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Rechercher : Le monstre qui mangeait le noir

Entretien avec THOMAS SCOTTO

jérôme par coeur.gif« Cette envie de dire beaucoup en peu de mots… »

En un peu plus de dix ans et une quarantaine de titres publiés, Thomas Scotto a imposé une voix sensible et impertinente dans la littérature jeunesse. Avec une assurance tranquille, sans convoquer la poésie à grand renfort de rimes, il a allié son talent à celui d'Olivier Tallec pour nous donner à lire le cœur de Raphaël, lui-même sacrément accro à Jérôme. Deux enfants qui s'aiment... et qu'on adore.

ENTRETIEN

- Jérôme par cœur paraît un album si abouti qu'on imagine mal qu'il soit une commande. Donc première question, inévitable: d'où est venue l'envie d'écrire cette histoire et de la partager avec Olivier Tallec ?
Ce n'est pas une commande, eff
ectivement. C'est d'ailleurs rarement une commande…! Parce que si l'écriture d'un texte n'est pas anodine, celle d'un album l'est encore moins je crois. Cette envie de dire beaucoup en peu de mots… J'avais des bribes de cette histoire depuis longtemps dans mes carnets. Depuis la première phrase, je voulais que ce soit un album et non un roman. Je savais bien sûr que ce serait l'histoire de deux petits garçons. C'est cela qui m'importait. Le reste n'est pas forcément si «réfléchi». Je le dis aux enfants: j'écris sur ce que j'aime, sur ce qui me met en colère et surtout, j'écris les questions que je me pose. C'est un état d'esprit qui ne me quitte pas (comme beaucoup d'autres auteurs, évidemment). Olivier Tallec est arrivé après l'écriture comme un beau cadeau. Parce que c'est lui que je voulais, la force douce de ses illustrations, et que François Martin chez Actes Sud et Thierry Magnier voulait travailler avec lui également. Cela étonne toujours, mais cette alchimie-là est finalement assez rare…


- L'amour est le fil rouge de nombre de vos livres. Jérôme illustre l'affection de deux garçons; pourtant le texte, par sa simplicité de vocabulaire et la richesse de ses non-dits, peut évoquer toute forme de relation amoureuse: il suffirait de changer là un prénom, ici un pronom («et le soir je fais des provisions d'elle pour la nuit»)… Ainsi ce sont parfois les images d'Olivier Tallec qui nous rappellent que l'on est en présence de deux petits garçons et nous donnent le sexe et «l'échelle» des personnages. Avez-vous d'emblée recherché cette universalité du sentiment et travaillé à une complémentarité texte/image?
Il va peut-être falloir que je me freine un peu sur les histoires d'amour…! En fait, j'aime quand le livre est une fenêtre ouverte. Cette «universalité» permet à chacun de trouver sa place d'émotion. Enfants et adultes. Elle est voulue, oui. Comme le prénom de «Raphaël» qui, à la lecture orale, ne détermine pas nécessairement le sexe du personnage. Ce n'était pas une manière de ne pas assumer mon propos, simplement de ne pas limiter le texte à un seul discours. C'est aussi pour ça qu'il fallait que ce soit un album. Olivier emporte le texte sur son chemin d'images. Il raconte son histoire. Il l'éclaire aussi. Nous n'avons pas élaboré l'album ensemble, c'est le talent de l'illustrateur et du graphiste de le faire croire! En revanche, écrire quand on sait qu'on sera illustré offre une liberté magnifique. Celle de ne pas tout dire, d'écrire les silences. Des silences habités bien sûr…

- Le texte de l'album, concis et dense, suit une construction bien plus sophistiquée qu'il n'y paraît au premier abord. Autrement dit, sa lecture est aisée… mais on peut la reprendre souvent. Un peu comme s'il se situait quelque part entre la comptine et le haïku (voir les trois lignes de conclusion « Raphaël aime Jérôme, / je le dis. / Très facile »). Avez-vous beaucoup retravaillé, éliminé, resserré en cours d'écriture?
Un garçon de 10 ans m'a dit récemment que mes histoires étaient un puzzle de mots (je peux pleurer très facilement si on me dit ça!) Et c'est justement parfois très long de faire un puzzle! À l'inverse, un auteur m'a dit un jour «toi, des albums aussi courts, tu dois en écrire dix par an…» (je peux m'énerver très facilement si on me dit ça!) Le texte d'album est tellement ciselé… Il faut aller à l'essentiel. Je me vois presque comme ça: une petite paire de ciseaux à la main et un bâton de colle. En même temps, l'image est peut-être trop forte car ce format d'écriture est celui qui me vient le plus naturellement. Rien de douloureux! J'y suis plus à l'aise que pour un roman. «Une comptine, un haïku»… sans doute parce que je tiens beaucoup à la voix d'un texte. À sa respiration et son rythme. J'écris toujours à voix haute! C'est tellement plus évident pour entendre la musique de l'histoire.

- Amour ou amitié? Bien sûr le mot «homosexualité» n'est jamais prononcé… Mais peut-on affirmer que Raphaël n'est pas amoureux de Jérôme? Et qu'il ne ressent pas ce qu'il y a d'inhabituel dans son affection? Son «Très facile» est une antiphrase pas un euphémisme, non?
Raphaël croit plus que tout en cette affection immense, en cet amour-là pour Jérôme. Il dit son prénom plusieurs fois le temps de ces quelques pages… «Jérôme, c'est pas un mot de travers». Alors oui, c'est de l'amour. Il ne veut rien adoucir du tout. À deux ils sont capables, en se tenant la main, de faire ralentir la file des voitures, ce n'est pas rien. C'est la première image d'Olivier dans le livre et je la trouve d'une force incroyable!
«Homosexualité» revient bien sûr dans les retours d'adultes sur l'album. Je mentirai si je disais que je m'en étonne…! Jérôme et Raphaël ne le sont pas… pas encore… peut-être un jour… et pourquoi pas…? En tant que père, je ne veux pas l'ignorer. Je voulais avant tout parler de ce désir d'enfant. Du fait que, lorsqu'on est petit on se fiche parfaitement de savoir quel est le sexe de la personne qu'on aime. On aime la personne avant tout.
Jérôme par cœur a été refusé une première fois. L'éditrice m'avait demandé: «Mais il est où le drame?». Il n'y en a pas justement. Raphaël aime simplement. La difficulté d'acceptation de ce sentiment tenace est pour l'adulte. Mais là encore, est-ce que le père clos la discussion parce qu'il n'en peut plus d'entendre le prénom de Jérôme à longueur de journée où qu'il ne veut pas envisager des émotions plus grandes pour son fils… Les non-dits d'une histoire en créent plusieurs autres.

- Sur la page d'accueil du site d'Actes sud junior, on apprend que Jérôme par cœur est «album coup de cœur» du magazine Maman. Dans un autre registre, il a fait partie des sélections de Ricochet (et des choix de Comptines). Êtes-vous sensible aux opinions des médiateurs du livre?
Impossible d'être insensible. D'autant plus quand c'est un texte que l'on a gardé longtemps en soi, quand on a le sentiment d'avoir dit ce que l'on voulait dire. Écrire laisse des traces, construit, interroge. Mais ces textes-là n'existeraient pas, une fois publiés, s'ils n'étaient pas relayés par les «médiateurs» du livre. Libraires, bibliothécaires, enseignants, fous de blogs! Ces textes ne sont pas «vendeurs» à proprement parler. Ils ont surtout besoin d'un engagement à toutes les étapes.

- Vous aimez beaucoup je crois faire partager aux enfants, en classe ou ailleurs, vos bonheurs de lecture et d'écriture. Êtes-vous surpris par la manière dont ils reçoivent vos textes et avez-vous quelque chose à nous dire de leur lecture de Jérôme?
Rencontrer les enfants, je l'ai voulu dès le premier livre. Cela me paraissait indispensable. Peut-être, inconsciemment, pour emporter le livre jusqu'au bout et parce que leurs avis (même travaillés en classe) sont toujours spontanés. Ils aiment, ils n'aiment pas, ils le disent avec la même facilité. Cela ne change pas ma façon d'écrire, mais cela me donne de l'énergie pour continuer, pour savoir que devant eux, je suis «à ma place», qu'il faut leur mettre entre les mains des livres qu'ils ne comprennent pas tout de suite, leur dire qu'on peut devenir adulte et rester toujours curieux. Les enseignants sont indispensables pour ces moments de rencontres. Il y a des jours bouleversants d'émotions quand une classe est entrée au plus profond d'une histoire grâce à eux.
Pour Jérôme, comme pour Sables émouvants d'ailleurs, les enseignants m'ont parfois dit ne pas avoir lu le livre en classe. Difficile à aborder. Moi, je lis toujours! Parce que ce sont des livres en points d'interrogation et j'aime quand on se pose les questions tous ensemble. Le petit déclic dans l'œil qui fait s'exclamer un garçon de CP, cette fois-ci, après ma lecture de Jérôme : «En fait, Thomas, y en a un qui fait sa vie pour l'autre»… Là, ça me donne un sourire pour longtemps.

- Quelques mots sur le double parrainage sous lequel Jérôme est placé : Anne Sylvestre et Jacques Prévert ?
Là, il faudrait des pages et des pages…! Dire Anne Sylvestre et Jacques Prévert…
J'aime cette idée de «marrainage». Les chansons d'Anne m'accompagnent depuis longtemps. Enfant, bien sûr, avec les «Fabulettes» mais avec ses textes adultes encore plus fortement.  Elle a écrit cette chanson magnifique «Xavier». Et la mienne n'est pas éloignée de l'émotion provoquée par la sienne. Il faut écouter Anne Sylvestre! (Les gens qui doutent, Écrire pour ne pas mourir, Les chemins des vents, La faute à Êve, Non tu n'as pas de nom…) Je voulais lui offrir ce livre pour tout cela. La concision d'une chanson et son pouvoir d'essentiel se rapproche de l'écriture d'album. Quant à la phrase de Prévert tirée des «enfants qui s'aiment» c'était comme une clé pour entrer dans le livre. L'affirmation de Raphaël.

- Dans vos albums ou vos romans, on est touché par l'attention respectueuse portée à la jeunesse de vos lecteurs, sans condescendance ni angélisme. Vous ne donnez pas l'impression d'en savoir plus que vos héros, ni de vouloir les «maltraiter»; ce ne sont pas des anges (le garçon de Sans toit ni moi désire très fort que son envahissant et malodorant grand-père quitte sa maison au plus vite), mais pas des monstres non plus. Leurs douleurs sont volontiers un peu hors champs ou détournées par l'humour. Par pudeur ou prudence? Ou est-ce une forme d'étique d'écriture?
De la pudeur, de la prudence… je ne crois pas. Une éducation peut-être! J'étais le genre de garçon de mes histoires: qui pense beaucoup, qui se tait aussi, avec des colères rentrées mais déjà des envies de «révolution de velours » (une expression d'un ami auteur à propos de Jérôme par cœur). Ne pas en savoir plus que mes héros est sans doute une façon de ne pas juger, de pouvoir s'étonner, se tromper aussi et de grandir au même rythme qu'eux. «Mi-ange mi-démon» est le titre d'une nouvelle. Nous sommes comme cela, avec des kilomètres de failles. C'est important de le dire. En revanche, je n'oublie jamais que je suis un adulte qui écrit pour les enfants.

- Vous faites partie des auteurs - de plus en plus rares? - qui accordent toute leur attention aux tout jeunes lecteurs, jusqu'au seuil de l'adolescence. Vous tenez-vous volontairement en retrait de ce seuil et pourquoi?
J'écris pour les plus jeunes des textes que des plus grands lisent aussi! Cela me plait beaucoup évidemment. Je veux avant tout me faire plaisir et ce plaisir-là passe par toute forme d'écriture pour des âges différents. La littérature jeunesse permet cela: dire tellement aux «tout jeunes lecteurs». Maintenant je suis aussi forcé d'avouer ma fainéantise pour ce qui est de l'écriture de textes pour ados. Mais j'y travaille…!

Propos recueillis par Corinne Chiaradia, janvier 2010
publié dans le n° 55 de la revue Citrouille

Et pour lire la critique de Jérôme par cœur [c'est ici]

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09/04/2010 | Lien permanent

Biblio EXILS : ALBUMS

Lectures d'exils…

ALBUMS

amin sans papiers.gifAmin sans papiers
Sylvie BAUSSIER, illustrations Frédérique MANSOT, éd. ÉLan vert, coll. Poil à gratter, 2007 - 13€
«Julie, Clément, Clarisse et Amin jouent souvent ensemble. Un jour à la sortie de l'école, deux policiers attendent Amin. A-t-il fait quelque chose de mal? Il est né en France, mais il paraît qu'il n'a pas de "papiers". Qu'est-ce que ça veut dire? Que va-t-il lui arriver, à lui et à ses parents?» (note de l'éditeur)

anna et nouveau monde.gifAnna et le Nouveau Monde
Béatrice FONTANEL, illustrations Amélie JACOWSKI, éd. Actes sud junior et cité de la musique, coll. Les contes du Musée de la musique, 2004 - 15€ (livre-CD)
«Anna et sa famille partent pour toujours vers un pays lointain, l'Amérique. Le cœur de la petite fille est plein de nostalgie, mais sur le bateau, une drôle de musique la console: une mélodie chaloupée qui tangue et la berce. Les notes s'échappent du ventre d'un instrument qu'on appelle la "boîte à frissons". C'est l'accordéon de Kirill, le beau marin aux yeux bleu glacier. Anna et le jeune homme ne se quitteront plus jusqu'à l'arrivée aux portes de New York.»

au panier.gifAu panier!
Henri MEUNIER, illustration Nathalie CHOUX, éd. Rouergue, 2004 - 10,50€
Dans un parc, une femme noire, un chat vert et un oiseau sans papiers d'identité se font arrêter par la police…
Une manière simple (et drôle) de dénoncer les abus d'un État obscurantiste et policier [Lire ici]

comment j'ai appris géo.gifComment j'ai appris la géographie
Uri SHULEVITZ, traduit de l'américain par Élisabeth DUVAL, éd. Kaléidoscope, 2008 - 12,50€
«Une famille qui a fui son pays ravagé par la guerre survit dans un terrible dénuement. Jusqu'au soir où le père rentre non pas avec l'habituel maigre repas, mais avec un objet extraordinaire, capable de transcender la faim et la misère… Cette fabuleuse leçon de vie est aussi le vibrant hommage d'un fils, l'immense auteur Uri Shulevitz, à son père.»

et puis on est partis.jpgEt puis on est partis
Philippe BROCHARD, illustrations Serge HOCHAIN, éd. L'École des loisirs, coll. Archimède, 2003 - 12,50€
«Michel Igaliev, aujourd'hui grand-père, nous raconte sa vie d'avant ("dans une drôle de maison, une sorte de bateau que la crue du fleuve soulevait et faisait flotter, deux fois chaque année"), avant la Révolution russe, avant la guerre civile et l'exil. Un jour ses parents ont décidé de lancer sur le fleuve leur bateau-maison, puis, arrivés à Riga, de trouver le moyen de partir le plus loin possible… Ce sera les États-Unis.»

île-greder.gifÎle (L')
Armin GREDER, traduit de l'allemand par Gaëlle TOQUIN et Claude DAGAIL, éd. La compagnie créative, 2005 - 15 €
Une île, isolée dans l'océan. Arrive un naufragé: d'hésitations en réticences, puis en franche hostilité, les îliens hésitent sur la conduite à tenir, pour finalement refuser toute hospitalité et renvoyer le naufragé à la mer… [Lire ici]

joselito.gifJoselito
Albertine DELETAILLE
Éd. Flammarion, coll. Les albums du Père Castor, 1970
3,75€
Aujourd'hui un nouvel enfant est arrivé dans la classe. Il s'appelle Joselito. Il vient d'un autre pays après un long, très long voyage.

lili vient autre pays.gifLili vient d'un autre pays
Ophélie TEXIER
éd. L'École des loisirs, coll. Loulou & Cie "Les petites familles"
2004 - 7,50€ (bébé)
«Lili vient d'un autre pays. Un pays très joli. Mais ses amis ne connaissent pas ce pays. Pas toujours facile pour Lili…»

loin de mon pays.gifLoin de mon pays
Pascale FRANCOTYTE, éd. Alice jeunesse, 2007 - 11,40€
«J'habite quelque part au milieu de l'Afrique. Mon papa est parti très loin, pour étudier. Mais, bientôt, sont venus les couvre-feux, l'insécurité, la violence et la guerre a envahi mon pays. Allons-nous partir à notre tour? Loin de mon pays, c'est peut-être retrouver papa, mais c'est aussi quitter mes cousins, mes amis, ma maison…»

meme les mangues.gifMême les mangues ont des papiers
Yves PINGUILLY, illustrations Aurélia FRONTY, éd. Rue du monde, 2006 - 14€
Momo et Khady rêvent de quitter leur village d'Afrique, pour voyager «de l'autre côté du monde», où l'on peut se soigner et se nourrir sans difficulté. Un jour, ils se cachent dans un grand camion, au milieu des fruits mûrs, puis dans un bateau. Mais quand les marins leur demandent leurs «papiers» ils ne comprennent pas… [Lire ici]

moi dieu merci.jpgMoi dieu Merci qui vis ici
Thierry LENAIN, illustrations Olivier BALEZ, éd. albin Michel jeunesse, 2008 - 13,50€
C'est l'histoire de Dieu Merci, un Angolais qui a fui la guerre et son «pays prison» où chaque visage pouvait être celui de son bourreau. C'est l'histoire de Dieu Merci qui est arrivé ici, en France, sans papiers, sans rien ni personne. C'est l'histoire de Dieu Merci qui a secouru une vieille femme seule et trouvé un nouveau foyer. C'est l'histoire, enfin, de Dieu Merci vivant ici. [Lire ici]

mon papa roulait.gifMon papa roulait les R
Françoise LEGENDRE, illustrations Judith GUEYFIER, éd. Sarbacane - Amnesty International, 2008 - 14,90€
Un papa venu des confins de l'Europe de l'Est, une jeune fille qui se souvient avec tendresse de son accent, sa musique, des lettres lointaines et des mots doux, dans une langue qu'elle ne comprenait pas… [Lire ici]

oiseau de mona.gifOiseau de Mona (L')
Sandra POIROT CHERIF, éd. Rue du monde, coll. Pas comme les autres, 2008 - 13,50€
«Mona et ses parents ont fui leur pays en guerre pour s'installer ici. À l'école, la vie est belle pour elle. Elle a beaucoup d'amis. Mais un oiseau noir la suit partout, jour et nuit. Il lui rappelle qu'elle n'a pas les papiers, les bons papiers, pour rester dans ce pays qu'elle aime.»

on se retrouvera.gifOn se retrouvera
Eve BUNTING, illustrations Peter SYLVADA
Traduit de l'anglais par Fenn Troller, éd. Syros - Amnesty international, coll. Albums souples, 2001 - 6,50€
«Inspirée de faits réels, l'histoire universelle et pleine d'espoir d'une famille poussée à l'exil par la guerre.»

portée par vent.gifPortée par le vent…
Soyung PAK, illustrations Marcelino TRUONG, adaptation Marie-France Floury, éd. Gautier-Languereau, 2003 - 12€
À partir d'une parabole (la petite graine, portée par le vent, cherche la meilleure terre pour s'enraciner…) Soyung Pak, auteure d'origine coréenne, et Marcelino Truong, illustrateur d'origine vietnamienne, rendent ensemble un bel et émouvant hommage à leurs parents respectifs. [Lire ici]

saisonniers.gifSaisonniers (Les)
Eve BUNTING, illustrations Géraldine ALIBEU, traduit de l'anglais par Fenn Troller, éd. Seuil jeunesse, 2006 - 12€
«Parce qu'Abuelo, le grand-père arrivé du Mexique, ne parle pas anglais, Francisco l'accompagne pour trouver du travail. Quand arrive le camion du jardinier, Francisco se précipite pour vanter les mérites de son grand-père. Mais en réalité, Abuelo est charpentier. De ce mensonge, Francisco apprendra beaucoup.»

simaga cheval.jpgSimaga, le cheval sans papiers
Muriel DIALLO, éd. Vents d'ailleurs, oct. 2008 - 15€
«Lisa la jument sauvage vient de mettre bas un poulain à la robe noire. Il s'appelle Simaga. Il règne un air de fête quand, soudain, un coup de fouet claque dans le lointain! La jument cache son fils au cœur des roseaux. Elle a juste le temps de poser sur son front un baiser qu'un lasso emprisonne son encolure et l'entraîne de force loin, très loin. Simaga, le cheval sans papiers, est confronté au rejet de la communauté. Ce cheval rêveur et différent doit défendre sa place et son droit d'exister.»

soudain dans foret.gifSoudain dans la forêt profonde
Amos OZ, illustrations de Georg HALLENSLEBEN, traduit de l'hébru par Sylvie Cohen, éd. Gallimard jeunesse, mats 2008, 94 pp. - 14,50€
Il était une fois un village d'où les animaux ont été bannis, mais où les souvenirs des parents en sont pleins, et les rêves des enfants aussi… Au bord de ce village, une forêt profonde, mystérieuse, et deux enfants qui ne demandent qu'à l'explorer et éclaircir le secret de la disparition des animaux (et de quelques personnes aussi). [Lire ici]

voyage grand-pere.jpgVoyage de grand-père (Le)
Allen SAY, éd. L'École des loisirs, 1995 - ÉPUISÉ et c'est très dommage!
Allen Say nous conte l'histoire de sa famille, entre Japon et États-Unis. Son grand-père, parti du Japon pour découvrir le monde, installé en Californie, marié au Japon. Sa mère partie, à l'âge adulte, vivre avec ses parents au pays natal. La guerre qui empêcha son grand-père de retourner aux États-Unis. Lui, enfin, qui s'en alla voir la Californie de ses propres yeux… [Lire ici]

wahid.gifWahid
Thierry LENAIN, illustrations Olivier BALEZ, éd. Albin Michel jeunesse, 2003 - 14€
«Il y avait deux pays: l'Algérie et la France. Deux hommes: Maurice et Habib. La guerre a éclaté, peut-être se sont-ils combattus… Ils ne sont pas morts et ont chacun un enfant: Thierry et Assia qui se rencontrent, bien plus tard. De leur amour naît Wahid le petit garçon métis, aux deux grands-pères que la guerre avait jetés l'un contre l'autre.»

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03/06/2009 | Lien permanent

TOMMY JOUE AU FOOT

football,familleAlbum
de Rotraut Susanne BERNER
Traduit de l'allemand par Marie-Liesse Zambeaux
Éd. Seuil Jeunesse, mars 2006 [ÉPUISÉ]

Quand il fait beau le dimanche, Tommy se promène avec ses parents. Leur balade les entraîne jusqu’au pré, derrière la maison de grand-mère Mamita et là, papa propose toujours une petite partie de... foot ! C’est maman qui, équipée d’un sifflet, fait l’arbitre. Papa et Tommy ont construit les buts au printemps, avec des branches de bouleau. La partie à deux joueurs peut commencer ! Puis arrivent tante Hélène et oncle Jean, qui se joignent au jeu : ils seront gardiens de but (Tommy veut tante Hélène dans son équipe). Premier but marqué par Tommy : oncle Jean n’a rien vu venir ! Bientôt ce sont les jumeaux François et William, Sophia et grand-mère Mamita qui rejoignent le terrain. Les spectateurs commencent à se rassembler autour du pré. La partie se poursuit : faute de l’un des jumeaux sur Sophia. Carton jaune ! Maman se transforme en soigneur. Finalement la partie se termine sur un match nul 2 à 2 et maman décide que dans ces cas-là les deux équipes ont gagné et qu’il convient de fêter dignement cette double victoire autour d’un bon goûter.

C’est très, très drôle ! Cette famille de lapins anthropomorphes est réjouissante et fait preuve d’un bonheur communicatif. Pour un peu, cette partie de foot mixte où tante Hélène n’hésite pas à remonter sa robe orange à pois rouges pour arrêter les ballons, donnerait envie de se caler devant sa télé pour suivre le mondial ! Il faut dire que le charme de Rotraut Susanne Berner agit toujours : son univers peuplé de petites bestioles rigolotes (poule noire à pois blancs, oie, grenouille, poussin... ) qui se baladent au milieu des pages et du terrain, respire la joie de vivre. En plus, ce Tommy joue au foot se termine sur un vrai glossaire pour que les termes de « dégagement » « centrer » « pénalty » n’aient plus de secret pour personne et assurent la paix des familles !

Ariane Tapinos (première publication : juin 2006)

PS : Quel dommage que l'album soit épuisé, l'éditeur aurait été bien avisé de le ressortir en ce mois de juin… Mais il existe de très bonnes bibliothèques où vous le trouverez sûrement ! Et comme on l'aime vraiment, voici en bonus une seconde critique.

football,familleQuel bonheur cet album qui ne nous parle pas d’un « super-héros-footballeur-futur-champion-du monde »mais met en scène une après-midi de jeu familial et débridé ! C’est du foot-plaisir, improvisé, totalement mixte (jeunes, vieux, petits, gros, grands, hommes, femmes, enfants, famille, voisins, passants, taupes et canards). Garçons et filles partagent ici le même plaisir de jouer, la même énergie loufoque et sérieuse à la fois...
Et mine de rien, entre deux coqs à pois blanc et une passe de Mamita, l’album est très bien documenté du point de vue technique, sans en faire des tonnes. Un grand merci à Rotraut Susanne Berner pour ce délicieux exploit !

Corinne Chiaradia (première publication de l'article mars 2007)

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16/06/2014 | Lien permanent

BIBLIO ALGERIE 1 • 1830-1962 : de la guerre de conquête à la guerre d'Indépendance

Abd el Kader.gifAb-el-Kader sage et résistant
Roman biographique
Guy JIMENES, illustré par Erwin FAGES
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Personnages de l’Histoire
Sept. 2009, 46 pp. – 7,95€
À l’occasion d’une visite du château d’Amboise, Lucie, admirant un portrait d’Abd el-Kader, découvre la vie de ce grand chef de guerre qui s’opposa à la colonisation française de l’Algérie.
Lire plus ICI

algérie ou la mort.jpgL'Algérie ou la mort des autres
Roman
Virginie BUISSON
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 2000 - épuisé, nouvelle édition : Coll. Scripto, janvier 2012, 112 pp. – 7€
En 1954, le père de l’auteure, un militaire de carrière, est muté en Algérie. Elle a onze ans et découvre l’été méditerranéen, la générosité d’un village arabe, puis elle perçoit le racisme, les tensions et le chaos qui s’installe.
Lire plus ICI

Ben Bella.gifBen Bella et la libération de l’Algérie
Roman biographique
Gérard STREIFF
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société
Novembre 2011, 94 pp. – 9,95€ NOUVEAUTÉ
Le portrait que dessine Gérard Streiff d’Ahmed Ben Bella, héros de la guerre d’indépendance et premier président de l’Algérie libre, est passionnant.
Lire plus ICI

Bouche cousue.gifBouche cousue
Album
Gigi BIGOT & Pépito MATEO, Stéphane GIREL (ill.)
Éd. Didier Jeunesse, 2001 – 11,90€ 
«Le ciel est devenu tout noir et la nuit a envahi le pays». La guerre a éteint le soleil, elle a fait perdre la parole à l’enfant et le chat a cessé de ronronner. Mais dans les rêves de l’enfant se sont glissées des histoires d’avant la guerre et «ces histoires étaient belles, si belles, qu’elles ont fait revenir des mots à la bouche de l’enfant». Un album tout simple qui dit les ravages de la guerre et l’espoir qui se niche dans les rêves des enfants.

c'était pas guerre.gifC'était pas la guerre
Roman et DVD
Alexandrine BRISSON
Éd. Actes Sud Junior, coll. Ciné-roman
Janvier 2007, 64 pp. - 14€ 
« Un court métrage devient récit sous la plume de sa réalisatrice : Une petite fille vit sans comprendre les événements qui précèdent l'indépendance de l'Algérie ; elle observe les adultes et cherche à décrypter leurs secrets. DVD du film (Prix du Jury Jeune Clermont-Ferrand 2003) offert avec le livre.» (note de l'éditeur)

délivrance.gifDélivrance
Roman
Jacques DELVAL
Éd. Gulf Stream, coll. L’Histoire comme un roman
Février 2012, 160 pp. – 8€ NOUVEAUTÉ
«Années 50. Dans le décor sinistre des bas quartiers d'une ville du Nord, Gérard, dix-sept ans, pleure la mort de son père. Son avenir dans ces rues basses se referme sur lui comme un étau. Lui, le bâtard, est voué à la même vie que ses parents, à la misère, au mensonge et au mauvais alcool... L'adolescent se rebelle. Refusant son destin, il se lance dans une fuite effrénée, de gares en ports, sur la trace de ses rêves. Il va rejoindre les Hommes Bleus du désert! Mais en cette période de guerre, c'est une Algérie bien réelle qu'il va rencontrer.»

dernier métro.gifDernier métro
Roman
Christophe LÉON
Éd. La joie de lire
Janvier 2012,  108 pp. – 13€ NOUVEAUTÉ
13 février 1962, Daniel suit le cortège funèbre des victimes de la répression policière qui s’est abattue sur les manifestants réunis, cinq jours plus tôt près du métro Charonne, pour dénoncer les exactions de l’OAS. Il a seize ans et vit avec son père, ouvrier à Renault Billancourt, syndicaliste et adhérent au PCF. Ce jour-là, pourtant, au cimetière du Père-Lachaise, Daniel est seul… Le récit reprend alors, une quinzaine de jours plus tôt, pour revenir à ce soir du 13 février 1962 où la vie de Daniel à basculé.
Lire plus ICI

Des hommes….gifDes hommes dans la guerre d’Algérie
PRIX SORCIÈRES 2011 catégorie documentaire
Isabelle BOURNIER, illustrations Jacques FERRANDEZ
Éd. Casterman, mars 2010 – 16,75€ 
Remarquable documentaire qui mêle aux images de Jacques Ferrandez, extraites de ses Carnets d’Orient (10 volumes, éd. Casterman, 1987 à 2011) des textes, des reproductions d’images et de documents d’archives, des entretiens… Il aborde avec la même précision et la même clarté, la conquête, la colonisation, la guerre et la mémoire de la guerre d’Algérie. Un ouvrage indispensable.
PS : À l'occasion de la parution en 2003 du 6e volume des Carnets d'Orient, intitulé La Guerre fantôme, Comptines en avait fait une critique détaillée, lire plus ICI.

En Algérie lointaine.gifEn Algérie lointaine
Roman
Bertrand SOLET
Éd. Nouveau monde, coll. Toute une histoire
Janvier 2012, 121 pp. – 9,90€ NOUVEAUTÉ
«En 1830, les troupes françaises envahissent l'Algérie au prétexte d'une insulte faite à l'ambassadeur français.Quinze ans plus tard, la guerre de conquête se poursuit... Frédéric et sa famille vivent à Paris. Un certain Jean d'Hauricourt se présente à eux comme un homme d'affaires et propose à ces humbles artisans d'investir dans ce pays. Séduits, les Berthier achètent une maison à Alger. Hélas, arrivés sur place, leur rêve d'une vie meilleure se brise: la demeure qu'ils ont achetée n'existe pas et Jean d'Hauricourt se révèle un escroc. Ruinés, désespérés, les Berthier cherchent à survivre dans ce pays qui n'est pas le leur. Frédéric veut venger l'honneur de sa famille. Un jour, à la terrasse d'un café, il aperçoit Jean d'Hauricourt et décide de le traquer.»

fantomes octobre.gifLes Fantômes d’octobre
Roman
Ahmed KALOUAZ
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société
Octobre 2011, 112 pp. – 9,95€  NOUVEAUTÉ
Voici l'histoire de Belkacem, telle que nous la raconte son petit-fils. Parti d’Algérie, avec sa femme et ses trois enfants, pour fuir la guerre et la misère, il trouve en France, la misère et… la guerre. Les fantômes du titre ce sont tous ces travailleurs algériens, «Français musulmans d’Algérie» venus vendre leur force de travail dans la France des Trente Glorieuses. Ces invisibles qui font tourner à plein régime la machine économique française et s’entassent dans des bidonvilles bien loin de leurs modestes rêves de maison, de travail, d’école pour leurs enfants… Ces fantômes, enfin, ce sont les disparus du 17 octobre 1961…
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général bollardiere.gifGénéral de Bollardière : «Non à la torture»
Roman historique & cahier documentaire
Jessie MAGANA
Éd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non
Mars 2009, 95 pp. - 7,80€ 
Construit autour de deux récits enchevêtrés – celui du général de Bollardière et celui d’un soldat du rang – tous deux confrontés à la torture, ce court roman documentaire est sans concessions ni simplifications.
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guerre algérie expliquée.gifLa Guerre d’Algérie expliquée à tous
Documentaire
Benjamin STORA
Éd. Seuil, coll. Expliqué à…
Mars 2012, 128 pp. – 8€  NOUVEAUTÉ à paraître
En à peine 130 pages, Benjamin Stora parvient à rendre intelligible, à tous et notamment à de jeunes lecteurs, la Guerre d’Algérie.
Il aborde avec une grande clarté tous les aspects de cette page d’Histoire commune entre la France et l’Algérie.
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Guerre d'Algérie textes et discours.gifLa Guerre d’Algérie. Textes et discours
Documentaire
Gérard STREIFF
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société-Documents
Février 2012, 128 pp. – 9,95€
Cet ouvrage rassemble divers textes et discours autour de la guerre d'Algérie. Parmi lesquels: Composition des gouvernements provisoires algériens (1958/1962), tract de l'OAS (1962), Accords d'Evian (18 mars 1962), Déclaration de 121 personnalités sur le droit à l'insoumission (4 sept. 1960), Le droit à l'autodétermination: discours du général de Gaulle (16 sept. 1959), Déclaration du GPRA (28 sept. 1959), lettre d'Alban Liechti au président Coty (2 juillet 1956), Conseil national de la Révolution algérienne. Congrès de la Soummam (20 août 1956), Déclaration des 61 (26 sept. 1955), Proclamation du FLN / Appel de l'ALN (1er nov. 1954), courtes biographies de personnalités algériennes, lettre d'Albert Camus au tribunal de Blida (26 nov. 1951)…

guerre au bout couloir.gifLa Guerre au bout du couloir
Roman
Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. Romans
Octobre 2008, 172 pp. – 8,50€
Oran, juin 1962, Momo et son petit frère Alain, encore bébé, errent dans les rues de la ville à la recherche de leurs parents disparus. Un vieil Algérien, qui vend des légumes sur le marché, les reconnaît et les conduit au bled, sur sa charrette remplie de choux. Là-bas, Momo découvre une vie bien différente de la sienne mais aussi de ce que son père lui a raconté de la vie de ces «indigènes qui ne mangent pas de porc».
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Kabylie Twist.gifKabylie Twist
Roman
Lilian BATHELOT
Éd. Gulf Stream, coll. Courants noir
Février 2012, 280 pp. – 13,50€  NOUVEAUTÉ
«France & Algérie, 1960-1962. En France métropolitaine et dans ses colonies, les souffrances de la guerre mondiale ont été balayées par l'optimisme que souffle le nouvel essor économique. Le cœur battant des "trentes glorieuses" porte toute la nation. Les Français découvrent les joies de l'automobile, du transistor. Leurs maisons se modernisent et "l'ascenseur social" fonctionne à plein régime.
Le twist enflamme une jeunesse enivrée des images de la "nouvelle vague", d'une liberté nouvelle fraîchement acquise, d'un rêve américain où fureur de vivre se prononce À bout de souffle. Saint-Tropez, la place des Lices, Françoise Sagan, Jean-Paul Belmondo, Les Chaussettes noires, Dick Rivers, les juke-boxes, les flippers, les scooters Lambretta, les blousons noirs, les petites robes en vichy, les bas Nylon et les vernis à ongle, les quarante-cinq tours et les scopitones, forment un kaléidoscope où l'insouciance le dispute à la révolte contre la morale des vieilles barbes. Pourtant, dans cette ambiance de fête exubérante, des dizaines de milliers de jeunes français vont être appelés pour le service militaire et être envoyés en Algérie où les "événements" prennent une tournure de plus en plus sanglante.»
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Midi pile en Algérie.gifMidi pile, l'Algérie
Album et documentaire
Jean-Pierre VITTORI & Jacques FERRANDEZ (ill.) 
Éd. Rue du monde, coll. histoire d’histoire, nov. 2001 – 13,80€
Un vieil homme se remémore ses vingt ans en Algérie, sous l’uniforme d'appelé du contingent français. Pendant qu’il attend celui avec qui il a rendez-vous, sous le regard intrigué d’enfants du quartier, les évènements défilent dans sa tête et sur les pages. Jusqu’à ce jour où il laissé s’enfuir un rebelle qui lui-même venait de baisser son arme plutôt que de s’en servir. Cet homme a rendez-vous avec lui, aujourd’hui, quarante ans plus tard, à midi pile. C’est homme, c’est le grand-père de Saïd, l’un des gamins du quartier.
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Oasis.gifL’Oasis
Roman
Xavier-Laurent PETIT
Éd. L’École des loisirs, coll. Médium
Mai 1997, 205 pp. – 9€ 
«Il y a quelques jours encore, la vie d'Elmir était une vie normale. Le matin, dans le tramway qui l'emmenait au collège, il faisait du troc avec son meilleur ami, Ismène. Ensemble, ils allaient manger les beignets de la vieille Nourrédia. Le soir, il jouait avec Naïa, la fille des voisins. Et puis les attentats ont commencé, et bientôt la ville s'est trouvée prise dans un étau entre la terreur que font régner les "Combattants de l'ombre", le couvre-feu, les contrôles permanents. Elmir n'a plus le droit d'aller seul au collège. Son père, qui est journaliste à La Liberté, est menacé. La bibliothèque où travaillait sa mère a été incendiée. Une nuit, Elmir sort en cachette, prend son vélo et se rend à la bibliothèque. Quelques heures plus tôt, dans la cour noircie, il a repéré un livre qui avait échappé aux flammes: Les Aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne. Il veut le récupérer pour l'offrir à sa mère, qui est à l'hôpital et n'a pas ouvert la bouche depuis l'incendie… »

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02/02/2012 | Lien permanent

LES FANTÔMES D'OCTOBRE. 17 octobre 1961 | roman d'Ahmed KALOUAZ

algérie,guerre d'independance,anneÉd. Oskar, coll. Histoire et Société
oct. 2011, 128 pp. - 9,95€

Fantômes d’octobre, c’est l’histoire de Belkacem, telle que nous la raconte son petit-fils. Parti d’Algérie, avec sa femme et ses trois enfants, pour fuir la guerre et la misère, il trouve en France, la misère et… la guerre. Ces fantômes ce sont tous ces travailleurs algériens, «Français musulmans d’Algérie» venus vendre leur force de travail dans la France des Trente Glorieuses en espérant une vie meilleure, à l’abri des violences qui font rage en Algérie. Ces invisibles qui font tourner à plein régime la machine économique française et s’entassent dans des bidonvilles bien loin de leurs modestes rêves d’une maison, d’un travail, d’une école pour leurs enfants… Ces fantômes, enfin, ce sont ces disparus du 17 octobre 1961, battus à mort et jetés dans la Seine par la police parisienne aux ordres du préfet Maurice Papon. 

Venus en masse manifester, à l’appel (pas vraiment négociable) du FLN, contre le couvre-feu vexatoire qui leur est imposé et qui les empêche de travailler et de vivre normalement, les Algériens de France, hommes, femmes et enfants, font face à une violence inouïe. Les coups pleuvent, les arrestations se multiplient, plusieurs milliers d’hommes sont conduits au Palais des sports, puis au stade Pierre-de-Coubertin, où ils subissent sévices physiques et humiliations… 

Belkacem, comme tant d’autres, ne prendra plus jamais le chemin qui le menait au bidonville de Nanterre. Pas plus qu’il ne retournera sur sa terre oranaise.  Et malgré l’accession à l’indépendance de l’Algérie, en juillet 1962, sa famille, comme celle d’Ahmed Kalouaz, fera le choix de rester en France. 

Le petit fils de Belkacem écrit: «Même s’il en est mort, grand-père nous a offert un pays, la France. Car malgré sa disparition, sa femme et ses enfants ont continué à y vivre, même lorsque certains espéraient les entasser dans des bateaux avant de les faire couler au large. Il y en a qui en ont rêvé longtemps, faisant durer la haine au-delà des années.»

On ne sort pas indemne de la lecture de ce très beau texte où il est fait allusion à d’autres heures noires de notre histoire, passées et présentes. Un peu plus d’une centaine de pages d’une densité extrême, d’une écriture presque sèche, quasi-documentaire mais qui laisse passer l’émotion de l’hommage rendu à ces invisibles de l’Histoire de France. 

Des fantômes à qui il est urgent de rendre la place qui leur revient et le récit d’Ahmed Kalouaz y contribuera, on l’espère. 

Ariane Tapinos (octobre 2011)

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24/10/2011 | Lien permanent

Chasses olympiques | roman de Nicolas CLUZEAU

Chasses olymoiques.jpgÉd. Gulf Stream | coll. Courants Noirs | mars 2010 | 268 pp. - 13,50€

Après un terrible prologue, situé en 1897, au cours duquel deux trappeurs découvrent, dans une propriété isolée du nord de la Suède, une famille sauvagement massacrée et dont il ne reste qu’un nourrisson sauvé du carnage par un magnifique renne, l’histoire reprend à Stockholm en 1912, à la veille de l’ouverture des cinquièmes Jeux olympiques. Sonia, le bébé rescapé du meurtre de sa famille, est une jeune athlète de seize ans et s’apprête à concourir au sein de l’équipe suédoise de natation féminine. Au même moment, sa grand-mère meurt après lui avoir révélé l’identité des responsables de la mort de ses parents. Sa grand-mère voudrait que Sonia se venge de la famille Swahr qu’elle accuse, mais la jeune fille refuse de conduire une vendetta quinze ans après les faits et préfère se concentrer sur les Jeux qui commencent tout juste. La disparition de celui qui est à la fois son tuteur et son entraîneur, Björn Fergüson, l’oblige à plonger dans l’histoire familiale et à poursuivre, littéralement et réciproquement, les assassins de ses parents.

Aidée par John l’Algonquin, un jeune sportif amérindien, elle se lance dans une dangereuse enquête qui l’entraîne sur un effrayant terrain de chasse où gibier et chasseurs sont de la même espèce…

Chasses Olympiques est un roman passionnant à plus d’un titre. Immergé dans l’histoire de la Suède et de ses relations compliquées avec la Norvège, il nous donne aussi à découvrir les premiers temps de l’olympisme et notamment le peu de cas que le baron Pierre de Coubertin, comme la plupart de ses contemporains, faisait du sport féminin. Sans jamais verser dans le didactisme, Nicolas Cluzeau entraîne son lecteur dans un univers historique et culturel méconnu, tout en menant son récit tambour battant vers une apogée qui fait nettement référence aux Chasses du comte Zarroff*… Et si le méchant est assez classiquement un vilain psychopathe, cela n’enlève rien à la qualité de l’intrigue et du portrait de la Suède à l’aube de la modernité. Plus encore, ce va-et-vient entre roman historique, policier classique et thriller moderne est une vraie réussite.

Ariane Tapinos (mai 2010)

* Les Chasses du comte Zarroff (ou La chasse du comte Zarroff), film américain de Esnest B. Schoedasck, 1932.

À signaler: le livre se termine, comme les autres titres de la collection, par un cahier documentaire sur l’histoire de la Suède et ses inventeurs, ainsi que sur les Jeux olympiques. Annexes dans lesquelles on se plonge avec d’autant plus d’enthousiasme que le récit a su aiguiser notre curiosité.

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11/08/2010 | Lien permanent

Demain le monde | documentaire de Philippe GODARD

demain le monde.gifIllustrations d'Elizabeth FERTÉ et Vincent ODIN
Éd. De La Martinière | septembre 2007
| 204 pp. – 21 €

Rappelez-vous, 2007, l’année où l’on découvre l’écologie : Nicolas Hulot ou Al Gore permettent au grand public de s’inquiéter enfin de l’effet de serre ou de la biodiversité. Côté édition jeunesse, on ne laisse pas passer l’occasion de ce surgissement médiatique, et les nouveautés du documentaire jeunesse ont souvent à voir avec le «développement durable». Souvent orientés «les gestes pour sauver notre planète», ces bouquins mettent en scène l’éco-citoyenneté. Parfois de manière assez fine, quand une double page «au supermarché» voit commenté chaque point noir: surgelés, produits suremballés, surconsommation de viande, etc. Mais toujours de façon partielle, car l’éco-citoyenneté est justement un concept qui refuse une compréhension globale des problèmes écologiques. Mis de côté les enjeux de l’inégalité ou de l’organisation sociale, il ne reste plus qu’une unanimité de bon aloi. Aussi le simplisme relatif de ces titres n’est-il pas dû uniquement à la volonté de s’adresser à un public très jeune.

Philippe Godard propose des documentaires pour un lectorat plus âgé, pré-ado ou ado. Cela lui permet de présenter l’écologie comme une idéologie à part entière, dans son opposition à une autre idéologie, le productivisme. Son Dico de l’écologie (La Martinière, 2006) ne présente donc pas que des entrées sur des sujets techniques (énergie, déchets, climat, etc), mais aussi des figures de l’écologie, théoriciens ou acteurs politiques.
Demain le monde, sans se réclamer de l’écologie, présente sous une forme quasi-encyclopédique les difficultés auxquelles seront confronté-e-s plus que jamais le monde et ses habitant-e-s. Problèmes environnementaux, mais aussi sociaux (démographie, inégalités, migrations, guerres, etc) ou géopolitiques. Ces trois parties, très équilibrées, de l’ouvrage, sont complétées par des questions de l’auteur sur des sujets qui lui tiennent à cœur. Citons: «Demain, le travail sera-t-il encore nécessaire?», qui aborde le choix entre fuite en avant de la production/consommation ou réduction du temps de travail. Ou encore «La vitesse nous fait-elle gagner du temps?», question paradoxale que l’écologie a su poser au monde devant les exploits techniques de la vitesse et de la simultanéité.

Le livre est d’une lecture (mais on suggère plutôt la consultation régulière) très agréable. 200 pages maquettées de manière dynamique, avec des dessins pleins d’humour, où l’on rebondit sans cesse d’un encadré à un texte bien rythmé, en passant par quelques cartes, tableaux ou schémas. L’engagement et la précision du propos se rejoignent dans une volonté de faire savoir, de faire comprendre, quel que soit l’âge de la vie.

Aude Vidal
(première publication de l'article: 11 mars 2008)

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30/08/2009 | Lien permanent

BELLES DANS LA JUNGLE. Manuel de survie à l'usage des Miss en milieu hostile

Belles dans la jungle.gifRoman décapant (et franchement drôle)
de Libba BRAY
Traduit de l'américain par
Catherine Gibert
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Grand format littérature
février 2013, 464 pp. – 19,80 €

Un avion rempli de participantes au concours de Miss Fleur de beauté s’écrase sur une île pas vraiment déserte, mais pas hospitalière non plus.  Munies de leurs laques, lisseurs, maquillages, crèmes dépilatoires, talons aiguilles et autres strings, les jeunes femmes installent un camp de fortune et luttent pour survivre dans une jungle où le danger ne vient pas seulement de la nature mais également de mystérieux miliciens en chemises noires…

Leurs préoccupations esthétiques font craindre le pire quant à leurs capacités à faire face à cette périlleuse situation. Pourtant, formées à la dureté des concours de beauté – ce qui fait dire à l’une d’elles que « être reine de beauté et faire partie des marines, c’est pareil, sauf que c’est plus dur. Les marines ne se battent pas juchés sur des stilettos » – elles font preuve d’une faculté d’adaptation inattendue. Livrées à elles-mêmes et, pour une fois, isolées de leur environnement social instigateur des normes et exigences de beauté absurdes, elles révèlent leurs personnalités propres et se découvrent des intérêts et des talents à mille lieues de ceux qui les font briller sur les podiums.

Toutes ne poursuivent finalement pas le même objectif en participant à cette grotesque compétition : certaines veulent payer leurs études, l’une n’est là que pour saborder le concours, l’autre pour faire progresser les droits des… transgenres !

Toutes découvrent qu’« on fait tout pour les empêcher de s’aimer ».

On l’aura compris, derrière le roman farfelu qui flirte constamment avec le mauvais goût, s’affiche clairement une critique acerbe de la société de consommation et de la dictature de la beauté ; ou plutôt de ce qui est défini comme tel par quelques-uns et le plus souvent pour des raisons à la fois mercantiles et idéologiques. Le propos n’est pas toujours amené avec énormément de finesse… Belles dans la jungle est plutôt une farce grotesque, mais c’est une lecture décapante où l’humour se mêle à la dénonciation d’une société qui pousse les femmes à s’infliger tout un tas de tortures pour répondre à des canons de beauté insensés. Ce faisant, elles sont réduites à l’état d’objet mais d’objets consommateurs qui, par leurs achats, alimentent la machine qui les oppresse. Et pendant ce temps, le monde tourne sans elles…

Heureusement, le vent de la révolte souffle sur la jungle !

Ariane Tapinos (avril 2013)

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01/06/2013 | Lien permanent

MAUDITE SOIT LA GUERRE

Maudite soit la guerre.gifalbum
de Didier DAENINCKX & PEF (illustrations)
Mise en couleurs de Geneviève FERRIER
Éd. Rue du monde, juin 2014 – 16,50€

Nous sommes en 1917, Fulbert, un jeune garçon de onze ans, subit comme ses camarades de classe les leçons de patriotisme de son maître d’école. Chaque matin, Monsieur Bonnaud écrit sur le tableau noir, la phrase patriotique du jour et pour le moral des troupes, aujourd’hui, il demande aux fils d’écrire aux pères partis sur le front. Devoir cruel pour ceux dont le père, mort au combat, n’a plus que faire d’une lettre d’encouragement. Fulbert lui décide que si il doit écrire une lettre alors c’est lui qui la portera à son père. Profitant de la nuit, il sort de chez lui et prend la direction de la gare… Au terme d’un long et périlleux voyage, il atteint le front, dans les environs du Chemin des Dames. Là, il retrouve son père qu’il reconnaît à peine dans la dure vie dans les tranchées l’a transformé.

Après la guerre, Fulbert servira de modèle à la statut du monument aux morts de son village, seul de son espèce à faire figurer un enfant vivant face à l’épitaphe « Maudite soit la guerre ». 

premiere guerre mondialeIl faut tout le talent de Didier Daeninckx pour faire de cette histoire inspirée du monument aux morts du village de Gentioux, dans la Creuse, un album qui touche au cœur les enfants d’aujourd’hui. Alors que les derniers poilus sont morts, que les années ont passée et les générations avec elles, transmettre l’histoire de la guerre de 14-18, celle qui ne fut pas la « der des der » mais plutôt la première en bien des choses : première guerre mondiale avec 72 pays impliqués, première guerre aérienne, première guerre dans laquelle sont utilisés des gaz toxiques, est un véritable défi. Un défi brillamment relevé par l’écrivain qui, au fil de l’incroyable épopée de Fulbert dans un pays en guerre, évoque la fureur nationaliste, les ravages de la guerre, les troupes coloniales, l’usage des gaz, la place des animaux, l’aspiration pacifiste face aux absurdités de la guerre… 

premiere guerre mondiale

Le texte est magnifique et bouleversant. Accompagné des images soignées de Pef superbement mises en couleurs par Geneviève  Ferrier, cet album réussit à rendre à cette guerre dont le souvenir s’efface, une brulante proximité.

Ariane Tapinos (novembre 2014)

Toutes nos critiques sur le même sujet : Première guerre mondiale

Et de Didier Daeninckx : La prisonnière du Djebel

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11/11/2014 | Lien permanent

J’ai le vertige | roman de Jennifer ROY

Vertige.jpgTraduit de l’américain par Emmanuèle Sandron
Éd. Alice jeunesse | coll. Les Romans | nov. 2010
210 pp. - 12,90€

«En 1939, les Allemands ont envahi la ville de Lodz, en Pologne. Ils en ont clôturé une partie au moyen de fil de fer barbelé. Puis ils y ont confiné 270 000 Juifs. C’était ça, le ghetto de Lodz.
Les Alliés ont libéré le ghetto à la fin de la guerre, en 1945. Seuls 800 Juifs en sont sortis vivants. Parmi eux, il n’y avait que douze enfants.
J’étais l’un des douze
Sylvia Perlmutter, mars 2003 - Prologue à J’ai le vertige.

Syvia est une toute petite fille d’à peine cinq ans lorsqu’elle et sa famille sont contraints, par les nazis qui viennent d’envahir la Pologne, de s’installer dans le ghetto de Lodz. Des années plus tard, aux États-Unis où elle vit désormais, sa nièce écrivaine, Jennifer Roy, recueille son témoignage et décide d’en faire un livre, adressé aux enfants. Après quelques hésitations, elle choisit, pour transmettre le témoignage de sa tante, de raconter sa vie dans le ghetto, à la première personne et avec les mots d’une enfant de 5 à 10 ans. Encadré par une introduction, un épilogue, une bibliographie et émaillé de quelques explications écrites du point de vue de l’adulte auteure du livre, le récit est celui des souvenirs qu’une vieille femme a gardé de son enfance: parcellaires et parfois anecdotiques mais aussi pleins de lucidité. Et c’est tout l’intérêt de ce livre que de raconter, comme en creux, les grands mouvements de l’Histoire dont l’écho arrive jusqu’à Syvia sans qu’elle en comprenne toujours le sens.

C’est le récit poignant de l’enfance massacrée, où la lutte quotidienne pour la survie, dans un monde plongé dans le chaos, prend peu à peu le pas sur le jeu. Une enfance où l’insouciance n’a plus cours depuis longtemps. C’est à l’obstination et à la clairvoyance de son père que Syvia doit d’avoir survécu. Son témoignage est précieux comme celui de tous ceux qui ont traversé ces heures noires de l’Histoire. La forme retenue par Jennifer Roy, qui donne une voix à Syvia enfant*, en fait un document rare qui touchera les plus jeunes.

Ariane Tapinos (novembre 2010)

«Je ne comprends pas.
Comment peut-on tuer un autre être humain?
Clea me fait mal au cœur.
Je ne veux pas qu’un Allemand me remarque et qu’il se dise: "Une Juive!"
Parce qu’alors, je pourrais mourir, moi aussi

*Cette voix s’entend si bien à la lecture qu’on se dit que certains passages se prêteraient sans doute à une lecture haute voix…

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01/12/2010 | Lien permanent

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