26/07/2015
NOUS LES MENTEURS
roman
de E. LOCKHART
Traduit de l'américain par Nathalie Peronny, éd. Gallimard Jeunesse, mai 2015, 275 pages, -14,50 €
« Bienvenue dans la splendide famille Sinclair. Chez nous, il n'y a pas de criminels. Pas de drogués. Pas de ratés. Les Sinclair sont sportifs, beaux, sveltes. Nous sommes une vieille fortune. Nos sourires sont étincelants, nos mentons carrés, nos services de fond de court agressifs.(...) Nous sommes les Sinclair. Chez nous personne n'est dépendant. Personne n'a tort. »
À bientôt dix-huit ans, Cadence est l'aînée des sept petits-enfants de la très respectable famille Sinclair. Depuis toujours, elle passe tous ses étés sur la petite île de Beechwood - l'île privée de la famille - sur laquelle Harris Sinclair son grand-père a fait construire trois maisons, une pour chacune de ses filles.
Cadence y retrouve ses cousins Johnny et Mirren, et Gat, le neveu du nouveau conjoint de la mère de Johnny qui depuis leurs huit ans a rejoint les Sinclair dans leur retraite estivale. Surnommés « les Menteurs » par le reste de la famille, les cinq enfants grandissent ensemble de parties de pêche en pique-niques, soudés et protégés par la vie idyllique et recluse qu'ils mènent sur l'île. Jusqu'à « l' été quinze », celui qui va bouleverser la vie de Cadence.
L'été de ses quinze ans, Cadence est la dernière du petit groupe à arriver sur l'île. Son père vient de quitter la famille, et elle vit désormais seule avec sa mère qui est déterminée à annihiler toute trace de l'existence de son ex-mari. C'est aussi le premier été que les Sinclair passent sans Tipper, leur grand-mère, qui est morte d'une crise cardiaque huit mois plus tôt. C'est surtout l'été où Cadence prend conscience qu'elle est désespérément amoureuse de Gat .
À la fin du mois de juillet, Cadence est découverte seule sur la plage, prostrée, blessée et sans aucun souvenir de ce qu'il lui est arrivé.
Le mystérieux accident la laisse amnésique, souffrant de maux de tête qui la paralysent et contre lesquels on lui prescrit trop de médicaments. Son état général est si préoccupant que sa mère lui interdit de retourner l'été suivant sur Beechwood. Mais ce qui préoccupe le plus Cadence, c'est le silence de ces « menteurs » et les quelques bribes de souvenirs qui ne lui laissent que peu d'indices pour reconstituer le puzzle de cet été fatidique qui a si brutalement interrompu le rythme quasi immuable des traditions de la famille Sinclair.
Avec sa perfection de façade et son silence qui « est un vernis protecteur contre la douleur » la famille Sinclair fascine et forme avec les libres et lumineux « menteurs » un ensemble discordant qui ne peut qu'entraîner un désastre d'ailleurs annoncé. Au-delà du suspense engendré par l'enquête de Cadence pour retrouver ses souvenirs, le roman d 'E. Lockhart reste avant tout un portrait de famille en clair-obscur dont l'atmosphère et des personnages demeurent inoubliables.
Nathalie Ventax (juillet 2015)
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