koumaïl) mettra des années à élucider, pour en extraire la vérité profonde. Roman de l’exil (de la Georgie à Paris, selon un itinéraire long, périlleux, chargé de larmes, de drames et de belles rencontres), Le Temps des miracles joue à cache-cache avec son héros, ses origines, son histoire, mais c’est aussi et avant tout un roman sur le mensonge et l’amour, l’amour sans bornes d’une femme pour un enfant, son enfant, autour duquel elle a constitué un rempart de mots, de rêves, d’espoirs.

Lire la suite

La Route de Chlifa | roman de Michèle MARINEAU

9782266158220.gifÉd. Pocket jeunesse, coll. Roman | janvier 2009 | 190 pp. - 6,40 €

En dix ans, de Beyrouth à Montréal, de la guerre à l'exil, le trajet d'un adolescent entre violence et espoir.
Première partie : janvier 1999, Karim arrive en cours d’année dans un lycée francophone de Montréal, au Canada. Il doit affronter la curiosité – bien ou mal intentionnée – de ses nouveaux compagnons de classe, le racisme, le froid, l’absence de ses amis, l’indifférence («le plus dur c’est l’indifférence, l’impression d’être transparent. Et quand on a enfin le sentiment d’exister, c’est parce qu’on dérange»), les souffrances de l’exil…

Lire la suite

27/03/2009

Grand-père menteur | roman jeune lecteur d'Alki ZÈI

9782748507850.jpg Traduit du grec par Anne-Fleur Clément | Éd. Syros | janvier 2009 | 150 pp. - 11 €

Marios est le grand-père adoré d’Antonis, un petit Athénien. Du haut de ses dix ans, Antonis est sous le charme du vieil homme et de ses mille histoires, puisées dans une longue vie d’aventures, d’engagements et de luttes, en un mot une vie incroyable, émaillée d’événements parfois si bizarres, rocambolesques ou romanesques qu’Antonis a pris l’habitude d’appeler son théâtral aïeul «grand-père menteur». Il faut dire que Marios fut et reste un comédien, un amoureux du théâtre et de la poésie, lesquels donnent de la profondeur à ses récits et imprègnent chacun de ses gestes (son goût pour les foulards à pois, pour le café filtre ou les citations de Shakespeare). Alors, Antonis n’a qu’un tout petit pas à franchir pour voir en son grand-père un affabulateur hors pair. Et il en veut pour preuve que sa grand-mère, morte depuis longtemps, n’est jamais présente dans ses récits. Pourtant, s’il y a bien là quelque mystère (qui sera éclairci avant la fin du roman) la vie de Marios est vraiment telle qu’il la raconte. Elle est aussi très proche de celle d’Alki Zèi.

 

Lire la suite