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04/04/2012

TU ME PRENDS EN PHOTO

Photo.gifAlbum de Marie-Francine HÉBERT et Jean-Luc TRUDEL (ill.)
Éd. Les 400 coups, coll. Carré Blanc
4e trimestre 2011 – 11,90€

Un photographe et deux enfants. La petite fille s’adresse, silencieusement, à l’adulte: «Tu me prends en photo. Pour quoi donc…» Objet de l’attention du photographe, l’enfant se refuse à lui parler et c’est en silence qu’elle répond à la question qui jamais n’est posée : «Pourquoi ne parles-tu pas ?» De toutes les horreurs de la guerre et de la misère, celle qui empêche la fillette de parler c’est de savoir que le photographe n’est là que pour faire ses photos, qu’elle ne sera jamais vraiment sujet de son histoire qui s’étalera sur les pages des journaux, loin de chez elle, loin de sa guerre, de sa faim, de sa douleur. Elle sait que l’homme repartira, comme il est venu, richement vêtu, et que seule cette larme sur sa joue témoignera de son implication. 


Avec son texte répété comme une supplique et ses images aux tons sourds, cet album est d’une rudesse absolue. Aucune concession, aucun soulagement ne vient d’entre ses pages. Ici, à l’abri de la guerre, les visages de ces enfants nous diront-ils quelque chose de ce qu’ils vivent, là-bas? Comment témoigner sans trahir? Quelle est la nature de cette relation entre le photographe, adulte nanti et l’enfant en souffrance? Comment relier ces deux temporalités: celle de l’instant et celle de la durée des conflits et des peurs?

Un album qui, parce qu’il pose toutes ces questions, nous incite à tenter d’y répondre.

Ariane Tapinos (mars 2012)

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