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Rechercher : Le Voyage d'Henry

CHÈRE BERTILLE … ET LA LUNE EN GRUYÈRE

Chère Bertillex500-1.jpgroman
de Clémentine MÉLOIS
Illustré par Rudy SPIESSERT
Éd, École des loisirs, coll. Mouche, janvier 2019 – 6,50

Bertille petite souris de huit ans et demi a de grands projets pour les vacances d’été. Elle rêve de partir sur la lune, ni plus ni moins. Elle écrit donc à Mr Pavel, arrière-arrière-arrière-arrière- arrière petit fils de la grande Laïka, pionnière de l’espace. La réponse ne se fait pas attendre : bien qu’assez ignorant des choses spatiales, Mr Pavel, pâtissier accro aux gâteaux à la myrtilles se porte volontaire pour apporter son aide au projet de Bertille.

Mais partir dans l’espace est un projet bien compliqué pour une petite souris qui ne peut s’occuper des préparatifs qu’après ses devoirs. Heureusement, grâce à Mr Pavel et à ses voisins, qui ne manquent pas de ressources, le rêve de Bertille est sur le point de devenir réalité.

Clémentine Mélois signe ici son tout premier roman, un roman épistolaire plein de fantaisie, de fromage et de gâteaux à la myrtille (recette incluse !) qui donnera aux lecteurs débutants des envies de voyages fantastiques et de lectures passionnantes, car Bertille est avant tout une grande fan de Jules Verne… et une grande rêveuse.
Une lecture à savourer sans modération, d’autant plus que les aventures de Bertille ne semblent en être qu’à leurs débuts comme l’annonce ce premier tomme*

Nathalie Ventax (janvier 2019) 

* tomme, oui… Après tout Bertille est une souris !

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28/01/2019 | Lien permanent

NOËL DANS LA VALLÉE DES MOOMINS

Noël dans la vallée des Moomins.jpgalbum
de Alex HARIDI et Cecilia DAVIDSSON & Filippa WIDLUND (illustrations)
D’après une histoire de Tove JANSSON
Traduit du suédois (Finlande) par Catherine Renaud 
Éd. Cambourakis, novembre 2018 - 14  

C’est l’hiver dans la vallée des Moomins, et comme tous les hivers, Moomin et sa famille hibernent bien emmitouflés sous leurs couvertures. Mais voilà, un hémule énervé va réveiller tout ce petit monde pour leur annoncer une terrible nouvelle : Noël arrive !

Or la famille Moomin n’a jamais entendu parler de noël et se demande bien qui peut-être ce dangereux personnage… Et pourquoi donc ont-ils besoin d’un sapin ? Pour se cacher dedans ?

Un épisode inédit des aventures de la famille Moomin écrit d’après une nouvelle de Tove Jansson dans laquelle nos trolls préférés vont avoir bien du mal à comprendre quoi que ce soit à l’étrange frénésie qui s’empare de tous les habitants de la vallée et à leurs bizarres traditions.

Toute la famille finira, sans le savoir, par faire tout ce qu’il faut pour être en phase avec l’esprit de noël - et retournera attendre le printemps sous la couette... 

Nathalie Ventax (novembre 2018)

Retrouvez sur notre blog, une autre aventure des Moomins : Le dangereux voyage.

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27/11/2018 | Lien permanent

ANTON ET LE CADEAU DE NOËL

Anton et le cadeau de Noël.gif

Album
de Ole KÖNNECKE
Traduit de l’allemand par Bernard Friot
Éd. De La Martinière jeunesse
Novembre 2013 – 12,50 €

Anton, parti se promener avec Ours Gustav, trouve un cadeau tombé, sous ses yeux, du traineau du Père Noël. Anton, est un petit garçon bien élevé et, désireux de rendre le paquet à son propriétaire, il se met en route à la recherche du Père Noël. Il entreprend un long voyage dans un paysage brumeux et enneigé, bientôt plongé dans la nuit. Il fait d’étranges rencontres et c’est finalement sur le dos d’un élan (et accompagné d’un ours qui joue de l’accordéon) qu’il atteindra son but, et le cadeau son destinataire…

Depuis le savoureux, Anton et les filles, paru en 2005, c’est toujours un plaisir de retrouver ce petit garçon naïf et inventif.

Dans cet album – étonnamment publié aux éditions De La Martinière jeunesse plutôt qu’à L’École des loisirs comme les quatre précédents – Anton est dépourvu de ses camarades de jeu, à peine entraperçus dans le brouillard intense, aux côtés de créatures fantastiques ; le livre raconte, à la première personne, son long chemin qui le mènera, comme un rêve, au matin de Noël. C’est un album un peu différent, donc, plus long et dans lequel les images tiennent une place plus importante : moins illustratives, elles plongent le lecteur dans l’épaisseur silencieuse d’une nuit magique, en jouant sur des cadres et des mises en pages différents où dominent la légèreté cotonneuse de la neige et l’intensité de la nuit.

Côté texte, ici comme à L’École des loisirs, c’est à un auteur, Bernard Friot, qu’est confiée sa traduction (Florence Seyvos pour les albums publiés à L’École des loisirs), si bien qu’ Anton et le cadeau de Noël est une belle lecture qui préserve tous les mystères de Noël.

Ariane Tapinos (décembre 2013)

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03/12/2013 | Lien permanent

NOX : Ici-bas (1)

Nox_T1.gifRoman d’anticipation
d’Yves GREVET

Éd. Syros, octobre 2012
420 pages – 16,90 €

Dans un monde où l’énergie est un bien rare et où la pollution a envahi les villes, la grande majorité de la population vit dans la misère et dans la nuit. Un brouillard opaque recouvre la ville basse et ses habitants ont appris à circuler dans le noir, de jour comme de nuit. Pour s’éclairer mais aussi se chauffer, se nourrir, se déplacer,ils doivent produire eux-mêmes, au prix d’un effort physique constant qui façonne et déforme leurs corps, toute l’énergie dont ils ont besoin. Leur espérance de vie, du fait de ces efforts et de l’air vicié qui les entoure, est brève. Ils doivent fonder une famille très tôt et seule une future naissance (le « test de compatibilité ») peut sceller une union.

Dans la ville haute, la vie est bien différente. Loin des vapeurs toxiques, quelques privilégiés vivent confortablement de l’exploitation de ceux d’en bas. Quelques-uns, en bas, comme en haut, se révoltent, des réseaux de résistances se tissent, qui viennent mettre à mal cet ordre social perverti.

Lucen vit dans la ville basse avec ses parents et sa petite sœur. Ses amis sont fils de milicien au service du pouvoir en place ou fils de résistants victimes de leur lutte. Lucen veut épouser Firmie. Ses parents s’y opposent.

Dans la ville haute, Ludmilla vit avec son père, constamment en voyage pour son mystérieux travail, et sa gouvernante. Lorsque son père donne congé à celle qui prend soin d’elle depuis des années, Ludmilla découvre la face cachée de son univers : la pauvreté, l’absence de lumière, la pollution, les maladies de ceux d’en bas.

Ce premier volume de la nouvelle trilogie d’Yves Grevet, auteur notamment du remarqué Méto, est mené de main de maître. Yves Grevet y plante le décor hallucinant d’une histoire déjà passionnante. C’est une mise en bouche très réussie, qui mêle le romanesque à la réflexion. Cette société si étrange et dérangeante a finalement quelques points communs avec la nôtre. Ce cauchemar ressemble peut-être bien à notre futur. Ou à notre présent, nous qui vivons, en Occident, dans le confort, pendant qu’une bonne partie de la planète s’épuise à produire les instruments de notre bien-être.

Ariane Tapinos (octobre 2012)

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06/01/2013 | Lien permanent

LE BUS DE ROSA | album de Fabrizio SILEI & Maurizio A.C. QUARELLO (ill.)

bus de rosa.jpgTraduit de l’italien par Didier Zanon et Emmanuelle Beulque
Éd. Sarbacane
octobre 2011 - 14,90€

Quand, après un long voyage en bus, son grand-père l'emmène au musée Henry-Ford de Détroit, Ben est un peu étonné mais plutôt ravi à l’idée de découvrir les voitures qui ont fait la célébrité du grand industriel. Il est en revanche franchement surpris lorsque son grand-père, les larmes aux yeux, le fait monter et assoir dans un vieil autobus. Puis son grand-père lui raconte comment, le 1er décembre 1955, dans une Amérique raciste et violente, il a été témoin de l’incroyable geste de volonté et de courage de Rosa Parks, une femme noire de quarante-deux ans, qui allait changer le cours de l’Histoire. 

Depuis quelques années, plusieurs ouvrages (albums, romans historiques, documentaires) ont relaté, à partir du geste de Rosa Parks, la lutte pour l’égalité des droits des Noirs aux États-Unis mais ces précédents n’enlèvent rien à l’intérêt de cet album. D’abord parce que les images sont magnifiques – entre couleurs chaudes pour les scènes contemporaines et toutes les teintes de gris pour les flashbacks – aussi parce que le récit de ce grand-père, qui transmet à son petit-fils la grande Histoire et son histoire à lui, est tout aussi beau. Ce grand-père raconte le courage de Rosa et celui qui lui a manqué, à lui qui, assis à côté d’elle, s’est levé dès que le chauffeur blanc lui en a aboyé l’ordre.

Lui transmettre ces deux histoire entremêlées est un acte de courage et d’amour et aussi la meilleure manière de lui faire percevoir l’injustice et la peur dans lesquelles vivaient les Noirs américains jusque dans les années 60. 

L’album se termine sur un clin d’œil émouvant: pendant que Ben savoure une coupe de glace, son grand-père contemple sur la première page d’un journal «la photo d’un homme. […] la même couleur de peau et les mêmes grands yeux que ceux de Rosa»… Un homme aujourd’hui président des États-Unis. 

Ariane Tapinos (octobre 2011)
 
Pour voir d'autres titres jeunesse sur Rosa Parks cliquer ici.

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29/10/2011 | Lien permanent

Un automne à Kyoto | roman de Karine REYSSET

Automne Kyoto.jpgÉd. L’École des loisirs | coll. Médium | avril 2010 | 176 pp. – 10€

Cet automne à Kyoto c’est celui que Margaux, seize ans et sa sœur Apolline, quatre ans, passent avec leur père, dramaturge passionné de théâtre japonais et qui a obtenu une bourse du ministère des Affaires étrangères, dans l’ancienne capitale impériale du Japon. Seize ans c’est un âge difficile pour partir loin de ses amis et de ses amours. Et même si Margaux s’est plongée dans les romans de Mishima et d’Haruki Murakami et les films d’Ozu, de Takeshi Kitano ou Hayao Miyazaki, le départ est rendu plus difficile encore par son amour naissant pour Mathias et par le brusque changement de programme de sa mère. Celle-ci, appelée comme costumière sur un tournage, décide de ne pas suivre sa famille pour raccrocher les wagons d’une vie professionnelle en sommeil depuis la naissance d’Apolline.

Voilà donc Margaux partie pour trois mois d’immersion culturelle au Japon et de baby-sitting. Trois mois à se serrer à trois dans un studio avec mezzanine à la Villa Kujoyama qui accueille chaque année des artistes français en résidence. Trois mois qui vont changer sa vie et son rapport au monde.
Margaux découvre l’amour, tiraillée entre Mathias resté en France et Éric, un jeune photographe logé lui aussi à la Villa Kujoyama, mais aussi le désamour de ses parents ou plutôt la difficile réalité de la vie avec son père toujours au seuil de la dépression.

Et bien sûr, Margaux découvre aussi le Japon et les merveilles de Kyoto. Les splendeurs de la nature qui change au fil des semaines, les cloches qu’on fait sonner à l’entrée des temples, les statuettes des Tanuki sur les chemins, les torii cachés sous la frondaison des arbres, le goût surprenant des pâtisseries japonaises, l’amertume du thé vert…
Si le récit de cette saison si particulière qui fait passer de l’enfance à l’âge adulte avec ses abandons et ses espoirs, est assez classique, Karine Reysset transporte avec succès son héroïne et son lecteur dans un Kyoto intemporel. Elle fait passer dans son récit – sous la forme, notamment, de listes que tient Margaux des choses qui lui plaisent, l’émeuvent, la font rire… et de dessins tout en finesse, de Pauline Reysset – son propre émerveillement devant les beautés de la ville aux 2000 temples et palais et aux innombrables jardins.

Il y a dans la retenue de son écriture quelque chose qui entretien une tension et donne vie à ce basculement qui guette Margaux mais aussi à ce voyage au pays du soleil levant.

Ariane Tapinos

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25/08/2010 | Lien permanent

Je veux devenir moine zen ! | roman de Kiyohiro MIURA

Moine zen.gifTraduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Éd. Philippe Picquier
mars 2002, 116 pages - 14 €

Pratiquer le zazen (méditation assise), pendant deux heures chaque dimanche, c’est déjà quelque chose, mais décider de devenir moine zen, c’est une autre paire de manches! C’est pourtant le désir exprimé par Ryoka: ce petit garçon de huit ans, joueur, rêveur, un peu brouillon, fan de rock et de séries télévisées, découvre, semaine après semaine, la vie du monastère en accompagnant son père à sa séance de méditation dominicale dans le beau temple de Zenkaiji. L’auteur ne nous dit pas grand-chose du cheminement intérieur qui va conduire l’enfant, puis l’adolescent à franchir les obstacles et à persister dans ce désir jusqu’à l’âge requis pour devenir bonze. C’est le regard et le parcours émotionnel de Monsieur Kimura, son père, que nous suivons pas à pas (car il est le narrateur), dans un récit souvent drôle et parfois poignant.

Tout d’abord sidéré, il refuse d’y croire: comment son turbulent petit garçon s’accommoderait-il de la règle monastique durement édictée par la sévère et imprévisible révérende? Et comment un père aimant pourrait-il accepter que son fils soit privé des mille plaisirs de ce bas monde? Peu à peu pourtant l’idée fait son chemin: imaginer Ryota en moine accompli et vénéré rempli l’heureux papa de fierté anticipée. Aussi quelle déception quand Ryoka, qui accumule les mauvaises notes au collège, annonce un jour: «Je ne serai pas moine zen»… Les inquiétudes du père ont déstabilisé le fils, qui ne se sent plus capable de devenir le moine idéal. Qu’à cela ne tienne, l’abbesse reprend les choses en mains et désormais le destin de Ryoka va s’accomplir inexorablement, tandis que ses parents renouent avec l’angoisse.

Le roman donne un étonnant et très vivant aperçu des rapports parents/enfants, hommes/femmes dans le Japon d’aujourd’hui. La plongée dans l’univers monastique zen est une découverte pleine d’étrangeté, un voyage dans un autre monde: on comprend les réticences des parents! Le lecteur adolescent sourira devant les efforts méritoires de Monsieur Kimura pour rester cohérent, juste (et zen!) face aux décisions surprenantes de son garnement de fils. Mais il sera sans doute touché par la sincérité de ce père qui, avec maladresse et courage, essaie obstinément de comprendre…

Mireille Penaud
(première publication: septembre 2003)

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Notes de Hiroshima | essai de Kenzaburô Ôé

Notes de Hiroshima.gifTraduit du japonais par Dominique Palmé
Éd. Gallimard, coll. Arcades
[1965] septembre 1996, 230 pp. 13,72 €

Prix Nobel de littérature en 1994, Kenzaburô Oé n’est encore qu’un jeune romancier de vingt-huit ans quand il entreprend en 1963 ces Notes de Hiroshima. Promis à une belle carrière (ses premiers écrits, notamment Gibier d’élevage, ont rencontré le succès), il n’imagine pas alors à quel point ses voyages à Hiroshima seront déterminants pour son avenir et sa façon de concevoir l’écriture, le rôle de l’écrivain, la dignité humaine et la vie tout simplement. Alors qu’aujourd’hui les malheurs, les guerres et les morts se succèdent dans les médias de manière presque «anodine» (sans conséquences sur notre intimité), ce livre fait d’humilité, de compassion et d’immersion de l’écrivain dans le vécu et la parole des victimes est bouleversant.

Écrits à l’origine pour un journal japonais, ces reportages sont un précieux témoignage sur la perception des bombardements atomiques et de leurs survivants (les hibakusha) vingt ans après. Sans écrire un documentaire (Ôé assume pleinement sa subjectivité), l’auteur délivre des informations essentielles sur les souffrances physiques et psychologiques endurées par les rescapés. Souffrances qui débutèrent dans le silence: le Code de la presse instauré en 1945 par MacArthur imposait un embargo sur la parole des victimes et jusqu’en 1952 la censure interdit toute évocation des bombardements par l’écrit, l’image ou la parole. Ceci n’étant que l’un des aspects les plus frappants d’une ségrégation (renvoi dans les marges misérables de la société) vécue et assumée dans la honte. L’ironie (?) de cette époque étant que ces mêmes victimes furent très rapidement instrumentalisées par les différents mouvements pour la paix et l’abolition des bombes A et H. Face à l’enlisement des mouvement pacifistes «officiels» et à l’indifférence feinte du gouvernement japonais, Ôé dresse un parallèle cinglant avec les batailles menées au jour le jour, à Hiroshima même, par quelques hommes et femmes d’exception, engagés aux côtés des hibakusha et souvent eux-mêmes irradiés.

Cet essai, achevé en 1965, a été réédité en 1995 à l’occasion du cinquantenaire des événements. À cette occasion, Ôé y adjoignit une magnifique préface qui est toujours d’une brûlante actualité. Ce n’est évidemment pas un texte «jeunesse». Il peut néanmoins concerner (interpeller) les adolescents contemporains qui grandissent dans une société où la terreur nucléaire a été étonnamment euphémisée…

Corinne Chiaradia

(première publication de l'article: juillet 2005)

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20/03/2011 | Lien permanent

Les Willoughby | roman de Lois LOWRY

Willoughby.gifTraduit de l’américain par Francis Kerline
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf | mars 2010 | 208 pp. - 10,50€

Quatre enfants (Timothy l’aîné, onze ans, Barnaby et Barnaby les jumeaux A et B de dix ans et Jane la petite dernière âgée de six ans et demi) et un couple d’abominables parents forment la famille Willoughby. Une famille terriblement «vieux jeu», tout droit sortie d’un roman anglais du XIXe ou du début du XXe siècle. Les enfants sont charmants et débrouillards. Les parents sont ignobles, bêtes et méchants. Les enfants se rêvent orphelins comme dans les livres et les parents ourdissent de sombres combines pour se débarrasser à jamais de leur encombrante progéniture. Ils recrutent une nounou censée être odieuse (mais qui en réalité a des réserves de tendresse et sait faire cuire de délicieux gâteaux quand il faut résoudre un problème). Quand Willoughby père et mère partent pour de très longues vacances, ils en profitent pour mettre en vente leur maison et espèrent bien ne plus retrouver leurs enfants à leur retour. Les enfants quant à eux attendent fébrilement des nouvelles, dans l’espoir d’apprendre enfin la mort de leurs affreux géniteurs…

 

Et comme dans les bonnes vieilles histoires, il y a un bébé abandonné, un milliardaire dépressif mais généreux, d’incroyables hasards qui abolissent les distances…

Ce roman dont la couverture nous dit qu’il est «abominablement écrit et ignominieusement illustré» (la seconde affirmation n’est pas discutable!) par Lois Lowry est délirant et hilarant. Le plaisir avec lequel l’auteure renoue avec les romans édifiants écrits pour les enfants est communicatif. Lois Lowry multiplie les clins d’œil aux livres qu’elle aime (et dont elle donne une petite liste à la fin) et transforme la fréquentation des Willoughby en un joyeux voyage dans le temps et la littérature. Elle nous plonge avec bonheur dans des histoires où des enfants courageux et inventifs transforment leur sordide quotidien en une happy end improbable – tout comme l’étaient d’ailleurs le début et le milieu de l’histoire.  Avec les Willoughby on (re)découvre qu’il existe des histoires tout à fait fantastiques avec des personnages qui n’ont aucun pouvoir particulier et extraordinaire. On sort de cette lecture le sourire au cœur.
Une potion (sucrée) à prendre très vite et à recommander autour de soi, pour rendre la vie drôle et pleine d’espoirs.

Ariane Tapinos (février 2010)

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Très Vieux Monsieur | album d'Adeline YZAC, illustré par Éva OFFREDO

tres vieux Mr.gifÉd. Rouergue, coll. Varia | mars 2009 | 14 €

Un Très Vieux Monsieur prend sa retraite. Il voyage, s’engage, lit, séduit. Il vit sa vieillesse entouré de Très Vieille Dame et Toute Petite Fille. Mais un matin au réveil, il regarde Très Vieille Dame et lui dit «Bonjour Madame, vous faites quoi dans mon lit ?» Autour de lui, tout le monde s’inquiète. Très Vieux Monsieur a «la tête à l’envers», il ne sait plus lire, ne sait plus compter, ni comment manger. Sa tête, maintenant, il l’a même perdue. Et autour de lui, toujours autant d’inquiétude :
« - nous venons le voir très souvent, disent ses voisins.
- Nous l’entourons, disent ses amis.
- Nous lui consacrons beaucoup de temps, dit sa famille.»

Très Vieux Monsieur semble s’effacer, comme son visage ridé, de plus en plus clair sur l’image, pour ne plus laisser de lui qu’un souvenir. Sa tête ne répond plus, alors c’est «main dans la main» et «cœur contre cœur» que ceux qui l’aiment vivent, «au jour, le jour» et «pas à pas», avec celui qui fut mais n’est plus vraiment là.
La maladie d’Alzheimer est devenue un sujet à la mode dans l’édition jeunesse et on a vu fleurir les albums sur les vieilles personnes un peu loufoques et tristes, mais ce livre-là est différent parce que, loin des démonstrations appuyées, il dit pourtant avec justesse les craintes, les peurs, les difficultés de celui qui est malade et de ceux qui l’entourent. Il dit ce temps de l’âge où le toucher reprend ses droits, où le cœur remplace la tête. Cette terrible maladie oblige à se séparer de ceux qu’on aime alors qu’ils sont encore là, comme des fantômes d’eux-mêmes. Alors si le livre de d’Adeline Yzac et Éva Offredo est un brin nostalgique, il n’est pas vraiment triste, juste fataliste. Texte et image disent le temps qui a passé, l’esprit qui s’est envolé mais le corps et le souvenir qui restent à aimer. Le texte tout en dialogues met ce vieil homme au centre des préoccupations de ceux qui l’aiment. Les images, très, très belles, de ces visages parcheminés, donnent à voir une vieillesse qu’on cache souvent aux enfants.
Un album magnifique, vraiment.

Ariane Tapinos (avril 2009)

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18/04/2009 | Lien permanent

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