Rechercher : Le monstre qui mangeait le noir
Lettre d'information # spéciale Nuit Harry Potter
En raison de la pandémie de dragoncelle qui sévit actuellement, la nuit internationale des livres Harry Potter se déroulera cette année dans des conditions adaptées aux contraintes sanitaires.
Le thème retenu pour cette septième édition est Le chemin de Traverse, haut lieu de la sorcellerie s'il en est.
Nous vous avons donc concocté quelques activités pour mettre à l'épreuve votre logique et votre créativité !
Les concours sont ouverts à partir du 04 février sans limite d'âge. Alors affûtez vos neurones, vos crayons et vos plumes à papotes et venez déposer vos œuvres, ou donner votre solution à notre petit problème à la librairie: les sorcier-es les plus perspicaces et les œuvres les plus originales seront récompensé-es !
Et pour participer à l'évènement en ligne, c'est par là
Installez votre commerce sur le chemin de Traverse ! Imaginez votre boutique, son nom,
son enseigne... Et surtout: qu'allez-vous y vendre ?
Dessinez, découpez, collez, écrivez, tous les coups sont permis !
Donnez vie à votre boutique et déposez votre œuvre à la librairie.
Que se passe-t-il dans l'allée des Embrumes ? Et pourquoi tous ces cris chez Weasley & Weasley ?
Imaginez une courte nouvelle sur l'un des thèmes suivants :
- Mystère dans l'allée des Embrumes
- Weasley & Weasley: une farce qui tourne mal
Vous pouvez déposer vos histoires à la librairie ou nous les transmettre par mail (comptines@comptines.fr) ou par courrier, à l'adresse suivante : librairie Comptines, 7ème nuit des livres Harry Potter, 5 rue Duffour-Dubergier, 33000 Bordeaux
Préparez votre rentrée sur le chemin de Traverse en résolvant ce petit problème d'Arithmancie
Vous avez en votre possession 53 gallions, 3 mornilles et 19 noises et devez vous procurer toutes les fournitures citées dans la liste ci-dessous.
Combien vous restera -t-il après l'achat de ces fournitures scolaires ?
Combien vous restera -t-il si vous achetez en supplément un animal de compagnie ? (hibou, chat ou crapaud) à 5 gallions
Pssst ! Nous vous rappelons qu'1 gallion équivaut à 17 mornilles et qu'1 mornille équivaut à 29 noises.
Fournitures |
| Prix par unité |
Uniforme | 3 robes de travail noires | 3 gallions 5 mornilles 2 noises |
| 1 chapeau pointu noir | 1 gallion 6 noises |
| 1 paire de gants protecteurs | 4 gallions |
| 1 cape d'hiver | 5 gallions 6 mornilles 7 noises |
|
|
|
Manuels scolaires | Le livre des sorts et enchantements (niveau 1) | 10 mornilles 7 noises |
| Histoire de la magie | 10 mornilles 7 noises |
| Manuel de métamorphose à l'usage des débutants | 10 mornilles 7 noises |
| Mille herbes et champignons magiques | 10 mornilles 7 noises |
| Potions magiques | 10 mornilles 7 noises |
| Vie et habitat des animaux fantastiques | 10 mornilles 7 noises |
| Forces obscures : comment s'en protéger | 10 mornilles 7 noises |
| Magie Théorique | 10 mornilles 7 noises |
|
|
|
Matériel scolaire | 1 baguette magique | 7 gallions 17 mornilles 5 noises |
| 1 chaudron (modèle standard en étain, taille 2) | 5 gallions 6 mornilles 10 noises |
| 1 boîte de fioles (en verre ou en cristal) | 2 gallions 1 mornille 3 noises |
| 1 télescope | 3 gallions 7 mornilles 1 noise |
| 1 balance en cuivre | 2 gallions 18 mornilles 8 noises |
04/02/2021 | Lien permanent
CŒUR DE HIBOU
Magnifique album
d’Isabelle WLODARCZYK
& Anne-Lise BOUTIN
Éd. Rue du monde, mai 2013
16,50 €
Une louve poursuivie par des chasseurs confie son nouveau né à un hibou, avant de mourir. Le hibou l’élève comme son petit. Il le nourrit, le couvre de feuilles séchées, joue avec lui… Son cœur chavire quand son petit loup prononce ses premiers mots, « mi-loup, mi-hibou » et c’est avec une tendresse mêlée d’inquiétude qu’il regarde grandir « son petit qui ne lui ressemble pas ».
Un jour, petit loup, voulant tout faire comme papa, s’élance du haut d’un arbre. La chute est rude et c’est son cœur qui est « un peu écorché » alors il s’enfuit loin dans la forêt. Heureusement, papa hibou retrouve son petit loup.
Cet album est exceptionnel à de nombreux égards. D’abord, les images d’Anne-Lise Boutin, avec ces beaux aplats de bleu et d’orange, ce vert vif du hibou et le noir profond du petit loup, sont d’une grande beauté. Ensuite il y a le texte d’Isabelle Wlodarczyk, tout en finesse et en tendresse. Un texte fait de mots simples qui disent l’amour réciproque d’un père et d’un fils. Enfin, il y a cette histoire à la fois toute simple, d’adoption, de filiation, de séparation et de retrouvailles et en même temps franchement audacieuse.
Il y a beaucoup (plus) de personnages masculins dans les albums mais si peu de papas qui s’occupent de leur progéniture. Ici, l’amour surgit « naturellement » dans le cœur du hibou dès qu’il a dans ses ailes ce nouveau-né que la vie lui a donné même s’il ne lui a pas donné vie. Ce père élève seul avec compétence et amour celui qui est devenu son fils. Certes, ils sont différents, « un jeune loup un peu hibou, et un vieux hibou au cœur de loup » mais ils s’aiment comme on aimerait que ce soit le cas dans toutes les familles.
Ariane Tapinos (été 2013)
20/07/2013 | Lien permanent
NOX : Ici-bas (1)
Roman d’anticipation
d’Yves GREVET
Éd. Syros, octobre 2012
420 pages – 16,90 €
Dans un monde où l’énergie est un bien rare et où la pollution a envahi les villes, la grande majorité de la population vit dans la misère et dans la nuit. Un brouillard opaque recouvre la ville basse et ses habitants ont appris à circuler dans le noir, de jour comme de nuit. Pour s’éclairer mais aussi se chauffer, se nourrir, se déplacer,ils doivent produire eux-mêmes, au prix d’un effort physique constant qui façonne et déforme leurs corps, toute l’énergie dont ils ont besoin. Leur espérance de vie, du fait de ces efforts et de l’air vicié qui les entoure, est brève. Ils doivent fonder une famille très tôt et seule une future naissance (le « test de compatibilité ») peut sceller une union.
Dans la ville haute, la vie est bien différente. Loin des vapeurs toxiques, quelques privilégiés vivent confortablement de l’exploitation de ceux d’en bas. Quelques-uns, en bas, comme en haut, se révoltent, des réseaux de résistances se tissent, qui viennent mettre à mal cet ordre social perverti.
Lucen vit dans la ville basse avec ses parents et sa petite sœur. Ses amis sont fils de milicien au service du pouvoir en place ou fils de résistants victimes de leur lutte. Lucen veut épouser Firmie. Ses parents s’y opposent.
Dans la ville haute, Ludmilla vit avec son père, constamment en voyage pour son mystérieux travail, et sa gouvernante. Lorsque son père donne congé à celle qui prend soin d’elle depuis des années, Ludmilla découvre la face cachée de son univers : la pauvreté, l’absence de lumière, la pollution, les maladies de ceux d’en bas.
Ce premier volume de la nouvelle trilogie d’Yves Grevet, auteur notamment du remarqué Méto, est mené de main de maître. Yves Grevet y plante le décor hallucinant d’une histoire déjà passionnante. C’est une mise en bouche très réussie, qui mêle le romanesque à la réflexion. Cette société si étrange et dérangeante a finalement quelques points communs avec la nôtre. Ce cauchemar ressemble peut-être bien à notre futur. Ou à notre présent, nous qui vivons, en Occident, dans le confort, pendant qu’une bonne partie de la planète s’épuise à produire les instruments de notre bien-être.
Ariane Tapinos (octobre 2012)
06/01/2013 | Lien permanent
Le Plus Gentil Loup du monde | album
Agnès de LESTRADE (texte) & Constanza BRAVO (ill.)
Éd. La Joie de Lire, novembre 2005
30 pages - 13,50 €
C’est un loup qui en a marre de manger des lapins et des taupes. Aujourd’hui, c’est décidé, il veut manger un enfant. Il se rend donc en ville et se jette sur une charmante petite fille bien dodue. Mais cette petite fille-là avait sans doute les oreilles bien grandes ouvertes le jour de l’exposé sur «la santé dans l’assiette»: voilà qu’elle se met à parler de protéines animales, de taux de cholestérol… Notre loup n’y comprend plus rien. Et c’est vrai qu’il se sent un peu patraque depuis quelques temps… Cette petite fille aurait-elle raison quand elle lui conseille de manger des légumes? Attiré par la perspective de manger la grand-mère en plus de l’enfant, notre loup se rend chez la fillette et découvre les artichauts à la crème et les champignons farcis au fromage. Un loup végétarien: c’est impossible! mais attention, ce loup-là n’est pas n’importe quel loup, c’est le plus gentil loup du monde!
Agnès de Lestrade signe ici un conte vitaminé et plein d’humour, une intrigue mitonnée aux petits oignons, pleine de bonne humeur et de légumes qui mettent l’eau à la bouche. Les illustrations de Constanza Bravo ajoutent ce qu’il faut de noirceur au texte. Sans vraiment faire peur, elle instillent de l’ambiguïté au récit: avant même que l’histoire ne commence, on se méfie un peu de ce loup qui enfile un masque souriant et des lunettes noires… Voilà une histoire agréable à lire, à regarder, bref, à savourer sans conditions!
Marie Buraud
(première publication de l'article: 13 février 2006)
28/01/2011 | Lien permanent
Le Noël de Rita et Machin
Rita et Machin, qui ne sont pourtant jamais en retard d’une bêtise, ne sont pas du tout prêts pour le grand jour: ce soir c’est Noël et ils en sont encore à écrire leur lettre au Père Noël. Et là, ni la petite fille rusée, ni son drôle de compagnon à quatre pattes, ne manquent d’idées: panoplie de chien policier, sac de croquettes aux anchois… Pour la décoration, la restauration et l’animation, ils ne sont pas non plus à court d’idées originales. Guirlande de saucisses, bûche au chocolat en poudre et son coulis de potiron, concert de rock’n roll. Surtout, ne pas oublier le casse croûte du Père Noël. Et de préférence ne pas le manger. Après la fête: tout le monde au lit et il ne reste plus qu’à attendre, mais là, Rita, comme Machin, sont beaucoup moins doués…
Rita est une adorable petite fille espiègle, dans la lignée des Olivia et autres Louise Titi. À la première, Olivier Tallec emprunte les taches de couleur (rouge) dans un univers en noir et blanc. Comme pour la seconde, Jean-Philippe Arrou-Vignod prête à Rita son talent pour les mots qui mêlent humour et tendresse. En lisant son texte, on entend la voix claire, vive et décidée de sa petite héroïne rigolote. Les traits d’Olivier Tallec ont l’air d’avoir été dessinés à main levée, ils ont quelque chose d’aérien et donnent à ses personnages un mouvement permanent qui traduit à merveille la vivacité de Rita et de son ami canin, un peu comme dans les aventures de Calvin et Hobbes.
On a adoré les quatre précédentes aventures de la petite fille brune à la tête toute ronde et de son gros chien pataud, on adore ce dernier opus qui brille des feux de la fête de Noël.
(première publication de l'article : 14 décembre 2006)
02/12/2009 | Lien permanent
Makka Kishu, l’homme qui voulait posséder tous les chevaux du monde | album de Jean-Michel Morel (texte) & Philippe Mori
Ce conte, imaginé par Jean-Michel Morel et illustré avec vigueur par Philippe Moriaud, est l’histoire d’un cavalier et de sa quête de possession, éperdue et dérisoire. Makka Kishu est harnaché comme un samouraï, casqué, botté, cuirassé comme s’il partait à la guerre. Mais il part juste poursuivre une obsession: avoir tous les chevaux du monde. Blancs, noirs, bais, gris, il les veut tous et aucun n’est à l’abri de son acharnement. Lorsqu’il croise la route d’un troupeau de chevaux, rien ne peut arrêter le cavalier rouge: ni le spectacle des jongleurs, ni les jeux des enfants, ni les sourires des femmes ou l’appel à l’aide des vieillards.
Mais Makka Kishu court en vain: son palefrenier finira par lui apprendre qu’il y a des chevaux sur tous les continents et que son rêve est sans fin. L’homme comprend trop tard son erreur et quand il se retourne jongleurs, enfants, femmes et vieux ont disparu. Vaincu, le guerrier ôte enfin son casque… et apparaît alors le visage d’un vieil homme, barbe blanchie et silhouette frêle. Seul, il va gravir à pied la montagne où réside le vieux sage à tête d’éléphant. Sur ses conseils, il ne restera plus à Makka Kishu qu’à enseigner aux hommes la valeur du temps qui passe et les «persuader qu’il y a mieux à faire qu’accumuler les biens».
La morale, ainsi formulée, plombe un peu la fin de l’histoire. Mais le conte se lit aisément – il est d’une facture très classique bien que situé sous des latitudes lointaines (mais non précisées: les grandes plaines ventées évoquent les steppes mongoles, tandis que le costume et le sabre de Makka l’apparentent au guerrier japonais). L’histoire est portée par les illustrations colorées et énergiques, aux courbes fougueuses qui traversent les doubles pages. L’illustrateur joue habilement de l’échelle des plans (très large, façon panoramique de cinéma ou très serré sur un visage, parfois dans la même image) et il a disséminé dans les ombres, les nuages et les paysages tout un monde d’animaux «fantômes» qui accompagnent la folle quête du héros.
(première publication: juillet 2005)
15/03/2011 | Lien permanent
Histoire(s) japonaise(s) d’Hiroshima et d’ailleurs…
En 2005, à l’occasion des soixante ans du «pikadon» – l’éclair blanc de la bombe atomique qui déchira le ciel d’Hiroshima le 6 août 1945 – nous avions publié, sur notre ancien site, une bibliographie commentée de cet événement à travers la littérature jeunesse. Cet anniversaire était aussi l’occasion d’élargir le regard à une bibliographie « spéciale Japon » comme une invitation à découvrir plus avant cet extraordinaire pays et ses richesses littéraires.
Nous n’imaginions pas, alors, que ce travail retrouverait une actualité, terrible, six ans après. Au contraire, nous avions le sentiment que la peur et les souvenirs de la «maladie nucléaire» avaient été totalement évacués de notre quotidien. Ce qui nous fit écrire, à propos de Notes de Hiroshima de Kenzaburo Ôé: « Cet essai, achevé en 1965, a été réédité en 1995 à l’occasion du cinquantenaire des événements. À cette occasion, Ôé y adjoignit une magnifique préface qui est toujours d’une brûlante actualité. Ce n’est évidemment pas un texte «jeunesse». Il peut néanmoins concerner (interpeller) les adolescents contemporains qui grandissent dans une société où la terreur nucléaire a été étonnamment euphémisée…» Malheureusement, aujourd’hui, alors que le Japon fait face à une catastrophe naturelle sans précédent, aux conséquences nucléaires inédites, il n’est plus besoin de périphrase pour légitimer la lecture de l’essai d’Ôé… ou de Pluie noire, ou de Gen d’Hiroshima.
Toutefois, comme il y a six ans, nous avons souhaité élargir l'horizon de cette bibliographie vers d’autres livres qui nous proposent de découvrir ce magnifique pays… dans les deux sens: vous trouverez donc ici des titres écrits ou illustrés par des auteurs japonais, mais aussi des albums, des romans d’auteurs occidentaux comme autant de traces littéraires de l’attrait exercé par le Japon sur nos imaginaires.
Devant l’abondance (et souvent l’excellence) de la production, en particulier en albums, nous n’avons retenu que les ouvrages qui parlent directement du Japon, ceux dont les récits prennent placent dans le quotidien, l’histoire ou les légendes du pays.
Cette bibliographie, établie en juillet 2005, actualisée en mars 2011, est certainement partielle et résolument subjective.
Comptines & compagnie
• Biblio ROMANS : lire ici
• Biblio DOCUMENTAIRES : lire ici
• Biblio BANDES DESSINÉES : lire ici
• Biblio CONTES & POÉSIE : lire ici
• Biblio ALBUMS : lire ici
26/03/2011 | Lien permanent
Blood Ninja. Le destin de Taro | roman de Nick LAKE
Traduit de l’anglais par Philippe Giraudon
Éd. Gallimard jeunesse | janvier 2011
423 pp. - 16,50€
Japon, XVIe siècle. Taro vit avec ses parents, de modestes pêcheurs, dans la province du Kanto (la région de Tokyo). Un soir, sa famille est attaquée par un groupe d’inconnus vêtus de noir, des ninja. Le père de Taro est assassiné mais sa mère réussit à fuir et Taro lui-même est sauvé d’une mort certaine par une vie de mort vivant… Un mystérieux personnage, ninja lui aussi, l’ayant transformé en vampire, en kyuuketsuki, alors qu’il se vidait de son sang.
S’ensuit une fuite à travers la campagne en compagnie de Hiro, son meilleur ami, et de Shusaku, le ninja vampire et redresseur de torts. Où l’on découvre, avec Taro, que tous les ninja sont en réalité des vampires et que c’est de là qu’ils tiennent leur légendaire agilité, rapidité, discrétion… (on se disait bien qu’il y avait un truc!)
Sans dévoiler trop l’intrigue – haletante – on dira qu’au cours de ce premier volume d’une trilogie que l’éditeur nous promet «époustouflante», Taro apprend qu’il n’est pas celui qu’il croyait être ou plutôt découvre qui il est vraiment. Il apprend également que le seigneur Oda, maître de la province n’est pas non plus l’homme respectable en qui Taro voyait un modèle, que l’amitié suit parfois des chemins tortueux et la haine aussi…
Avouons que depuis quelques temps, la simple mention d’un (ou une) vampire en quatrième de couverture, suffit à nous faire perdre toute envie de lecture mais un léger prisme nippophile a sauvé celui-ci et c’est tant mieux! Car, vampire ou pas, c’est un bon roman d’aventures avec péripéties en tous genres, dans un Japon plein de mystères et de mythes. Bref, on attend la suite, «époustouflante»!
Ariane Tapinos (février 2011)
20/02/2011 | Lien permanent
Orage sur le lac | roman d'Ester ROTA GASPERONI
Éd. L'École des loisir, coll. Médium | 1995 | 308 pages - 10,40€
Eva Raffaelli est écolière à Milan. Elle aime bien sa maîtresse, mademoiselle Soratti, et les belles maximes qu'elle fait réciter aux enfants. Eva ne comprend pas pourquoi ses parents ne partagent pas son enthousiasme pour la morale mussolinienne. Son père serait-il l'un des ces «intellectuels antifascistes», insulte suprême dans les cours d'école de l'Italie de la Seconde Guerre mondiale? Eva voudrait pouvoir aimer (et se faire aimer de) tout le monde: son architecte de père, son frère, sa maîtresse, ses camarades, son chien, le beau Guido… Mais son père disparaît subitement et la famille doit fuir la ville, puis partir se réfugier toujours plus loin dans les montagnes. Eva apprendra bientôt le sens du libre-arbitre… et de la discrétion. Elle devra aussi réfréner certains élans de son cœur et faire ses propres choix sans mettre en péril ni sa famille ni ses amis.
À huit ans, Eva découvre la politique à hauteur de pupitre. Au cours des pérégrinations qui composent le récit passionnant de ses années de guerre, la petite fille aura l'occasion de mettre des visages sur les catégories abstraites que sont «les partisans», «les fascistes», «les traîtres». Elle apprendra qu'il existe moult nuances entre le noir et le blanc, nuances que la guerre occulte. Pensées et sentiments contradictoires se bousculent chez l'enfant qui n'en demandait pas tant: le beau et le bien ne sont pas toujours où elle les attend et elle apprend que si des actes indignes sont parfois commis au nom d'une juste cause, nos ennemis peuvent avoir des qualités, ils n'en demeurent pas moins nos ennemis... Récit d'inspiration autobiographique (et premier roman de son auteure, écrit directement en français), Orage sur le lac est une œuvre d'une grande richesse d'évocation psychologique, politique et historique; écrite sur un ton vif (à la première personne), elle peut presque se lire comme un roman d'aventures.
Corinne Chiaradia
(première publication de l'article: septembre 2006)
PS : Ester Rota Gasperoni a poursuivi la biographie d'Eva (et de ses émigrations successives) sur deux volumes :
L'Arbre de Capulies
éd. Actes Sud junior, janvier 2006 - 9,50€
Après la guerre, Eva émigre en Amérique du Sud avec sa famille, là elle découvre le mépris avec lequel les Blancs aisés traitent les Indiens.
L'Année américaine
éd. L'École des loisirs, coll. Médium,1997 - 8,80€
Nouveau déracinement pour Eva, qui quitte l'Amérique du Sud pour partir étudier à l'université aux États-Unis.
06/12/2008 | Lien permanent
Chant de mines | théâtre de Philippe GAUTHIER
Éd. L'École des loisirs, coll. Théâtre | mai 2009 | 94 pages - 7€
(pièce à 5 personnages)
Dans un orphelinat loin d'ici, trois gamins trompent l'ennui en attendant Noël. Leurs cadeaux rêvés: Léo et Mathieu ont chacun demandé une nouvelle prothèse de jambe (et oui, ils ont grandi), et pour leur copain ce sera un nouveau fauteuil car, la faute à pas-de-chance, ce copain (Pad'bol est son nom) a perdu ses deux jambes sur des mines antipersonnel. Pad'bol va encore se casser le nez, se cramer les sourcils, il est vraiment très maladroit... et ses copains l'aident un peu (à se cogner dans les portes). L'important, c'est que jambes, nez, fauteuil arrivent à temps pour le grand match de foot de Noël: l'orphelinat contre l'hôpital de la Croix-Rouge - toujours mieux équipé. Mais très au Nord le Père Noël est débordé, distrait, grincheux, irrité par la Mère Noël. Alors l'orphelinat et ses terrains minés, ce sera pour la toute fin de tournée...
La pièce se déroule «quelque part dans le monde où les mines anti-personnel font entendre leur douce voix», et aussi un peu en Laponie, dans le QG du barbu au sale caractère. L'accompagnement sonore est fait d'explosions (le chant des mines), dialogues et monologues sont écrits dans une langue verte, crue, au vocabulaire minimal et percutant, le tout balance entre le rêve éveillé et l'autodérision, aux confins de l'humour noir. Car la pièce est drôle! Mais cet humour ne s'exerce jamais aux dépens des enfants, mais plutôt de nous, adultes, qui les imaginerions plus volontiers larmoyants que sarcastiques; et l'on ne peut que rendre les armes quand ils qualifient finalement le Père Noël de «sale con». Entre l'innocence de l'enfance et une lucidité tragique (Léo se rêve en Zidane, il sait bien qu'il lui manque une jambe... «mais bon») l'auteur parvient par l'humour - grinçant certes, mais salvateur - à rendre l'absurdité et l'injustice totale de la situation de ses personnages.
Corinne Chiaradia (juin 2009)
08/07/2009 | Lien permanent