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David s'évade | roman de Gail CARSON LEVINE
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Claude Mapaula | Éd. L'École des loisirs, coll. Médium, avril 2005 | 316 pages – 12 €
Le 26 octobre 1926, David, déjà orphelin de mère, perd son père à cause d’un accident de travail. Lui et son frère aîné Gédéon doivent trouver un toit car Ida, leur belle-mère, ne peut (ou ne veut ?) s’occuper des deux garçons : elle n’aura pas les moyens d’assurer le loyer et la nourriture pour trois personnes. Gédéon le calme, le sérieux, est vite recueilli par un oncle de Chicago, mais qui va se charger de David le brigand ? Ce sera le FHG, le Foyer Hébreu pour Garçons, «Funeste Halte pour Garnements» comme le surnomment les orphelins demis ou entiers qui y vivent.
David, lui, n’a qu’une envie après avoir mis les pieds dans le grand bâtiment austère et glacial qui doit être sa nouvelle maison : s’échapper le plus vite possible. Malheureusement il ne sait pas où aller et surtout il ne peut pas partir sans avoir d’abord récupéré la sculpture réalisée par son père que l’intendant de l’orphelinat, le terrible Mr. Bloom, a installée dans son bureau. Mais David ne manque pas de ressources : d’abord, il a fait la connaissance de Solly, un vieil escroc, puis d’Irma Lee, riche fillette noire de Harlem avec qui il se lie d’amitié. Puis il y a les potes du FHG et Mr. Hillfinger, professeur de dessin très motivant. Alors David – qui a un don pour se faire des amis et se débrouiller aussi indéniable que pour dessiner – va bien trouver le moyen de se faire une vie agréable dans ce New York de la belle époque.
Gail Carson Levine, qui fait plutôt d’ordinaire dans le conte de fées, signe ici un roman tout à fait passionnant inspiré de la jeunesse de son propre père : on y participe à des rent parties endiablées au son du jazz et du charleston, on y voit des voitures de luxe, et surtout on découvre (ou redécouvre...) la vie mondaine et culturelle trépidante d’un Harlem aujourd’hui quelque peu oublié. Bref, on s’évade tout autant que David à la lecture de ce roman vraiment inoubliable.
Nathalie Ventax (mai 2005)
14/01/2009 | Lien permanent
Liste des SUITES & SÉRIES | automne 2009
Quelques suites & séries à poursuivre en entrant dans l'hiver…
Blanc fantôme
(suite de Bleu cauchemard)
Laurie Faria STOLARZ
Traduit de l'américain par Valérie Le Pouhinec
Éd. Albin Michel, coll. Wiz, sept. 2009, 300 pp.
13€
La Charmeuse de bêtes
T2 - Le livre des Ôjû
Nahoko UEHASHI
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
Éd. Milan, oct. 2009, 384 pp.
10,50€
Les Filles du samouraï
T2 - Le Guêt-apens
Maria SNOW
Traduit de l'anglais par Alcie Marchand
Éd. Flammarion, oct. 2009, 352 pp.
13€
La critique du premier tome, c'est ici
Grinpow
Le Chemin invisible
Rafael ABALOS
Traduit de l'espagnol par Maryvonne Ssossé
Éd. Albin Michel, coll. Wiz, sept. 2009, 378 pp.
15€
Journal d'un vampire
T2
Lisa Jeanne SMITH
Traduit de l'américain par Isabelle Tolila
Éd. Hachette jeunesse, coll. Black moon, sept. 2009, 430 pp.
16€
Journal d'une Princesse
Encore plus d'histoires de princesse !
Meg CABOT
Traduit de l'américain par Josette Chicheportiche
Éd. Hachette jeunesse, coll. Planète filles, sept. 2009, 210 pp.
12€
L'Odyssée Dalemark
Livre 2 - La Marotte noyée
Diana WYNNE JONES
Traduit de l'anglais par Alice Marchand
Éd. Baam !, oct. 2009, 352 pp.
13€
Les Rêves du temps
Volume 2 - Les Anges pourpres
Christian DE MONTELLA
Illustré par François ROCA
Éd. Flammarion, août 2009, 437 pp.
13€
La Saga Mendelson
T2 - Les Insoumis
Fabrice COLIN
Éd. Seuil jeunesse, nov. 2009, 304 pp.
16,50€
La critique du premier tome, c'est ici
Terre Noire
T2 - Le Bras de la vengeance
Michel HONAKER
Éd. Flammarion, sept. 2009, 284 pp.
13€
Thomas passe-mondes
T3 - Colossea
Éric TASSET
Éd. Alice, oct. 2009, 356 pp.
15,90€
19/11/2009 | Lien permanent
CARL ET ELSA S’ÉCHAPPENT
album
de Jenny WESTIN VERONA & Jesus VERONA (illustrations)
Traduit du suédois par Marie Valera
Éd. Cambourakis, mars 2017 - 14€
Aujourd’hui, il n’y a pas école et Carl et Elsa qui sont « les meilleurs amis du monde » passent la journée ensemble sous la surveillance distraite de la maman de Carl. Après avoir épuisé toutes les possibilités de jeu dans la maison, Carl a une idée : « et si on se sauvait ? » Bien équipés et chaussés de bottes en plastique (roses pour Carl, vertes pour Elsa) les voilà partis en expédition dans le jardin. C’est fou tout ce qu’on peut faire avec « une couverture, un collier, un livre, deux ou trois paires de lunette de soleil et quelques autres bricoles » et beaucoup d’imagination ! Dans le jardin, les enfants rencontrent un loup et un crocodile, se fabriquent une super cabane et pendant qu’Elsa est partie explorer la jungle, Carl prépare le déjeuner. Mais alors que le repas est prêt, Elsa reste introuvable et Carl connaît une grande frayeur. Puis, de nouveau ensemble, ils vont se blottir dans leur cabane et goûter à l’abri de la pluie, jusqu’à ce que la maman de Carl vienne les chercher pour le dîner.
Cette histoire pourrait paraître banale si on omettait de préciser que d’une part les images qui l’accompagnent sont splendides au point de faire parfois penser aux tableaux du Douanier Rousseau, et d’autre part, que plusieurs éléments de l’histoire sont au contraire, parfaitement originaux. Carl est noir, sa maman - qui est blanche - travaille (et plus que ça : l’album la montre en train de travailler), c’est Carl qui prépare à manger, c’est aussi lui qui a peur, pendant qu’Elsa crapahute dans leur jungle imaginaire.
La liste des détails, introuvables dans bien des albums français, pourrait être plus longue, le fait est que ce livre suédois, ode à la puissance imaginaire des enfants nous montre aussi la vie comme elle est. Et que c’est rafraichissant !
Ariane Tapinos (mai 2017)
01/05/2017 | Lien permanent
TORNADE
roman
de Jennifer BROWN
Traduit de l'anglais (Etats-unis) par Céline ALEXANDRE, éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz, mars 2015, 280 pages -14,90€
Jersey, lycéenne d'Elisabeth, Missouri, vit un quotidien assez ordinaire entre ses trois meilleurs amis, sa petite sœur fana de danse qui vit littéralement en justaucorps et peut se montrer très agaçante, sa mère qui bien sûr l'accable de corvées en toute injustice, un père absent et un beau-père solide et calme. Le jour où la tornade dévaste la petite ville d'Elisabeth, Jersey vient d'envoyer promener sa petite sœur, de se disputer avec sa mère juste avant leur départ pour le cours de danse. C'est donc seule, réfugiée dans la cave de sa maison que l'adolescente affronte le cataclysme.
"A l'école, nous avions des alertes deux fois par an depuis toujours. Nous en discutions en classe, à la maison. La météo ne cessait de parler de tornade. Mais jamais-pas une seule fois-on ne nous avait dit ce qu'il fallait faire après."
C'est de cet après la catastrophe dont il va surtout être question dans ce roman.
Délaissée par un beau-père dévasté par le chagrin et finalement décevant, Jersey va être confiée à son père naturel et à sa famille. Durs, froids, pleins de haine pour la mère de l'adolescente, Jersey se retrouve coincée entre un père alcoolique, des demi sœurs malveillantes, et des grands-parents bien décidés à lui faire payer en corvées l'espace qu'elle occupe dans la maison déjà pleine. Mais comme rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, Jersey découvrira aussi bienveillance, compassion là où elles ne les attendait pas, et quelques secrets de famille...
Le dernier roman de Jennifer Brown - auteure du très remarqué Hate List - est tout sauf un scénario de film catastrophe mais bel et bien un roman sur la perte, le deuil et l'identité. La situation de Jersey -adolescente ordinaire avec une situation familiale compliquée - est évoquée sans pathos : l'adolescente, comme ceux qui sont chargés d'elle, est loin d'être parfaite, et c'est ce refus de manichéisme qui donne au roman un réalisme marquant. Jennifer Brown réussit encore une fois le tour de force de nous livrer un roman sensible sans mélodrame, une tranche de vie adolescente qui touche tous ses lecteurs.
Nathalie Ventax (mai 2015)
29/05/2015 | Lien permanent
PETITE PÉPITE
album
de Nada MATTA
Éd. MeMo, mars 2016 - 13€
Une mère cherche une robe, des chaussures, un jeu, un livre pour sa fille. Pour trouver ce qui lui conviendra, elle fait comme tous les parents dans la même situation, comme les clients de la librairie qui nous parlent de leurs enfants pour trouver le livre qui leur ira comme un gant : elle tente de dire qui est sa fille. Au delà de sa description physique, sa taille, son pied « petit et large », de son âge… elle veut dire qui est vraiment sa fille, quel être unique et exceptionnel. Et peu à peu se dessine le portrait d’une enfant différente, « un peu magique », une « Petite Pépite ».
Avec une grande délicatesse, et de magnifiques images où dominent le gris, le noir et le bleu et qui font parfois penser à celles d’Anne Bozellec au point qu’on croirait reconnaître Julie avec ses cheveux en bataille*, Nada Matta fait le portrait de sa fille trisomique. Il n’y a aucune mièvrerie dans ces mots qui sont autant de mots d’amour, d’émerveillement et de reconnaissance.
Il faut lire le texte, adressé aux lecteurs adultes, qui se trouve à la fin de l’album pour comprendre le long cheminement et le la révolution (au sens propre du mouvement autour d’un axe central) du regard et de la pensée qu’entraine l’arrivée d’un enfant « différent ». Nada Matta écrit : « Quand je suis avec elle, elle m’emmène là où elle est toujours, dans l’instant présent, et alors plus rien d’autre n’existe, et ça fait du bien ! ».
L’art aussi nous emmène dans l’instant présent et cet album nous fait du bien.
Ariane Tapinos (avril 2016)
* Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel & Anne Bozellec, éditions du Sourire qui mord, 1976. Réédité aux éditions être en 2009, puis aux éditions Thierry Magnier en 2014.
15/04/2016 | Lien permanent
RÉVOLTÉES
roman historique
de Carole TRÉBOR
Éd. Rageot, octobre 2017, 246 pages - 13,90€
Alors que la révolte gronde et que la Russie tsariste s’enfonce dans la guerre, deux sœurs, Tatiana et Lena participent, chacune à leur manière aux évènements.
Elles vivent seules et misérablement avec leur babouchka, leur grand-mère, sans nouvelles de leur père depuis qu’il est au front.
Lena rêve d’une société égalitaire et d’un pays en paix. Elle est clairement engagée auprès des révolutionnaires qui veulent mettre un terme à la fois au gouvernement provisoire et à la guerre à laquelle il refuse de renoncer. Très débrouillarde - elle sait comment se fournir au marché noir - elle est aussi très courageuse et pleine d’ardeur.
Sa sœur jumelle, Tatiana, travaille au Studio d’Art théâtral de Moscou où elle fait le ménage et récupère les costumes à réparer - ou fabriquer - qu’elle confie à sa grand-mère, aveugle mais couturière émérite.
Tatiana vit différemment de sa sœur l’avancement de la révolution. Immergée dans le monde du théâtre d’avant-garde et côtoyant des étudiants féru de futurisme, elle est de plus en plus convaincue que la révolution passe par l’accès à la culture et son profond renouvellement par la poésie, le théâtre, le chant…
Le roman de Carole Trébor nous plonge avec talent dans les quelques jours - du 26 octobre au 2 novembre 1917 - qui vont voir basculer la Russie tsariste dans le bolchévisme. Entre chaos et espérance, les deux sœurs vivent au rythme des événements, des combats de rue et de l’espoir fou que suscite chez elles comme chez des millions de russes, l’avènement d’un monde meilleur.
Elle nous apprend en postface que les sœurs Ivanovna ont existé. La vraie Lena sera députée au Soviet Suprême de Moscou et connaitra les désillusions et de longues années de goulag. Tatiana, quant à elle, mènera une carrière de mezzo-soprano au Bolchoï. C’est grâce à son immense succès qu’elle obtiendra de Staline la grâce de sa sœur.
L’art aura raison du politique…
Ariane Tapinos (octobre 2017)
15/10/2017 | Lien permanent
EDGAR
Livre cd
de Alain METS
Raconté par Marion AUBERT
Conception et réalisation sonore Ludovic ROCCA
Éd. Benjamin media, coll. taille M, février 2018 - 19,90€
Edgar est un petit cochon noir très seul et ce n’est pas drôle d’être seul. Alors, il part à la recherche d’amis. Il marche, marche … et trouve des cochons roses qui ont l’air de bien s’amuser. Edgar aimerait jouer avec eux mais les cochons roses ne veulent pas de lui. Edgard a alors l’idée de leur faire un cadeau et leur offre un « gros gâteau à la patate ». Les cochons roses se moquent immédiatement de lui après avoir englouti le gâteau. Edgar décide alors de se peindre en rose, « de la tête aux pieds » !
Devenu identique aux autres cochons, il peut enfin se mêler à leurs jeux. Mais, la pluie se met à tomber à verse et Edgar découvre qu’il n’est pas le seul à avoir usé d’un artifice pour obtenir ce « joli teint de rose ». Finalement, les cochons sont donc de toutes les couleurs de l’arc en ciel et ne s’en trouvent pas plus mal !
L’histoire d’Edgar fait furieusement penser à un célèbre éléphant de la littérature jeunesse qui lui aussi tente de se fondre dans le groupe grâce à une bonne couche de peinture que la pluie va vite dissoudre.
Ce qui est différent ici, outre la découverte que tous les cochons sont des filous (et tous différents les uns des autres), c’est que Marion Aubert (comédienne et autrice de pièces de théâtre publiées notamment chez Actes Sud Papiers) raconte avec humour cette histoire au rythme du reggae !
Ariane Tapinos (février 2018)
A lire sur notre blog, la critique d'un texte de Marion Aubert : Les orphelines.
Et dans le numéro 61 - avril 2012 - de la revue Citrouille, un entretien avec Marion Aubert, c'est par ici.
23/02/2018 | Lien permanent
GOLIATH CHAT PIRATE
roman
de Cécile ALIX
Illustré par Louis THOMAS
Éd. Poulpe Fiction, coll. Nos amis les sales bêtes, mars 2018, 173 pages - 9,95 €
Goliath, chat noir et blanc coule des jours heureux avec sa colocataire humaine Lou. Entre grasses matinées, soirées foot avec plein de choses à grignoter, brunchs au lit (avec plein de choses à boulotter), les croquettes qui poussent toutes seules au supermarché, les pizzas andouillettes/oeuf/camembert qui pue (spécialité de Lou), les soirées séries/charcuterie, Goliath a souvent l'occasion de mettre en route son ronron moteur-de tracteur de félin parfaitement comblé.
Et quand Lou est amoureuse ? Et bien la belle vie continue, parce qu'en bonne colocataire, Lou a le tact de fréquenter exclusivement des amoureux italiens dont le nom finit par « O » experts en délicieux petits plats qui se finissent par « I » et qui ont le bon goût de ne pas s'incruster trop longtemps. Non vraiment la vie de Goliath (même en comptant ses vieux ennemis Bobdilane le caniche et l'aspirateur ) est absolument idyllique et il n'en changerait pour rien au monde.
Mais voilà qu'un jour Lou ramène un nouvel amoureux, un Bruno pas du tout italien qui -Ô horreur!- s'avère être herbivore. Adieu, steaks, andouillettes et nuggets, Goliath, très vite comparé à un sumotori dalmatien, est mis au régime croquettes Biochat et pire que tout doit quitter son appartement chéri pour vivre sur la péniche de Bruno ET EN PLUS se coltiner Gaspard 10 ans et une perroquette insolente nommée Coconut.
Goliath retrouvera t-il un jour tranquillité et salamis ?
Bien sûr, notre félin finira par apprécier son nouvel environnement, mais cela n'ira pas sans quelques représailles désopilantes et coups de pattes en traître qui donneront bien du fil à retordre à ce nouvel amoureux.
Signé par Cécile Alix, illustré par Louis Thomas (mais sans doute largement aidés par leurs chats respectifs) ce nouveau roman ravira les fans de félins, les amateurs de nourritures pas-bonnes-pour la santé et fera rire tous les animaux de compagnie (à 4 ou 2 pattes) dès 8 ans.
Nathalie Ventax (avril 2018)
16/04/2018 | Lien permanent
LA NOIRCEUR DES COULEURS
roman
de Martin BLASCO
Traduit de l’argentin par Sophie Hofnung
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium +, octobre 2017, 219 pages - 18€
Buenos Aires 1910 un jeune journaliste débonnaire, Alejandro est contacté par un vieil homme dont la fille, Amira, a réapparu après avoir disparu pendant 25 ans. Elle dit ignorer où et avec qui elle a passé les vingt cinq dernières années. Alejandro comprend vite que 4 autres bébés ont été enlevés cette même nuit, d’avril 1885.
En parallèle de l’enquête d’Alejandro, J.F. Andrew, un savant, nous livre son journal écrit entre février 1885 et janvier 1900.
Très vite, l’objet de ces enlèvements, dont JF Andrew est responsable, apparaît sous sa plume. Il a décidé de mener une expérience extrême dans laquelle il élèvera cinq enfants dans des conditions totalement différentes pour chacun d’entre eux. Il les dépossédera également de toute histoire, toute identité antérieure à cette nuit d’avril 1885. Chacun sera rebaptisé et aura pour nom une couleur.
Noir sera élevé dans la violence la plus brutale. Azur sera vivra isolée et tournée sur ses pensées intérieures, aidée en cela par des drogues. Vert recevra une éducation d’excellence mais sans jamais quitter sa chambre. Marron vivra dans un chenil au milieu des chiens et sera traité comme l’un d’entre eux. Enfin, Blanc sera élevé comme n’importe quel autre enfant, parmi ses congénères. Il aura une nourrice et ira à l’école. Il sera l’enfant référent nécessaire à l’évaluation de l’expérience.
Ce roman, parce qu’il fait échos à des expériences réelles et à des tentations nombreuses et toutes aussi malsaines les unes que les autres, fait froid dans le dos. La progression du récit, entre enquête au présent et plongée dans la lecture horrifique du journal d’un savant fou, est particulièrement réussie. C’est un roman qu’on ne lâche pas avant d’en découvrir l’étonnante issue. Une fin très habile et qui maintien une part du mystère.
Le fait que l’histoire se déroule en Argentine, à l’heure du centenaire de la ville de Buenos Aires est aussi très intéressant parce qu’inhabituel dans la littérature pour adolescent et à fortiori dans celle qui relève d’une forme de science fiction (au sens littéral d’une fiction scientifique), genre largement colonisé par les anglo-saxons.
Ariane Tapinos (novembre 2017)
06/11/2017 | Lien permanent
L'ARAIGNÉE - LES PETITS OISEAUX
albums
de Susumu SHINGU
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Hors série Giboulées, 2006 - 15,15€
{Pas de traducteur crédité}
Une mésange construit son nid. Elle s’installe au creux d’une branche. Elle pointe sa petite tête ronde et attrape du bout du bec la nourriture que lui apporte son compagnon au beau plumage. Les deux oiseaux se font face et attendent. La pluie tombe et s’égoutte sur les feuilles de l’arbre qui abrite leur nid. Quand enfin sept œufs éclosent il faut bien être deux pour satisfaire tous ces becs affamés. Bientôt les oisillons s’égayent dans les feuilles vert tendre avant de s’envoler, petites silhouettes noires dans le bleu du ciel.
Le soleil se couche dans des reflet oranges et rouges. La nuit violette enveloppe l’araignée qui, lentement, tisse sa toile et piège sa proie. Le jour se lève et le soleil illumine l’insecte endormi.
Quoi de plus simple que ces petites leçons de choses ? Un couple d’oiseaux qui fait son nid, des petits qui le quittent. La vie qui va. La nature qui s’éveille. Une araignée qui tisse sa toile un soir d’été.
Et pourtant ces deux livres ne ressemblent à aucun autre. Ils sont l’œuvre d’un véritable artiste,un sculpteur japonais, Susumu Shingu, dont le talent s’épanouit dans ces merveilleux albums. Avec un astucieux système de calques, Susumu Shingu donne vie à cette araignée et à ces « petits oiseaux ». Il dit dans une brève postface à ce dernier livre : « je désirais écrire un livre où les petits oiseaux sautillent et s’envolent de chaque page, avec des bruits de battement d’ailes à chaque fois que l’on tourne une page ». Et c’est bien à cela qu’il parvient, avec l’alternance des matières, mais aussi avec les contrastes entre le fond très blanc de l’image et les feuilles d’un incroyable vert. Tout comme L’araignée qui nous fait vivre toutes les couleurs de la nuit, Les petits oiseaux sont une expérience très particulière de lecture,une expérience très sensuelle, un peu comme une promenade sous une pluie d’été.
15/02/2018 | Lien permanent