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LA VIEILLE DAME ET LES BRIOCHES D'OR
Album
d'Annamaria GOZZI (texte)
& Violeta LOPIZ (illustrations)
Traduit de l’italien par Samuel Delerue
Éd. Cambourakis
Octobre 2013 – 14 €
« Dans une maison toute bizarre » vivait une vieille dame si vieille qu’elle pensait que la mort l’avait oubliée… Elle passait le plus clair de son temps dans sa cuisine à confectionner les plus merveilleuses des pâtisseries. Mais un jour, peu de temps avant Noël, la mort frappe à sa porte. Or « la dame toute vieille » refuse de partir avant d’avoir terminé de préparer douceurs exquises et brioches d’or pour le Noël des enfants. En invitant « Dame la Mort » à goûter à ses préparations, elle va lui faire perdre la tête, « la brioche sentait si fort la Vie ! » et repousser son départ au jour de Noël, juste le temps de finir la confection des nougats et brioches d’or… Elle n'oubliera pas de cacher ses recettes secrètes dans les gaufrettes offertes aux enfants, afin qu’elles restent toujours vivantes dans leur cœur. Et même si l’on ne sait rien de la dame toute vieille depuis ce jour, certains disent l’avoir vue, une nuit de janvier, remplir de brioches et de nougats les chaussettes des enfants.
Ce conte qui nous met l’eau à la bouche, une sensation qui reste la même à chaque lecture, aborde un sujet éloigné de la gaité habituelle réservée aux fêtes de Noël. Pourtant il n’est en rien triste et son issue semble simplement naturelle. Ici la volonté d’une vieille dame et la douceur de ses pâtisseries vont, pour la première fois, faire faiblir la Mort et l’éloigner de sa mission. Comme quoi, gentillesse, chaleur et friandises peuvent ramollir même les cœurs (s'ils en sont dotés !) les plus durs.
Chloé Boulanger (novembre 2013)
29/11/2013 | Lien permanent
JOYEUX NOËL, RITA ET MACHIN
Album
de Jean-Philippe ARROU-VIGNOD (texte)
& Olivier TALLEC (illustrations)
Éd. Gallimard Jeunesse
Octobre 2012 - 13,50 €
Énergique comme une pile atomique, Rita – petite fille à la frange coupée aux ciseaux et au regard malicieux et décidé – a du mal à supporter ce vieux Machin qui ne pense qu’à manger, dormir ou tricher ! En plus ce soir, c’est la veille de Noël et rien n’est prêt chez nos deux amis, pas même la lettre au Père Noël…
« Aide-moi ou ça va barder ! » s’énerve maintenant Rita.
On assiste alors à un feu d’artifices de préparatifs plus cocasses les uns que les autres : sapin décoré avec des guirlandes de saucisses, bûche au potiron, panoplie de chien policier, chants de Noël version rock and roll… Sans compter que Machin veut commander au Père Noël le grand livre du professeur caniche pour apprendre à dresser sa maîtresse en douze leçons.
Si Rita découvre ça… elle va rougir !
Non seulement le texte des aventures de ces deux coquins nous fait rire, mais les illustrations de l’album en bichromie de Olivier Tallec, rappelant les graphismes épurés japonais, nous propulsent directement aux côtés de Rita et Machin. Nous courons derrière cette petite fille espiègle que nous imaginons régulièrement s’arrêter, les mains sur les hanches, les sourcils froncés jetant un regard autoritaire à ce flemmard de Machin qu’elle aime tellement !
À travers le Noël de ce couple explosif et décalé, transpercent le plaisir, la liberté et la complicité dans le travail de l’auteur et de l’illustrateur et nous ressentons tous, adultes comme enfants, les émotions et l’excitation de cette nuit de Noël.
Patience… Les sapins, les lumières, les chocolats, les cadeaux, c’est pour bientôt !
Aurélie Armellini (décembre 2012)
27/11/2012 | Lien permanent
LA GUERRE D'ALGÉRIE EXPLIQUÉE À TOUS
Documentaire-essai de Benjamin STORA
Éd. Seuil, coll. Expliqué à…
Mars 2012, 128 pp. – 8 € (à paraître)
En à peine 130 pages, Benjamin Stora parvient à rendre intelligible, à tous et notamment à de jeunes lecteurs, la Guerre d’Algérie. Selon la formule, désormais éprouvée, de cette excellente collection «Expliqué à…», il répond sans simplification d’aucune sorte et sans esquiver les sujets polémiques, à des questions dont il dit lui-même en introduction, qu’elles lui «ont été adressées de manière récurrente au cours de [sa] vie d’historien, par des jeunes ou des moins jeunes, des Français ou des Algériens, à l’occasion d’un cours d’une rencontre, d’un séjour en Algérie, d’un repas entre amis ou en famille…» Ce faisant, il aborde avec une grande clarté tous les aspects de cette page d’Histoire commune entre la France et l’Algérie.
Rien n’est laissé dans l’ombre : la pauvreté des Algériens, exclus des prétendus bienfaits de la colonisation, mais aussi celle de la majorité des colons, la violence de la répression contre les combattants de l’indépendance et de l’OAS mais aussi celle qui s’exerce au sein même du mouvement indépendantiste, la légende d’une Algérie unie dans une glorieuse guerre d’indépendance, le sort des Harkis des deux côtés de la Méditerranée… Et comme il l’a souvent fait par le passé, Benjamin Stora évoque, ça et là, sa propre histoire d’enfant de Français d’Algérie.
Ce qui fait la réussite cet ouvrage – indispensable aux jeunes générations mais pas seulement – c’est la personnalité même de son auteur, à la fois historien mais aussi homme engagé (et quel plus belle preuve d’engagement que cette position de passeur qu’implique cette collection) et témoin de l’histoire.
Ariane Tapinos (février 2012)
02/02/2012 | Lien permanent
LA DERNIÈRE MONTAGNE
Album de Claire BERTHOLET (texte) et Sandrine KAO (ill.)
Éd. Bilboquet, Coll. les messagers
Sept. 2011 - 15 €
Quel merveilleux album ! Un grand coup de cœur !
La couverture vous semble trop classique ? Non, prenez le temps de la découverte. Nous sommes loin d’un quotidien accrocheur, clinquant et trépidant. Nous pénétrons au plus près de la vie simple de villageois d’Asie pour suivre le cheminement de Xiao qui se demande si «le soleil brille aussi derrière la montagne qui surplombe son village ou si les vallées éloignées restent plongées dans une nuit sans fin».
Avec son âne, Xiao parcourt le pays à la recherche d’une réponse. Ce sera la quête de toute sa vie.
Les mots choisis avec soin, le ton juste, la langue imagée confèrent un caractère poétique à ce texte d’une grande profondeur. La typographie «pain brûlé» s’harmonise à la palette de couleurs des illustrations extrêmement raffinées. L’ensemble tisse un univers de douceur, de grande humanité, de sérénité et de sagesse. La fin de l’album est à l’unisson de la destinée de Xiao.
Plaisir des yeux, plaisir du cœur, conte de sagesse. Magnifique !
Josuan (déc. 2011)
14/01/2012 | Lien permanent | Commentaires (2)
COMME UN POISSON DANS L'EAU
roman
de Carl HIAASEN
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Yves Sarda, éd. Gallimard jeunesse, février 2007, 283 pages - 11,50 €
Le père de Noah Underwood est en prison pour avoir coulé le bateau-casino de Dusty Muleman, un magnat local. Le père de Noah se justifie en arguant que le navire déversait ses eaux usées dans la baie de Floride, polluant ainsi faune, flore et océan et faisant courir aux baigneurs le risque d’attraper maladies et parasites divers.Le hic, c’est que Underwood senior se prend pour Nelson Mandela et convie la télé locale dans sa cellule pour dénoncer un scandale qu’il ne peut pas prouver et demande à son fils de l’aider. L’autre problème c’est que madame Underwood en a plus qu’assez des coups de sang de son idéaliste d’époux et qu’elle prononce le terrible mot en D que tout enfant redoute.
Prouver les dires de son père devient donc plus qu’une histoire de justice pour Noah et sa petite sœur Abbey ; il s’agit tout simplement de sauver la famille. Aidés par une barmaid et un mystérieux vagabond aux allures de pirate, les deux enfants vont devoir déployer des trésors d’ingéniosité et d’audace pour dénoncer le pollueur et prouver la bonne foi de leur père.
Carl Hiaasen signe ici – après Chouettechez le même éditeur – un autre polarécologique. Au-delà de l’intrigue policière, c’est tout un petit monde niché au cœur de la baie de Floride qu’il s’attache à recréer et à nous faire découvrir et aimer.
Nathalie Ventax
(Première publication mars 2007)
13/10/2015 | Lien permanent
CHÈRE THÉO
roman
de Anne Vantal
Illustré par Marc Boutavant
Éd. Actes Sud junior, coll. premiers romans, NE mars 2014, 65 pages - 6,90€
Oui, vous avez bien lu : Théo est une femme. En fait c’est Theodora, la nouvelle compagne du père de Léa. Jusqu’à l’arrivée de Théo, Léa se méfiait des conquêtes de son drôle de père. Avec Théo, tout est différent : pas de tentative de rapprochement en direction de Léa pour se gagner les faveurs de son père. Pas de cadeaux non plus pour l’amadouer. Non, Théo « entre en coup de vent » ans la vie de Léa et son père et avec elle c’est toute la Grèce qui s’invite dans le petit appartement en désordre : ses histoires qui remontent à des milliers d’années, sa cuisine, ses paysages..
Rien de folklorique dans cette rencontre, mais une vraie amitié qui se noue entre Théo et Léa. Alors, quand après plusieurs années de bonheur, Théo et le père de Léa se séparent, c’est une immense injustice pour Léa qui ne pourra plus revoir son amie, sans même avoir droit à une explication de la part de son père. Mais quand on a connu l’amitié et le « paradis sur terre » , on n’y renonce pas facilement...Il faut ajouter que, comme souvent dans cette collection décidément très réussie, les illustrations sont très belles et très justes.
28/06/2015 | Lien permanent
AUSSI LOIN QUE POSSIBLE
roman
de Eric PESSAN
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium, septembre 2015, 140 pages – 13€
C'est un lundi matin ordinaire pour Tony et Antoine. Après avoir planqué leurs cartables dans un buisson et compté jusqu'à trois ils s'élancent pour faire la course. Sans s'être concertés, sans avoir vraiment décidé de sécher les cours, ils vont dépasser les limites de leur Cité, traverser la voie rapide, puis la zone commerciale qui suit ; dans un marathon spontané qui les mènera au bord de la mer et peut-être plus loin.
« Cela fait dix minute que l'on court. La cité s'éloigne, ce lundi matin vient de basculer dans l'inconnu. On n'a rien prémédité, rien comploté. On a nos baskets aux pieds, nos survêtements souples, nos forces. Tony a sa tristesse. J'ai ma colère. On ne va plus rebrousser chemin. »
Cette course commencée sans raison, sur un coup de tête, se terminera 380 kilomètres plus tard dans les bureaux d'un journaliste. La révolte muette de ces deux collégiens de treize ans (l'un désespéré à l'idée de se faire expulser de France, l'autre victime de la violence de son père) se transforme ainsi en symbole médiatisé de l'inégalité sociale, en dénonciation des injustices.
Eric Pessan reconstitue le monologue intérieur d'Antoine avec sensibilité et justesse dans un récit qui se déroule au rythme des respirations et des battements de cœur de ses personnages, des corps qui se fatiguent, et des pensées qui parfois s'affolent. Il signe le portrait réaliste d'une amitié inconditionnelle autant que celui d’une rébellion née de la peur et de la colère.
Nathalie Ventax (janvier 2016)
04/01/2016 | Lien permanent
LA PETITE FEMME DU PÈRE NOËL
Roman jeune lecteur
de KOCHKA
Éd. Oskar éditeur, octobre 2017, 111 pages – 9.95€
Une rencontre entre une vieille dame écrivaine, Rose d’Hiver et une classe de collège va mener celle-ci ainsi que Max, Gaspard et Noëlle, trois des enfants de la classe plus loin qu’ils n’auraient pu l’imaginer.
Rose d’Hiver est une écrivaine de 80 ans, auteure de textes pour la jeunesse qui se déplace encore parfois pour rencontrer ses jeunes lecteurs et parler de son métier. Aujourd’hui, elle se rend dans la classe de Noëlle, une petite fille handicapée qui se surnomme elle-même « la petite femme du Père Noël » et de Max, un jeune garçon n’ayant jamais connu son père et qui n’a confiance en personne. Au détour de la conversation, Rose explique aux élèves qu’elle croit au Père Noël et aux fées. Pour Noëlle, c’est une révélation. Max, au contraire, n’y croit pas du tout, pour lui, tous les adultes sont des menteurs. Rose leur dit alors que quand on croit très fort en quelque chose, tout devient possible…
Passé un certain âge, croire au Père Noël est considéré comme trop enfantin, voire naïf. Mais c’est cette croyance qui permettra à Noëlle de dépasser ses peurs et à Max de retrouver confiance en la vie.
Ce roman, écrit par Kochka, auteure entre autres de La fille aux cheveux courts et de L’enfant qui caressait les cheveux (sélectionné pour le prix Janusz Korczak de littérature jeunesse 2018) est une belle fable moderne sur l’espoir et la capacité des enfants à rêver. L’écriture, simple mais poétique permet à l’auteure de faire passer son message et de nous inviter, nous aussi, à croire en nos rêves.
Agnès Renié (novembre 2017)
29/11/2017 | Lien permanent
LA DERNIÈRE COURSE
Roman
de Pascal VATINEL
Éd. Actes Sud junior, mars 2014
409 pages – 14,80€
À l’aube du XXe siècle, Jacques Larivière, un trappeur canadien français, et Vasheshkun (Washi), un indien naskapie, s’enfoncent dans le Grand Nord. Quittant le Labrador, ils s’engagent dans un long périple de trois ans à travers les forêts et les plaines enneigées pour gagner l’extrême ouest de l’Alaska. Ils espèrent trouver un gibier plus abondant mais ne découvrent que des hommes obsédés et abrutis par la quête de l’or. Ils décident cependant de s’établir à quelques kilomètres de la ville de Nome, dans une maison en bois qu’ils construisent de leurs mains. Là, ils vivent au milieu de leurs chiens et de la nature. Kate, la femme que Jacques a épousée, et sa toute jeune fille, Elisabeth, les rejoignent.
Des années plus tard, à l’automne 1915, alors que la guerre fait rage en Europe, c’est Elisabeth qui reprend la route, accompagnée de Wahsi et de leur vieil ami Daren Lindsay, éleveur et célèbre musher à la tête d’une meute de plus cent chiens. Leur but : les Ardennes françaises où les chiens seront utilisés pour ravitailler le front et secourir les soldats blessés.
Plus que les prouesses – réelles – de ces chiens engagés dans le conflit le plus meurtrier de l’Histoire, c’est leur incroyable épopée depuis l’Alaska jusqu’au Vieux continent en guerre, qui est le sujet de cet époustouflant roman.
Trains, bateaux, routes… Comment convoyer plus de cent chiens sur des milliers de kilomètres et en plein conflit mondial ? C’est un exploit qui fait autant appel à l’intelligence et à l’astuce des hommes qu’à la patience et l’intelligence des bêtes. Et, avant cela, les longs préparatifs et l’immersion dans une vie rythmée par la nature et construite autour de la relation entre l’homme et les animaux.
Avec La Dernière Course, Pascal Vatinel renoue avec le grand roman d’aventures. Son récit est traversé par un souffle rare dans la littérature jeunesse. Il nous conduit, tels les chiens menés de main de maître par leur musher, des confins du monde occidental au cœur de la première guerre mondiale. Il nous immerge, avec un immense talent, dans ce Grand Nord sauvage où hommes et animaux font corps pour survivre.
Dans les notes qui figurent à la fin du roman, Pascal Vatinel explique que son récit est inspiré de faits et de personnages réels. En creux, nous comprenons que le beau personnage d’Elisabeth Larivière est pure fiction. Mais quelle invention ! Cette jeune héroïne est resplendissante. Les jeunes femmes délurées et héroïques sont devenues un quasi contre-stéréotype de la littérature jeunesse mais Elisabeth Larivière n’a rien d’une fabrication à la mode. Tout le roman lui donne sens et vie, et même au tout début du récit, alors qu’elle n’existe pas encore, les péripéties de son père adoptif et de son ami indien préparent son arrivée.
Roman sur la guerre mais aussi sur la puissance de la nature et le nécessaire respect que les hommes doivent à leurs compagnons à quatre pattes, La Dernière Course est un grand roman qui, comme ses illustres aînés dans la grande tradition des romans d’aventures, plaira autant aux adolescents qu’aux adultes.
Ariane Tapinos (mars 2014)
12/04/2014 | Lien permanent
LA CHASSE AUX PAPILLONS
Album jeu
de Delphine CHEDRU
Éd. Hélium, second semestre 2012
12,90 €
La lecture de Renard Noir est interrompue par un bruissement d’ailes. C’est un papillon qui le frôle et s’envole. Renard Noir abandonne son livre et poursuit le coquin de pages en pages. Mais papillon se cache derrières les fleurs, les pissenlits et même les plumes d’oiseaux merveilleux. Autant de petits volets à soulever pour aider Renard Noir à trouver le papillon qui ne cesse de virevolter pour finalement se poser sur le museau de son chasseur !
Delphine Chedru revisite l’indémodable cache-cache qui plaît tant aux plus petits et nous en offre une version moderne, plein de fraîcheur.
Ariane Tapinos (sept. 2013)
15/10/2013 | Lien permanent