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25/04/2009

Simone Veil : «Non aux avortements clandestins» | documentaire de Maria POBLETE

9782742782215.jpgÉd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non | mars 2009 | 95 pp. - 7,80€

Pour écrire cette critique, j’ai voulu retrouver une image que j’avais en mémoire – mais que peut-être ma mémoire a fabriqué – de Simone Veil, la tête entre les mains, sur les bancs de l’Assemblée nationale ou du Sénat. J’ai tapé sur un moteur de recherches quatre mots clés : Simone, Veil, IVG, photos. Ce que j’y ai trouvé m’a donné envie, pour une fois, d’écrire cette critique à la première personne. D’écrire au delà du livre de Maria Poblete mais pour dire combien il est utile, pour assumer une opinion sur son sujet même.


Quand on entre ces quatre mots sur un moteur de recherche, on trouve des dizaines de pages où s’alignent des photos. Sur la plupart d’entre elles, on voit Simone Veil, magnifique dans la vieillesse comme dans la fleur de l’âge, à la tribune de l’Assemblée ou souriante, toute jeune sur la couverture de son autobiographie (Une vie parue aux éditions Stock en 2007). Mais au milieu de ces photos, sur chacune de ces pages, se sont glissés d’autres clichés sanguignolants de foetus (et non d’embryons), quand ce ne sont pas même des nouveaux nés ou des enfants. Et alors que la lecture du livre de Maria Poblete m’a remis en mémoire les insultes et les contrevérités auxquelles Simone Veil a du faire face lors des débats sur la loi sur l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse, en 1974, je constate que les mêmes insultes, les mêmes mensonges sont, en ce début du XXIe siècle, en libre accès sur internet.
Le paradoxe, c’est que ce fait démontre l’extrême importance de ce petit livre paru dans cette remarquable collection pour adolescents, «Ceux qui ont dit non». Parce qu’il est clair et qu’il dit l’histoire de cette conquête qui donne aux femmes le pouvoir sur leur corps, à travers un portrait en quelques touches de celle qui en fut l’étendard par obligation morale (au nom d’une morale sociale) plus que par conviction idéologique. Parce qu’il s’adresse réellement à un public de jeunes lecteurs – dont on espère bien que ce ne seront pas que des jeunes lectrices – par son niveau de langue et son approche. Et si le choix que fait son auteure, de démarrer son récit par celui de la déportation de Simone Veil désarçonne au premier abord, il prend tout son sens quand on lit les ignominies qui ont été dites à l’époque et qui sont véhiculées aujourd’hui encore. Pour comprendre la noirceur des propos calomnieux de certains opposants à l’IVG en 1974, comme aujourd’hui, il était indispensable de re-situer Simone Veil dans son histoire. Pour comprendre, peut-être, la ténacité et le courage de cette femme, il fallait partir de là où la fréquentation de l’inhumain détermine la droiture d’une vie et de ses engagements.
L’avortement est aujourd’hui un droit en France, mais un droit menacé par la violence de quelques-uns et l’ignorance d’un grand nombre. Espérons que ce livre contribuera à faire connaître leurs droits à ceux qui devront les défendre demain encore.

Ariane Tapinos (avril 2009)

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