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28/03/2019

K.O. A CUBA

KO A Cuba.jpgalbum
de Camille de CUSSAC
Éd. Thierry Magnier, janvier 2019, 44 pages - 20,50€

Marcel est un champion de boxe. Un grand comme savent en fabriquer les américains. Pas vraiment un poids plume, plutôt un grand gaillard. Marcel pèse 100 kilos, il porte un bouc, il aime les lamas et boire à la paille, et il adore le jour de la fête nationale américaine parce que c'est aussi son anniversaire.

 Chaque matin, une limousine rose vient chercher Marcel, direction la salle de sport. Pas moyen d'esquiver. Et tous les jours, Marcel enchaîne 1268 sauts à la corde, 574 abdos fessiers, 293 pompes, 9 minutes de gainage, 30 minutes de cardio et 46 mouvements de pédalo.

Jusqu'au jour où sa coach, Dany qui, elle, aime les aliments amers, garde toujours une serviette sur le dos, n'a pas changé de coiffeur depuis 30 ans et parle en criant, lui annonce qu'il part à Cuba pour un match face à certain Louis Grandnez. Louis est français, il adore Freddy Mercury, manger de ce fromage qu'on appelle tête de moine et il ne connaît pas bien ses tables de multiplications.

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13/05/2013

CODE SARA

Code Sara .gif

Roman policier
de T.M. GOEGLEIN
Traduit de l’américain par Emmanuelle Pingault
Éd. Milan, coll. Macadam
Janvier 2013, 342 pages – 12,50 €

Jusqu’à ses seize ans, Sara menait une vie banale d’adolescente américaine. Entourée de parents aimants, de son petit frère, de ses grands-parents et de son oncle, Sara se posait peu de questions sur sa vie et sa famille. Boulangers depuis trois générations, les Rispoli menaient une existence discrète et avaient appris à Sara, comme à son frère Lou, à maintenir une certaine distance entre eux et le monde extérieur. Quand Sara commence son histoire, aux premières pages du roman, toute cette façade a volé en éclats. Ses parents et son frère ont disparu (ils sont peut-être même morts), ses certitudes ont été brisées. Sara est seule et dépositaire d’un lourd et dangereux secret…

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05/04/2009

Champion | album de Gilles RAPAPORT

champion.jpgÉd. Circonflexe | octobre 2005 | 13 €

Voici l'histoire de Young Perez, qui conquit à vingt ans le titre de champion du monde de boxe, catégorie poids mouche, à Paris en 1931. Venu de Tunis, alors protectorat français, pour poursuivre sa carrière de boxeur professionnel en France, il livra 133 combats, en gagna 92 et en perdit 26. Le 21 septembre 1943, il est arrêté comme juif et emprisonné à Drancy, d'où il part le 7 octobre 1943 dans le convoi n°60 en direction d'Auschwitz. Il est abattu le 22 janvier 1945, pendant la Marche de la mort.

Champion nous raconte un bref, mais pourtant interminable moment, au cœur de ces quinze mois de détention de Young Perez, celui d'un combat sur la grande place de Buna à Auschwitz le 31 octobre 1943. Un étrange et abominable combat contre un «géant nazi… un tueur de squelettes». Un combat pour l'unique plaisir pervers de ses geôliers. Un duel qui, comme la vie au camp, ne répond plus à aucune des règles qui régissent la vie entre les hommes. Une lutte à mort entre un détenu juif poids mouche et son bourreau nazi poids lourd. Un combat, enfin, où tous les coups sont permis et encouragés. Alors qu'il se bat pour sa vie, Young repense à son existence d'avant, au soleil de Tunis, à l'amour et à la peur de sa mère. À cette vie de gloire qui, croyait-il, le protégerait de la haine. Alors qu'il se bat pour sa dignité, Gilles Rapaport s'adresse à lui et aux spectateurs impuissants de cet ignoble corps à corps, au-delà des années, des souffrances et des morts: «Frappe, Young! Frappe! Frappe! Frappe pour Michel, gazé à 2 ans! Frappe pour Adèle, assassinée à 90 ans! Je t'en supplie, Young, frappe-le encore. Que tes poings vengent les morts! Que ces coups effacent leurs souffrances!» Cette supplique, plus que tout le reste, atteint le cœur du lecteur et heurte sa conscience. Elle lui rappelle la réalité humaine de la Shoah: les enfants et les vieillards assassinés, mais aussi la violence qui appelle la violence. Ces mots sont dérangeants dans un «livre pour enfants», mais pourtant comment faire autrement? Comment, et pourquoi surtout, leur cacher que parfois la souffrance appelle la vengeance, au moins son expression dans les mots, vaine consolation. Cette question est au cœur de cet extraordinaire album, qui en cela va plus loin encore que le très beau Grand-père du même auteur. Cette question, c'est celle de la frontière entre la violence «légitime» – celle du combat de boxe lorsqu'il obéit aux règles de l'art, à la loi des hommes – et la violence effarante, perverse et gratuite qui ne répond plus qu'au plaisir de ceux qui l'exercent. Violences qui sont toutes deux le fait d'êtres appartenant à la même espèce humaine.

Il y aurait tant à dire sur ce livre : ses couleurs de nuit sans fin éclaboussées de neige, les traits de pinceaux épais qui deviennent tâches quand les coups explosent, la scansion et la beauté du texte… qu'en rendre compte en quelques lignes est déjà une trahison. C'est donc, comme tous les autres dont Comptines vous propose la lecture, mais plus encore que tous les autres : un livre à lire absolument.

par Ariane Tapinos (11 février 2006)

PS : À lire également, du même auteur : Grand-père (éd. Circonflexe, juillet 2005, 13€) et sur le destin d'un autre boxeur déporté, le très beau et très dur roman de Jean-Jacques Grieff, Le Ring de la mort (éd. L'École des Loisirs, coll. Médium, mars 2003, 207 pages - 7,30€)