28/01/2012
LE GOÛT DE LA TOMATE
Roman de Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. Petite poche
Oct. 2011, 43 pages – 5 €
Dans un monde totalitaire où jardins et cultures sont prohibées (les cultures de la terre, mais on devine que celles de l’esprit ne sont pas plus tolérées), un père et son fils cultivent clandestinement des plants de tomates. Pour Clovis, apprendre à planter, à arroser, à attendre… est une découverte aussi savoureuse que dangereuse. Ou quand le goût de la tomate est celui du fruit défendu, et dans cet univers de contrôle et d’interdits, c’est la liberté qui a ce goût-là.
Dans ce petit texte court et très facile à lire – comme le veut la collection Petite poche – Christophe Léon glisse, avec succès, des choses graves, dont ont sent qu’elles lui tiennent à cœur : la lutte contre les injustices et pour la préservation de la planète.
C’est drôle, touchant et ça fait réfléchir. Tout ça en 43 petites pages !
Ariane Tapinos (janvier 2012)
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06/11/2009
Le Mur | album de Peter SIS
Mon enfance derrière le rideau de fer
éd. Grasset jeunesse | oct. 2007 | 16,90€
Avec Le Mur, Peter Sís conclut une (provisoire?) trilogie du souvenir, entamée avec Les Trois Clés d'or de Prague en 1994 et poursuivie avec Tibet. Les Secrets d'une boîte rouge en 1998. Trois livres qui cernent le rapport de l'auteur à son pays natal, la Tchécoslovaquie, et à la ville où il a grandi, Prague. Trois livres qui s'inscrivent, en même temps qu'ils lui échappent, dans l'histoire récente du pays - le communisme, la Guerre froide, le Bloc de l'Est... Trois livres qui explorent les espaces de liberté que l'auteur a su se ménager avant son exil américain dans les années 80.
Dès les pages de garde, on repère immédiatement l'emplacement du Bloc de l'Est sur le planisphère. Par un premier effet de loupe, on discerne la place de la Tchécoslovaquie. Loupe qui obéit strictement aux lois de la cartographie, ce qui n'est pas le cas d'une seconde loupe, qui nous montre Prague cette fois. Un rond au milieu indique simplement: «Chez moi».
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14/01/2009
La femme noire qui refusa de se soumettre. Rosa Parks | roman d'Eric SIMARD
Illustrations de Carole GOURRAT | Éd. Oskar jeunesse, coll. Cadet, mars 2006 | 46 pp. - 5,95 €
Si la littérature de jeunesse ne manque ni de traductions de l’anglais, ni de romans mettant en scène la vie quotidienne aux États-Unis, on trouve peu d’ouvrages consacrés à la ségrégation ou au mouvement des droits civiques. Si on trouve quelques titres consacrés à Martin Luther King, on n’a pas la chance de voir traduit Crossing Jordan d’Adrian Fogelin ou l’autobiographie destinée aux enfants de Rosa Parks. La figure de Rosa Parks, injustement oubliée, mérite donc bien l’unique livre existant à son sujet en France, paru chez Oskar jeunesse en mars 2006. (*)
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04/12/2008
Compte les étoiles | roman de Loïs LOWRY
Traduit de l’américain par Agnès Desarthe.
Éd. L'École des loisirs, coll. Neuf, 1990, 228 pages – 6 €
Annemarie Johansen, dix ans, rentre de l’école en courant avec sa petite sœur Kirsti et sa meilleure amie Ellen Rosen. Elle se heurte à un soldat allemand. Nous sommes à Copenhague en 1943, et l’Occupation se fait sentir partout, dans les restrictions alimentaires et l’omniprésence des soldats. Annemarie s’inquiète, s’interroge : elle voudrait comprendre ce que lui cachent ses parents et, par-dessus tout, elle aimerait être courageuse. Mais qu’est-ce que le courage et que peut-elle faire quand même les adultes semblent avoir peur ? Une nuit, les Allemands perquisitionnent et les Johansen doivent cacher Ellen. Annemarie et sa famille vont dès lors, comme beaucoup d’autres Danois, participer au sauvetage de milliers de juifs en organisant leur fuite, par bateau, vers la Suède.
Loïs Lowry – à qui l’on doit entre autres, la série des Anastasia – raconte cet épisode édifiant de la Seconde Guerre mondiale sans grandiloquence. Elle nous fait partager le courage simple et l’humanité de tout un pays pour lequel résister aux lois anti-juives édictées par l’occupant, c’est d’abord agir en bons voisins.
Nathalie Ventax (février 2005)
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02/12/2008
Les Loups noirs | album de Béa DERU-RENARD et Neil DESMET (ill.)
Éd. Pastel, mars 2005 - 13 €
(À partir de 5 ans)
C’est une vallée où tous vivent en paix et en harmonie. Lions, cochons, renards, girafes ou poules s’entraident et s’apprécient. Hélas, deux affreux loups, Benito et Augusto espionnent les paisibles animaux et vont rapporter à leur chef, l’abominable Adolphe, que dans la vallée «toutes les couleurs sont mélangées» et «chacun fait ce qu’il veut, où il veut, quand il veut». Les loups décident donc de mettre de l’ordre dans ce mélange et déboulent dans la vallée pour «trier et ranger» : «les emplumés avec les emplumés, les tachetés avec les tachetés… Malheur à ceux qui ne sont pas d’accord». Les uns sont parqués derrière des barbelés ou envoyés dans des laboratoires, les autres expulsés. Pour les volailles, les loups construisent de grands fours dans lesquels elles sont jetées «sans espoir de retour».
Les habitants de la vallée décident de faire appel au «petit peuple de l’ombre» (tous les insectes) pour lutter contre les loups noirs. Les puces s’attaquent à leur pelage, les vers à leurs repas. Les araignées les emprisonnent de leurs toiles. «C’est la libération». Les loups sont jugés et condamnés à des travaux d’intérêt général, en accord avec leur sens de l’ordre et de la propreté : ramasser les vieux papiers, réparer les objets…
A la différence des autres albums sur le sujet (à l’exception notable de Que la bête meure de Calvo et Maus de Spiegelman), Les Loups noirs choisit la fable animalière pour nous raconter des horreurs bien humaines. Surtout, à travers cet artifice, il s’adresse à des enfants petits (à partir de cinq ans) et peut permettre d’aborder avec eux les questions de la tolérance et du métissage, mais aussi d’évoquer cette période si sombre de notre histoire. La fable pourrait être générale (comme dans L’agneau qui ne voulait pas être un mouton, de Didier Jean et Zad, chez Syros, sur la résistance), mais s’y trouvent quelques éléments assurément identifiables par des adultes et qui peuvent permettre de passer du général, du moral, à l’événement historique. On objectera que l’histoire n’a pas retenu les mêmes responsabilités pour l’un (Benito) que pour l’autre (Adolphe) et qu’Augusto (Pinochet ?) n’a pas participé aux mêmes horreurs. Mais en faisant du loup Adolphe le chef de la meute, les auteurs signifient bien que tous ne sont pas à mettre au même plan. De toutes les façons, les enfants auxquels cet ouvrage s’adresse ne seront pas en mesure d’en saisir la portée historique sans l’aide d’un adulte. À lui d’en faire une lecture juste ! Seul bémol, une image pose sans doute un problème de représentation historique : celle où l’on voit les poules qui sortent (mortes) du four, avec une auréole au-desssus de la tête… Une représentation très chrétienne de la mort pour signifier celle de millions de juifs…
Ariane Tapinos (février 2005)
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