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31/05/2009

Soudain dans la forêt profonde | album d’Amos OZ (texte) & Georg HALLENSLEBEN (ill.)

soudain dans foret.gifTraduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Éd. Gallimard jeunesse | mars 2008 | 94 pp. - 14,50 €

Il était un village où les animaux n’existaient plus. Il était un village où les souvenirs des parents étaient remplis d’animaux. Il était un village où les parent voulaient oublier ce temps révolu. Certains pourtant parlent – l’institutrice Emanuela affiche des dessins d’animaux dans la classe ou imite leurs cris – mais il sont considérés comme fous. Nimi, un petit garçon rejeté par ses camarades à cause de son physique, ose raconter ses rêves remplis d’animaux. Un jour il quitte l’école et part dans la forêt, tout le village se lance à sa recherche en vain. Ce n’est qu’au bout de trois semaines qu’il réapparaîtra, mais à la place de mots ce sont des hennissements qui sortent de sa bouche. Davantage rejeté il va devenir, au yeux des villageois et de sa propre famille, un pauvre petit garçon errant et fou.
Tous ces mystères environnant le village ont attisé la curiosité de deux autres enfants, Matti et Maya, qui veulent comprendre et connaître la vérité. Ils ont en plus un secret qui n’appartient qu’à eux et qui les conforte dans leur idée: aller explorer la forêt. Sachant leurs parents effrayés par cette dernière et par leurs propres souvenirs, ils décident de partir sans en parler à personne…


Ils se retrouvent ainsi entourés par des centaines d’arbres sans trop savoir où aller, mais Maya est téméraire (surtout curieuse). Après de nombreuses frayeurs, ils vont découvrir un véritable Eden, un endroit peuplé d’animaux vivant en parfaite harmonie. Ils vont faire la rencontre de Nehi, le démon des montagnes, qui est venu s’exiler ici quand les parents étaient encore des enfants. Rejeté, Nehi s’est installé au cœur de la forêt et a emmené avec lui les animaux maltraités par leurs maîtres. L’effet de groupe fonctionnant aussi avec les animaux, tous ont fini par le suivre. Petit à petit, il a appris le langage de chacun d’eux et à vivre dans la nature, tout comme Nimi qui, souffrant d’être exclu par les siens, est venu habiter dans la forêt. Son hennissement est juste une manière d’effrayer les villageois, tout comme le fait de venir pendant la nuit faire des bruits bizarres aux fenêtres des gens. Les deux enfants vont alors faire connaissance avec un petit chat, un ours, une chèvre et plein d’autres animaux qui cohabitent sans se manger, le loup dormant près des moutons pour se réchauffer. Le moment venu de redescendre au village, Nehi va tenter une dernière fois de les convaincre de s’installer avec lui, de s’éloigner des gens qui n’aiment pas la différence; mais les enfants veulent revoir leurs parents, ils lui promettent cependant de revenir le plus souvent possible.

Amos Oz fait partie des auteurs contemporains israëliens prônant la paix entre Isräel et la Palestine. Il nous livre ici un texte superbe qui parle de la différence ou plutôt de la tolérance envers celle-ci, avec une justesse de mots qui rend la lecture envoûtante et nous amène à un certain nombre de questions. Est-ce parce qu’on ne le comprend pas que l’on doit rejeter ou exclure quelqu’un? Pourquoi la différence nous fait-elle toujours aussi peur? Et enfin pourquoi l’homme doit-il toujours se trouver un bouc émissaire, une cible sur laquelle passer ses fautes et ses peurs? Enfin, les illustrations de Goerg Hallensleben appuient parfaitement le texte. Les coups de pinceaux visibles, les couleurs vives et le trait sûr sans prétention de véracité nous permettent de visualiser avec plus de facilité l’ambiance et le décor sans jamais mettre de limite à notre propre imagination.

Claire Dagan
(première publication de l'article: 14 avril 2008)


PS: Cet album est l’adaptation d’un conte - magnifique - d’Amos Oz, paru en français en septembre 2006 dans la collection «Du monde entier» chez Gallimard. Il est aujourd’hui disponible en poche, coll. Folio (fév. 2008 - 4,30 €).

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