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04/05/2009

La Saga Mendelson. Tome 1 : Les Exilés | roman de Fabrice COLIN

saga mendelson.gifÉd. Seuil jeunesse | avril 2009 | 16,50 €

En faisant quitter Odessa à sa famille en octobre 1905, Isaac Mendelson a sauvé les siens d'un péril imminent. Cet homme, sombre mais aimant, horloger renommé, a choisi l'exil pour protéger sa femme Batsheva et leurs deux jeunes enfants, David et Leah, du pogrom qui conduira à la mort de centaines de juifs russes. Le voyage à destination de Vienne, où un ami leur a promis un destin plus serein, sera chaotique et douloureux. Il ne sera pourtant qu'une étape sur une route encore longue vers une vie meilleure. Quelques années plus tard, en pleine Première Guerre mondiale, les Mendelson quitteront le vieux continent pour les États-Unis, New York, puis Hollywood. Ce trajet mouvementé (c'est peu de le dire) sur près de la moitié du globe constitue le premier tome de La Saga Mendelson, une traversée du siècle à laquelle nous convie Fabrice Colin.


D'Odessa à Los Angeles, en passant par Budapest et Vienne: tout comme on ne peut résumer une émigration en une ligne reliant un point à l'autre sur une carte, l'ampleur romanesque des Exilés déborde largement de cet itinéraire. Construisant son roman comme une enquête sur une famille au destin extraordinaire, mêlant interviewes des protagonistes et de leurs amis, journaux intimes, vrais et faux documents d'époque, jonglant avec les temps et le passé reconstruit par la mémoire, l'auteur nous guide dans l'intimité de ces exilés, et nous dévoile la part si peu linéaire de leur voyage intérieur. Hésitations, contraintes, violence des sentiments, espoirs fous et désillusions cuisantes, chacun de ses héros se débat à sa façon et à son heure avec ces sentiments contradictoires dans ses bagages. Le trajet qui permet à chacun de trouver sa place dans son nouvel environnement ne se mesure plus ni en kilomètres, ni même en années. Pour certains (Batsheva, la mère) le deuil du passé semble même impossible.

Le coup de maître de Fabrice Colin est de parvenir à installer cette intimité en liant étroitement aux éléments de sa fiction une multitude de notations, de références sur les événements historiques et les personnalités politiques et artistiques du début du XXe siècle. Pari osé pour un livre «jeunesse», un domaine où l’on a plus souvent l’habitude de la linéarité temporelle et d’un point de vue narratif unique. D’autant qu’ici cette audace stylistique s’exerce dans une aire très vaste – de la Russie à Hollywood, en passant par les Carpates et l’Autriche-Hongrie – et sur près d’un siècle… Loin de nous égarer, l’auteur instaure petit à petit une familiarité entre le lecteur et ses personnages qui confère au livre un souffle digne d’un roman d’aventure. On a hâte de lire la suite!

Corinne Chiaradia (avril 2009)

PS: À ne pas manquer dans le prochain numéro de la revue Citrouille, qui paraitra en juin, un dossier sur le thème de «L'Exil» avec - entre autres - un entretien avec Fabrice Colin.

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