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Rechercher : Le Voyage d'Henry

La Route de Chlifa | roman de Michèle MARINEAU

9782266158220.gifÉd. Pocket jeunesse, coll. Roman | janvier 2009 | 190 pp. - 6,40 €

En dix ans, de Beyrouth à Montréal, de la guerre à l'exil, le trajet d'un adolescent entre violence et espoir.
Première partie : janvier 1999, Karim arrive en cours d’année dans un lycée francophone de Montréal, au Canada. Il doit affronter la curiosité – bien ou mal intentionnée – de ses nouveaux compagnons de classe, le racisme, le froid, l’absence de ses amis, l’indifférence («le plus dur c’est l’indifférence, l’impression d’être transparent. Et quand on a enfin le sentiment d’exister, c’est parce qu’on dérange»), les souffrances de l’exil…

Son adaptation à son nouveau pays n’est pas chose facile et à peine un mois et demi après son arrivée, il se retrouve à l’hôpital pour avoir voulu défendre une jeune fille asiatique à laquelle s’en prenait une bande d’imbéciles racistes et misogynes.

Deuxième partie : Beyrouth 1989, Karim est seul dans la ville bombardée tous les jours. Ses parents et ses deux petits frères sont partis au Canada rendre visite à son grand-père et ils ne peuvent plus rentrer depuis que les combats de sont intensifiés. Karim est resté pour passer son bac, mais le lycée a fermé, il n’est plus question que de survivre. Quand, dans le bombardement de leur immeuble, Nada, la jeune fille qu’il aime, et presque toute sa famille sont tués, Karim s’embarque dans un drôle de voyage avec Maha 10 ans, la sœur de Nada, et Jad son petit frère encore bébé. De ce périple dans un pays en guerre, naît une belle amitié, brisée encore une fois par la mort.

Troisième partie : un peu apaisé, Karim envisage avec plus d’optimisme et de souplesse sa nouvelle vie au Canada. Et même s’il déteste toujours le froid, il a appris à aimer les tempêtes de neige.
Un beau roman difficile, qui jette des passerelles entre l’Orient et l’Occident. Entre la guerre là-bas et l’exil ici. Entre la mémoire douloureuse du passé et les espoirs pour l’avenir. Seule la mort de Nada semble un peu artificielle, comme s’il avait fallu que Karim souffre encore. Ou peut-être que cette mort-là, parce qu’elle est le fait de la perversité des hommes, est comme un symbole de la perversité de la guerre qui tue des enfants et détruit l’avenir ?

Ariane Tapinos (mars 2009)

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31/03/2009 | Lien permanent

Le Baptême de l’air | documentaire de Didier HAUGLUSTAINE

9782746503786.jpgIllustré par Gwen KERAVAL | Éd. Le Pommier, coll. Les Minipommes | nov. 2008, 64 pp. | 8 €

Pour ses huit ans, Titouan va avoir droit à un baptême de l’air en montgolfière ! Un vrai voyage à 1000 mètres du sol, qui est l’occasion d’apprendre et comprendre plein de choses sur l’air : C’est quoi l’air au juste ? Comment devenir plus léger que l’air ? L’air que nous respirons est-il bon pour la santé ? Les réponses sont données par les deux pilotes du ballon : Etienne et Joseph… de Montgolfier, revenus du XVIIIe siècle pour le plaisir de cette balade instructive.

Comme tous les titres de la collection Minipommes, les informations scientifiques sont réparties dans une mini « fiction » et amenées sous forme de questions/réponses des protagonistes. Comme souvent aussi, il faut bien suivre la progression des démonstrations et raisonnements et assimiler petit à petit les connaissances, car la fin de l’ouvrage nous amène vers un peu plus de complexité – c’est encore plus flagrant sur un autre titre paru récemment : La Radioactivité*. Chaque titre de la collection a un auteur différent (un scientifique référent en sa matière), qui construit son ouvrage à partir de rencontres et d’échanges avec une ou plusieurs classes (ici des enfants de CE2 et CM1). Le résultat est souvent très éclairant… même pour les adultes.

Par exemple, pour ce volume sur l’air et ses propriétés, j’ai enfin pu combler mon ignorance et comprendre la différence entre une montgolfière et un dirigeable : alors que le second est gonflé à l’hydrogène (gaz très inflammable), la première n’a recours à aucun gaz « extérieur », c’est uniquement la chaleur qui lui permet de s’élever, grâce à la différence de pression entre l’air chaud contenu dans le ballon et l’air froid environnant (de plus en plus froid à mesure que l’on s’élève, à raison de moins 6 degrés tous les 1000 mètres). Génial ! (et écologique). En fait, de manière très subjective, j’apprécie beaucoup cette collection pour ses premiers chapitres, qui permettent de bien asseoir certains «fondamentaux», les bases scientifiques, avec lesquelles nous, adultes, ne sommes pas toujours très à l’aise… Le Baptême de l’air s’achève sur un chapitre « À faire soi-même », soit trois expériences simplissimes pour observer de ses propres yeux les manifestions concrètes des connaissances appliquées par les frères Montgolfier.

Corinne Chiaradia (février 2009)


* La Radioactivité, Alain BOUQUET, ill. Sébastien Chebert, éc. Le Pommier, coll. Minipommes, nov. 2008, 8 €

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15/02/2009 | Lien permanent

L'Arche part à 8 heures | roman d'Ulrich HUB

arche part à 8h.gifIllustrations Jörg Mühle
Traduit de l'allemand par Emmanuèle Sandron
Éd. Alice jeunesse, coll. Les Romans, 1er trimestre 2008, 90 pp. - 8€

Trois pingouins s'ennuient sur la banquise. Pour passer le temps, ils se chamaillent pour tout et n'importe quoi. Une colombe vient rompre leur ennui: elle leur annonce que Dieu a décidé de noyer la terre et ses habitants et qu'il a chargé Noé de mettre à l'abri, dans l'arche, une paire de chaque espèce animale. Mais attention, pour échapper à une mort certaine, il leur faut être à l'heure. L'arche part à 8 heures précises!

Seulement, les pingouins sont trois et bien décidés à sauver leur peau et donc à rejoindre l'arche avec, en fraude, un pingouin caché dans une valise. Même si, ce faisant, ils oublient que s'ils sentent tant le poisson, c'est qu'ils savent nager et pourraient donc très bien survivre au déluge en restant dans l'eau… Comme ce détail ne leur reviendra qu'après quarante jours, ils expérimenteront le voyage en arche, ses plaisirs: c'est surtout une forme de distraction, ses désagréments: promiscuité, repas légers, interdiction de jouer aux cartes et de chanter et puis surtout, il leur faudra garder secrète la présence du troisième représentant de l'espèce.

Dès les premières lignes – les premiers dialogues – on se dit que ces trois énergumènes feraient sur scène un agréable spectacle. Et à y regarder de plus près, c'est bien logique, puisque ce texte, ici présenté sous la forme d'un petit roman, est à l'origine une pièce radiophonique. Dialogues savoureux et parfois franchement drôles, bruitages nombreux (cris d'animaux en tous genres et de tous poils, bruits d'orage et de pluie), décor simple (la banquise, la cale de l'arche), ce texte se prête sans doute avec bonheur à une adaptation théâtrale, comme la forme de cette édition se prête à une plaisante et amusante lecture. On rit beaucoup, mais on se pose aussi d'importantes questions sur l'existence de Dieu sans jamais se prendre au sérieux.

Ariane Tapinos

(première publication de l'article: 4 juin 2008)

 

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17/01/2010 | Lien permanent

CHEZ MOI, ON A DES SOLUTIONS POUR LE CLIMAT !

Chez moi.jpgdocumentaire
de Philippe GODARD & Guillaume KASHIMA (illustrations)
Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Les petits débrouillards, septembre 2015 – 15€
Des enfants du monde entier témoignent ici, à travers leur façon de vivre, d'idées, d'habitudes, de pratiques astucieuses permettant de lutter contre les changements climatiques, ou du moins de les minimiser pour mieux vivre ensemble. Un voyage sur les 5 continents afin de comprendre les diverses conséquences des changements climatiques sur notre planète et dans notre quotidien. On y trouve des définitions essentielles comme celle d'un cyclone, du climat, des gaz à effet de serre, de l'atmosphère... Ainsi que la mise en avant de solutions technologiques à l'exemple des éoliennes, des centrales solaires, des maisons à énergie positive,... Mais aussi des solutions citoyennes, que chacun peut mettre en œuvre de son côté. Sans oublier l'aide de la nature dont il faut profiter, voire qu'il faut savoir exploiter à bon escient. Ces solutions pour le climat « ne sont pas des remèdes miracles, mais autant d'initiatives qui montrent que le climat est un bien commun ! » et qu'il faut en prendre grand soin.

Chaque chapitre porte le nom d'un de ces jeunes témoins. Chacun nous racontent son histoire et on situe son pays sur une carte du monde. S'en suivent un « comment ça marche ? » puis un bilan des points positifs et négatifs d'une telle solution. Les phénomènes naturels et les technologies les plus compliquées sont expliqués sous forme de schémas détaillés. Ce livre, en passant des sujets les plus simples aux plus graves sans transition, permet de comprendre et prendre conscience des problèmes que posent tous ces changements climatiques en captivant le lecteur sans dramatiser à l'extrême ce sujet sensible. Une structure rythmée, des textes clairs, un lexique pour les mots les plus compliqués, des dessins explicatifs... donnent au propos de ce livre une telle évidence que l'on a de suite envie de se pencher sur ces question écologiques et de s'impliquer davantage dans la défense de notre environnement...

Chloé Boulanger (novembre 2015)

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03/11/2015 | Lien permanent

UN NOËL D'ENFANT AU PAYS DE GALLES

Un Noël d'enfant au Pays de Galles.jpgroman poétique
de Dylan THOMAS, illustré par Peter BAILEY
Traduit de l'anglais par Lili Sztajn
Éd. Gallimard Jeunesse, (première édition française du texte : Denoël 2005) octobre 2015, 74 pages - 13,90€

« Il y a de cela des années et des années, quand j’étais un petit garçon, quand il y avait des loups au pays de Galles, quand les oiseaux de la couleur des jupons de flanelle rouge frôlaient d’une aile vive les collines aux courbes de harpe, quand nous chantions et nous prélassions toute la nuit et le jour dans des grottes qui sentaient le dimanche après-midi dans les salons humides des fermes, et que nous chassions, avec des mâchoires de diacres, les Anglais et les ours, avant l’automobile, avant la roue, avant le cheval à tête de duchesse, quand nous montions à cru les collines heureuses, il a neigé, neigé. »

Le poète Dylan Thomas égrène des souvenirs des Noël de son enfance au pays de Galles. Du temps où la neige recouvrait les collines, du temps ou les oncles « à forte carrures » et les « tantes menues » venaient partager le repas familial. Le lecteur comme l’enfant qui l’interroge sur ces Noëls d’antan, s’émerveillera de ce qui existait alors, magnifié et transformé par le souvenir du poète et sa langue musicale. Car même si la neige tombe encore en décembre au pays de Galles, elle ne monte plus « du sol en écharpes », elle ne pousse plus « en une nuit sur les toits des maisons comme une mousse pure et bisaïeule ».

La poésie transforme le quotidien et insuffle de la magie dans nos souvenirs. Si bien qu’il n’y a nulle nostalgie dans ce voyage au pays de l’enfance mais une invitation à la rêverie. Cette lecture – qu’il faut faire à haute voix pour entendre toute la subtilité et la malice de la prose poétique de Dylan Thomas – donnera à chacun l’envie de parfumer les maisons d’écorces d’orange, d’allumer le feu dans les cheminées, de prolonger la soirée de Noël. Elle donnera aux enfants l’idée d’écouter, en douce, les adultes et d’imaginer des hippopotames, ou toutes autres créatures incongrues, marquant de leurs pas lourds la neige fraiche. 

Ce livre, avec ses phrases sinueuses et parfois interminables, comme se déroulent les souvenirs dans nos mémoires,  et ses aquarelles délicatement humoristiques, est une petite merveille qui devrait trouver sa place aux pieds des sapins, aussi bien pour les grands que pour les petits. Ou, à l’idéal, dans la chaleur d’une lecture partagée.

Ariane Tapinos (novembre 2015)

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30/11/2015 | Lien permanent

AGATHA

femme,angleterre,polarRoman
de Françoise DARGENT
Éd. Hachette, août 2016, 314 pages- 15,90€

Agatha est une adolescente de 14 ans qui a perdu son père deux ans plus tôt et vit avec sa mère sur la Riviera anglaise, à Torquay. C’est une jeune fille pleine d’imagination et de désirs. De talents aussi même si il faudra encore attendre de longues années avant qu’elle ne devienne la géniale « reine du crime » sous le nom d’Agatha Christie (le patronyme de son premier mari). En attendant, elle grandit dans une famille aimante et suffisamment à l’aise financièrement pour lui offrir la meilleure éducation et l’ouverture sur le monde qui sied à une jeune fille de son rang dans la bonne société anglaise du début du XXe siècle. Leçons de musique - Agatha se rêve en cantatrice - , pensions parisiennes, voyages au Caire… Et bien sûr, rencontres galantes et bals élégants.

Françoise Dargent s’accorde beaucoup de liberté dans cette fantaisie biographique sur l’enfance de la grande écrivaine et choisit de resserrer son récit sur les premiers émois de l’adolescence. Elle réussit à faire le portrait sensible d’une femme en devenir dans un monde qui leur laisse encore peu voix au chapitre.

Françoise Dargent réussit particulièrement la description des relations entre toutes ces jeunes femmes : entre les deux sœurs Agatha et Madge l'aînée déjà mariée et mère de famille, mais également entre Agatha et ses amies… L'auteure décrit avec beaucoup de finesse les découvertes qu'elles font ensemble : les premières règles, les premiers émois amoureux… Son Agatha, bien que rêveuse, a la tête sur les épaules et sans se  révolter manifeste un grand désir de liberté. Si on s’étonne un peu que les bruits de la première guerre mondiale n’arrivent jamais jusque à elle, cela n’entame pas le plaisir de cette lecture pleine de charme et d’intelligence.

Enfin, Françoise Dargent, truffe son récit d’allusions aux futurs romans d’Agatha Christie (ils sont d’ailleurs cités à la fin de l’ouvrage… à vous de les retrouver !) et donnera sûrement envie à de jeunes lecteurs de se plonger dans la lecture des romans de cette maîtresse du crime.

Ce roman pour les jeunes adolescents donnera, espérons-le, au lecteur adulte l’envie d’en apprendre plus sur cette femme originale qui fut pharmacienne, archéologue, écrivaine…

Ariane Tapinos (novembre 2016)



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21/11/2016 | Lien permanent

LA DRÔLE DE PETITE BONNE FEMME

japon,conte,mythologie,monstrealbum
de Arlene MOSEL & Blair LENT (illustrations)
Traduit de l’américain par Catherine Bohnomme
Éd. Le Genévrier, coll. Caldecott, octobre 2015 - 17€
Caldecott Medal 1973

Une « drôle de petite bonne femme » vivait au Japon, il y a très longtemps. Elle aimait beaucoup rire et faire des boulettes de riz. Un jour, une de ses boulettes lui échappe et roule dans une brèche dans le sol. En tentant de la rattraper, la petite femme, toujours rigolarde, se retrouve sur un étrange chemin bordé de statues de Jizo, divinités bienveillantes. Ces dieux de pierre lui enjoignent de se méfier des Onis, créatures démoniaques qui peuplent les sous sols. Attrapée par l’un d’entre eux, elle est conduite dans leur repère où elle est forcée de cuisiner des quantités de boulettes de riz, à la mode Oni, c’est à dire avec un peu de magie. Mais sa malice et son comique naturel vont la tirer de ce mauvais pas. Rentrée chez elle, avec la spatule magique volée aux Onis, elle devient la reine de la boulette de riz !

Savoureuse adaptation d’un conte populaire japonais recueilli par Lafcadio Hearn, cet album est aussi amusant que son héroïne, une petite femme toute ronde sanglée dans un kimono rouge. Entrainé à sa suite à la poursuite d’une boulette de riz, le lecteur découvre un monde souterrain peuplé de créatures étranges et inquiétantes. Alors que le voyage de la « drôle de petite bonne femme » se poursuit dans les profondeurs de la terre, l’image livre à celui qui la regarde une double lecture de ce qui se déroule sous terre et de ce qui continue de se passer à la surface. Sous terre, l’image est en couleur (vert, orange, brun), à la surface, la maison abandonnée par son habitante est au trait noir, on y aperçoit un homme, sans doute à la recherche de la petite bonne femme disparue, on y voit le temps qui passe, alors que sous terre, les péripéties se succèdent.

Un bel album - qui mérite bien sa Médaille Caldecott - qui nous plonge dans le folklore japonais avec ce conte qui fait peur tout en faisant rire. 

Ariane Tapinos (avril 2016)

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05/05/2016 | Lien permanent

LA BATAILLE DU TRIPLE-BUSE

BatailleTripleBuse.jpgroman jeunes lecteurs
de Gilles ABIER
Illustré par Mini LUDVIN
Éd. Poulpe fictions, mai 2019, 204 pages – 9,95€

On avait laissé les Coquins – les enfants pirates, Morbleue, Flibuste, Gargousse, Babord, Tribord, Cayenne et Fantine - dans l’île sans nom, alors qu’ils avaient déjoué, en simulant l’irruption d’un faux volcan, une attaque menée par l’infâme Gonzalo de la Rabida.

Les enfants, étaient certes venus à bout du capitaine-corsaire de l’Invincible et de son équipage mais avaient été obligés de dévoiler leur cachette sur cette île jusque-là gardée secrète où leurs parents les avaient installés pour les protéger de la dureté et des aléas d’une vie de piraterie.
Les voilà donc contraints de quitter leur île, et emportant leur trésor avec eux, de rejoindre le Comptoir de la Fesse Plate, où ils seront à l’abris d’un fort armé.

Embarqués à bord de trois navires : La Tornade « goélette légère et fragile, dirigée par Furoncle », Le Régal « la frégate de La Viscère, la mère de Cayenne et Philibert » et le Triple-Buse « un brick acquis pour l’occasion qui a été confié aux mains de Vieux-Boucan », adultes et enfants (et le pénible et bavard perroquet Cacatois) prennent la mer.  

Le voyage sera, on s’en doute, plein des surprises qui font toute la saveur du roman d’aventures et de pirates.

TrésorIleSansNom.jpgComme pour le premier volume, Le Trésor de l’île sans nom, paru en mai 2018, Gilles Abier s’en donne à cœur joie avec sa bande de pirates en culottes courtes. Et comme la première fois, son plaisir des mots (vocabulaire marin, noms truculents…) est communicatif. Il se passe mille choses dans ce roman alerte et drôle, joliment illustré dans un style très manga. Un roman qui déjoue avec malice tous les stéréotypes de genre.
Ce texte s’adresse à de jeunes lecteurs et lectrices sans céder à la facilité langagière. Ici l’écriture est exigeante et ce sont les aventures trépidantes des Coquins qui portent la lecture.

Ariane Tapinos (juillet 2019)

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03/07/2019 | Lien permanent

LA VÉRITÉ SUR LES GRANDS-PARENTS

VéritéSurGrandsParents2019.jpgalbum
Elina ELLIS
Traduit de l’anglais par Camille Guénot
Éd. Kaléidoscope, février 2019 – 13,50€

Ces grands-parents là sont « vraiment très vieux. Ils ont des rides, pas beaucoup de cheveux et de drôles de dents. » Pour autant… ils déjouent tous les stéréoptypes. Ils font du grand-huit, du skate, de la danse… Ils jouent sur des consoles, utilisent des ordinateurs, aiment la musique (et la pratique), les voyages (interstellaires)…  Surtout, ils rient beaucoup et s’aiment énormément.

Alors oui, ils « sont vraiment très vieux », pas tellement comme les grands-parents d’aujourd’hui qui à soixante-dix ans ressemblent aux personnes de cinquante ans d’il y trente ans mais pas non plus comme les grands-parents d’hier*. MoiGrandMère.jpgAlors que Gallimard jeunesse réédite, quarante ans après sa parution, le premier album de Pef : Moi, ma grand-mère… (Gallimard Jeunesse, 2018, première édition, La Farandole 1978) on mesure le chemin parcouru. Dans cet album, on trouve d’un côté, des grands-mères extraordinaires : écrivaine, exploratrice, capitaine de bateaux… de l’autre, celle du petit narrateur qui « sait faire de bonnes tartines de beurre avec des petits morceaux de chocolat dessus » et ça, c’est quand même le mieux.

Aujourd’hui, pour montrer des grands-parents, il faut encore en faire des vieillards (un peu comme les bibliothécaires à lunettes et chignon) mais ce qui est vraiment mis en avant c’est leur manière d’être présents au monde, de ne renoncer à aucun des plaisirs de la vie. Et si la 4e de couverture les monte un peu fatigués, c’est un juste contraste avec la couverture sur laquelle ils apparaissent sautant sur un trampoline avec leur petit-fils. On le serait à moins…

Ariane Tapinos (avril 2019)

*C’est peut-être aussi un effet de la traduction. En effet, le titre anglais est : The Truth about Old People. Littéralement : la vérité sur les personnes âgées…

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29/04/2019 | Lien permanent

TOUT LE MONDE EST LÀ ?

difference,migration,tolérance,exil,diversitédocumentaire
de Anja TUCKERMANN & Tine SCHULZ (illustrations)
Traduit de l’allemand par Hélène Boisson
Éd. La Joie de lire, janvier 2018 - 12€

Après l’excellentissime La famille dans tous ses états d’Alexandra Maxeimer et Anke Kuhl, les éditions La Joie de Lire nous propose un revigorant documentaire sur la diversité humaine. Comme le précédent, Tout le monde est là ? mélange textes (beaucoup) et images (souvent drôles) un peu à la manière d’une bande dessinée. Là encore, le sujet, ou plutôt, les sujets abordés entrent en résonance avec l’actualité : qu’est-ce que l’exil, les migrations, les préjugés… Surtout qu’est-ce qui nous rassemble et de quoi sont fait nos destins collectifs et individuels.

Or il est des temps où il n’est pas inutile de rappeler que nous appartenons tous à la même espèce et que ce qui nous différencie : nos langues, nos cultures, nos religions, notre histoire… ne doit pas nous opposer. Bien au contraire, nous avons à apprendre des autres

Ces questions sont traitées ici avec beaucoup d’humour sans que les auteurs de ce documentaire n’omettent les aspects les plus durs des migrations humaines, ni les plus bêtes des préjugés.

Ils nous rappellent que « depuis toujours, les êtres humains se déplacent sur la planète » et n’établissent aucune hiérarchie entre les causes de ces déplacements. Pour autant, une formidable double page raconte le périlleux voyage, de onze mois, d’une famille syrienne qui a fuit la guerre pour trouver refuge en Allemagne.

Plus loin, en détaillant les migrations multiples d’une famille palestinienne, Anja Tuckermann et Tine Schulz, ont l’intelligence de nous montrer des gens qui non seulement vivent dans des pays très différents mais ne se résument pas à leur trajectoire migratoire : tonton Abbas vit en Jordanie et « adore faire rigoler ses enfants », tante Parastou vit au Danemark où elle est pharmacienne, tante Rabea vit en Amérique du Nord où elle a « trois grandes copines : une Israélienne, une Grecque, et une Russe », Oncle Halim vit à Genève et « ne peut pas travailler, parce qu’il n’a pas de papiers »…

Est-ce un hasard si ce documentaire nous vient d’Allemagne ?

Quoi qu’il en soit, il est urgent de le mettre entre les mains de tous les enfants et de leurs parents et peut-être de celles de nos gouvernants…

Ariane Tapinos (février 2018)

A lire également sur notre blog, la critique de  La famille dans tous ses états.

 

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16/02/2018 | Lien permanent

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