18/04/2017
FILLE DE PRÉSIDENTE. Sans papiers et sans problèmes
roman
de Pascale PERRIER
Éd. Oskar éditeur, coll. La Vie, février 2017, 192 pages 14,95€
Fille de présidente de la République, quelle aubaine ! Les dorures de l’Elysée, un chef-cuisinier qui vous concocte des biscuits bretons à la demande et aucune obligation de vider le lave-vaisselle…
Sauf que pour Angèle, 15 ans, être la fille de la présidente de la République, ce n’est pas franchement la vie de château (ou de palais présidentiel si vous préférez) ! Tout d’abord, sa chambre ressemble à un musée : aux oubliettes le bureau suédois repéré dans un catalogue, il ne trouvera pas place entre le lit Louis XVI et les deux vases Ming offerts au Général de Gaulle au siècle dernier. Ensuite, Angèle doit non seulement cohabiter avec un conseiller en communication insupportable, mais également avec un garde du corps omniprésent qui sent la frite froide (ce qui, avouez-le, est un brin gênant quand vous avez un rendez-vous galant). Ajoutez à cela, une mère caricaturée tous les soirs aux Marioles de l’info et qui semble plus préoccupée par les frasques de son ministre de la santé que par les soucis existentielles de sa fille, des huissiers qui rôdent partout, … La vie de fille de présidente est loin d’être de tout repos !
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08/10/2016
L'AMOUR, LE JAPON, LES SUSHIS ET MOI
roman
de N.M. ZIMMERMANN
Éd. Albin Michel, coll. Litt’, octobre 2016, 387 pages - 15,90€
Lucrèce et Maximilien, respectivement 15 et 6 ans, suivent leur mère au Japon où elle est invitée à travailler à l’université de Nagoya. Leur père a été porté disparu après une avalanche dans l’Himalaya quatre ans plus tôt ; rien ne les retient en France. D’autant que leur mère passionnée par le Japon féodal leur a transmis son attrait pour ce pays et que Lucrèce fait du japonais depuis plusieurs années.
Les voici donc partis au pays du soleil levant, flanqués de leur chien, Tropbeau qui comme son nom - choisi par Maximilien - ne l’indique pas, ressemble à une serpillère.
Lucrèce est plutôt bien préparée à cette immersion nippone et fait preuve de beaucoup de bonne volonté mais le décalage culturel est immense. La nourriture est étrange, les pâtisseries ne se distinguent que par leur aspect multicolore mais sont toutes gorgées de sucre, trier les déchets relève d’une science compliquée… Mais le plus dur, ce sont les relations sociales. Lucrèce est une adolescente chaleureuse et curieuse et elle a bien du mal à ne pas dire ce qui lui passe par la tête. Or sorti de l’intérêt poli pour le folklore français (la Tour Eiffel romantique, le mariage pour tous…), les autres lycéens semblent se désintéresser de Lucère, la Gaijin, l’étrangère.
Pour Maximilien c’est différent. Avec sa bouille entourée de boucles blondes, il n’a pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour devenir la coqueluche des adultes. Toujours perdu dans son imagination, il peuple leur appartement de monstres japonais, pas nécessairement malveillants mais parfois un peu encombrants.
Pour autant, Lucrèce est bien décidée à s’intégrer même si elle doit pour cela s’inscrire au Club des amateurs de sushis, qui ne compte que quatre membres inactifs au possible. A force de se mêler des affaires des autres… elle finira par se faire des amis et plus si affinités.
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16/07/2015
COMMENT JE ME SUIS DÉBARRASSÉ DE MA MÈRE
roman
de Gilles Abier
Éd. Actes Sud junior, coll. Romans Ados, mai 2015, 123 pages – 12€
Deux garçons, deux filles, quatre histoires d’amour et de haine. Quatre nouvelles qui, à la lecture du cinquième chapitre, forment un roman
La mère d’Etienne est dépressive (maniaco-dépressive ?). Elle est à la fois indifférente et intrusive. Elle enchaine les petits amis jusqu’à Simon, un garçon beaucoup plus jeune qu’elle qui finit par la quitter lassé de sa possessivité et de sa jalousie maladive. Elle le harcèle… Etienne prend, avec l’accord du médecin, la douloureuse décision de la faire interner.
La mère de Jessie est aussi sa manager : elle la coach dans sa pratique du tennis. Elle est prête à tout pour que sa fille gagne les compétitions auxquelles elle participe. A tout et même au pire…
Alexis a trois raisons de ne pas aimer sa mère. Elle le lui rend bien et le laisse partir sans un regret.
Solène est affublée d’une mère ultra intrusive. Elle veut être partout, se mêle à ses amis, la suit sur les réseaux sociaux… Elle lui inflige ce que sa propre mère lui a fait subir, dans une version moins high tech, et plus encore…
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23/06/2014
JE NE SUIS PAS COMME TOI
Roman
de Isabelle ROSSIGNOL
Illustration couv. Anaïs Vaugelade
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf
Mars 2006, 56 pp. - 7,70 €
Portrait d’Agathe, dix ans, des rêves de foot et une sainte horreur des attributs caricaturaux des filles : les jupes, la danse, les minauderies… Son problème : dans sa liste des tares féminines qu’elle évite comme la peste elle a inclus les sentiments ; or, comme il est impossible de ne pas en éprouver (Agathe serait même du genre à fleur de peau), elle met autant d’acharnement à ne pas les montrer qu’à perfectionner ses tirs au but. Autres problèmes : sa mère ne partage pas sa passion du ballon, ni son goût pour les survêtements, et elle est la seule fille de l’école à faire partie de l’équipe de foot. En un mot : Agathe se sent mal-aimée et incomprise. De quoi en venir aux poings quand la grosse Sonia du CM2 la traite de « garçon manqué »…
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23/11/2012
CALICIA, 7 ANS, MAGICIENNE !
Roman de Gilles ABIER
Illustré par Jess PAUWELS
Éd. Actes Sud Junior, coll. Benjamin
Septembre 2012, 43 pages – 8,20 €
Un jour, dans un vide grenier, Calicia échange un livre de magie contre une drôle de boîte noire magique : elle fait disparaître, dans l’endroit qu’elle aime le moins, ce qu’on y met. Calicia, très agacée par le chat, tente l’expérience avec lui. Comme il a disparu, elle emprunte le portable de sa mère et le met dans la boîte. Il disparaît… Elle compose le numéro et entend sonner dans le grenier…
Calicia est une sacrée maline qui sait retomber sur ses pattes aussi bien que le chat dans le grenier. Apprentie magicienne, elle est aussi une fillette pleine de ressources qui saura trouver une explication rationnelle à ce qui ne l’est pas : si le portable de sa mère est dans le grenier, c’est que Calicia en a assez que sa mère soit si souvent distraite par son téléphone et qu’elle veut qu’elle s’occupe d’elle.
On ne saurait trop recommander aux parents de regarder de près ce que leurs chers bambins dénichent à la brocante du quartier !
Ariane Tapinos (novembre 2012)
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20/12/2008
LA GRÈVE
La Grève
Roman de Murielle SZAC
Éd. Seuil jeunesse, coll. Karactère(s), janvier 2008
144 pages – 8,50 €
Mélodie, treize ans, partage avec sa mère et ses trois frères et sœur une petite maison dans le « quartier Bosch », rebaptisé cité Beau-jardin depuis la fermeture de la fonderie. C’est d’ailleurs à peu près tout ce que mère et fille ont en commun.
Mélodie ricane quand sa mère Catherine – qui « porte sa ponctualité en étendard » –lui parle de son honneur d’ouvrière. Une vie étriquée entre le temps et l’argent qui manquent toujours et un travail de piqueuse d’ourlet à l’usine Parker, très peu pour elle. Sa mère lui paraît faible, sans relief : le seul jour où elle a fait preuve de volonté ce fut pour mettre son mari à la porte et Mélodie n’a pas apprécié.
L’adolescente caresse de vagues rêves de réussite – chanteuse, journaliste – mais pas au point d’être appliquée au collège. Le brouillard est son élément préféré, qu’elle savoure dans une espèce de décharge sauvage où elle et son copain Mous ont aménagé un promontoire pour regarder passer les péniches sur le canal du Garet. Pourtant, lorsqu’elle découvre que l’usine est menacée de fermeture et les ouvrières au bord du licenciement, Mélodie n’hésite pas à se joindre au mouvement de grève en préparation : il se passe enfin quelque chose dans son quartier. Voir la main de sa mère se joindre à celles des autres ouvrières pour voter l’occupation de l’usine sera une vraie surprise… D’autres suivront en quelques semaines d’occupation, où l’excitation, l’abattement, l’admiration, la confusion se succèdent. Le plus étonnant pour Mélodie sera peut-être de se surprendre à éprouver de l’attachement, voire de l’admiration pour ces femmes qu’elle tenait pour médiocres…
Prendre le milieu ouvrier – et en particulier une grève –pour sujet de roman jeunesse, c’est une gageure que bien peu relèvent. N’est pas Zola qui veut. Si Murielle Szac réussit son pari – nous intéresser avec des personnages très ordinaires et une situation bien peu excitante : l’incontournable « plan social » qui fait éclater l’illusoire « paix sociale » – c’est qu’elle n’a pas cherché à bercer son lecteur d’illusions et a fait de son héroïne une adolescente résolument contemporaine.
La Grève est moins l’histoire d’un conflit social – ouvrières contre patron – que celle d’une prise de conscience, progressive et finalement rassurante, d’une jeune fille face à un milieu qui a son histoire, ses drames, ses « héros » qui en valent bien d’autres, plus exotiques. Il est moins question ici de conscience politique que sociale – le parti communiste est relégué dans les marges où il s’est depuis longtemps noyé – et chaque personnage est finement cerné avec ses qualités, ses handicaps, ses aspérités. L’auteur affirme dans une courte préface avoir voulu transmettre un héritage de valeurs, « celles du partage, de la solidarité, la fierté du travail bien fait, lar évolte aussi contre les injustices ». Elle y parvient en évitant l’apitoiement ou l’ouvriérisme factice, et si la grève du livre trouve une triste conclusion, le roman, lui, se conclut sur une jolie phrase « J’étais fière d’être une fille du quartier Bosch. Et ça, je savais que c’était pour toujours. » C’est l’originalité de ce roman « jeunesse » qui ne décrit pas la révolte d’un adolescent mais qui, au travers d’une révolte d’adultes – de femmes surtout ! – permet à une adolescente de se réconcilier avec ses origines. Pas si mal !
(Première publication de l'article : 20 février 2008)
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