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22/03/2014

LE LION ET LES TROIS BUFFLES

ruse,cruauté,pouvoir,contealbum
de Moncef DHOUIB (texte)
& May ANGELI (gravures sur bois)
Éd. Seuil Jeunesse, janvier 2014
15 €

Trois buffles, un blanc, un jaune et un noir, décident de voir le monde. En chemin, ils sont attaqués par une meute de chacals mais, en unissant leurs efforts, parviennent à les mettre en fuite. Arrivés dans la savane, ils rencontrent un lion. Autoritaire et cynique, il condescend à leur présence et leur promet même sa protection. Pourtant, très vite, il sème la zizanie entre les trois buffles et use de leur veulerie et de leur goût pour la proximité d’un puissant, pour les dévorer un à un.

Magnifiquement illustré par les gravures sur bois de May Angeli, ce conte traditionnel arabe est une sévère leçon pour tous les courtisans. Jusqu’au bout, le dernier buffle croit que « pour fréquenter les grands de ce monde, il faut parfois accepter des sacrifices ». Il apprendra à ses dépends que les puissants ne s’entourent de flatteurs que pour leur propre bénéfice.

Les images de May Angeli, baignées de jaune, comme si le pelage du lion avait envahi tout l’espace, donnent une grande force à cette histoire cruelle et font de cet album une belle réussite.

Ariane Tapinos (mars 2014)

 

19/05/2013

LA BONNE HUMEUR DU LOUP GRIS

BONNE HUMEUR DU LOUP.gifAlbum
de Gilles BIZOUERNE (texte)
et Ronan BADEL (ill.)

Éd. Didier Jeunesse, mars 2013
12,50 €

Cet album est une libre adaptation de plusieurs versions du conte populaire « Le loup perd sa proie ».

Encore une histoire de loup ? Oui, mais revisitée avec beaucoup d’humour et de fantaisie, elle  plaira sans nul doute aux jeunes lecteurs. Ce loup, fort imbu de sa personne, part en quête de nourriture et va rencontrer successivement plusieurs proies alléchantes. Hélas, son repas se fera attendre…

Le texte, sur le mode de la randonnée, s’enrichit à chaque rencontre et décrit, de façon savoureuse, les mésaventures du loup. Nous avons particulièrement apprécié la richesse du vocabulaire et le jeu réussi des typographies qui le met en valeur.
Les illustrations délicates, finement colorées, fourmillent de détails et croquent le loup avec humour et expressivité.
Cet album fera à coup sûr rire les enfants. Un régal pour tous !

Josuan (avril 2013)

28/01/2011

Le Plus Gentil Loup du monde | album

plus gentil loup monde.gifAgnès de LESTRADE (texte) & Constanza BRAVO (ill.)
Éd. La Joie de Lire, novembre 2005
30 pages - 13,50 €

C’est un loup qui en a marre de manger des lapins et des taupes. Aujourd’hui, c’est décidé, il veut manger un enfant. Il se rend donc en ville et se jette sur une charmante petite fille bien dodue. Mais cette petite fille-là avait sans doute les oreilles bien grandes ouvertes le jour de l’exposé sur «la santé dans l’assiette»: voilà qu’elle se met à parler de protéines animales, de taux de cholestérol… Notre loup n’y comprend plus rien. Et c’est vrai qu’il se sent un peu patraque depuis quelques temps… Cette petite fille aurait-elle raison quand elle lui conseille de manger des légumes? Attiré par la perspective de manger la grand-mère en plus de l’enfant, notre loup se rend chez la fillette et découvre les artichauts à la crème et les champignons farcis au fromage. Un loup végétarien: c’est impossible! mais attention, ce loup-là n’est pas n’importe quel loup, c’est le plus gentil loup du monde!

Agnès de Lestrade signe ici un conte vitaminé et plein d’humour, une intrigue mitonnée aux petits oignons, pleine de bonne humeur et de légumes qui mettent l’eau à la bouche. Les illustrations de Constanza Bravo ajoutent ce qu’il faut de noirceur au texte. Sans vraiment faire peur, elle instillent de l’ambiguïté au récit: avant même que l’histoire ne commence, on se méfie un peu de ce loup qui enfile un masque souriant et des lunettes noires… Voilà une histoire agréable à lire, à regarder, bref, à savourer sans conditions!

Marie Buraud
(première publication de l'article: 13 février 2006)

03/12/2009

Le Festin de Noël

festin de noel.gifalbum Noël
Nathalie DARGENT (texte) & Magali LE HUCHE (ill.)
Éd. P’tit Glénat, octobre 2008
11 €
Le loup, le renard et la belette (oui, comme dans la chanson) ont décidé de s’offrir un festin de Noël. Enfin «s’offrir», disons qu’ils ont prévu que Renard aille kidnapper une dinde dans le poulailler le plus proche et qu’ils la dégusteraient ensemble juste après. Sitôt dit, sitôt fait, Renard rentre chez lui avec la plus belle dinde sur laquelle il a pu mettre la patte. Mais voilà, ce festin de Noël se révèle plutôt exigeant: il veut être mangé dans les règles. Donc, il faudra d’abord faire le ménage, décorer la maison, installer le sapin… et nourrir la dinde pour l’engraisser bien sûr! Bien évidemment, arrive ce qui doit arriver: nos trois compères se prennent d’amitié pour leur festin de Noël qui est loin d’être dinde. Après tout, Dinde triche si bien aux cartes et fait une si bonne purée de champignons. Alors pourquoi ne pas vivre gras et heureux tous les quatre… Tout est bien qui finit bien ? Pas sûr: la dernière illustration nous montre qu’un festin de noël, ça peut être sacrément retors!

Voilà un petit conte de Noël bien ficelé aux illustrations fichtrement truculentes: à raconter AVANT de manger la dinde qui, finalement, le mérite bien!

Nathalie Ventax

(première publication de l'article: 20 décembre 2008)

27/11/2009

Les Grenouilles Samouraïs de l'étang des Genji | album de Kazunari HINO et Takao SAITÔ (ill.)

grenouille samourai.gifD'après le Heiké monogatari
Traduction de Renée Garde

Éd. Picquier jeunesse |
sept. 2009 | 15€

Au bord d’un étang, à l’ombre d’un cyprès plusieurs fois centenaire, Grand-père crapaud narre, au son du biwa, l’histoire, très ancienne, de la bataille des Genji et des Heiké. À cette époque vivaient, autour de l’étang, des grenouilles et des crapaud, en paix et en harmonie avec la nature. Un soir d’été une dame rainette est agressée et blessée par «un monstre aux yeux luisants». Ce monstre est en réalité un chat, comme le prouve le poil de moustache qu’il a perdu en commettant son forfait. Les grenouilles samouraïs s’organisent et, sous la direction du seigneur Yorimoto, du général Yoshinaka et de la guerrière Tomoé, se préparent au combat. Mais dix mille petites grenouilles ne pèsent pas lourd face à un grand méchant chat et il leur faudra toute la ruse du jeune sonneur Ushiwakamaru pour venir à bout de leur coriace adversaire.

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18/05/2009

Le Chat Botté | conte de Charles PERRAULT, illustré par ALBERTINE

chat botté.gifÉd. La Joie de lire | mars 2009 | 13,50 €

À sa mort un vieux meunier ne possédait qu’un moulin, un âne et un chat, que ses trois fils se partagent. Le plus jeune hérite du chat. Qu’en faire ? Il renonce à le manger quand l’animal se met à parler et lui promet la richesse, en échange d’une paire de bottes et d’un sac. Fièrement botté, le chat a plus d’un tour dans son sac… Usant de flatterie et de ruse, l'animal s’invente un maître – le marquis de Carabas – auquel il prête des serviteurs et des propriétés : champs, château… Fin psychologue, le chat convainc le Roi de la grandeur de son maître, se débarrasse d’un ogre vaniteux et transforme le pauvre fils du meunier en séduisant marquis propre à épouser une princesse.

Ce classique des contes de Perrault est reproduit dans sa version originale et très élégamment illustré par Albertine. L’artiste n’a pas modernisé artificiellement le vieux conte, mais a mis à profit son style très personnel pour en souligner l’intemporalité. Ses images vivement colorées, où le vert et le rouge dominent, présentent une alliance de délicatesse (finesse du trait, détails précieux) et d’incongruité (corps très étirés, disproportionnés, décors décalés : la serviette fleurie du roi, la robe à faux-cul de la princesse…) qui fait toute la saveur de son travail et illustre très bien le réalisme-fantastique propre au conte. Le traitement récurrent de deux motifs déclinés à chaque page en est un bon exemple : le décor floral – herbes folles, fleurs et céréales perchées sur de très très longues tiges – semble tout droit sorti de l’imagination d’un peintre qui aurait longuement observé la nature pour mieux la distancer ; la forme oblongue du moulin surmontée d’une cocasse petite pique se retrouve elle dans le bonnet du meunier, sur les pâtisseries, la vaisselle, le carrosse ou même la poitrine de la princesse ! C’est charmant (au sens envoûtant, comme un filtre de fantaisie), drôle et tout à fait en accord avec l’imaginaire du conte.

Corinne Chiaradia (avril 2009)