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09/01/2013

MADE IN VIETNAM

Made in Vietnam.gifRoman de Carolin PHILIPPS
Traduit de l’allemand par Florence Quillet
Éd. Bayard jeunesse, coll. Millézime
Octobre 2012, 236 pages – 11,50 €

Lan a tout juste quatorze ans mais elle a dû quitter l’école pour aider ses parents à subvenir aux besoins de sa famille. Elle travaille, plus de dix heures par jour, dans un atelier de fabrication de chaussures de sport. Bientôt, sa petite sœur de onze ans doit se joindre à elle et supporter, comme elle, les brimades, les émanations de produits toxiques, les heures travaillées tard dans la nuit et jamais payées. C’est que son maigre salaire suffit à peine à aider ses parents, lesquels assument également leurs neveux nés, comme de nombreux enfants, aveugles, les orbites vides, suite à l’intoxication de leur père par l’ « agent orange », le produit déversé par les Américains sur les forêt et les rivières durant la guerre.


Lan voudrait se dresser contre les injustices qu’elle et les ouvriers de l’usine subissent chaque jour. Elle voudrait reprendre sa vie d’écolière et vivre au village près des siens. Le hasard d’une rencontre avec un vieil original, le grand-père de la famille Lê, propriétaire de l’usine, et la visite d’un inspecteur allemand, chargé de remettre – ou pas – à l’entreprise un label de respect des règles sociales et éthiques, vont lui donner l’occasion d’exprimer sa révolte.

Le roman s’ouvre sur une scène proprement hallucinante : Lan, parce qu’elle s’est assoupie sur la chaine de montage, est contrainte par la contremaître à rester des heures durant debout, les paupières douloureusement maintenues ouvertes par des allumettes.

À travers l’histoire de cette jeune fille traitée comme une esclave pour fabriquer des chaussures pour les pieds délicats des occidentaux (avec plusieurs semelles, pour éviter la transpiration… on saisit l’ironie quand on sait que ces baskets sont fabriquées dans des ateliers où règne une température caniculaire), Carolin Philipps dénonce non seulement les conditions de travail infligées aux ouvriers de ces usines et plus particulièrement aux enfants, mais elle pose également la délicate question de la responsabilité des occidentaux. Difficile, après une telle lecture, de ne pas s’interroger sur la provenance de nos biens manufacturés et peut-être aussi sur la pertinence de nos pratiques de (sur)consommation.

Ariane Tapinos (novembre 2012)

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