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Rechercher : prises de vue

BIBLIO ALGERIE 1 • 1830-1962 : de la guerre de conquête à la guerre d'Indépendance

Abd el Kader.gifAb-el-Kader sage et résistant
Roman biographique
Guy JIMENES, illustré par Erwin FAGES
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Personnages de l’Histoire
Sept. 2009, 46 pp. – 7,95€
À l’occasion d’une visite du château d’Amboise, Lucie, admirant un portrait d’Abd el-Kader, découvre la vie de ce grand chef de guerre qui s’opposa à la colonisation française de l’Algérie.
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algérie ou la mort.jpgL'Algérie ou la mort des autres
Roman
Virginie BUISSON
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 2000 - épuisé, nouvelle édition : Coll. Scripto, janvier 2012, 112 pp. – 7€
En 1954, le père de l’auteure, un militaire de carrière, est muté en Algérie. Elle a onze ans et découvre l’été méditerranéen, la générosité d’un village arabe, puis elle perçoit le racisme, les tensions et le chaos qui s’installe.
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Ben Bella.gifBen Bella et la libération de l’Algérie
Roman biographique
Gérard STREIFF
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société
Novembre 2011, 94 pp. – 9,95€ NOUVEAUTÉ
Le portrait que dessine Gérard Streiff d’Ahmed Ben Bella, héros de la guerre d’indépendance et premier président de l’Algérie libre, est passionnant.
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Bouche cousue.gifBouche cousue
Album
Gigi BIGOT & Pépito MATEO, Stéphane GIREL (ill.)
Éd. Didier Jeunesse, 2001 – 11,90€ 
«Le ciel est devenu tout noir et la nuit a envahi le pays». La guerre a éteint le soleil, elle a fait perdre la parole à l’enfant et le chat a cessé de ronronner. Mais dans les rêves de l’enfant se sont glissées des histoires d’avant la guerre et «ces histoires étaient belles, si belles, qu’elles ont fait revenir des mots à la bouche de l’enfant». Un album tout simple qui dit les ravages de la guerre et l’espoir qui se niche dans les rêves des enfants.

c'était pas guerre.gifC'était pas la guerre
Roman et DVD
Alexandrine BRISSON
Éd. Actes Sud Junior, coll. Ciné-roman
Janvier 2007, 64 pp. - 14€ 
« Un court métrage devient récit sous la plume de sa réalisatrice : Une petite fille vit sans comprendre les événements qui précèdent l'indépendance de l'Algérie ; elle observe les adultes et cherche à décrypter leurs secrets. DVD du film (Prix du Jury Jeune Clermont-Ferrand 2003) offert avec le livre.» (note de l'éditeur)

délivrance.gifDélivrance
Roman
Jacques DELVAL
Éd. Gulf Stream, coll. L’Histoire comme un roman
Février 2012, 160 pp. – 8€ NOUVEAUTÉ
«Années 50. Dans le décor sinistre des bas quartiers d'une ville du Nord, Gérard, dix-sept ans, pleure la mort de son père. Son avenir dans ces rues basses se referme sur lui comme un étau. Lui, le bâtard, est voué à la même vie que ses parents, à la misère, au mensonge et au mauvais alcool... L'adolescent se rebelle. Refusant son destin, il se lance dans une fuite effrénée, de gares en ports, sur la trace de ses rêves. Il va rejoindre les Hommes Bleus du désert! Mais en cette période de guerre, c'est une Algérie bien réelle qu'il va rencontrer.»

dernier métro.gifDernier métro
Roman
Christophe LÉON
Éd. La joie de lire
Janvier 2012,  108 pp. – 13€ NOUVEAUTÉ
13 février 1962, Daniel suit le cortège funèbre des victimes de la répression policière qui s’est abattue sur les manifestants réunis, cinq jours plus tôt près du métro Charonne, pour dénoncer les exactions de l’OAS. Il a seize ans et vit avec son père, ouvrier à Renault Billancourt, syndicaliste et adhérent au PCF. Ce jour-là, pourtant, au cimetière du Père-Lachaise, Daniel est seul… Le récit reprend alors, une quinzaine de jours plus tôt, pour revenir à ce soir du 13 février 1962 où la vie de Daniel à basculé.
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Des hommes….gifDes hommes dans la guerre d’Algérie
PRIX SORCIÈRES 2011 catégorie documentaire
Isabelle BOURNIER, illustrations Jacques FERRANDEZ
Éd. Casterman, mars 2010 – 16,75€ 
Remarquable documentaire qui mêle aux images de Jacques Ferrandez, extraites de ses Carnets d’Orient (10 volumes, éd. Casterman, 1987 à 2011) des textes, des reproductions d’images et de documents d’archives, des entretiens… Il aborde avec la même précision et la même clarté, la conquête, la colonisation, la guerre et la mémoire de la guerre d’Algérie. Un ouvrage indispensable.
PS : À l'occasion de la parution en 2003 du 6e volume des Carnets d'Orient, intitulé La Guerre fantôme, Comptines en avait fait une critique détaillée, lire plus ICI.

En Algérie lointaine.gifEn Algérie lointaine
Roman
Bertrand SOLET
Éd. Nouveau monde, coll. Toute une histoire
Janvier 2012, 121 pp. – 9,90€ NOUVEAUTÉ
«En 1830, les troupes françaises envahissent l'Algérie au prétexte d'une insulte faite à l'ambassadeur français.Quinze ans plus tard, la guerre de conquête se poursuit... Frédéric et sa famille vivent à Paris. Un certain Jean d'Hauricourt se présente à eux comme un homme d'affaires et propose à ces humbles artisans d'investir dans ce pays. Séduits, les Berthier achètent une maison à Alger. Hélas, arrivés sur place, leur rêve d'une vie meilleure se brise: la demeure qu'ils ont achetée n'existe pas et Jean d'Hauricourt se révèle un escroc. Ruinés, désespérés, les Berthier cherchent à survivre dans ce pays qui n'est pas le leur. Frédéric veut venger l'honneur de sa famille. Un jour, à la terrasse d'un café, il aperçoit Jean d'Hauricourt et décide de le traquer.»

fantomes octobre.gifLes Fantômes d’octobre
Roman
Ahmed KALOUAZ
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société
Octobre 2011, 112 pp. – 9,95€  NOUVEAUTÉ
Voici l'histoire de Belkacem, telle que nous la raconte son petit-fils. Parti d’Algérie, avec sa femme et ses trois enfants, pour fuir la guerre et la misère, il trouve en France, la misère et… la guerre. Les fantômes du titre ce sont tous ces travailleurs algériens, «Français musulmans d’Algérie» venus vendre leur force de travail dans la France des Trente Glorieuses. Ces invisibles qui font tourner à plein régime la machine économique française et s’entassent dans des bidonvilles bien loin de leurs modestes rêves de maison, de travail, d’école pour leurs enfants… Ces fantômes, enfin, ce sont les disparus du 17 octobre 1961…
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général bollardiere.gifGénéral de Bollardière : «Non à la torture»
Roman historique & cahier documentaire
Jessie MAGANA
Éd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non
Mars 2009, 95 pp. - 7,80€ 
Construit autour de deux récits enchevêtrés – celui du général de Bollardière et celui d’un soldat du rang – tous deux confrontés à la torture, ce court roman documentaire est sans concessions ni simplifications.
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guerre algérie expliquée.gifLa Guerre d’Algérie expliquée à tous
Documentaire
Benjamin STORA
Éd. Seuil, coll. Expliqué à…
Mars 2012, 128 pp. – 8€  NOUVEAUTÉ à paraître
En à peine 130 pages, Benjamin Stora parvient à rendre intelligible, à tous et notamment à de jeunes lecteurs, la Guerre d’Algérie.
Il aborde avec une grande clarté tous les aspects de cette page d’Histoire commune entre la France et l’Algérie.
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Guerre d'Algérie textes et discours.gifLa Guerre d’Algérie. Textes et discours
Documentaire
Gérard STREIFF
Éd. Oskar Jeunesse, coll. Histoire et Société-Documents
Février 2012, 128 pp. – 9,95€
Cet ouvrage rassemble divers textes et discours autour de la guerre d'Algérie. Parmi lesquels: Composition des gouvernements provisoires algériens (1958/1962), tract de l'OAS (1962), Accords d'Evian (18 mars 1962), Déclaration de 121 personnalités sur le droit à l'insoumission (4 sept. 1960), Le droit à l'autodétermination: discours du général de Gaulle (16 sept. 1959), Déclaration du GPRA (28 sept. 1959), lettre d'Alban Liechti au président Coty (2 juillet 1956), Conseil national de la Révolution algérienne. Congrès de la Soummam (20 août 1956), Déclaration des 61 (26 sept. 1955), Proclamation du FLN / Appel de l'ALN (1er nov. 1954), courtes biographies de personnalités algériennes, lettre d'Albert Camus au tribunal de Blida (26 nov. 1951)…

guerre au bout couloir.gifLa Guerre au bout du couloir
Roman
Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. Romans
Octobre 2008, 172 pp. – 8,50€
Oran, juin 1962, Momo et son petit frère Alain, encore bébé, errent dans les rues de la ville à la recherche de leurs parents disparus. Un vieil Algérien, qui vend des légumes sur le marché, les reconnaît et les conduit au bled, sur sa charrette remplie de choux. Là-bas, Momo découvre une vie bien différente de la sienne mais aussi de ce que son père lui a raconté de la vie de ces «indigènes qui ne mangent pas de porc».
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Kabylie Twist.gifKabylie Twist
Roman
Lilian BATHELOT
Éd. Gulf Stream, coll. Courants noir
Février 2012, 280 pp. – 13,50€  NOUVEAUTÉ
«France & Algérie, 1960-1962. En France métropolitaine et dans ses colonies, les souffrances de la guerre mondiale ont été balayées par l'optimisme que souffle le nouvel essor économique. Le cœur battant des "trentes glorieuses" porte toute la nation. Les Français découvrent les joies de l'automobile, du transistor. Leurs maisons se modernisent et "l'ascenseur social" fonctionne à plein régime.
Le twist enflamme une jeunesse enivrée des images de la "nouvelle vague", d'une liberté nouvelle fraîchement acquise, d'un rêve américain où fureur de vivre se prononce À bout de souffle. Saint-Tropez, la place des Lices, Françoise Sagan, Jean-Paul Belmondo, Les Chaussettes noires, Dick Rivers, les juke-boxes, les flippers, les scooters Lambretta, les blousons noirs, les petites robes en vichy, les bas Nylon et les vernis à ongle, les quarante-cinq tours et les scopitones, forment un kaléidoscope où l'insouciance le dispute à la révolte contre la morale des vieilles barbes. Pourtant, dans cette ambiance de fête exubérante, des dizaines de milliers de jeunes français vont être appelés pour le service militaire et être envoyés en Algérie où les "événements" prennent une tournure de plus en plus sanglante.»
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Midi pile en Algérie.gifMidi pile, l'Algérie
Album et documentaire
Jean-Pierre VITTORI & Jacques FERRANDEZ (ill.) 
Éd. Rue du monde, coll. histoire d’histoire, nov. 2001 – 13,80€
Un vieil homme se remémore ses vingt ans en Algérie, sous l’uniforme d'appelé du contingent français. Pendant qu’il attend celui avec qui il a rendez-vous, sous le regard intrigué d’enfants du quartier, les évènements défilent dans sa tête et sur les pages. Jusqu’à ce jour où il laissé s’enfuir un rebelle qui lui-même venait de baisser son arme plutôt que de s’en servir. Cet homme a rendez-vous avec lui, aujourd’hui, quarante ans plus tard, à midi pile. C’est homme, c’est le grand-père de Saïd, l’un des gamins du quartier.
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Oasis.gifL’Oasis
Roman
Xavier-Laurent PETIT
Éd. L’École des loisirs, coll. Médium
Mai 1997, 205 pp. – 9€ 
«Il y a quelques jours encore, la vie d'Elmir était une vie normale. Le matin, dans le tramway qui l'emmenait au collège, il faisait du troc avec son meilleur ami, Ismène. Ensemble, ils allaient manger les beignets de la vieille Nourrédia. Le soir, il jouait avec Naïa, la fille des voisins. Et puis les attentats ont commencé, et bientôt la ville s'est trouvée prise dans un étau entre la terreur que font régner les "Combattants de l'ombre", le couvre-feu, les contrôles permanents. Elmir n'a plus le droit d'aller seul au collège. Son père, qui est journaliste à La Liberté, est menacé. La bibliothèque où travaillait sa mère a été incendiée. Une nuit, Elmir sort en cachette, prend son vélo et se rend à la bibliothèque. Quelques heures plus tôt, dans la cour noircie, il a repéré un livre qui avait échappé aux flammes: Les Aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne. Il veut le récupérer pour l'offrir à sa mère, qui est à l'hôpital et n'a pas ouvert la bouche depuis l'incendie… »

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02/02/2012 | Lien permanent

LES INCORRIGIBLES ENFANTS DE LA FAMILLE ASHTON T.1 UNE ETRANGE RENCONTRE

orphelin,loup,angleterre,aventureRoman
de Maryrose WOOD
Illustré par John KLASSEN, traduit de l'anglais par Noémie GRENIER
Éd. Flammarion, avril 2015, 308 pages -14€

Mademoiselle Penelope Lumley - quinze ans et fraîchement diplômée de l'Académie Swanburne pour jeunes filles pauvres mais intelligentes - est en route vers le domaine de la famille Ashton pour y passer son premier entretien d'embauche. Lord et Lady Ashton sont en effet à la recherche d'une gouvernante pour les enfants de la maison. L'annonce est alléchante : « Recherchons dès maintenant : Gouvernante énergique pour trois enfants pleins d'entrain. Connaissances en français, latin, histoire, savoir-vivre, dessin et musique requises. Expérience avec les animaux préférée » ; et la jeune Pénélope - qui a le physique de l'emploi - voue une passion au le monde animal depuis sa lecture des (très nombreuses) aventures d'Arc-en ciel le poney. C'est donc avec beaucoup d'inquiétudes mais une certaine confiance en elle (bâtie sur les solides préceptes et les innombrables maximes de la très honorable Agatha Swanburne) que Miss Penelope Lumley fait la connaissance de Lady Constance Ashton qui s'avère inexplicablement bien plus nerveuse qu'elle. 

Il semble vite en effet que la très jeune lady Constance soit plus soucieuse que la nouvelle gouvernante de ce que le poste soit rapidement pourvu et la prise de contact avec sa potentielle employeuse est perturbée par de mystérieux hurlements qui convainquent vite miss Lumley que son entretien d'embauche n'a rien de traditionnel ; impression d'ailleurs vite confirmée par la rapidité avec laquelle on lui confie le poste et fait signer un contrat.

 

Une fois installée (...et quelque peu désarçonnée par le fait qu'elle n'ait toujours pas rencontré les enfants dont elle aura la charge ), Penelope décide de visiter les écuries d'où s'échappent les cris désespérés entendus pendant sa conversation avec Lady Constance. C'est là qu'elle découvre les trois enfants de la famille Ashton.
Âgés d'environ dix à quatre ans, les trois futurs élèves de Miss Lumley glapissent, aboient, se roulent par terre et ont indubitablement été élevés par des loups. Consternée par leur état de crasse et d'abandon, la jeune gouvernante décide donc de prendre les choses en main et de s'occuper du bien être d'Alexandre, Beowulf et Cassiopée, comme les a étrangement prénommés Lord Ashton, qui les a « attrapés » lors d'une partie de chasse.

Roman inaugural d'une série de six (dont cinq sont déjà parus outre atlantique) ce premier volume des aventures des incorrigibles enfants de la famille Ashton est une roman plein de malice, une caricature bienveillante des Mary Poppins de la littérature enfantine anglaise qui laisse une large part au mystère et à l'aventure. La mystérieuse origine des « incorrigibles » n'est en effet pas révélée à la fin de ce premier tome, et les quelques pistes qui se dessinent ne manqueront pas d'allécher le lecteur … Courage la suite est prévue pour l'automne !  

Nathalie Ventax (juin 2015)

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25/06/2015 | Lien permanent

La Saga Mendelson. Tome 1 : Les Exilés | roman de Fabrice COLIN

saga mendelson.gifÉd. Seuil jeunesse | avril 2009 | 16,50 €

En faisant quitter Odessa à sa famille en octobre 1905, Isaac Mendelson a sauvé les siens d'un péril imminent. Cet homme, sombre mais aimant, horloger renommé, a choisi l'exil pour protéger sa femme Batsheva et leurs deux jeunes enfants, David et Leah, du pogrom qui conduira à la mort de centaines de juifs russes. Le voyage à destination de Vienne, où un ami leur a promis un destin plus serein, sera chaotique et douloureux. Il ne sera pourtant qu'une étape sur une route encore longue vers une vie meilleure. Quelques années plus tard, en pleine Première Guerre mondiale, les Mendelson quitteront le vieux continent pour les États-Unis, New York, puis Hollywood. Ce trajet mouvementé (c'est peu de le dire) sur près de la moitié du globe constitue le premier tome de La Saga Mendelson, une traversée du siècle à laquelle nous convie Fabrice Colin.

D'Odessa à Los Angeles, en passant par Budapest et Vienne: tout comme on ne peut résumer une émigration en une ligne reliant un point à l'autre sur une carte, l'ampleur romanesque des Exilés déborde largement de cet itinéraire. Construisant son roman comme une enquête sur une famille au destin extraordinaire, mêlant interviewes des protagonistes et de leurs amis, journaux intimes, vrais et faux documents d'époque, jonglant avec les temps et le passé reconstruit par la mémoire, l'auteur nous guide dans l'intimité de ces exilés, et nous dévoile la part si peu linéaire de leur voyage intérieur. Hésitations, contraintes, violence des sentiments, espoirs fous et désillusions cuisantes, chacun de ses héros se débat à sa façon et à son heure avec ces sentiments contradictoires dans ses bagages. Le trajet qui permet à chacun de trouver sa place dans son nouvel environnement ne se mesure plus ni en kilomètres, ni même en années. Pour certains (Batsheva, la mère) le deuil du passé semble même impossible.

Le coup de maître de Fabrice Colin est de parvenir à installer cette intimité en liant étroitement aux éléments de sa fiction une multitude de notations, de références sur les événements historiques et les personnalités politiques et artistiques du début du XXe siècle. Pari osé pour un livre «jeunesse», un domaine où l’on a plus souvent l’habitude de la linéarité temporelle et d’un point de vue narratif unique. D’autant qu’ici cette audace stylistique s’exerce dans une aire très vaste – de la Russie à Hollywood, en passant par les Carpates et l’Autriche-Hongrie – et sur près d’un siècle… Loin de nous égarer, l’auteur instaure petit à petit une familiarité entre le lecteur et ses personnages qui confère au livre un souffle digne d’un roman d’aventure. On a hâte de lire la suite!

Corinne Chiaradia (avril 2009)

PS: À ne pas manquer dans le prochain numéro de la revue Citrouille, qui paraitra en juin, un dossier sur le thème de «L'Exil» avec - entre autres - un entretien avec Fabrice Colin.

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04/05/2009 | Lien permanent

J’ai le vertige | roman de Jennifer ROY

Vertige.jpgTraduit de l’américain par Emmanuèle Sandron
Éd. Alice jeunesse | coll. Les Romans | nov. 2010
210 pp. - 12,90€

«En 1939, les Allemands ont envahi la ville de Lodz, en Pologne. Ils en ont clôturé une partie au moyen de fil de fer barbelé. Puis ils y ont confiné 270 000 Juifs. C’était ça, le ghetto de Lodz.
Les Alliés ont libéré le ghetto à la fin de la guerre, en 1945. Seuls 800 Juifs en sont sortis vivants. Parmi eux, il n’y avait que douze enfants.
J’étais l’un des douze
Sylvia Perlmutter, mars 2003 - Prologue à J’ai le vertige.

Syvia est une toute petite fille d’à peine cinq ans lorsqu’elle et sa famille sont contraints, par les nazis qui viennent d’envahir la Pologne, de s’installer dans le ghetto de Lodz. Des années plus tard, aux États-Unis où elle vit désormais, sa nièce écrivaine, Jennifer Roy, recueille son témoignage et décide d’en faire un livre, adressé aux enfants. Après quelques hésitations, elle choisit, pour transmettre le témoignage de sa tante, de raconter sa vie dans le ghetto, à la première personne et avec les mots d’une enfant de 5 à 10 ans. Encadré par une introduction, un épilogue, une bibliographie et émaillé de quelques explications écrites du point de vue de l’adulte auteure du livre, le récit est celui des souvenirs qu’une vieille femme a gardé de son enfance: parcellaires et parfois anecdotiques mais aussi pleins de lucidité. Et c’est tout l’intérêt de ce livre que de raconter, comme en creux, les grands mouvements de l’Histoire dont l’écho arrive jusqu’à Syvia sans qu’elle en comprenne toujours le sens.

C’est le récit poignant de l’enfance massacrée, où la lutte quotidienne pour la survie, dans un monde plongé dans le chaos, prend peu à peu le pas sur le jeu. Une enfance où l’insouciance n’a plus cours depuis longtemps. C’est à l’obstination et à la clairvoyance de son père que Syvia doit d’avoir survécu. Son témoignage est précieux comme celui de tous ceux qui ont traversé ces heures noires de l’Histoire. La forme retenue par Jennifer Roy, qui donne une voix à Syvia enfant*, en fait un document rare qui touchera les plus jeunes.

Ariane Tapinos (novembre 2010)

«Je ne comprends pas.
Comment peut-on tuer un autre être humain?
Clea me fait mal au cœur.
Je ne veux pas qu’un Allemand me remarque et qu’il se dise: "Une Juive!"
Parce qu’alors, je pourrais mourir, moi aussi

*Cette voix s’entend si bien à la lecture qu’on se dit que certains passages se prêteraient sans doute à une lecture haute voix…

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01/12/2010 | Lien permanent

Ferme les yeux | album de Victoria PÉREZ-ESCRIVÀ, illustré par Claudia RANUCCI

9782748507775.jpgTraduit de l'espagnol par Anne Calmels | Éd. Syros | février 2009 - 13,50 €

«Ferme les yeux pour mieux voir» c’est ce que l’on se dit après avoir lu et relu ce livre. Il y est question de deux frères, un voyant et un non-voyant, qui échangent leurs idées sur le monde qui les entoure, un monde qui nous est montré de deux points de vue différents. Le premier garçon décrit les choses tel qu’il les voit, l’autre tel qui les ressent, ainsi leur papa est à la fois «un grand monsieur avec un chapeau» et «un bisou qui pique et qui sent la pipe». La force du livre réside aussi dans les illustrations, faites de collages et de dessins aux pastels très épurés, qui réussissent à représenter les deux visions à travers une même image.
Ferme les yeux c’est enfin une invitation au partage de nos sensations. Ce que l’on entend, touche, voit, sent ou goûte est particulier à tout un chacun, et de ces différences naissent l’échange et la discussion. N’est-ce pas un des buts de la littérature ?

Claire Dagan (mars 2009)

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Le Petit Garçon étoile | album de Rachel HAUSFATER-DOUÏEB et Olivier LATYK (ill.)

petitgarçon étoile.jpgÉd. Casterman, coll. Récits d'aujourd'hui, [2001] mai 2003 - 13,95 €
(À partir de 6 ans)

Un petit garçon apprend un jour qu’il est une étoile. Au début il est plutôt fier. Puis la honte vient avec le sentiment de n’être plus qu’une étoile. La peur vient aussi et le fait se cacher. Longtemps. Enfin un matin il peut sortir au grand jour. Il fait beau, mais les autres étoiles ne reviennent pas. Des mots très simples. Des images très sobres, presque naïves, jusqu’à cette double page où l’on voit un train se diriger vers l’entrée d’Auschwitz, dont la cheminée recrache des étoiles. La grande histoire vue par les yeux d’un enfant, pour mieux se mettre à la portée des jeunes lecteurs. Un livre où la poésie se mêle à l’horreur pour délivrer un message d’espérance.

Ariane Tapinos (février 2005)

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03/12/2008 | Lien permanent

ZOOM sur… Timothée de Fombelle (bio-bibliographie)

Timothée.jpg

Samedi 26 novembre - 11h - Rencontre avec Timothée de Fombelle, auteur, notamment, de Tobie Lolness et de Vango

En 2010, déjà, Timothée de Fombelle nous avit fait l'amitié de venir à Comptines rencontrer ses lecteurs, à l'occasion de la création de sa pièce Les Enfants sauvages par la compagnie La Petite Fabrique (en partenariat avec Le Carré Les Colonnes).

Vous trouverez ici une bio-bibliographie (déjà publiée en 2010 et mise à jour) de l'auteur et là un entretien sur Les enfants sauvages (publié une première fois en 2010).

Professeur de lettres, Timothée de Fombelle est avant tout un homme de théâtre pour lequel il a écrit et mis en scène plusieurs textes, malheureusement non publiés à ce jour (Le Phare, Rose Cats, Vango, La Baignoire et les deux chaises, Saint Pierre sous terre…). En 2003 il publie, aux éditions Actes Sud, un premier livre, Je danse toujours, qui s’adresse aux adultes et sera lu au Festival d’Avignon et au Théâtre du Rond-Point, à Paris.
En 2006 paraît Tobie Lolness, son premier livre pour les jeunes lecteurs qui met en scène un jeune garçon haut d’un millimètre et demi qui se bat pour préserver l’arbre dans lequel il vit. Cette fable écologiste pleine d’aventures et de poésie rencontre un vif succès et remporte de nombreux prix.
Avec Les Enfants sauvages, Timothée de Fombelle réunit pour la première fois les deux aspects de son travail en écrivant du théâtre pour les enfants. Cette aventure est née à l’initiative de Betty Heurtebise, comédienne et metteur en scène, et de sa compagnie de théâtre La petite fabrique.

BIBLIOGRAPHIE

auteursVango 2. Un prince sans royaume
couverture illustrée par Blexbolex
Éd. Gallimard jeunesse, octobre 2011, 392 pp. - 17€
Fin des années trente, on retrouve Vango aux prises avec ses mystérieux poursuivants. Des bords de la mer noire aux sommets des gratte-ciels de New-York, la chasse se poursuit.
Où l'on retrouve la belle Ethel, le sage Zefiro et où l'on saura enfin qui est Vango… 
Un roman haletant, qui mêle aventures, mystères, amour… et croise sans cesse l'Histoire en train de se faire. 
 

auteursVango 1. Entre ciel et terre
couverture illustrée par Blexbolex
Éd. Gallimard jeunesse, mars 2010, 380 pp. - 17€
Paris, 1934, Vango a 19 ans et s'apprête à être ordonné prêtre. Accusé d'un crime, il est poursuivi par la police. Elevé dans un couvent secret sous de mystérieuses menaces, il ignore qui il est vraiment…
Première partie d'un dyptique qui s'adresse à des lecteurs un peu plus grands que les aventures de Tobie Lolness.

Celeste.jpgCéleste ma planète
Éd. Gallimard jeunesse, février 2009, 96 pp. - 4€

À peine arrivée, Céleste a disparu… Le narrateur, un garçon de quatorze ans qui vit seul au cœur du monde déshumanisé de !ndustry, l’entreprise pour laquelle travaille sa mère, se met à sa recherche. Il retrouve Céleste, tout en haut de la tour parking, au milieu des effluves des gaz d’échappement. Cachée par ses parents, elle est malade. Son visage et son corps sont couverts de taches. Et ces taches, il les reconnaît, lui qui passe le plus clair de ses heures de solitude à dessiner des cartes du monde: elles représentent les endroits de la terre qui sont en danger. Amazonie, Antarctique, océans asséchés… Céleste porte sur elle les stigmates de la terre maltraitée par les hommes qui l’habitent et l’exploitent. Alors Céleste disparaît de nouveau. C’est que les dirigeants d’!ndustry n’ont pas intérêt à ce que soient connus les ravages que leur compagnie fait subir à l’environnement. Mais par amour, et aussi par lucidité, le jeune garçon entreprend de sauver Céleste et dévoiler aux hommes la menace de la fin de leurs univers.
Dans cette courte fable philosophique et écologiste, on retrouve le talent de raconteur d’histoires de Timothée de Fombelle, découvert dans le merveilleux Tobie Lolness et ses préoccupations pour l’environnement. Contée ici à la manière d’un récit d’anticipation, l’histoire de Céleste qui est l’histoire de la terre, laisse, comme dans les aventures de Tobie, une large place à la poésie. Entre rêve et cauchemar, Timotée de Fombelle nous invite à réfléchir au mal que nous faisons à la nature qui nous entoure, aux risques que nous prenons pour l’avenir, mais ce faisant, il nous entraîne dans une lecture délicate et lumineuse. Une lecture respectueuse des enfants auxquels elle se destine, ces «jeunes lecteurs» un peu délaissés par l’édition jeunesse ces derniers temps… (A.T. mars 09)

Tobie 1volume.jpgTobie Lolness
(édition en un volume)
llustrations François PLACE
Éd. Gallimard jeunesse, octobre 2008, 660 pp. - 22€ (manquant)

Pour retrouver les aventures de Tobie en un seul gros volume et sur un beau papier bis recyclé.

Figaro.jpgLes Noces de Figaro
Illustrations Olivier BALEZ
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Grand répertoire, juin 2008 - 21€ (livre-CD)

«Piquante, farfelue, émouvante, comique ou mélancolique, l'histoire des Noces de Figaro se devait d'être restituée dans son effervescence par la plus talentueuse des plumes. Timothée de Fombelle raconte avec une belle vivacité le jeu de cache-cache amoureux des personnages, dans lequel la musique de Mozart révèle merveilleusement les émotions et l'expression des sentiments. La narration vivante de Laurent Stocker, l'élégance et l'énergie des illustrations d'Olivier Balez contribuent à la beauté de ce grand classique. Et aussi des documents pour apprendre, des partitions pour chanter et des jeux pour s'amuser…»

Barouf San Balajo.jpgLes Aventures d’Anatole Peterson et Lola Barouf à San Balajo
Illustrations Thomas BAAS, musiques Thibaulte RENARD & Guillaume SIRON
Éd. Flammarion, oct. 2007 - 23€ (album-CD)

«Que se passe-t-il à San Balajo? Où sont passés trompettes, carillons et fanfares? Qui veut détruire la musique à jamais? Il faudra bien qu'Anatole Peterson et son irrésistible Lola se lancent dans l'aventure pour tenter de sauver le monde… Un grand album sonore au tempo endiablé où se mêlent musique, tendresse et rebondissements. En avant, maestro!»

Tobie 2.jpgTobie Lolness
T2. Les yeux d’Elisha

Illustrations François PLACE
Éd. Gallimard jeunesse, avril 2007, 342 pp. - 16€

«Le monde de Tobie est menacé! Le grand chêne est blessé à mort par un cratère qui ronge son cœur. Les mousses et les lichens ont envahi ses branches. Léo Blue règne en tyran sur les Cimes et retient Elisha prisonnière. Les habitants se terrent. Les Pelés sont chassés sans pitié. Pourtant, dans la clandestinité, Tobie se bat, et il n'est pas le seul. Au plus dur de l'hiver, la résistance prend corps. Tobie parviendra-t-il à délivrer les siens et à sauver son monde fragile? Retrouvera-t-il Elisha?»

Sport.GIFVa y avoir du sport !
Collectif
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto, juin 2006, 256 pp. - 9,50€

Trente écrivains, dont trois sportifs,
trente nouvelles autour du sport.


Tobie 1.jpgTobie Lolness
T1. La vie suspendue

Illustrations François PLACE
Éd. Gallimard jeunesse, avril 2006, 312 pp. - 16€ / Prix Sorcières 2007 (Roman 9 - 12 ans)
Édition de poche à paraître en février 2010, collection Folio Junior - 7,30€

«Tobie est pourchassé. Il fuit de branche en branche, il se cache. Il trouve momentanément refuge au creux d’une écorce. Il a treize ans et mesure un millimètre et demi. Il vit avec son peuple dans l’arbre. Jusqu’à l’âge de 7 ans, il a mené une vie agréable près de ses parents, jusqu’au jour où son père a refusé de dévoiler le secret d’une de ses inventions révolutionnaires jugeant qu’elle mettait en péril la vie de l’arbre. Ils sont contraints à l’exil dans les basses branches. Mais certains ont soif de pouvoir et de richesses. La vie de Tobie et de ses parents est menacée. Une aventure pleine de rebondissements, une intrigue menée avec grand talent.
Timothée de Fombelle a créé ce peuple minuscule qui rencontre des problèmes similaires aux nôtres. Le récit est illustré avec bonheur par des dessins de François Place. Les personnages sont croqués avec humour. Un savoureux moment de lecture.» Citrouille - Le Blog des librairies sorcières


Je danse.jpgJe danse toujours
Éd. Actes Sud, coll. Un endroit où aller, mars 2003, 38 pp. - 8€
(Littérature adulte)
«J'ai cousu des messages dans les ourlets d'une robe d'été, et je marchais dans les rues de Paris. Forteresse légère, la chaleur. Les voitures allemandes qui ralentissent, et les regards, les rires, mademoiselle, et les vivants cachés dans le revers de ma robe.
Mais je sais bien qu'il ne faut rien écrire.
» (extrait)

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23/11/2011 | Lien permanent

Les machos expliqués à mon frère - Interview de Clémentine Autain

Autain.C©Ph. Matsas-Opale3_1.jpgOn n'a pas tous les jours l'occasion de se féliciter de la parution d'un livre féministe, et encore moins d'un livre qui explique le féminisme aux plus jeunes. Alors quand le livre de Clémentine Autain est arrivé à la librairie, en ce début d'année scolaire, il a trouvé une place de choix à Comptines et il a été évident, tout de suite, qu'il serait l'objet de cette chronique.  Personnalité atypique du monde politique français (femme, féministe, jeune... Enfin, je ne sais pas jusqu'à quand on est "jeune", mais en France et en politique, c'est sans doute au moins jusqu'à la cinquantaine), Clémentine Autain a toujours déployé son engagement féministe entre l'action politique et le travail de réflexion. Son livre, Les machos expliqués à mon frère est au cœur de ces deux méthodes : une réflexion sur le féminisme, son histoire et son actualité, et une action en direction des plus jeunes, parce qu'il n'y a pas de pente naturelle vers l'égalité, mais un combat quotidien qui passe aussi par l'éducation.

Ariane Tapinos : - Pourquoi ce titre ? Est-ce que le livre ne devrait pas plutôt s'appeler "le sexisme expliqué à ...", voire "le féminisme" ... ? J'imagine que c'est un choix de l'éditeur ? Est-ce que c'est parce que "sexisme" et "féminisme" sont un peu des gros mots dans le langage courant médiatique ? Je me rappelle d'interminables réunions au MFPF pour savoir ce qu'il fallait faire de l'emploi du mot "féminisme"... Et il y a toutes ces femmes qui disent "je ne suis pas féministe, mais...". Je sais par ailleurs que Geneviève Fraisse a eu le plus grand mal à garder son titre Le mélange des sexes, pour son ouvrage chez Gallimard Jeunesse, parce que "sexe"...

Clémentine Autain : - En effet, j'avais proposé "le féminisme expliqué à..." Le titre final fut induit par l'éditrice. Pas parce que "féminisme" ou "sexisme" sont des gros mots mais parce qu'ils ne sont pas très populaires - et donc peu vendeurs. Les livres sur les femmes ne font généralement pas recettes, les éditeurs le savent... "Les machos" présentait l'avantage de s'adresser à tout le monde, plus largement. C'était aussi sans doute plus drôle et peut-être moins moralisateur. Mais les questions d'Alban, mon frère, ont globalement trait aux sexisme et à l'histoire de l'émancipation des femmes. Et tout au long du livre, je revendique haut et fort le terme de féminisme.

couv machos_1.jpg- Dans l'échange avec Alban, vous vous étonnez (faussement, j'imagine !?), de sa méconnaissance de l'Histoire des femmes (ou plutôt de la part des femmes dans l'Histoire). Est-ce que cette transmission-là n'est pas l'un des enjeux les plus importants, et les plus malmenés, du féminisme contemporain ? Je dis "malmené" , parce qu'il me semble que les femmes (et les féministes) participent souvent de cette réécriture de l'Histoire qui les nie et les ridiculise. Au lieu de faire l'éloge de l'humour qui a caractérisé les actions du féminisme dans les années 70, on ne retient que les sous-tifs brûlés... Comment faire cet effort de transmission auprès des jeunes générations ? 

- L'enjeu de la transmission est fondamental. C'est compliqué parce que ça touche à l'intime, à l'identité, à la sexualité, au quotidien. Mais c'est l'une des raisons de ce livre. L'Histoire des femmes est récente en France. Elle manque de reconnaissance et de moyens. Les manuels scolaires racontent l'histoire des grands Hommes. Quant au féminisme, il est plus qu'absent : invisible. J'étais très étonnée  qu'Alban n'ait jamais entendu parler d'Olympe de Gouges. Il ne connaissait comme féministe que Simone de Beauvoir. C'est inquiétant...

- Parfois, et parce qu'on a notre réputation à Comptines (!), un client entre (enfin, plus souvent une cliente) et nous dit "je cherche des livres non sexistes"... Comme s'ils l'étaient tous (sexistes) et qu'il fallait donc débusquer les quelques-uns acceptables ! Faut-il en retour traquer les clichés sexistes ?
- La chasse aux jouets et livres les plus sexistes est une bonne méthode si elle ne confine pas à des règles trop strictes potentiellement contre-productives. L'explication dès le plus jeune âge des enjeux liés à l'identité sexuée et sexuelle et le décryptage des objets et histoires sexistes valent sans doute mieux que l'interdiction et la moralisation à tout bout de champ. Mais si nous ne prenons pas garde à construire des univers de jeux et de livres mixtes, les catégories imposées vont vite s'inviter partout. Et je ne dis pas que c'est simple !

- Pour en venir au cœur de votre livre :  Vous y dressez une sorte d'état de la condition des femmes dans le monde et en France.  Pouvez-vous revenir un peu sur cet aspect des choses... Et sur "l'ethnicisation" rampante d'un certain féminisme français, qui tend à populariser l'idée que la discrimination ne concerne plus que les banlieues et les populations d'origine maghrébines. 

- Je tiens énormément à l'idée que le sexisme se développe dans tous les milieux sociaux. Et ce, pour deux raisons.  D'abord, dans mon propre espace politique, certains continuent de penser que tous les combats sont solubles dans l'anticapitalisme. Autrement dit, quand la lutte des classes aura porté ses fruits, tout le reste viendra. L'intellectuel slovène Salvoj Zizek, très en vogue chez les jeunes intellos de la gauche radicale, estime que le féminisme détourne des combats importants et qu'il est même dangereux car l'égalité hommes/femmes peut être récupérée par le capitalisme. Dire que le féminisme transcende les problématiques de classes est dès lors assez fondamental ! Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas d'articulation à rechercher entre les combats émancipateurs (féminisme et marxisme) mais que le féminisme n'est pas soluble dans la lutte des classes. Dit autrement, si les inégalités sociales disparaissaient, le patriarcat pourrait continuer à vivre.  Ensuite, la dernière période a vu l'émergence d'un nouvel ennemi principal : le garçon arabo-musulman, devenu responsable du sexisme en France. Comme s'il n'y en avait plus ailleurs qu'en banlieue. Comme si les cadres blancs bien de chez nous ne comptaient plus de machistes. Des mouvements, comme Ni Putes Ni Soumises, ont contribué à ériger cette figure, avec le soutien et la bienveillance de nombreux médias, intellectuels ou politiques, qui ont trouvé là une manière de dédouanner d'autres espaces de discriminations sexistes. Il y a évidemment un complexe de supériorité culturel qui se cache dans le stéréotype du jeune garçon arabo-musulman des quartiers. Ceci dit, de nombreux sociologues ont montré combien le sentiment d'humiliation et de relégation de ces jeunes garçons pouvaient conduire à des comportements virils, qui permettent une réassurance narcissique.

- Vous abordez la question des violences faites aux femmes. Cette question, outre qu'elle fonde, en partie, votre engagement féministe, est sans doute l'une des plus importante qui soit, et ce dès l'adolescence (pour ne pas parler d'avant...). Comment percevez-vous les violences sexistes à cet âge et aujourd'hui ? Augmentation ? Banalisation ?

- Je ne crois pas à la banalisation des violences sexistes. Y a-t-il chez les adolescents une recrudescence ? Je préfère laisser le diagnostic aux spécialistes. Mais, depuis les années 1970, la prise en compte du viol, de la prostitution, des violences conjugales, du harcèlement, etc. est de plus en forte, on ne saurait le nier. Cela doit porter ses fruits. La hausse des plaintes est sans doute un indicateur que les langues peuvent se délier. Mais nous sommes très très loin du compte. Le tabou reste extrêmement fort, la honte continue de peser sur les femmes. Par ailleurs, les moyens et la volonté politique manquent cruellement pour informer, sensibiliser, prévenir ces violences. Au fond, ces violences commencent à peine à sortir de la sphère privée...


Pour poursuivre la discussion, il faut vous précipiter sur Les machos expliqués à mon frère, une lecture pleine d'humour et d'intelligence, qui s'adresse autant aux adolescents qu'à leurs parents. Et, un bonheur n'arrivant pas toujours seul, on ne peut manquer de signaler, ici, la parution, aux éditions Actes Sud Junior, dans l'excellente collection Ceux qui ont dit non, d'un livre sur le combat de Simone Veil contre les avortements clandestins (Simone Veil,  "Non aux avortements clandestins", de Maria Poblete, à paraître en mars 2009). Une manière à peine détournée de parler de son combat POUR le droit à l'interruption volontaire de grossesse. Finalement, outre Il n'y a pas si longtemps, publié aux éditions Sarbacane, et Le droit de choisir : l'IVG en France et dans le monde, aux éditions Syros Jeunesse, on n'a pas vu ce sujet souvent abordé en littérature jeunesse sous l'angle de la conquête d'une liberté.


Propos recueillis par Ariane Tapinos


Les machos expliqués à mon frère aux éditions du Seuil, dans la collection Explique-moi, octobre 2008, 112 pages, 7€
Photo : Clémentine Autain ©Ph. Matsas



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08/03/2009 | Lien permanent

JOLI MOIS DE MAI… 1968. IL Y A 10 DÉJA !

révolte,révolution,mai 68,histoireNotre sélection MAI 68, publiée en mai 2008
Comptines va fêter dans quelques mois ses trente printemps et ce n’est sans doute pas un hasard si une librairie comme celle-ci a vu le jour dix ans après ce qu’il est convenu d’appeler « les évènements de Mai ». À côté des commémorations qui ne manqueront d’avoir lieu à l’occasion des 40 ans de Mai 1968,nous avons voulu, par cette (trop) modeste bibliographie, affirmer notre attachement à un moment de notre histoire récente et à la manière dont cette histoire est transmise aux plus jeunes. Attachement qu’il est d’autant plus important de témoigner alors que l’héritage de Mai 68 fait débat, et est grossièrement caricaturé.

Si pour certains, toutes les dérives de la société de consommation individualiste sont à porter au crédit des « soixante-huitards » et de leurs lubies, nous pensons,au contraire que nous leur sommes redevables. Toutes nos libertés d’aujourd’hui ne sont pas nées des événements de Mai 68, certaines étaient acquises ou en germe avant cette date, et sans doute aussi doivent-elles plus à la lente évolution des moeurs qu’à la brusque montée de fièvre de ce printemps-là. Il n’empêche. Mai 68 cristalise des revendications et des espérances dont nous sommes, aujourd’hui encore dépositaires. Avec son cortège d’excès, d’erreurs et de ridicule, Mai 68, c’est surtout des acquis syndicaux, des droits pour les étudiants, une plus grande liberté pour les femmes... Bref, la fin d’une société corsetée.C’est un souvenir aussi, celui d’une lutte collective et festive.

Alors oui, Mai 68 ce sont également des espoirs déçus, l’entrée de plein pied dans une modernité égoïste, mais le triomphe de la société de consommation doit plus à ceux qui aujourd’hui voudraient « liquider » Mai 68, à ceux qui ont promu une télévision conçue pour dégager du « cerveau disponible » pour la publicité, qu’à ceux qui ont espéré en des lendemains qui chantent. Si avec le recul des années, la belle espérance des révoltés de Mai a laissé place au triste constat du maintien et de l’aggravation des inégalités, ne jetons pas le joli mois de Mai avec les espoirs qu’il a suscités. Et puis, hériter c’est aussi continuer : continuer à affirmer nos convictions et nos espérances. L’espoir c’est aussi ce qui nourrit, chaque jour,notre envie de partager nos lectures, et d’aider les enfants à grandir, au milieu des livres, conscients de l’Histoire dans laquelle s’inscrit leur histoire.

Voici donc une dizaine d’ouvrages, fictions et documentaires, qui font la part petite ou belle, aux évènements de Mai 68, et qui composent cette petite bibliographie. Bien trop petite à notre goût mais qui reflète le peu d’intérêt que portent les éditeurs jeunesse à ce sujet, sans doute pas encore assez historique et trop politique. Si petite, que nous y avons ajouté, de manière totalement subjective, mais parce qu’ils nous semblent accessibles à des ados, quelques ouvrages -documentaires - récemment parus ou à paraître, en collection "adultes". 

NB : Prix et disponibilités mises à jours le 21 avril 2018.

révolte,révolution,mai 68,histoireROMANS



1969
MURAKAMI Ryû, traduit du japonais par Jean-ChristianBouvier, éd. Philippe Picquier, coll. Picquier poche(première édition 1995), mars 2004, 254 pp. - ÉPUISÉ
Une adolescence, au Japon, à la fin des années soixantes.

Chicago, je reviendrai
Gisèle BIENNE, éd. L’École des loisirs, coll. Médium, sept. 2007, 166 pp. - 9,70 €

Coeur d’artichaut
Gérard GOLDMAN, éd. L’École des Loisirs, coll. Médium, mars 2006, 148 pp. - 9,40 €
« Nous sommes en 1968. Et la Révolution de Mai n’est rienà côté de ce qui se passe dans la tête deChantin ».

Demain, la révolution
Valérie ZENATTI, éd. L’École des Loisirs, coll. Neuf, (déc. 2004,) NE : mai 2013, 95 pp. - 8,20
Pour se débarrasser du nouveau directeur de leur école,les élèves sont prêts à faire la révolution ! Mais pour y arriver, mieux vaut se documenter sur les révolutions qui ont émaillé l’histoire. Et celle de 1968 n’est pas un mauvais modèle : « En 1968 les jeunes, et même les gens en général, ont voulu plus de liberté, plus de vacances, plus d’égalité aussi. Ils se sont mis en grève pendant longtemps et ils ont fait plein de manifestations tous les jours. Ils se sont battus contre les policiers, mais ils n’ont pas tué le président de laRépublique ».

Ma révolution
Sophie DIEUAIDE, illustrations Béatrice RODRIGUEZ, éd.Bayard jeunesse, coll. J’aime lire n° 202, avril 2007, 48 pp. - ÉPUISÉ
Comment les souvenirs d’unE grand-mère (!), de son Mai 68 (elle est sur la photo avec Daniel Cohn-Bendit et les "Etudiants du 22 mars"...) vont donner à son petit fils l’idée de se révolter contre les légumes à la cantine...

révolte,révolution,mai 68,histoireALBUMS



Le Mur. Mon enfance derrière le rideau de fer
Peter SIS, traduit de l’américain par Alice Marchand, éd. Grasset, oct. 2007 – 17 €
Véritable autobiographie graphique de ce très grand de la littérature jeunesse, Le Mur retrace, à la première et à la troisième personne, à travers textes et images, la vie de Peter Sis, né à enTchécoslovaquie en 1949. Son histoire croise celle du printemps de Prague, de ce vent de liberté et d’espoir qui souffla sur laTchécoslovaquie et auquel l’invasion soviétique d’août 1968 allait mettre fin.

Tous en grève, tous en rêve. Il y a 40 ans, Mai 68
Alain SERRES, illustrations PEF, éd. Rue du Monde, (avril 2008) NE : AVRIL 2018 - 14,50 €
"Printemps 1968. Dans cette famille de cheminots de province, c’est l’effervescence ! Le père est en grève depuis plusieurs jours déjà. Mais ce n’est pas facile de tenir... Du haut de ses 11 ans, Martin veut tout savoir, tout comprendre. Sa mère soutient la grève, mais, bien vite, l’argent manque et elle est tentée de tout lâcher... De son côté, la fille aînée participe au blocus de sa fac. Elle trouve ses parents apathiques et part pour Paris, où étudiants et CRS s’affrontent comme deux mondes inconciliables..."

Véro en mai
Pascale BOUCHIE, illustrations Yvan POMMAUX, éd. L’École desLoisirs, (mai 2008) NE : avril 2018 – 16,50 €
Dans la droite ligne du génial Avant la télé,ce nouvel album d’Yvan Pommaux flirte habillement avec le documentaire historique. Véro a neuf ans en 1968, et c’est son regard malicieux qui nous fait revivre la révolution de mai, mais aussi le quotidien de ces années-là et les bouleversements de l’après 68.


révolte,révolution,mai 68,histoireDOCUMENTAIRE & ESSAIS



1968 dans le monde - ÉPUISÉ
Claude GRIMMER, éd. De La Martinière Jeunesse, coll. La vie des enfants, janvier 2008 – 12 €

68, Années politiques
Philippe ARTIERES, éd. Thierry Magnier, coll.« Troisième culture », février 2008, 96 pp. - ÉPUISÉ
Quatre récits postérieurs à 1968, pour illustrer les changements profonds de l’après 68. 

Années 68 (Les)
Patrick ROTMAN, éd. Seuil, ( mars 2008) NE : mars 2018, 339 pp. - 35 € (adulte)

Mai 68 à l’usage des moins de 20 ans
Collectif, éd. Actes Sud Junior, coll. Babel J, février 2008, 208 pp. - ÉPUISÉ (Édition en collection Babel, 1998, toujours disponible)
Réédition collection Babel J, d’un livre paru en 1998 en collection "adulte", il rassemble des graffitis, des slogans, des tracts, des chansons, qui ont fait Mai 68. Florilège d’humour et d’insolence, certains de ces témoignages de l’effervescence dece printemps-là ont gardé toute leur saveur et restent d’une franche actualité. Et si la plage n’est pas apparue sous les pavés, il reste vrai qu’"une pensée qui stagne est une pensée qui pourrit". 
On regrettera cependant, que l’éditeur n’ait pas choisi de modifier (et même remplacer) la préface, qui écrite en 1997, à l’usage des lecteurs adultes, est totalement incompréhensible à un ado non averti.

Mai 68 raconté à ceux qui ne l’ont pas vécu
Patrick ROTMAN, éd. Seuil, février 2008, 159 pp. - 12,20 € (adulte )
« Mai 68 : un coup de tonerre dans un ciel serein ? Unerévolution ? Une crise de civilisation ? Quel sens donner,quarante ans après, aux évènements de 68 ? »

Mai 68 Soyons réalistes, demandons l’impossible ! 
Philippe GODARD, éd. Syros, coll. Les Documents, mars 2008(à paraître), 128 pp. + cahier photos 8 pp. - ÉPUISÉ
Cinq témoignages, cinq points de vue sur les évènements de mai 68, recueillis par Philippe Godard.

par Comptines & Compagnie (Première publication : samedi 23 février 2008.)

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22/03/2018 | Lien permanent

La Femme dorade | album de Praline GAY-PARA (texte) & Christophe MERLIN (ill.)

Femme dorade.gifÉd. Syros, coll. Album paroles de conteurs-grandes oreilles
oct. 2008 – 10,50 €


Un pêcheur solitaire et malchanceux sauve un jour une dorade des mains de quelques garnements qui l’avaient prise pour un ballon. Il la rejette à la mer. Le soir même, une femme frappe à sa porte. Elle est belle et trempée. Il lui donne des habits secs, la moitié de son repas et lui offre le gîte pour la nuit. Au matin, il la quitte sans la réveiller. À son retour, elle l’attend devant une soupe au fumet délicieux. À ses questions sur ce qui rend la soupe si bonne, elle répond «si c’est bon, contente-toi de boire et ne pose pas de questions». Et ainsi, chaque soir, la femme, qui est devenue sa compagne, est plus belle et la soupe meilleure. L’homme continue de l’interroger, la femme répond: « Dans la vie, c’est l’amour ou les questions!» Un jour, n’y tenant plus, le pêcheur fait mine de quitter la maison mais revient sur ses pas et observe sa femme, à travers une faille du mur. Elle jette des épices dans la soupe… puis se déshabille, le bas de son corps se couvre d’écailles roses et elle plonge dans la marmite…

Une histoire d’amour ambiguë (c’est l’auteure elle-même qui le dit) qui se termine, on l’aura deviné, en queue de poisson… Une histoire contée avec gourmandise par Praline Gay-Para qui nous livre là un texte plein de saveurs épicées. Les illustrations de Christophe Merlin, où dominent le bleu et le jaune, sont belles et intrigantes. Un conte étrange et un peu mélancolique venu du Japon.

Ariane Tapinos
(première publication: novembre 2008)

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15/03/2011 | Lien permanent

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