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08/02/2010

Noire lagune | roman de Charlotte BOUSQUET

Noire lagune.jpg Éd. Gulf Stream, coll. Courants noirs | janv. 2010 | 86 pp. - 13,50€

Venise, seconde partie du XVIe siècle. Quelques années après la terrible épidémie de 1775, qui dura deux ans et fit près de 50000 morts, la peste frappe à nouveau la Sérénissime. Plusieurs personnes sont retrouvées mortes dans les rues de la ville, leur cadavre portant les stigmates du fléau: pustules, bave noire à la commissure des lèvres… À quelques semaines du carnaval, les Vénitiens renouent avec la terreur engendrée par la mort noire. Mais cette peste-là est parcimonieuse et ne s’attaque qu’à quelques petites gens aux mœurs ou à la morale légères. Alors que la ville bruisse de peur et de colère, à la recherche d’un bouc émissaire, Flora, une jeune courtisane, surprend un homme masqué qui laisse derrière lui l’une des malheureuses victimes de cet étrange mal. Convaincue que cette peste est plus humaine que divine, Flora, aidée de Galeazzo, décide de découvrir la vérité.


Tout est sombre dans ce roman à la fois historique et policier qui entraîne le lecteur dans la cité des Doges à l’heure de sa splendeur. À l’image de la couverture et du titre, c’est dans une Venise de clair obscur, de ruelles sombres et tortueuses où s’insinue l’humidité des canaux, que nous conduit Charlotte Bousquet. Avec une évidente et communicative passion pour son sujet – ou plutôt son décor à la fois historique et géographique – l’auteure de Noire lagune nous plonge dans les noirceurs du complot, de la rancune, de l’envie et du crime. Face aux sombres dessins du criminel et de ceux qui lui prêtent une oreille attentive et bienveillante, Flora et sa tutrice, la courtisane et poétesse Veronica Franco, incarnent la lumière, le raffinement et l’intelligence. Très bien documenté – presque trop tant le récit fourmille d’expressions et locutions italiennes – Noire lagune nous fait entrevoir le statut des courtisanes, femmes libres, cultivées et versées dans les affaires de la Cité, qui au prix des désirs qu’elles suscitaient, pouvaient espérer être l’égales des hommes. Une manière de rappeler qu’en cherchant un peu – si peu – il est possible de rendre aux femmes la part qui fut la leur dans l’histoire et de raconter des histoires qui leur rendent cette justice.

Ariane Tapinos (février 2010)

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