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09/02/2010

L'Été des becfigues | roman d'Eglal ERRERA

été becfigues.gifIllustré par Laurent Corvaisier
Éd. Actes sud junior, coll. Les premiers romans, Cadet | sept. 2003 | 92 pages – 6€

Avec délicatesse, audace et violence parfois, Eglal Errera décrit le premier amour, profond, absolu et sensuel d'une petite fille de presque onze ans. Rebecca vit à Alexandrie, mais chaque année elle passe les trois mois de ses vacances d'été aux confins du désert, dans un lieu où les bédouins se rassemblent périodiquement. C'est ainsi que Dahoud, le jeune nomade, est devenu son compagnon de jeux, puis, peu à peu, son amour. Le roman s'ouvre sur l'attente: huit mois ont passé depuis leur dernière rencontre et aujourd'hui les bédouins vont arriver. Rebecca, cachée à l'ombre du figuier, goûte le plaisir et l'angoisse de cette attente amoureuse. Les trois premiers chapitres évoquent l'odeur, puis la voix, puis les mains de Dahoud: au fil des rencontres de cet été-là, les deux enfants s'émerveillent de leurs corps bouleversés. Dahoud est un petit garçon plein de tendresse, aux paroles d'une sagesse et d'une poésie qu'on devine ancestrales. Le père de Rebecca est inquiet, jaloux, malheureux; la mère apaisante, protectrice mais respectueuse de la nouvelle liberté de sa fille. Être femme «une fierté qu'on partage elle et moi», dit la fillette. Et le désert est là tout autour: silence, chaleur, odeurs et couleurs intenses, admirablement décrits à travers la perception aiguë de Rebecca, comme un écho de sa sensualité. Le dernier chapitre, très court, s'intitule «Le chagrin»: ces amours-là, si fulgurantes et parfaites, ne s'inscrivent pas dans la durée d'une vie.

Mireille Penaud

Première publication de l'article : octobre 2003.

 

08/02/2010

Noire lagune | roman de Charlotte BOUSQUET

Noire lagune.jpg Éd. Gulf Stream, coll. Courants noirs | janv. 2010 | 86 pp. - 13,50€

Venise, seconde partie du XVIe siècle. Quelques années après la terrible épidémie de 1775, qui dura deux ans et fit près de 50000 morts, la peste frappe à nouveau la Sérénissime. Plusieurs personnes sont retrouvées mortes dans les rues de la ville, leur cadavre portant les stigmates du fléau: pustules, bave noire à la commissure des lèvres… À quelques semaines du carnaval, les Vénitiens renouent avec la terreur engendrée par la mort noire. Mais cette peste-là est parcimonieuse et ne s’attaque qu’à quelques petites gens aux mœurs ou à la morale légères. Alors que la ville bruisse de peur et de colère, à la recherche d’un bouc émissaire, Flora, une jeune courtisane, surprend un homme masqué qui laisse derrière lui l’une des malheureuses victimes de cet étrange mal. Convaincue que cette peste est plus humaine que divine, Flora, aidée de Galeazzo, décide de découvrir la vérité.

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03/12/2009

Noël, c’est couic !

noel c couic.gifPremière lecture
Christophe Honoré (texte) et Gwen le Gac (ill.)
Éd. L’École des loisirs, coll. Mouche, nov. 2005
70 pages – 7,50 €

Anton s’apprête à fêter Noël en Bretagne, avec toute sa famille réunie autour de Mémère. Seulement s’il veut que tout se déroule comme prévu, il a intérêt à se tenir à carreau, papa a été très clair: «Tu vas être irréprochable, sinon Noël, c’est couic!» Il faut dire que papa est très enervé et prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Est-ce parce qu’il attend l’arrivée de Ferdinand, son compagnon, et qu’il apréhende ce Noël en famille, avec ses frères et leurs épouses? Mémère, elle, semble pourtant d’accord pour accueillir Ferdinand, mais parfois les apparences ne sont qu’un reflet déformé de la réalité. Parfois aussi, l’idée qu’on se fait de la réalité compte plus que ce qu’elle est vraiment. Quoiqu’il en soit, le père d’Anton décide de rentrer à Paris avec son fils, alors que Ferdinand passera Noël avec la famille d’Anton.
Le père et le fils quittent le pavillon de Mémère en claquant la porte. Ils prennent la route et se retrouvent bientôt coincés par la neige, contraints de passer la nuit de Noël entre leur voiture et un refuge de fortune dans un minuscule village inconnu. Accueillis par un maire volubile, sa fille secouriste et un curé désespéré par la défection du villageois censé jouer l’âne de la crèche, Anton et son père décident finalement de rentrer chez Mémère. Elle les trouvera au pied du sapin au petit matin, tels des cadeaux déposés par le le Père Noël…

Un conte de Noël moderne qui dit, derrière l’humour, voire le burlesque des situations, les difficultés des relations familiales si souvent mises à mal dans ces grands moments de retrouvailles que sont les fêtes de fin d’année. Christophe Honoré a les mots justes, comme toujours, pour évoquer les tensions familiales et beaucoup se reconnaitront dans ces agacements et ces fâcheries qui disent toute l’ambiguité des sentiments et bien au-delà de la famille «particulière» que forment Anton, son père et Ferdinand. Les illustrations de Gwen le Gac, qui font beaucoup penser à celles d’Agnès Rosenstiehl, apportent par la tendresse qui s’en dégage un juste contrepoint à la tension du récit, très cinématographique, de Christophe Honoré.

Ariane Tapinos

(première publication de l'article: décembre 2005)

23/11/2009

Jérôme par cœur | album de Thomas SCOTTO (texte) & Olivier TALLEC (ill.)

jérôme par coeur.gifÉd. Actes sud junior | nov. 2009 | 14€

C'est une histoire d'amour. C'est une histoire d'enfants. D'enfants qui s'aiment et «ne sont là pour personne» selon la jolie formule de Prévert, placée en exergue de l'album. C'est quoi l'amour quand on a sept ans (ou six ou huit)? On se tient toujours la main, «très accroché». On se choisit dans la file indienne qui visite le musée. On est toujours caché là, en sécurité «bien protégé dans les yeux» de l'être aimé. On partage les goûters, les histoires, la rigolade, les projets de vacances, les escalades de l'Himalaya. On rêve des rêves parfumés à l'odeur de l'autre, on fouille dans une malle à trésors pour lui faire des cadeaux. Et qu'importe que le «on» ce soit Jérôme et Raphaël, c'est le sentiment qui compte et c'est à lui que rendent un très bel hommage les deux auteurs de cet album tendre, pudique et chaleureux comme les échanges de sourires de ses deux héros.

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05/10/2009

Villa des Oliviers | roman d'Anne VANTAL

villa des Oliviers.jpgÉd. Seuil Jeunesse, coll. Karactère(s) | juin 2009 | 142 pp. - 8,5O€

C’est l’été. Manon a quinze ans et comme chaque année, elle va passer trois semaines dans la maison de ses grands-parents, la Villa des Oliviers, où elle retrouvera ses tantes, ses oncles, ses deux cousines et son petit cousin. Mais cette année, c’est décidé, Manon sera  désagréable (suite à une sombre histoire de cheville brisée de sa meilleure copine, Célia), elle restera silencieuse et s’emploiera à gâcher les vacances de ses parents. Mais les résolutions prises sous le coup de la colère sont les plus difficiles à tenir. Comment résister à la gentillesse de Mona, sa grand-mère (et à sa bonne cuisine) et au cou bronzé de Nicolas, le fils du jardinier?

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16/09/2009

Mademoiselle Zazie a trop d'amoureux | Première lecture de Thierry LENAIN (texte) et Delphine DURAND (ill.)

Zazie amoureux.jpgÉd. Nathan, coll. Nathan poche - C’est la vie ! | août 2009 | 30 pp. – 4,70€

On le sait Max est un grand inquiet et ce matin, dans la cour de l’école, l’air que prend Zazie n’a rien pour le rassurer. Quand elle lui explique que s’il n’avait pas déménagé ici, il ne serait pas son amoureux et que, alors, son amoureux «ça serait un autre», le voilà plongé dans les affres du doute et de la jalousie inquiète. Zazie regarde tendrement Karim… Max propose à ce dernier de lui donner «une carte ultra rare» en échange de la promesse de ne jamais être l’amoureux de Zazie. Le problème, c’est que Zazie observe ainsi tous les garçons de sa classe et alors Max se retrouve lié à eux par plein d’engagements compliqués (faire exprès de rater des buts au foot pour permettre à l’équipe de Thomas de gagner, faire les punitions et les exercices de maths de Chu-Jung). Les enchères montent. Max doit se séparer de sa casquette de l’OM, de ses billes… Le pauvre ne sait plus où donner de la tête et, après avoir fait signer des promesses de ne jamais être l’amoureux de Zazie à 28 garçons de son école, il prend conscience avec effroi, que des «des garçons qui n’ont pas encore signé : IL Y EN A PLEIN PARTOUT!»

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03/07/2009

En cage | roman de Kalisha BUCKHANON

9782812600159.jpgTraduit de l’américain par Élodie Leplat
Éd. Rouergue, coll. doAdo monde | mars 2009 | 252 pp. - 13,50€

Natasha et Antonio s’aiment. Mais Antonio est en prison, accusé du meurtre de son père. Alors Natasha et Antonio s’écrivent. Elle depuis leur quartier de Harlem, lui depuis une prison, sur une île au sud du Bronx. Ils s’écrivent et au fil de leurs lettres se découvrent au lecteur. La vie du ghetto. Les rêves qui se cognent à la réalité. La violence du père d’Antonio, les études de Natsaha, ses ambitions, la promiscuité de la prison. Le procès qui approche et la vérité qui se fait jour peu à peu et qu’on ne connaîtra vraiment qu’à la fin du livre, quand les chemins des deux adolescents qui ont grandi se seront séparés, parce que leurs aspirations, bien plus que les murs de la prison, les éloignent. Natasha veut sortir du ghetto, faire des études, être indépendante, connaître le monde qui existe au-delà des limites de Harlem. Antonio veut fonder une famille, construire ce qu’il n’a pas eu, rattraper le temps perdu.

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26/06/2009

Les Filles du samouraï | roman de Maya SNOW

Filles du samourai.jpgTome 1 - La Trahison
Traduit de l’anglais par Alice Marchand
É
d. Flammarion | mars 2009 | 328 pp. - 13€

XIIIe siècle au Japon. Kimi et Hana vivent dans une famille aimante, auprès de leurs parents et de leurs trois frères. Leur père est le gouverneur de la Province, le représentant du Shogun. C’est un homme bon, un sage et un érudit, qui n’a pas exclu ses filles de l’apprentissage des arts martiaux, même si c’est à ses fils aînés que revient le privilège de fréquenter une école d’arts martiaux et de l’accompagner dans sa tournée sur ses terres. Ses qualités d’âme et de combattant l’ont fait préférer à son frère aîné, Hidehira, par leur père pour lui succéder à la tête de la Province. Alors que rien ne le laissait présager, Hidehira, décide de reprendre ce qu’il considère comme lui appartenant. Accueilli en ami par sa famille, il massacre le père et les frères aînés de Kimi et Hana. Cachées derrière un paravent, elles assistent à l’horrible scène et réussissent à s’échapper, tout comme leur mère et leur plus jeune frère, Moriyasu. Elles gagnent l’école d’arts martiaux de Maître Goku, où, déguisées en garçons, elles se font embaucher comme serviteurs avec le privilège de pouvoir, une fois leurs corvées accomplies, bénéficier de l’enseignement du Maître. Là, elles perfectionnent leur connaissance des arts martiaux, l’une privilégiant l’épée, l’autre l’arc, et attendent patiemment l’occasion de venger leur famille et de retrouver leur mère et leur frère.

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20/05/2009

De chaque côté des cimes | roman de Claire MAZARD

9782020987783-1.jpgéd. Seuil jeunesse, coll. Karactère(s), mars 2009, 184 pp. - 9€

Dahoé et Namkha vivent au Zanskar «le Petit Tibet», niché en plein cœur de l’Himalaya, à plus de 3500 mètres d’altitude. Dans l’immensité himalayenne, leur univers est clos, entouré de hautes montagnes, isolé du reste de l’Inde plusieurs mois par an. Dahoé et Namkha ont le même âge, 14 ans au début du récit, et sont les meilleures amies du monde. Leur vie est simple et rude. «Notre vie, dit Dahoé, c’est notre éternelle goncha (manteau de laine) élimée… Ce sont nos lèvres gercées, nos mains gelées, notre corps frigorifié… C’est l’hiver rigoureux qui dure neuf longs mois et nous oblige à rester enfermés pendant des semaines. C’est l’été, aride et court, le soleil brûlant qui nous abîme les yeux…» Leur vie est identique, mais leurs aspirations, peu à peu divergent. Quand Mamkha est mariée, sans avoir jamais rencontré son futur époux, ni avoir eu son mot à dire sur ce mariage, Dahoé continue de regarder au-delà des cimes et de s’interroger sur le monde qu’elles cachent.

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07/05/2009

Ce type est un vautour | album de SARA et Bruno HEITZ

ce type est vautour.gifÉd. Casterman, coll. Les Albums Casterman | février 2009 | 13,95 €

Cet album nous a dérangées à la première lecture par la force des images et le réalisme du texte, parfois cru. Le sujet douloureux et délicat de la recherche affective d’une mère qui élève seule sa petite fille évolue peu à peu vers une situation violente.
Des relectures nous permettent d’apprécier le texte et les images qui nous plongent dans un quotidien tellement fréquent que l’on oublie d’y réfléchir; c’est le grand mérite de cet album.
Le choix du chien comme narrateur permet une vision distanciée mais objective de la situation. Il est à la fois témoin et acteur puisqu’il remplit son rôle de gardien et protège la famille. Il assiste au déchirement de la femme, «Elle», tiraillée entre son rôle de mère et son désir de femme pour «le type» à l’harmonica.
Le récit, organisé en différentes scènes, ponctuées tour à tour par deux phrases – «Ce type est un vautour», «Ce bar est un enfer» – qui participent à la montée en puissance de l’action, trouve un apaisement final.
Les gravures, très colorées, cernées de noir vibrent à l’unisson du texte et présentent le décor du point de vue du chien.

Nous avons apprécié la qualité éditoriale de cet album qui mérite d’être partagé.
Il nous semble plutôt destiné à de jeunes adolescents

Josuan (8 avril 2009)