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I AM PRINCESS X
roman
de Cherie PRIEST
Illustré par Kali CIESEMIER
Traduit de l’américain par Vanessa Rubio-Barreau
Éd. Bayard jeunesse, avril 2017, 293 pages.-14,90€
C’est en Cm2, à l’occasion d’un exil dans la cour de récréation des maternelles pendant un cour de sport, que Libby et May inventent le personnage de Princess X. Cheveux bleus, robe à manches ballons, couronne dorée, katana et baskets rouges ; la création de cette princesse ninja à grands coups de craies colorées sur le goudron d’une cour d’école va sceller l’amitié des deux fillettes qui développent cet univers imaginaire et finissent par rassembler une véritable bibliothèque des aventures de leur héroïne fétiche … jusqu’à la mort de Libby et de sa mère dans un accident de voiture.
En plus de la disparition de sa meilleure amie, May doit affronter celle de Princess X qui était devenue « leur avatar, (…), la troisième fille du groupe » puisque tout le travail commun des deux amies a été perdu lorsque le père de Libby a quitté la ville. À la suite du divorce de ses parents, May finit par quitter la ville et n’y revient que l’été pour voir son père.
Trois ans après le drame, c’est à l’occasion d’une de ces visites estivales qu'elle remarque sur la vitrine d’un magasin en démolition un autocollant rond, un peu fané au centre duquel se trouve le personnage de Princess X… Coïncidence ?
May décide de mener l’enquête et découvre vite une piste : un compte Instagram très populaire raconte les aventures d’une Princess X captive d’un mystérieux mister Bone. Certains détails troublants de cette bd en ligne semblent avoir un lien avec la mort de Libby trois ans plus tôt, et entraîne bientôt May dans une course poursuite effrénée à travers la ville de Seattle.
Roman graphique palpitant, les aventures conjointes de May et du personnage fictif de Princess X se lisent d’une traite : personnages attachants, intrigue bien ficelée et pleine de suspense, univers inquiétant et original, cette première incursion de Cherie Priest dans la littérature jeunesse est une véritable réussite !
Nathalie Ventax (mai 2017)
21/05/2017 | Lien permanent
NOUS LES MENTEURS
roman
de E. LOCKHART
Traduit de l'américain par Nathalie Peronny, éd. Gallimard Jeunesse, mai 2015, 275 pages, -14,50 €
« Bienvenue dans la splendide famille Sinclair. Chez nous, il n'y a pas de criminels. Pas de drogués. Pas de ratés. Les Sinclair sont sportifs, beaux, sveltes. Nous sommes une vieille fortune. Nos sourires sont étincelants, nos mentons carrés, nos services de fond de court agressifs.(...) Nous sommes les Sinclair. Chez nous personne n'est dépendant. Personne n'a tort. »
À bientôt dix-huit ans, Cadence est l'aînée des sept petits-enfants de la très respectable famille Sinclair. Depuis toujours, elle passe tous ses étés sur la petite île de Beechwood - l'île privée de la famille - sur laquelle Harris Sinclair son grand-père a fait construire trois maisons, une pour chacune de ses filles.
Cadence y retrouve ses cousins Johnny et Mirren, et Gat, le neveu du nouveau conjoint de la mère de Johnny qui depuis leurs huit ans a rejoint les Sinclair dans leur retraite estivale. Surnommés « les Menteurs » par le reste de la famille, les cinq enfants grandissent ensemble de parties de pêche en pique-niques, soudés et protégés par la vie idyllique et recluse qu'ils mènent sur l'île. Jusqu'à « l' été quinze », celui qui va bouleverser la vie de Cadence.
L'été de ses quinze ans, Cadence est la dernière du petit groupe à arriver sur l'île. Son père vient de quitter la famille, et elle vit désormais seule avec sa mère qui est déterminée à annihiler toute trace de l'existence de son ex-mari. C'est aussi le premier été que les Sinclair passent sans Tipper, leur grand-mère, qui est morte d'une crise cardiaque huit mois plus tôt. C'est surtout l'été où Cadence prend conscience qu'elle est désespérément amoureuse de Gat .
À la fin du mois de juillet, Cadence est découverte seule sur la plage, prostrée, blessée et sans aucun souvenir de ce qu'il lui est arrivé.
Le mystérieux accident la laisse amnésique, souffrant de maux de tête qui la paralysent et contre lesquels on lui prescrit trop de médicaments. Son état général est si préoccupant que sa mère lui interdit de retourner l'été suivant sur Beechwood. Mais ce qui préoccupe le plus Cadence, c'est le silence de ces « menteurs » et les quelques bribes de souvenirs qui ne lui laissent que peu d'indices pour reconstituer le puzzle de cet été fatidique qui a si brutalement interrompu le rythme quasi immuable des traditions de la famille Sinclair.
Avec sa perfection de façade et son silence qui « est un vernis protecteur contre la douleur » la famille Sinclair fascine et forme avec les libres et lumineux « menteurs » un ensemble discordant qui ne peut qu'entraîner un désastre d'ailleurs annoncé. Au-delà du suspense engendré par l'enquête de Cadence pour retrouver ses souvenirs, le roman d 'E. Lockhart reste avant tout un portrait de famille en clair-obscur dont l'atmosphère et des personnages demeurent inoubliables.
Nathalie Ventax (juillet 2015)
26/07/2015 | Lien permanent
MADE IN VIETNAM
Roman de Carolin PHILIPPS
Traduit de l’allemand par Florence Quillet
Éd. Bayard jeunesse, coll. Millézime
Octobre 2012, 236 pages – 11,50 €
Lan a tout juste quatorze ans mais elle a dû quitter l’école pour aider ses parents à subvenir aux besoins de sa famille. Elle travaille, plus de dix heures par jour, dans un atelier de fabrication de chaussures de sport. Bientôt, sa petite sœur de onze ans doit se joindre à elle et supporter, comme elle, les brimades, les émanations de produits toxiques, les heures travaillées tard dans la nuit et jamais payées. C’est que son maigre salaire suffit à peine à aider ses parents, lesquels assument également leurs neveux nés, comme de nombreux enfants, aveugles, les orbites vides, suite à l’intoxication de leur père par l’ « agent orange », le produit déversé par les Américains sur les forêt et les rivières durant la guerre.
Lan voudrait se dresser contre les injustices qu’elle et les ouvriers de l’usine subissent chaque jour. Elle voudrait reprendre sa vie d’écolière et vivre au village près des siens. Le hasard d’une rencontre avec un vieil original, le grand-père de la famille Lê, propriétaire de l’usine, et la visite d’un inspecteur allemand, chargé de remettre – ou pas – à l’entreprise un label de respect des règles sociales et éthiques, vont lui donner l’occasion d’exprimer sa révolte.
Le roman s’ouvre sur une scène proprement hallucinante : Lan, parce qu’elle s’est assoupie sur la chaine de montage, est contrainte par la contremaître à rester des heures durant debout, les paupières douloureusement maintenues ouvertes par des allumettes.
À travers l’histoire de cette jeune fille traitée comme une esclave pour fabriquer des chaussures pour les pieds délicats des occidentaux (avec plusieurs semelles, pour éviter la transpiration… on saisit l’ironie quand on sait que ces baskets sont fabriquées dans des ateliers où règne une température caniculaire), Carolin Philipps dénonce non seulement les conditions de travail infligées aux ouvriers de ces usines et plus particulièrement aux enfants, mais elle pose également la délicate question de la responsabilité des occidentaux. Difficile, après une telle lecture, de ne pas s’interroger sur la provenance de nos biens manufacturés et peut-être aussi sur la pertinence de nos pratiques de (sur)consommation.
Ariane Tapinos (novembre 2012)
09/01/2013 | Lien permanent
Le Golem | album d'Anne JONAS (texte) & Régis LEJONC (ill.)
Éd. Nathan | coll. Album Nathan | sept. 2010 - 17,90€
À Prague au XVIe siècle, le rabbi Loew donne vie à une créature faite de glaise, pour protéger les juifs du ghetto.
Régulièrement menacés d’expulsion, les juifs de Prague sont accusés par un noble local, le comte Lopsky, d’être responsables de la disparition de son jeune fils. La rumeur enfle: on aurait vu un couple de boulangers du ghetto assassiner l’enfant pour fabriquer le pain matzot, le pain de Pessa’h, la pâque juive. Guidé par Dieu, rabbi Loew fabrique le Golem qui prouvera l’innocence des juifs et la félonie du comte qui, pour ne pas avoir à rembourser ses créanciers juifs, a organisé l’enlèvement de son propre fils.
Les juifs de Prague sont sauvés mais que faire de cette étrange et puissante créature? Celui qui lui a donné vie peut-il et doit-il la lui retirer? S’agit-il d’un être doué de raison et de sentiments? Autant de questions qui agitent rabbi Loew et qui font de cette légende issue de la tradition juive, une légende universelle.
Aux rumeurs qui faisaient des juifs des assassins d’enfants s’opposera désormais celle de leur puissance incarnée par la créature de d’argile. Pourtant, le Golem ne viendra pas à leur secours quatre siècles plus tard et c’est de le savoir qui rend cette lecture aussi poignante.
Le texte d’Anne Jonas est très beau. Dans une langue raffinée au vocabulaire riche et raffiné, elle redonne à lire ce conte qui sert de référence à tant d’œuvres contemporaines mais reste méconnu des plus jeunes. Elle est aidée dans cette entreprise par le très beau travail de Régis Lejonc, inspiré par l’ambiance sombre et inquiétante de cette histoire. Certaines de ses images sont de pures merveilles. Et l’album se referme sur une splendide double page aux tons bruns qui montre une vue de Prague aujourd’hui (on le devine aux bateaux qui filent sur la Vltava) hantée par la silhouette du Golem…
Ariane Tapinos (octobre 2010)
Un tout petit, petit bémol à cet enthousiasme… fallait-il, pour les besoins de l’histoire, que la femme de rabbi Loew soit à ce point bornée, matérialiste et méchante?
19/10/2010 | Lien permanent
UN PRINTEMPS À TCHERNOBYL
bande dessinée
de Emmanuel LEPAGE
Éd. Futuropolis, octobre 2012, 164 pages - 24,50€
Au printemps 2008, soit un peu plus de vingt ans après l’explosion de la centrale de Tchernobyl, Emmanuel Lepage se rend en Ukraine, à l’invitation d’une association les Dessin’acteurs*. De cette expérience de résidence d’artistes pas comme les autres, il tirera deux ouvrages : Les Fleurs de Tchernobyl, écrit et dessiné avec Gildas Chasseboeuf, un reportage sur les lieux même de la catastrophe, publié par les Dessin’acteurs, au profit de l’association « Les enfants de Tchernobyl », puis réédité, en 2012, dans une version enrichie par les éditions La boite à bulles ; et Un printemps à Tchernobyl, récit à la fois documentaire et personnel.
Parti à Tchernobyl pour trouver les traces de la catastrophe, avec en tête des images d’un monde au bord de l’apocalypse, il découvre sur place des hommes, des femmes et des enfants accueillants et solidaires qui luttent avec le peu dont ils disposent pour continuer de vivre aux abords de la zone interdite. Il y trouve également, une nature luxuriante et belle qui a repris ses droits dans les espaces abandonnés par l’homme.
C’est cette contradiction entre la violence de la catastrophe et de ses conséquences immédiates présentes dans les souvenirs de l’auteur, et dans sa lecture du texte de Svetlana Alexievitch, La supplication **, au début de l’album, et le calme apparent qui règne sur le lieu du drame, qui est au cœur du récit d’Emmanuel Lepage.
C’est que la radioactivité ne se laisse pas voir … « Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m’indique le Dosimètre. (…) Cette vibration subtile des couleurs couvre l’effroyable réalité qui se cache à mes yeux. Dessiner c’est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. Va pour Pripiat et ses rues vides et grises mais les forêts bleues ? »
Avec ses aquarelles tantôt saturées de gris, tantôt éclairées de verts et de bleus presque surnaturels, Emmanuel Lepage nous interroge sur le visible et l’invisible et par là même sur la nature du témoignage. Le sien est un acte politique d’une honnêteté désarmante qui nous parle de cette « terre d’où les hommes sont exclus. Se sont exclus… se sont chassés eux-mêmes ! »
Ariane Tapinos (avril 2016)
21/04/2016 | Lien permanent
VELVET
Roman historique de Mary HOOPER
Traduit de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez
Éd. Les Grandes Personnes, sept. 2012
325 pages – 17,50 €
Au début du XXe siècle, à Londres, Velvet, une jeune orpheline, survit en travaillant dans la chaleur et la moiteur étouffante d’une blanchisserie. Mais la chance lui sourit deux fois : d’abord on lui confie le linge de riches clientes, ensuite l’une d’entre elles, Madame Savoya, une médium très en vue, la prend à son service. Quittant l’enfer de la condition ouvrière, Velvet découvre les fastes d’une grande demeure londonienne et les mystères du spiritisme.
Aux côtés de Georges, le bel assistant de Madame Savoya, elle assiste fascinée aux échanges quotidiens entre cette dernière et le monde des esprits. Envoûtée par la beauté et le talent de la maîtresse de maison, tout autant que par les yeux verts de Georges, Velvet se rêve en épouse comblée et fortunée et délaisse son vieil ami Charlie.
Un peu naïve, elle est cependant de plus en plus intriguée par les pouvoirs de la médium, au point de se mettre bientôt en danger…
Mary Hooper a un talent incomparable pour plonger son lecteur dans les tourments mêlés de l’époque qu’elle choisit et des sentiments de ses personnages. Ses héroïnes sont souvent malmenées par la vie et leur condition sociale les destine au pire. Mary Hooper s’attache, dans chacun de ses romans, à la condition des femmes pauvres et leur offre, magie de la littérature, des destins d’héroïnes.
Ariane Tapinos (septembre 2012)
NB : Pour lire la critique de La Messagère de l'au-delà, un précédent roman (excellent!) de Mary Hooper, cliquer ICI.
14/09/2012 | Lien permanent
MABOUL À ZÉRO
Roman de Jean-Paul NOZIÈRE
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto
Février 2003, 158 pages - 8 €
Aïcha a quatorze ans. Épileptique, elle ne peut suivre les cours du collège où sa mère est concierge. Elle prépare son bac en candidate libre, mais doit aussi s’occuper de Mouloud, son frère aîné, qui a perdu la tête et souffre de troubles obsessionnels difficiles à supporter pour tout le monde. Ce qui provoque à toute la famille beaucoup de problèmes, auxquels s’ajoute le regard porté sur leur origine algérienne, eux qui habitent une petite ville française.
Le roman, très intéressant et très bien écrit, s’articule autour de plusieurs thèmes : la vie quotidienne de la famille d’Aïcha dans ce collège où travaille la mère ; le problème du handicap et ses conséquences ; le racisme exacerbé des habitants envers eux et les conditions de vie des femmes algériennes à travers le récit que fait la mère de sa jeunesse dans les années 90. Le handicap du jeune homme est traité de manière très forte tout au long du livre, il donne même son titre au roman, mais le personnage central c’est Aïcha, sa vie quotidienne, sa lutte pour arriver à réaliser son grand désir : bachelière à quatorze ans. Elle découvre l’hypocrisie des gens de sa ville, le racisme qui se développe de plus en plus envers « les arabes » comme disent des courriers de parents, et envers les handicapés. Pour comprendre d’où elle vient et sa place dans la société, elle demande à sa mère de lui raconter sa jeunesse en Algérie. Et elle découvre les conditions de vie des femmes à cette époque, la toute-puissance des religieux et le drame qui a provoqué la fuite de sa mère avec les deux enfants.
Beaucoup de débats pourront avoir lieu avec les jeunes qui liront ce livre car le racisme très présent fait écho à tous les évènements dramatiques que nous venons de vivre en France.
(date de la première publication de l'article : 25 janvier 2006)
29/01/2012 | Lien permanent
TU ME PRENDS EN PHOTO
Album de Marie-Francine HÉBERT et Jean-Luc TRUDEL (ill.)
Éd. Les 400 coups, coll. Carré Blanc
4e trimestre 2011 – 11,90€
Un photographe et deux enfants. La petite fille s’adresse, silencieusement, à l’adulte: «Tu me prends en photo. Pour quoi donc…» Objet de l’attention du photographe, l’enfant se refuse à lui parler et c’est en silence qu’elle répond à la question qui jamais n’est posée : «Pourquoi ne parles-tu pas ?» De toutes les horreurs de la guerre et de la misère, celle qui empêche la fillette de parler c’est de savoir que le photographe n’est là que pour faire ses photos, qu’elle ne sera jamais vraiment sujet de son histoire qui s’étalera sur les pages des journaux, loin de chez elle, loin de sa guerre, de sa faim, de sa douleur. Elle sait que l’homme repartira, comme il est venu, richement vêtu, et que seule cette larme sur sa joue témoignera de son implication.
Avec son texte répété comme une supplique et ses images aux tons sourds, cet album est d’une rudesse absolue. Aucune concession, aucun soulagement ne vient d’entre ses pages. Ici, à l’abri de la guerre, les visages de ces enfants nous diront-ils quelque chose de ce qu’ils vivent, là-bas? Comment témoigner sans trahir? Quelle est la nature de cette relation entre le photographe, adulte nanti et l’enfant en souffrance? Comment relier ces deux temporalités: celle de l’instant et celle de la durée des conflits et des peurs?
Un album qui, parce qu’il pose toutes ces questions, nous incite à tenter d’y répondre.
Ariane Tapinos (mars 2012)
04/04/2012 | Lien permanent
La Légende du jardin japonais | album d'Arnauld Pontier (texte) & François Place (ill.)
Il y a très lontemps, dans l’ancien Japon, la jeune et jolie Senhimé, orpheline de mère, affronta la colère jalouse de son père, un redoutable maître des samouraïs. Amoureuse, Senhimé vivait au rythme de ses rencontres avec Takahisa, apprenti poète et chanteur de talent. Les jeunes gens se parlaient peu mais échangeaient, derrière une haie d’aubépines blanches, des chants qui déplurent fortement au père guerrier, lequel s’empressa de tuer son «rival». La suite de l’histoire nous conte ce qu’il advint de Senhimé, comment le père affronta les terribles conséquences de son égoïsme et comment il «découvrit» le jardin japonais et son pouvoir protecteur…
Nous apprenons ainsi comment sont nés les petits jardins miniature, que l’on peut voir aujourd’hui dans beaucoup de maisons japonaises. Contenus dans des pots de terre cuite garnis de gravier, de plantes grasses ou d’un bonzaï et d’une petite figurine, ces délicats objets porteraient bonheur. Quant à la légende de leur naissance… Elle a été inventée de toutes pièces par Arnaud Ponthier (avec le concours bienveillant de François Place aux images)! Et c’est une jolie vraie-fausse légende que nous content ces deux auteurs amoureux du Japon. Dans cette histoire, il est question d’amour et de mort, de poésie et d’éternité: violence et délicatesse s’y côtoient, comme dans bien des contes japonais. Elle est illustrée avec bonheur, dans le même esprit de référence-révérence à la tradition iconographique japonaise.
(première publication: juillet 2005)
15/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (1)
CARBON DIARIES 2015
roman
de Saci LLOYD
Traduit de l'anglais par Sylvie DENIS, Éd. Pocket jeunesse, mai 2012, 328 pages -16,90€
Suite à une série de catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique, le Royaume-Uni est le premier pays a mettre en place un système de rationnement du carbone. Chaque personne se voit attribuer des « points carbones » à dépenser dans la limite de 200 par mois, afin que les niveaux de CO2 dans l'atmosphère soient ramenés à un seuil tolérable. Du coup, adieu alimentation exotique, longues douches chaudes, et voyages en avion. Les heures d'accès aux différents appareils électriques sont limitées sous peine de coupure de courant et il faut choisir entre sèche-linge et grille-pain…
Difficile pour Laura Brown adolescente londonienne jusqu'alors insouciante de ne pas parler au téléphone toute la nuit, et de réduire les répétitions avec son groupe les Dirty Angels, mais plus difficile encore pour ses parents, accrocs à la Saab familiale et à l'ordinateur portable de renoncer à leurs habitudes.
Alors que les coupures de courant se multiplient dans le pays, que les tempêtes de neige et canicules se succèdent, et que la grogne monte contre ceux qui ne jouent pas le jeux et contre les pays voisins qui refusent d’adopter le rationnement, la famille et les amis de Laura peinent à trouver leur place dans cette nouvelle société qui oblige chacun à se réinventer...
A travers le journal intime d'une adolescente ordinaire, le roman de Saci Lloyd dépeint de manière très réaliste les conséquences politiques et sociales des lois adoptées pour tenter de limiter les effets du réchauffement climatique. Si la situation familiale de Laura et ses déboires prêtent à sourire, le roman est l'occasion d'une véritable réflexion sur les habitudes et les comportements de chacun et les sacrifices inévitables qu’engendreront les gaspillages actuels.
Nathalie Ventax (novembre 2015)
01/11/2015 | Lien permanent