17/03/2011
Je veux devenir moine zen ! | roman de Kiyohiro MIURA
Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Éd. Philippe Picquier
mars 2002, 116 pages - 14 €
Pratiquer le zazen (méditation assise), pendant deux heures chaque dimanche, c’est déjà quelque chose, mais décider de devenir moine zen, c’est une autre paire de manches! C’est pourtant le désir exprimé par Ryoka: ce petit garçon de huit ans, joueur, rêveur, un peu brouillon, fan de rock et de séries télévisées, découvre, semaine après semaine, la vie du monastère en accompagnant son père à sa séance de méditation dominicale dans le beau temple de Zenkaiji. L’auteur ne nous dit pas grand-chose du cheminement intérieur qui va conduire l’enfant, puis l’adolescent à franchir les obstacles et à persister dans ce désir jusqu’à l’âge requis pour devenir bonze. C’est le regard et le parcours émotionnel de Monsieur Kimura, son père, que nous suivons pas à pas (car il est le narrateur), dans un récit souvent drôle et parfois poignant.
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27/11/2009
Les Grenouilles Samouraïs de l'étang des Genji | album de Kazunari HINO et Takao SAITÔ (ill.)
D'après le Heiké monogatari
Traduction de Renée Garde
Éd. Picquier jeunesse | sept. 2009 | 15€
Au bord d’un étang, à l’ombre d’un cyprès plusieurs fois centenaire, Grand-père crapaud narre, au son du biwa, l’histoire, très ancienne, de la bataille des Genji et des Heiké. À cette époque vivaient, autour de l’étang, des grenouilles et des crapaud, en paix et en harmonie avec la nature. Un soir d’été une dame rainette est agressée et blessée par «un monstre aux yeux luisants». Ce monstre est en réalité un chat, comme le prouve le poil de moustache qu’il a perdu en commettant son forfait. Les grenouilles samouraïs s’organisent et, sous la direction du seigneur Yorimoto, du général Yoshinaka et de la guerrière Tomoé, se préparent au combat. Mais dix mille petites grenouilles ne pèsent pas lourd face à un grand méchant chat et il leur faudra toute la ruse du jeune sonneur Ushiwakamaru pour venir à bout de leur coriace adversaire.
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06/11/2009
Le Mur | album de Peter SIS
Mon enfance derrière le rideau de fer
éd. Grasset jeunesse | oct. 2007 | 16,90€
Avec Le Mur, Peter Sís conclut une (provisoire?) trilogie du souvenir, entamée avec Les Trois Clés d'or de Prague en 1994 et poursuivie avec Tibet. Les Secrets d'une boîte rouge en 1998. Trois livres qui cernent le rapport de l'auteur à son pays natal, la Tchécoslovaquie, et à la ville où il a grandi, Prague. Trois livres qui s'inscrivent, en même temps qu'ils lui échappent, dans l'histoire récente du pays - le communisme, la Guerre froide, le Bloc de l'Est... Trois livres qui explorent les espaces de liberté que l'auteur a su se ménager avant son exil américain dans les années 80.
Dès les pages de garde, on repère immédiatement l'emplacement du Bloc de l'Est sur le planisphère. Par un premier effet de loupe, on discerne la place de la Tchécoslovaquie. Loupe qui obéit strictement aux lois de la cartographie, ce qui n'est pas le cas d'une seconde loupe, qui nous montre Prague cette fois. Un rond au milieu indique simplement: «Chez moi».
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31/05/2009
Soudain dans la forêt profonde | album d’Amos OZ (texte) & Georg HALLENSLEBEN (ill.)
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Éd. Gallimard jeunesse | mars 2008 | 94 pp. - 14,50 €
Il était un village où les animaux n’existaient plus. Il était un village où les souvenirs des parents étaient remplis d’animaux. Il était un village où les parent voulaient oublier ce temps révolu. Certains pourtant parlent – l’institutrice Emanuela affiche des dessins d’animaux dans la classe ou imite leurs cris – mais il sont considérés comme fous. Nimi, un petit garçon rejeté par ses camarades à cause de son physique, ose raconter ses rêves remplis d’animaux. Un jour il quitte l’école et part dans la forêt, tout le village se lance à sa recherche en vain. Ce n’est qu’au bout de trois semaines qu’il réapparaîtra, mais à la place de mots ce sont des hennissements qui sortent de sa bouche. Davantage rejeté il va devenir, au yeux des villageois et de sa propre famille, un pauvre petit garçon errant et fou.
Tous ces mystères environnant le village ont attisé la curiosité de deux autres enfants, Matti et Maya, qui veulent comprendre et connaître la vérité. Ils ont en plus un secret qui n’appartient qu’à eux et qui les conforte dans leur idée: aller explorer la forêt. Sachant leurs parents effrayés par cette dernière et par leurs propres souvenirs, ils décident de partir sans en parler à personne…
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01/05/2009
L'Océan noir | album de William WILSON
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Giboulées | avril 2009 | 15,90 €
Ni fiction, ni documentaire, ni album, ni roman, L’Océan noir est un livre hybride, métis comme son auteur franco-togolais, l’artiste William Wilson.
Autour de 18 «tentures appliquées»*, réalisées dans un atelier d’Abomey au Bénin, William Wilson mêle son histoire personnelle à celle qui lie depuis des siècles les Noirs aux Blancs. De l’arrivée des Blancs sur le continent africain aux guerres d’indépendances, des esclaves aux immigrés d’aujourd’hui, des anonymes aux personnages célèbres, L’Océan noir retrace l’histoire d’un métissage souvent violent mais porteur d’espoir, d’un «faisceau entrecroisé de relations (qui) a donné naissance à des merveilles et à des catastrophes» et qui «décrit ce que nous sommes et deviendra ce que nous en ferons».
Chacune des tentures est le point de départ d’un récit où se croisent l’intime, l’historique, le documentaire érudit et le témoignage. Chaque texte déploie, dans une langue parfaite, un moment de cette double rencontre entre l’auteur et sa propre histoire, entre les Noirs et les Blancs. L’ensemble forme un ouvrage passionnant et unique qui puise sa cohérence, au-delà de sa forme multiple (et même en miroir de cette forme) et de son sujet immense, dans la démarche quasi analytique de son auteur. «L’Océan noir est ma contribution aux mémoire éclatées du monde noir» écrit William Wilson. C’est aussi un livre qui rend compte du caractère fractionné (comme les tentures faites de plusieurs morceaux de tissus d’origines différentes) de l’histoire individuelle : «une étoffe mal taillée, malmenée et rapiécée de partout (…) à l’image du destin de chacun d’entre nous dans sa tentative de devenir un être humain, digne de ce nom».
C’est peu dire que L’Océan noir est un livre qui, bien qu’édité par Gallimard Jeunesse, s’adresse aux adultes comme aux adolescents. Il éblouira les uns comme les autres et tous y trouveront matière à réflexion, loin des clichés et des simplifications, dans une approche profonde et généreuse de cette histoire séculaire des Africains.
Ariane Tapinos (avril 2009)
* Ces tentures, ou toiles, sont fabriquées à partir de tissus appliqués (cousus) sur un autre.
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25/02/2009
Orages | roman de Sonia RISTIC
Éd. Actes sud junior, coll. Romans ado | octobre 2008 | 168 pp. – 11 €
1995. Tamara a une vingtaine d’années et poursuit sans conviction des études à Paris. Pour la première fois depuis quatre ans, elle s’apprête à partir pour Belgrade, sa ville natale. Elle doit hériter d’un lopin de terre, un bout de forêt dans la banlieue de Belgrade : elle n’en veut pas et redoute d’être confrontée à sa famille, ses souvenirs, sa vie « d’avant ». Trois ans que dure le siège de Sarajevo, et qu’elle se tient aussi éloignée que possible de la Serbie.
Rien dans ce voyage tant redouté ne se passera comme prévu et Tamara, très vite, se laisse porter par les événements et les sentiments qui la submergent…
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01/02/2009
H.B. | album de Thierry LENAIN, illustré par Sophie DUTERTRE
Éd. Sarbacane | novembre 2003 - 12 €
Neuilly 1993, un homme s'introduit dans une classe de maternelle, prend en otages les enfants et leur institutrice, et menace de tout faire sauter. De ce fait divers qui a ébranlé la France il y a dix ans, Thierry Lenain tire un récit sobre et plein d'humaines questions. Erick Schmidtt, l'homme qu'on a appelé Human Bomb est mort, abattu par le GIGN, sans avoir expliqué son geste. Dans les jours qui ont suivi, toute question sur les conditions de cette mort paraissait bien peu opportune face à l'angoisse et au soulagement des parents. Avec le temps pourtant les questions demeurent: fallait-il abattre un homme endormi pour que l'apaisement succède à la colère engendrée par cet acte inhumain? Notre colère nous interdit-elle de penser? Chercher à comprendre revient-il à pardonner? Autant de questions qui sont sous-jacentes au récit de Thierry Lenain; autant de questions qui s'étendent à tant d'actions humaines et pourtant incompréhensibles.
Jamais dans son texte, l'auteur ne nous dit quoi penser. Jamais il n'oublie la souffrance et la peur des parents, la peur des enfants: certains eurent peur, d'autres non. C'est comme ça avec les enfants: c'est imprévisible. Il porte un regard sur l'événement, le questionne et interroge notre réaction face à lui. Ce récit, comme l'indique Thierry Lenain dans son avant-propos, s'adresse autant aux adultes qu'aux enfants. Et cette capacité à parler d'une seule et même voix, d'une seule et même écriture, aux uns et aux autres, n'est pas la moindre des qualités de ce petit livre. Aux enfants, il raconte un événement presque ancien, avec les mots qui en disent l'extrême actualité, des mots qui leur parlent d'eux : «H.B. attend qu'un papa vienne le chercher, comme un enfant qui aurait fait une grosse bêtise». Aux adultes, il dit la souffrance de cet homme égaré «venu mourir dans son enfance» peut-être parce que le monde des adultes lui était devenu insupportable. Aux uns et aux autres il dit que H.B. signifie Human Bomb, bombe humaine, mais aussi Human Being: être humain...
Ariane Tapinos
(première publication de l'article : décembre 2003)
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14/01/2009
De la race en Amérique | discours de Barack OBAMA
Traduit de l'américain et introduit par François Clemenceau | Éd. Grasset, coll. Essais étrangers, mai 2008 | 85 pp. - 8 € (édition bilingue)
Présentation claire et concise du 44e président des États-Unis, suivie du texte intégral (en français et en anglais) de son discours prononcé à Philadelphie, le 18 mars 2008, à l’endroit même où est née la démocratie américaine. Dans ce court texte, Barack Obama expose son ambition de réunir les Américains, au-delà de leurs différences, sans nier la réalité du poids de l’Histoire et l’actualité des inégalités.
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