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24/10/2011

LES FANTÔMES D'OCTOBRE. 17 octobre 1961 | roman d'Ahmed KALOUAZ

algérie,guerre d'independance,anneÉd. Oskar, coll. Histoire et Société
oct. 2011, 128 pp. - 9,95€

Fantômes d’octobre, c’est l’histoire de Belkacem, telle que nous la raconte son petit-fils. Parti d’Algérie, avec sa femme et ses trois enfants, pour fuir la guerre et la misère, il trouve en France, la misère et… la guerre. Ces fantômes ce sont tous ces travailleurs algériens, «Français musulmans d’Algérie» venus vendre leur force de travail dans la France des Trente Glorieuses en espérant une vie meilleure, à l’abri des violences qui font rage en Algérie. Ces invisibles qui font tourner à plein régime la machine économique française et s’entassent dans des bidonvilles bien loin de leurs modestes rêves d’une maison, d’un travail, d’une école pour leurs enfants… Ces fantômes, enfin, ce sont ces disparus du 17 octobre 1961, battus à mort et jetés dans la Seine par la police parisienne aux ordres du préfet Maurice Papon. 

Venus en masse manifester, à l’appel (pas vraiment négociable) du FLN, contre le couvre-feu vexatoire qui leur est imposé et qui les empêche de travailler et de vivre normalement, les Algériens de France, hommes, femmes et enfants, font face à une violence inouïe. Les coups pleuvent, les arrestations se multiplient, plusieurs milliers d’hommes sont conduits au Palais des sports, puis au stade Pierre-de-Coubertin, où ils subissent sévices physiques et humiliations… 

Belkacem, comme tant d’autres, ne prendra plus jamais le chemin qui le menait au bidonville de Nanterre. Pas plus qu’il ne retournera sur sa terre oranaise.  Et malgré l’accession à l’indépendance de l’Algérie, en juillet 1962, sa famille, comme celle d’Ahmed Kalouaz, fera le choix de rester en France. 


Le petit fils de Belkacem écrit: «Même s’il en est mort, grand-père nous a offert un pays, la France. Car malgré sa disparition, sa femme et ses enfants ont continué à y vivre, même lorsque certains espéraient les entasser dans des bateaux avant de les faire couler au large. Il y en a qui en ont rêvé longtemps, faisant durer la haine au-delà des années.»

On ne sort pas indemne de la lecture de ce très beau texte où il est fait allusion à d’autres heures noires de notre histoire, passées et présentes. Un peu plus d’une centaine de pages d’une densité extrême, d’une écriture presque sèche, quasi-documentaire mais qui laisse passer l’émotion de l’hommage rendu à ces invisibles de l’Histoire de France. 

Des fantômes à qui il est urgent de rendre la place qui leur revient et le récit d’Ahmed Kalouaz y contribuera, on l’espère. 

Ariane Tapinos (octobre 2011)

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