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21/04/2016

UN PRINTEMPS À TCHERNOBYL

Un printemps à Tchernobyl.jpgbande dessinée
de Emmanuel LEPAGE
Éd. Futuropolis, octobre 2012, 164 pages  - 24,50€

Au printemps 2008, soit un peu plus de vingt ans après l’explosion de la centrale de Tchernobyl, Emmanuel Lepage se rend en Ukraine, à l’invitation d’une association les Dessin’acteurs*. De cette expérience de résidence d’artistes pas comme les autres, il tirera deux ouvrages : Les Fleurs de Tchernobyl, écrit et dessiné avec Gildas Chasseboeuf, un reportage sur les lieux même de la catastrophe, publié par les Dessin’acteurs, au profit de l’association « Les enfants de Tchernobyl », puis réédité, en 2012,  dans une version enrichie par les éditions La boite à bulles ; et Un printemps à Tchernobyl, récit à la fois documentaire et personnel.

Parti à Tchernobyl pour trouver les traces de la catastrophe, avec en tête des images d’un monde au bord de l’apocalypse, il découvre sur place des hommes, des femmes et des enfants accueillants et solidaires qui luttent avec le peu dont ils disposent pour continuer de vivre aux abords de la zone interdite. Il y trouve également, une nature luxuriante et belle qui a repris ses droits dans les espaces abandonnés par l’homme.


C’est cette contradiction entre la violence de la catastrophe et de ses conséquences immédiates présentes dans les souvenirs de l’auteur, et dans sa lecture du texte de Svetlana Alexievitch, La supplication **, au début de l’album, et le calme apparent qui règne sur le lieu du drame, qui est au cœur du récit d’Emmanuel Lepage.
C’est que la radioactivité ne se laisse pas voir … « Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m’indique le Dosimètre. (…) Cette vibration subtile des couleurs couvre l’effroyable réalité qui se cache à mes yeux. Dessiner c’est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. Va pour Pripiat et ses rues vides et grises mais les forêts bleues ? »

Avec ses aquarelles tantôt saturées de gris, tantôt éclairées de verts et de bleus presque surnaturels, Emmanuel Lepage nous interroge sur le visible et l’invisible et par là même sur la nature du témoignage. Le sien est un acte politique d’une honnêteté désarmante qui nous parle de cette « terre d’où les hommes sont exclus. Se sont exclus… se sont chassés eux-mêmes ! »

Ariane Tapinos (avril 2016)

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