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27/04/2009

La Joue bleue | roman d'Hélène LEROY

9782916238371.jpgIllustré par Sylvie SERPRIX
Éd. Talents Hauts, coll. Livres et égaux | mars 2009 | 34 p. - 6,90 €

À l’aube de l’Humanité, Homo Sacrin Sacrin, qui a déjà conquis son territoire, décide de prendre femme. Mais dès les premiers temps de cette cohabitation, les désirs de l’un sont incompatibles avec les rêves de l’autre. Femme voudrait peindre et apprendre les langues de ses voisins, Homo Sacrin Sacrin, veut qu’elle lui prépare ses repas et se tiennent coite. Femme propose qu’ensemble, ils explorent les environs, Homo Sacrin Sacrin lui impose de rester dans leur caverne, à l’abri du monde. Femme se dresse devant Homo Sacrin Sacrin… il lui envoie un coup de poing dans la joue, et «à partir de ce moment-là, Femme a la joue bleue». Homo Sacrin Sacrin se fait soudain tendre et de cette nuit naît l’enfant qui raconte l’histoire. Et l’histoire, on la connaît… De coups en excuses, le couple s’enlise dans la violence, celle de l’homme sur la femme. Celle de la peur de l’enfant pour sa mère et pour lui-même. Un jour qu’Homo Sacrin Sacrin a été plus loin encore dans l’humiliation, Femme s’enfuit avec son enfant. Elle cherche, sans succès, de l’aide auprès de ceux qui l’entourent et finit par trouver refuge chez les Sava Sava…

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Une reine trop belle | album de Christine LAMIRAUD

reine trop belle.jpgÉd. Talents Hauts, coll. Des livres pour les filles ET pour les garçons | avril 2009 | 11,50 €

Dans un palais vivait une reine si belle que ceux qui l’apercevaient ne pouvaient plus la quitter des yeux. Le roi son époux, rongé par la jalousie, décida de l’enfermer dans la plus haute tour pour la soustraire aux regards de ses sujets. La reine malheureuse un soir en vint à pleurer. Une rainette la vit et décida d’exaucer son vœu : être laide pour retrouver sa liberté. Au matin, elle se réveilla transformée et put dès lors discrètement se mêler à la vie du palais. Son mari affligé découvrit sa métamorphose, pourtant la rainette l’obligea à exposer de nouveau sa reine aux regards des habitants du royaume. Passée la surprise, tous reconnurent en elle cette charmante femme si pleine d’esprit, d’intelligence et de gentillesse, qui se mêlait chaque jour à la vie de la cour. Le roi comprit sa bêtise et il en resta ainsi.

Sous la forme d’un conte classique, une histoire qui l’est beaucoup moins, sur le regard qu’on porte à la beauté et qui parfois rend aveugle aux autres qualités et sur la jalousie comme appropriation de l’autre. Christine Lamiraud a eu l’excellente idée de ne pas clore son histoire sur une pirouette qui, en rendant à la reine sa beauté, aurait atténué son propos. Ici la reine reste laide mais aimée et respectée, par son roi comme par ses sujets, pour ce qu’elle est : une femme intelligente et généreuse.

Ariane Tapinos (avril 2009)

25/04/2009

Simone Veil : «Non aux avortements clandestins» | documentaire de Maria POBLETE

9782742782215.jpgÉd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non | mars 2009 | 95 pp. - 7,80€

Pour écrire cette critique, j’ai voulu retrouver une image que j’avais en mémoire – mais que peut-être ma mémoire a fabriqué – de Simone Veil, la tête entre les mains, sur les bancs de l’Assemblée nationale ou du Sénat. J’ai tapé sur un moteur de recherches quatre mots clés : Simone, Veil, IVG, photos. Ce que j’y ai trouvé m’a donné envie, pour une fois, d’écrire cette critique à la première personne. D’écrire au delà du livre de Maria Poblete mais pour dire combien il est utile, pour assumer une opinion sur son sujet même.

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08/03/2009

Les machos expliqués à mon frère - Interview de Clémentine Autain

Autain.C©Ph. Matsas-Opale3_1.jpgOn n'a pas tous les jours l'occasion de se féliciter de la parution d'un livre féministe, et encore moins d'un livre qui explique le féminisme aux plus jeunes. Alors quand le livre de Clémentine Autain est arrivé à la librairie, en ce début d'année scolaire, il a trouvé une place de choix à Comptines et il a été évident, tout de suite, qu'il serait l'objet de cette chronique.  Personnalité atypique du monde politique français (femme, féministe, jeune... Enfin, je ne sais pas jusqu'à quand on est "jeune", mais en France et en politique, c'est sans doute au moins jusqu'à la cinquantaine), Clémentine Autain a toujours déployé son engagement féministe entre l'action politique et le travail de réflexion. Son livre, Les machos expliqués à mon frère est au cœur de ces deux méthodes : une réflexion sur le féminisme, son histoire et son actualité, et une action en direction des plus jeunes, parce qu'il n'y a pas de pente naturelle vers l'égalité, mais un combat quotidien qui passe aussi par l'éducation.

Ariane Tapinos : - Pourquoi ce titre ? Est-ce que le livre ne devrait pas plutôt s'appeler "le sexisme expliqué à ...", voire "le féminisme" ... ? J'imagine que c'est un choix de l'éditeur ? Est-ce que c'est parce que "sexisme" et "féminisme" sont un peu des gros mots dans le langage courant médiatique ? Je me rappelle d'interminables réunions au MFPF pour savoir ce qu'il fallait faire de l'emploi du mot "féminisme"... Et il y a toutes ces femmes qui disent "je ne suis pas féministe, mais...". Je sais par ailleurs que Geneviève Fraisse a eu le plus grand mal à garder son titre Le mélange des sexes, pour son ouvrage chez Gallimard Jeunesse, parce que "sexe"...

Clémentine Autain : - En effet, j'avais proposé "le féminisme expliqué à..." Le titre final fut induit par l'éditrice. Pas parce que "féminisme" ou "sexisme" sont des gros mots mais parce qu'ils ne sont pas très populaires - et donc peu vendeurs. Les livres sur les femmes ne font généralement pas recettes, les éditeurs le savent... "Les machos" présentait l'avantage de s'adresser à tout le monde, plus largement. C'était aussi sans doute plus drôle et peut-être moins moralisateur. Mais les questions d'Alban, mon frère, ont globalement trait aux sexisme et à l'histoire de l'émancipation des femmes. Et tout au long du livre, je revendique haut et fort le terme de féminisme.

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20/02/2009

Mama Sambona | album de Hermann SCHUKZ et Tobias KREJTSCHI (ill.)

9782844070760.jpgTraduit de l’allemand par Violette Kubler | Éd. Etre, oct. 08 | 14,90 €

Sur une île au centre du lac Victoria, appelé lac Ukerewe par les Africains, vivait Mama Sambona, la souveraine de l’île. Très âgée, elle se retrouva un jour en tête de la liste, dressée par la Mort, de ceux qui doivent rejoindre le pays de leurs ancêtres. En ce temps-là et dans cette contrée reculée, les choses étaient parfaitement réglées et la Mort n’avait droit qu’à trois visites pour aller chercher un vivant.

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01/02/2009

Julie Capable | album de Thierry LENAIN & Anne BROUILLARD (ill.)

julie capable.gifÉd. Grasset Jeunesse | octobre 2005 - 11,90 €

Julie n'est capable de rien. Elle est maladroite, elle dépasse quand elle colorie, elle perd à la marelle… Les autres enfants, qui l'ont affublée de ce surnom cruel de «Julie capable de rien», la harcèlent constamment de leurs moqueries. Julie appelle alors sa maman, mais sa maman ne répond jamais. Un soir que les enfants, plus méchants encore qu'à leur habitude, l'ont bombardée de boules de neige, Julie s'enfuit mais ne rentre pas chez elle. Elle marche jusqu'au cimetière, jusqu'à cette Tombe Muette, anonyme, surmontée d'aucune croix. Elle s'étend sur la pierre tombale, son cœur ralentit jusqu'à s'arrêter. C'est alors que les chats du cimetière viennent se coucher sur elle, la réchauffer, la nourrir et lui parler. Les sept Chats du Cimetière connaissent Julie parce que sa maman, depuis sa Tombe Muette, leur a souvent parlé d'elle. De son amour pour elle. Julie peut enfin leur poser la question qui la hante: «Pourquoi elle a appelé la mort... Pourquoi elle n'a pas attendu d'être vieille?». Elle peut enfin commencer de comprendre que sa mère n'est pas morte par sa faute. Qu'elle n'est pas morte parce qu'elle n'aimait pas sa fille ou parce que sa fille ne l'aimait pas. Julie, qui peut alors s'aimer, ne sera plus jamais «Julie Capable de rien». Elle sera «capable de ce qu'une enfant peut faire dans sa vie d'enfant». Une enfant dont la mère repose dans une tombe sur laquelle est désormais gravé «MAMAN».

Aujourd'hui, la littérature jeunesse fourmille d'albums qui parlent, avec plus ou moins de justesse, de la mort. Pourtant, la question reste ouverte: comment parler de l'absence aux enfants? Comment leur dire que la mort fait partie de la vie quand on a nous mêmes, adultes, tant de mal à admettre cette évidence? Souvent, ces livres abordent la mort à travers la disparition des grands-parents, la maladie et la vieillesse, et c'est bien normal. Mais comment dire aux enfants que certains «appellent» la mort, comme la mère de Julie? À toutes ces questions pas de solutions magiques. Mais parfois le talent opère, comme dans cet album où texte et images se mêlent pour dire l'importance de mettre des mots là où le silence nourrit l'angoisse et l'angoisse la maladresse. Le texte de Thierry Lenain est tout en retenue et en mélancolie. Les illustrations d'Anne Brouillard sont comme des fenêtres ouvertes sur la vie, la tristesse et le sourire retrouvé de Julie. Jusqu'à la mise en page très soignée, tout est très réussi dans ce bel album sensible.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article : mars 2006)

Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ? | première lecture de Thierry LENAIN

Melle zazie zizi.jpgIllustré par Delphine DURAND
EO éd. Nathan 1998 - PRIX SORCIERES 1999
Nouvelle édition : Nathan poche 6-8 « C’est la vie ! », avril 2009, 32 pp. – 4,70 €

Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi? C'est sûrement le premier livre pour les jeunes enfants qui répond à cette interrogation en séparant la question du pouvoir et celle de la nécessité pour l'exercer de posséder le fameux zizi. Zazie grimpe aux arbres, joue au foot, roule sur un vélo de garçon, se bagarre à l'occasion et… elle a une zézette! Ce livre décrit très simplement une petite fille qui sort de la traditionnelle répartition des rôles sans être un «garçon manqué» mais une fille très réussie. Elle appartient à cette nouvelle humanité qui n'est pas composée d'un neutre masculin mais de deux sexes identifiables non pas seulement selon leurs différences naturelles mais à partir de l'expression de leurs désirs.

Josée Lartet-Geffard
(première publication de l'article : vendredi 8 mars 2002)

20/01/2009

Mary Jolie fille du Mississipi | album de Muriel BLOCH & Tom SCHAMP

arton440.pngÉd. Seuil jeunesse, sept. 2004 - 13 €

Mary Jolie vit en Louisiane. C’est une belle jeune femme et une forte tête. Aucun homme – et les prétendants sont nombreux – ne trouve grâce à ses yeux. Jusqu’au jour où arrive un bel inconnu qui a «la beauté du diable». Justement, Mary va vite découvrir que c’est du diable qu’il s’agit. Mais Mary est trop indépendante pour se laisser enfermer par un mari, aussi diabolique soit-il. Aidée de sa belle mère – avoir le diable pour fils n’est pas plus heureux que de l’avoir pour mari – elle va briser ses chaînes et retourner à La Nouvelle-Orléans. De sa fuite naîtra le fleuve Mississippi et le diable ira chanter sa peine du côté de Bourbon Street...

Récit des origines et conte traditionnel, cet album est un petit bijou ! Le texte de Muriel Bloch a la saveur gourmande de la cuisine cajun et le rythme chaloupé du blues de La Nouvelle-Orléans. Les illustrations de Tom Schamp évoquent les œuvres des peintres mexicains Diego Rivera et Frida Kahlo (pour les couleurs et l’utilisation des symboles dans l’image).

Ariane Tapinos (octobre 2004)

14/01/2009

Betty Coton | roman de Corinne ALBAUT

9782742754427.jpgÉd. Actes Sud Junior, coll. Les couleurs de l'histoire | mars 2005, 112 pp. – 9 €

L’histoire de Betty, c’est celle de la traite négrière. Celle de ces enfants enlevés à leur famille et à leur terre, transportés dans d’atroces conditions de l’autre côté de l’Atlantique, vendus comme du bétail et exploités dans des plantations du Sud des États-Unis. Devenue le souffre-douleur du fils du propriétaire de la plantation, le "petit maître", Betty décide de prendre son destin en main et si elle est esclave, son fils sera libre.

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La femme noire qui refusa de se soumettre. Rosa Parks | roman d'Eric SIMARD

femmenoire.gifIllustrations de Carole GOURRAT | Éd. Oskar jeunesse, coll. Cadet, mars 2006 | 46 pp. - 5,95 €

Si la littérature de jeunesse ne manque ni de traductions de l’anglais, ni de romans mettant en scène la vie quotidienne aux États-Unis, on trouve peu d’ouvrages consacrés à la ségrégation ou au mouvement des droits civiques. Si on trouve quelques titres consacrés à Martin Luther King, on n’a pas la chance de voir traduit Crossing Jordan d’Adrian Fogelin ou l’autobiographie destinée aux enfants de Rosa Parks. La figure de Rosa Parks, injustement oubliée, mérite donc bien l’unique livre existant à son sujet en France, paru chez Oskar jeunesse en mars 2006. (*)

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