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20/04/2009

La Croûte | album de Charlotte MOUNDLIC, illustré par Olivier TALLEC

croute.gifÉd. Flammarion, coll. Les albums du Père Castor | mars 2009 – 10 €

La croûte ? Mais de quelle croûte s’agit-il ? Petit bobo ou grande blessure ? Un jeune garçon raconte sa peine juste après la mort de sa maman. Comment combler le vide de l’absence et faire face au quotidien ? Comment s’occuper de papa et ne pas oublier maman ? Et que faire aussi pour mamie ? Heureusement mamie saura trouver les mots qui soignent et redonnent le goût de vivre.

Le choix affirmé du rouge dominant la typographie et les illustrations évoquent le thème traité et la force de la vie. Un grand coup de chapeau à l’auteur pour la justesse du texte et à l’illustrateur pour la finesse expressive des personnages ; ils nous font partager ensemble, tour à tour, émotion et espoir. Une grande réussite.
Un sujet sensible qui, selon nous, nécessite un accompagnement pour les plus jeunes lecteurs.

Josuan (avril 2009)

20/02/2009

La Ville | album d'Armin GREDER

Traduit de l’anglais Claude Dagail | Éd. La compagnie créative, janv. 2009 | 15 €

laville2.jpgDans une grande ville vivait une femme avec son fils. Elle l’aimait tant qu'à la mort de son mari «elle se promit de faire en sorte qu’il soit protégé des terribles événements de la vie» et qu’elle quitta la ville «pour trouver un endroit où il serait à l’abri, où rien ne pourrait lui faire du mal». Elle s’installa loin de tout et des hommes. Elle l’aima chaque jour d’avantage. Puis, «par une nuit sans lune, elle mourut». Son fils reste d’abord des jours entiers à la regarder et à attendre qu’elle vienne à son secours. Enfin, il quitte la seule maison qu’il avait toujours connue et, transportant le squelette de sa mère, se met à la recherche d’un endroit où vivre.

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Mama Sambona | album de Hermann SCHUKZ et Tobias KREJTSCHI (ill.)

9782844070760.jpgTraduit de l’allemand par Violette Kubler | Éd. Etre, oct. 08 | 14,90 €

Sur une île au centre du lac Victoria, appelé lac Ukerewe par les Africains, vivait Mama Sambona, la souveraine de l’île. Très âgée, elle se retrouva un jour en tête de la liste, dressée par la Mort, de ceux qui doivent rejoindre le pays de leurs ancêtres. En ce temps-là et dans cette contrée reculée, les choses étaient parfaitement réglées et la Mort n’avait droit qu’à trois visites pour aller chercher un vivant.

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01/02/2009

Julie Capable | album de Thierry LENAIN & Anne BROUILLARD (ill.)

julie capable.gifÉd. Grasset Jeunesse | octobre 2005 - 11,90 €

Julie n'est capable de rien. Elle est maladroite, elle dépasse quand elle colorie, elle perd à la marelle… Les autres enfants, qui l'ont affublée de ce surnom cruel de «Julie capable de rien», la harcèlent constamment de leurs moqueries. Julie appelle alors sa maman, mais sa maman ne répond jamais. Un soir que les enfants, plus méchants encore qu'à leur habitude, l'ont bombardée de boules de neige, Julie s'enfuit mais ne rentre pas chez elle. Elle marche jusqu'au cimetière, jusqu'à cette Tombe Muette, anonyme, surmontée d'aucune croix. Elle s'étend sur la pierre tombale, son cœur ralentit jusqu'à s'arrêter. C'est alors que les chats du cimetière viennent se coucher sur elle, la réchauffer, la nourrir et lui parler. Les sept Chats du Cimetière connaissent Julie parce que sa maman, depuis sa Tombe Muette, leur a souvent parlé d'elle. De son amour pour elle. Julie peut enfin leur poser la question qui la hante: «Pourquoi elle a appelé la mort... Pourquoi elle n'a pas attendu d'être vieille?». Elle peut enfin commencer de comprendre que sa mère n'est pas morte par sa faute. Qu'elle n'est pas morte parce qu'elle n'aimait pas sa fille ou parce que sa fille ne l'aimait pas. Julie, qui peut alors s'aimer, ne sera plus jamais «Julie Capable de rien». Elle sera «capable de ce qu'une enfant peut faire dans sa vie d'enfant». Une enfant dont la mère repose dans une tombe sur laquelle est désormais gravé «MAMAN».

Aujourd'hui, la littérature jeunesse fourmille d'albums qui parlent, avec plus ou moins de justesse, de la mort. Pourtant, la question reste ouverte: comment parler de l'absence aux enfants? Comment leur dire que la mort fait partie de la vie quand on a nous mêmes, adultes, tant de mal à admettre cette évidence? Souvent, ces livres abordent la mort à travers la disparition des grands-parents, la maladie et la vieillesse, et c'est bien normal. Mais comment dire aux enfants que certains «appellent» la mort, comme la mère de Julie? À toutes ces questions pas de solutions magiques. Mais parfois le talent opère, comme dans cet album où texte et images se mêlent pour dire l'importance de mettre des mots là où le silence nourrit l'angoisse et l'angoisse la maladresse. Le texte de Thierry Lenain est tout en retenue et en mélancolie. Les illustrations d'Anne Brouillard sont comme des fenêtres ouvertes sur la vie, la tristesse et le sourire retrouvé de Julie. Jusqu'à la mise en page très soignée, tout est très réussi dans ce bel album sensible.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article : mars 2006)