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26/06/2009

Les Filles du samouraï | roman de Maya SNOW

Filles du samourai.jpgTome 1 - La Trahison
Traduit de l’anglais par Alice Marchand
É
d. Flammarion | mars 2009 | 328 pp. - 13€

XIIIe siècle au Japon. Kimi et Hana vivent dans une famille aimante, auprès de leurs parents et de leurs trois frères. Leur père est le gouverneur de la Province, le représentant du Shogun. C’est un homme bon, un sage et un érudit, qui n’a pas exclu ses filles de l’apprentissage des arts martiaux, même si c’est à ses fils aînés que revient le privilège de fréquenter une école d’arts martiaux et de l’accompagner dans sa tournée sur ses terres. Ses qualités d’âme et de combattant l’ont fait préférer à son frère aîné, Hidehira, par leur père pour lui succéder à la tête de la Province. Alors que rien ne le laissait présager, Hidehira, décide de reprendre ce qu’il considère comme lui appartenant. Accueilli en ami par sa famille, il massacre le père et les frères aînés de Kimi et Hana. Cachées derrière un paravent, elles assistent à l’horrible scène et réussissent à s’échapper, tout comme leur mère et leur plus jeune frère, Moriyasu. Elles gagnent l’école d’arts martiaux de Maître Goku, où, déguisées en garçons, elles se font embaucher comme serviteurs avec le privilège de pouvoir, une fois leurs corvées accomplies, bénéficier de l’enseignement du Maître. Là, elles perfectionnent leur connaissance des arts martiaux, l’une privilégiant l’épée, l’autre l’arc, et attendent patiemment l’occasion de venger leur famille et de retrouver leur mère et leur frère.


L’argument des jeunes filles qui, déguisées en garçon, s’introduisent dans un univers masculin qui leur est habituellement interdit – et y réussissent aussi bien que les hommes – n’est pas nouveau. C’est une ficelle, pas désagréable mais un peu usée, du roman pour ados ou jeune lecteur soucieux d’élargir les possibilités d’identification des lectrices à des héroïnes qui ne craignent pas la bagarre. Mais outre que ce premier volume des Filles du samouraï est rondement mené et se lit avec beaucoup de plaisir, il présente l’originalité de plonger les deux héroïnes dans un univers sportif et guerrier où la force physique n’est que secondaire, derrière la maîtrise de l’art. Si bien qu’assez vite on oublie que ce sont des filles qui nous guident dans le quotidien d’une école d’arts martiaux au Japon, en 1216. Certes, on retrouve ici les habituels problèmes de travestissements et les situations de quiproquo qui en découlent, mais le plus intéressant est ailleurs, dans l’aventure, l’intrigue, la découverte des arts martiaux… où Kimi et Hana jouent et combattent à égalité avec les garçons qui les entourent.

On attend avec impatience la suite qui, on l’espère, tiendra ses promesses et gardera nos héroïnes des minauderies habituelles. Mais on regrette déjà la couverture, de ce volume comme des suivants, au charme désuet certes, mais qui tire le roman vers un lectorat exclusivement féminin (on le regrette car on le constate tous les jours à la librairie: une fille sur la couverture, c’est un livre perdu pour les garçons!) Quand donc un éditeur comprendra t-il qu’il ne suffit plus de proposer aux lectrices des héroïnes courageuses et combatives, mais qu’il faut aussi laisser leur chance à ces livres-là auprès des lecteurs masculins?

Ariane Tapinos (juin 2009)

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