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PIBI MON ÉTRANGE AMI
album
de Jin-heon SONG
Traduit du coréen par Noëlla Kim
Éd Le Sorbier, février 2008 – 13,20€
Un homme aujourd’hui adulte parle de son « étrange ami » qui, alors qu’ils étaient enfant, était toujours seul et attiré par la forêt. Un jour qu’il jouait dans la forêt, il a rencontré Pibi et, tout au long d’une année, Pibi a été son ami. Puis, il a dû aller à l’école tandis que Pibi ne pouvait pas y aller. Les autres enfants avaient peur de Pibi et peu à peu notre narrateur s’est éloigné de son ami si différent. Pibi est retourné dans la forêt, toujours plus profond, toujours plus seul. Dans la journée, on l’entendait se taper la tête avec de petites branches comme il l’avait toujours fait. Le soir, on entendait sa mère l’appeler, toujours plus loin dans la forêt.
« Quand j’étais petit, dans la forêt, il y avait un garçon qui s’appelait Pibi. Tu vois, la forêt est toujours là. Et Pibi est toujours dans mon cœur. »
Cet album est à la fois très beau et très triste. Ses images – entièrement réalisées au crayon noir – sont belles mais pleines de mélancolie. Comme l’est cette histoire d’une amitié d’enfance qui n’a pas pu, pas su, surmonter la différence. Comme celui qui la raconte, nous ignorons ce qu’est devenu Pibi, mais tout laisse à penser qu’il est resté aussi seul que nous l’avons laissé dans cette forêt où il trouvait refuge chaque jour, comme une métaphore de son monde intérieur.
Ariane Tapinos (mars 2014)
16/03/2014 | Lien permanent
TONY TINY BOY
Album
de Vincent CUVELLIER (texte)
& Dorothée DE MONFREID (ill.)
Éd. Hélium, septembre 2013
13,90 €
« Tony Tiny Boy était rentré de la guerre contre les Indiens. Et les Indiens avaient perdu ». Vraiment ? Pas si sûr… Parce que depuis son retour, Tony Tiny Boy se tient comme un indien, parle comme un indien, monte à cru et porte un regard critique sur les cowboys qui l’entourent. Un regard d’indien.
Derrière cet album tout simple aux couleurs de la poussière des déserts du grand Ouest américain, Vincent Cuvellier et Dorothée de Monfreid nous proposent une fine réflexion sur la différence, l’étranger et le sens de la conquête. Les armes ont parlé et Tony Tiny Boy et les siens ont battu les Indiens, mais ce faisant le petit cowboy a adopté le mode de vie et de pensée des soit-disant vaincus. Son regard sur le monde a changé et ce sont ses semblables qui lui paraissent désormais différents, décalés.
Même son père lui apparaît comme un cowboy rustre et ennuyeux. Tony Tiny Boy a changé. Il a grandi et va décider de vivre sa vie en Indien. L’album se referme sur une lettre qu’il envoie à ses parents et qu’il signe « Petite Plume » mais dans laquelle, après les avoir invités à lui rendre visite, il précise « Vous pouvez continuer à m’appeler Tony Tiny… ».
Choisir une vie différente de sa famille ce n’est forcément une rupture mais quant à dire qui a gagné des cowboys ou des Indiens…
Ariane Tapinos (novembre 2013)
26/12/2013 | Lien permanent
LE TIGRE DE BAIMING
Roman de Pascal VATINEL
Éd. Actes Sud Junior, juin 2012
219 pages – 13,20 €
Lin Baiming vit seul avec son père, dans un petit village entouré par la jungle, au sud de la Chine. Avec son ami Xiao Chu, il explore la jungle et attrape des papillons qu’il vend à des scientifiques, par l’intermédiaire du docteur Song, une vétérinaire venue de Pékin et installée dans la ville proche de Jinghong. Ce petit trafic améliore son ordinaire et surtout lui permet d’échanger avec la belle doctoresse et d’apprendre sur les animaux, sa passion. Ainsi, il sait que les tigres ont disparu de la région depuis longtemps et que, dans toute la Chine, l’espèce est protégée. Alors, quand, lors de l’une de ses incursions dans la jungle, il trouve une femelle et deux bébés tigre, il mesure immédiatement les conséquences d’une telle découverte.
Il se précipite à Jinghong pour prévenir le docteur Song mais à leur arrivée au village, la pègre est déjà là, bien décidée à avoir la peau des félins et tout l’argent qui en découlera…
Avec ce Tigre de Baiming, Pascal Vatinel livre un vrai roman d’aventure où se mêlent exotisme et réflexion sur les relations compliquées entre développement et environnement. Ce connaisseur de la Chine plonge avec talent son lecteur au cœur d’une région mal connue et le conduit, à travers cette histoire pleine d’épisodes héroïques, à la découverte de celui qui pour les Chinois est le roi des animaux.
Le roman est complété par une postface très intéressante sur « L’extinction des tigres » à travers le monde.
Ariane Tapinos (juillet 2012)
19/08/2012 | Lien permanent
COMME UN POISSON DANS L'EAU
roman
de Carl HIAASEN
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Yves Sarda, éd. Gallimard jeunesse, février 2007, 283 pages - 11,50 €
Le père de Noah Underwood est en prison pour avoir coulé le bateau-casino de Dusty Muleman, un magnat local. Le père de Noah se justifie en arguant que le navire déversait ses eaux usées dans la baie de Floride, polluant ainsi faune, flore et océan et faisant courir aux baigneurs le risque d’attraper maladies et parasites divers.Le hic, c’est que Underwood senior se prend pour Nelson Mandela et convie la télé locale dans sa cellule pour dénoncer un scandale qu’il ne peut pas prouver et demande à son fils de l’aider. L’autre problème c’est que madame Underwood en a plus qu’assez des coups de sang de son idéaliste d’époux et qu’elle prononce le terrible mot en D que tout enfant redoute.
Prouver les dires de son père devient donc plus qu’une histoire de justice pour Noah et sa petite sœur Abbey ; il s’agit tout simplement de sauver la famille. Aidés par une barmaid et un mystérieux vagabond aux allures de pirate, les deux enfants vont devoir déployer des trésors d’ingéniosité et d’audace pour dénoncer le pollueur et prouver la bonne foi de leur père.
Carl Hiaasen signe ici – après Chouettechez le même éditeur – un autre polarécologique. Au-delà de l’intrigue policière, c’est tout un petit monde niché au cœur de la baie de Floride qu’il s’attache à recréer et à nous faire découvrir et aimer.
Nathalie Ventax
(Première publication mars 2007)
13/10/2015 | Lien permanent
TOMMY LA NUIT DE NOËL
album
de Rotraut Susanne BERNER
Éd. La Joie de lire, octobre 2016 - 10,90€
Le jour est à peine levé que Tommy demande quand va t-il enfin faire nuit ! Il faut dire que ce jour n’est pas n’importe lequel, c’est celui qui précède la nuit de Noël. Alors comment occuper une si longue journée ? Tommy a une idée : il enfile manteau, bottes et moufles et se rend dans le jardin où il va construire une piste d’atterrissage pour le Père Noël !
Alors que la nuit tombe enfin maman, Agnès et Tommy guettent le Père Noël derrière la fenêtre et pendant ce temps… les cadeaux apparaissent au pied du sapin, dans le salon qui « sent bon les bougies, la cannelle et le sapin ».
Après avoir eu la géniale idée de rééditer les premiers albums de la série Tommy de Rotraut Susanne Berner précédemment parus (et disparus) aux éditions Seuil Jeunesse, La Joie de lire publie désormais des titres inédits de cette auteure déjà présente depuis longtemps à son catalogue. Ce volume a les mêmes qualités que les précédents : un mélange de réalisme très juste sur le quotidien des plus petits et de fantaisie pleine de poésie. Ce monde, fait d’ordinaire et de poules noires à pois blancs qui se baladent dans la maison, est à l’image de celui des enfants dans lequel l’imaginaire s’invite dans la réalité.
Ariane Tapinos (novembre 2016)
A lire sur notre blog, la critique de Une petite soeur pour Tommy (ré-édité, à La Joie de lire, en 2016 sous le titre : Tommy La surprise)
30/11/2016 | Lien permanent
LE PIRE ANNIVERSAIRE DE MA VIE
album
de Benjamin CHAUD
Éd. Hélium, août 2016 – 14,90
« Les anniversaires, c'est ce que je préfère dans la vie. En premier le mien, en deuxième celui des autres »
Et ça tombe bien parce qu'aujourd'hui, le héros de cette histoire est invité à l'anniversaire de Julie. Et comme Julie, c'est son amoureuse (même si elle ne le sait pas encore...) il lui prépare une surprise, en forme de cœur.
Seulement, ce goûter d'anniversaire va se révéler bien périlleux : tout d'abord notre petit héros est le seul - avec son lapin-bélier Chaussette - à arriver déguisé, puis après s'être emberlificoté avec une fleur en scotch, il va se prendre les pieds dans une ficelle qui pendouille, trébucher sur une lampe, s'entortiller dans une guirlande électrique... et ainsi, se retrouver planté au milieu du salon comme un sapin de Noël, avec tout le monde qui le regarde.
Le pire anniversaire de sa vie ! Enfin, peut-être pas...
On retrouve avec grand plaisir, dans cette nouvelle aventure le petit héros de Adieu Chaussette (éditions Hélium, septembre 2010), toujours accompagné de son doudou-lapin (qui mystérieusement est passé de lapin-bélier à lapin-buffle). Une nouvelle aventure tout aussi désopilante et pleine de tendresse. Les illustrations, comme toujours, fourmillent de détails et de fantaisie.
Une histoire pleine de bienveillance pour apprendre que le ridicule ne tue pas, et surtout pas quand on est amoureux.
Claire Lebreuvaud (janvier 2017)
22/01/2017 | Lien permanent
PRESQUE TOUTE LA VÉRITÉ SUR LES LUTINS
album
de Clothilde DELACROIX
Éd. Seuil jeunesse, octobre 2016 - 18 €
Si jusque là vous pensiez que les lutins n'étaient rien d'autre que des petits êtres un brin facétieux qui travaillaient d'arrache-pied afin que le Père-Noël passe par votre cheminée la nuit du 24 décembre... ouvrez vite ce livre pour découvrir, enfin, toute la vérité (ou presque) sur ce qui se cachent sous leurs chapeaux pointus.
Vous saurez ainsi que si les lutins sont si petits c'est vraisemblablement parce qu'au cours des premiers siècles de l'ère lutine, ils avaient la fâcheuse tendance de ponctuer chacune de leurs phrases par un coups sur la tête de leur interlocuteur. Ce qui aurait eu pour effet de stopper net leur croissance. Vous apprendrez aussi comment un barbier, par un mauvais coup de ciseaux va lancer la mode des oreilles pointues et comment les lutines se révoltèrent au son de « liberté, égalité, pi-lo-si-té ! » et gagnèrent le droit de porter elles-aussi la barbe une fois par an.
Bref, le monde lutinesque n'aura plus aucun secret pour vous et vous aurez enfin toutes les réponses aux questions que vous ne vous êtes même jamais posées : pourquoi portent-ils exclusivement du rouge et du vert, pourquoi cultivent-ils une passion immodérée pour les champignons, quels sont leurs moyens de transports préférés...
Autant de questions auxquelles répond avec gourmandise et une sacrée inventivité, Clothilde Delacroix dans cet album hilarant, truffé de clins d’œil aussi loufoques qu'absurdes (les parodies de tableaux célèbres : Les lutines de Lutino Mélasquez ou La Lutine guidant le peuple d'Eugène Lutacroix sont irrésistibles).
Un album aussi savoureux qu'un bon Chamdwich... histoire d'attendre noël en éclatant de rire.
Claire Lebreuvaud (novembre 2016)
26/11/2016 | Lien permanent
LA VÉRITÉ SUR LES GRANDS-PARENTS
album
Elina ELLIS
Traduit de l’anglais par Camille Guénot
Éd. Kaléidoscope, février 2019 – 13,50€
Ces grands-parents là sont « vraiment très vieux. Ils ont des rides, pas beaucoup de cheveux et de drôles de dents. » Pour autant… ils déjouent tous les stéréoptypes. Ils font du grand-huit, du skate, de la danse… Ils jouent sur des consoles, utilisent des ordinateurs, aiment la musique (et la pratique), les voyages (interstellaires)… Surtout, ils rient beaucoup et s’aiment énormément.
Alors oui, ils « sont vraiment très vieux », pas tellement comme les grands-parents d’aujourd’hui qui à soixante-dix ans ressemblent aux personnes de cinquante ans d’il y trente ans mais pas non plus comme les grands-parents d’hier*. Alors que Gallimard jeunesse réédite, quarante ans après sa parution, le premier album de Pef : Moi, ma grand-mère… (Gallimard Jeunesse, 2018, première édition, La Farandole 1978) on mesure le chemin parcouru. Dans cet album, on trouve d’un côté, des grands-mères extraordinaires : écrivaine, exploratrice, capitaine de bateaux… de l’autre, celle du petit narrateur qui « sait faire de bonnes tartines de beurre avec des petits morceaux de chocolat dessus » et ça, c’est quand même le mieux.
Aujourd’hui, pour montrer des grands-parents, il faut encore en faire des vieillards (un peu comme les bibliothécaires à lunettes et chignon) mais ce qui est vraiment mis en avant c’est leur manière d’être présents au monde, de ne renoncer à aucun des plaisirs de la vie. Et si la 4e de couverture les monte un peu fatigués, c’est un juste contraste avec la couverture sur laquelle ils apparaissent sautant sur un trampoline avec leur petit-fils. On le serait à moins…
Ariane Tapinos (avril 2019)
*C’est peut-être aussi un effet de la traduction. En effet, le titre anglais est : The Truth about Old People. Littéralement : la vérité sur les personnes âgées…
29/04/2019 | Lien permanent
EN VOITURE !
album
de Guilherme KARSTEN
Traduit de l'anglais par Rosalind Elland-Goldsmith
Éd. Seuil jeunesse, avril 2019 – 14,50€
« Ca va rouler !
un surfeur monte en voiture,
Avec sa planche et son plan tout tracé,
Fin prêt pour l'aventure ! »
Et le voilà parti, notre surfeur ravi (et moustachu), planche sur le toit et lunettes de soleil sur le nez, direction la mer ! Vamos a la playa ! ou plus justement Vamos para a praia puisque l'auteur est brésilien. Sur sa route, il va prendre au bord de son automobile une kyrielle d'auto-stoppeurs plutôt farfelus : un plongeur bientôt marié (surfeur enchanté), un super-héros lassé (surfeur enchanté), un alligator blasé (surfeur... moins emballé), un voleur en cavale (surfeur intrigué) , une policière méfiante (surfeur... contrarié), une fillette en sanglots (surfeur énervé).
Tout ce petit monde trouve tant bien que mal une petite place dans l'auto... mais on commence à être à l'étroit, alors quand se pointe un loup, l'air sympa et pouce en l'air, notre surfeur hausse les épaules et notre petite troupe continue sa route :
« Fillette en sanglots,
Policière méfiante,
Voleur en cavale,
Alligator blasé,
Super-héros lassé,
Plongeur bientôt marié,
Surfeur... écrabouillé.»
Mais on dirait qu'il manque quelqu'un : le musicien et sa contrebasse. Ni une, ni deux, le musicien grimpe dans l'automobile et … BOUM! Les quatre pneus de l'automobile rendent l'âme, trop c'est trop ! Si nos hurluberlus auto-stoppeurs veulent toujours y arriver, il n'y a qu'une chose à tenter... lever le pouce !
Un album qui démarre sur les chapeaux de roues, décalé, rimé et rythmé comme une ritournelle un brin déjantée et surtout drôlissime. On rigole à chaque page... et la chute (non dévoilée ici) est irrésistible. Guilherme Karsten, graphiste brésilien, signe ici son premier album en tant qu'auteur et illustrateur, on applaudit des deux mains... euh, des deux... POUCES !
Claire Lebreuvaud (juin 2019)
03/06/2019 | Lien permanent
PHILIBERT MERLIN, APPRENTI ENCHANTEUR
roman
de Gwladys CONSTANT
Illustré par Juliette BARBANÈGRE
Éd. Rouergue, coll. Dac0Dac, janvier 2018, 112 pages - 9,50€
Philibert est le petit dernier d'une famille de sept enfants... autant dire que la tâche est sacrément ardue pour trouver sa place au sein de cette grande fratrie. D'autant plus que chez les Merlin, on est enchanteur (avec un tel patronyme on s'en serait douté) depuis la nuit des temps. Chacun et chacune possède un don, un talent : Wolfgang, le grand frère est un musicien génial, Léonarda une virtuose du pinceau, Albert a la bosse des mathématiques (toutes ressemblances avec des personnes ayant existé n'est pas fortuite). Tous des prodiges... sauf Philibert ! Pas la moindre étincelle de génie, aucun don magique, contrairement à ses parents, ses frères et sœurs, Philibert est désespérément normal. A croire qu'aucune bonne fée ne s'est donné la peine de se pencher sur son berceau.
Cherchant désespérément son don, Philibert va s'essayer à l'herboristerie, avant de manquer d'empoisonner un camarade de classe, A la chimie, l’école a bien failli exploser...
Cherchant désespérément son don, Philibert va s'essayer à l'herboristerie, avant de manquer d'empoisonner un camarade de classe, A la chimie, l’école a bien failli exploser...
Inquiets et désemparés, ses parents, une physicienne renommée et un des plus grands chirurgiens cardiaques au monde, décident de l'envoyer à Vienne chez Clara Freud, une spécialiste des dons tardifs qui va lui expliquer que s'il n'a pas encore trouvé son don, c'est qu'il n'a pas encore été mis au contact de celui-ci. Qu'à cela ne tienne, la famille au grand complet lui prépare un grand barnum d'activités créatives et scientifiques aussi diverses que farfelues : Philibert doit trouver son don coûte que coûte !
Pfiou ! Et si, bien que croyant bien faire, cette famille un tantinet trop aimante et envahissante mettait trop de pression sur les épaules de Philibert... et si tout simplement, on lui fichait la paix à Philibert, peut-être finirait-il par trouver tout seul la recette de son talent ?
Une histoire de vilain petit canard des temps modernes et féériques qui aborde avec humour et tendresse la construction de soi à travers le regard de ce petit cancre pas tout à fait comme les autres.
Claire Lebreuvaud (septembre 2018)
15/09/2018 | Lien permanent