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08/07/2009

Chant de mines | théâtre de Philippe GAUTHIER

chant de mines.gifÉd. L'École des loisirs, coll. Théâtre | mai 2009 | 94 pages - 7€
(pièce à 5 personnages)

Dans un orphelinat loin d'ici, trois gamins trompent l'ennui en attendant Noël. Leurs cadeaux rêvés: Léo et Mathieu ont chacun demandé une nouvelle prothèse de jambe (et oui, ils ont grandi), et pour leur copain ce sera un nouveau fauteuil car, la faute à pas-de-chance, ce copain (Pad'bol est son nom) a perdu ses deux jambes sur des mines antipersonnel. Pad'bol va encore se casser le nez, se cramer les sourcils, il est vraiment très maladroit... et ses copains l'aident un peu (à se cogner dans les portes). L'important, c'est que jambes, nez, fauteuil arrivent à temps pour le grand match de foot de Noël: l'orphelinat contre l'hôpital de la Croix-Rouge - toujours mieux équipé. Mais très au Nord le Père Noël est débordé, distrait, grincheux, irrité par la Mère Noël. Alors l'orphelinat et ses terrains minés, ce sera pour la toute fin de tournée...

La pièce se déroule «quelque part dans le monde où les mines anti-personnel font entendre leur douce voix», et aussi un peu en Laponie, dans le QG du barbu au sale caractère. L'accompagnement sonore est fait d'explosions (le chant des mines), dialogues et monologues sont écrits dans une langue verte, crue, au vocabulaire minimal et percutant, le tout balance entre le rêve éveillé et l'autodérision, aux confins de l'humour noir. Car la pièce est drôle! Mais cet humour ne s'exerce jamais aux dépens des enfants, mais plutôt de nous, adultes, qui les imaginerions plus volontiers larmoyants que sarcastiques; et l'on ne peut que rendre les armes quand ils qualifient finalement le Père Noël de «sale con». Entre l'innocence de l'enfance et une lucidité tragique (Léo se rêve en Zidane, il sait bien qu'il lui manque une jambe... «mais bon») l'auteur parvient par l'humour - grinçant certes, mais salvateur - à rendre l'absurdité et l'injustice totale de la situation de ses personnages.

Corinne Chiaradia (juin 2009)

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