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Le garçon qui a mordu Picasso (une histoire vraie) | documentaire d'Antony PENROSE

Picasso.jpgTraduit de l’anglais par Pierre Saint-Jean
éd. Thames & Hudson | 3e trimestre 2010
14,95 €

Voici un drôle de documentaire qui nous plonge dans l’intimité de Pablo Picasso, à travers les souvenirs d’Anthony Penrose qui eut le privilège de le connaître alors qu’il était enfant et que le célèbre artiste fréquentait sa famille. Les parents du petit Tony étaient eux-mêmes artistes, son père peintre et sa mère photographe et ils recevaient Picasso chez eux, dans le Sussex en Angleterre ou se rendaient chez lui, dans le sud de la France. De ces rencontres, Tony garde le souvenir d’un personnage fantasque et chaleureux qui aimait les enfants et les autorisait à jouer dans son atelier, ce qu’il refusait aux adultes. Un jour, en jouant, Tony a mordu Picasso et celui-ci lui a rendu la pareille puis s’est exclamé: «Ça alors, c’est bien la première fois que je mords un Anglais!»

Au-delà de l’anecdote, et de son titre génial, Le garçon qui a mordu Picasso donne à voir Picasso dans son quotidien et les liens entre l’art, la vie et l’enfance aussi, comme sources d’inspiration pour l’artiste.
Avec ses photos de la vie privée de Penrose et des Picasso et ses reproductions de quelques œuvres célèbres ou anecdotiques – comme la petite femme taillée dans un morceau de bois pour servir de jouet à Tony – ce joli livre jaune se lit aussi bien comme un documentaire que comme une histoire (vraie) racontée par un enfant à d’autres enfants. Avec le ton et l’humour dont peuvent faire preuve les petits et les artistes qui, s’ils sont grands, ont su garder leur enfance vivace.

Ariane Tapinos (novembre 2010)


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11/11/2010 | Lien permanent

DAGFRID - Des brioches sur les oreilles

téléchargement.jpgroman
Agnès MATHIEU-DAUDÉ, illustrations d' Olivier TALLEC
coll. "mouche" L’ École des loisirs, 38 pages, janvier 2020- 6,50 €

Dur dur d’être une fille viking : on passe sa vie dans une maison en tourbe à porter des jupes super longues qui vous empêchent de courir correctement ou de partir à la découverte de l’Amérique, on ne mange que du poisson et on est obligée de s’enrouler ses tresses autour des oreilles façon brioches.
Dagfrid ne le supporte plus (enfin, surtout le poisson) et décide de partir à la recherche d’un nouveau monde où elle pourra laisser pendre ses tresses en toute liberté. Avec la complicité de son grand frère Oldaric elle se construit un bateau et part explorer le vaste océan .
Agnès Mathieu-Daudé dresse le portrait d’une héroïne rebelle qui n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à bousculer l’ordre établi pour partir à la conquête de son idéal : un monde sans poisson. Ces premières aventures de Dagfrid - irrésistiblement croquées par Olivier Tallec- donnent très envie d'en savoir plus ce sur petit monde viking pas piqué des vers... Tellement que l'on ne peut pas s'empêcher d'espérer une suite !

 

Défi Viking !defiviking.PNG

Réalisez la plus belle coiffure viking ! Tresses roulées sur les oreilles, barbe tressée, couvre chef en simili peau de mouton …Tous les coups sont permis (y compris de VRAIES brioches sur les oreilles). Envoyez-nous une photo de vos plus belles œuvres capillaires,à l’adresse suivante : comptines@comptines.fr nous les publierons sur le blog. À vos peignes !

 

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26/03/2020 | Lien permanent

TROIS FILLES EN COLÈRE

3 filles en colère.jpgIsabelle PANZADOPOULOS
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, octobre 2017, 336 pages - 13,50€

1966, un vent de révolte commence à souffler sur le monde

A Paris, Suzanne étudie à Nanterre, elle étouffe dans une famille bourgeoise qui n'attend que de la voir bien mariée et s'enthousiasme pour l’effervescence politique qui commence à agiter les bancs de l'université. Magda, sa cousine, après cinq années d'exil en France vient tout juste de rejoindre son père à Berlin-Ouest. Cléomèna, fille de communistes a fui la Grèce et sa dictature pour Paris afin de sauver sa peau. 
Trois jeunes filles, trois voix, trois révoltes. Trois colères que l'on découvre à travers la correspondance épistolaire qui unie ces trois jeunes filles, à laquelle vont se mêler des notes de journaux intimes, des photos d'archives.

 

Un roman captivant et atypique dans lequel on entre un peu comme si on ouvrait une valise oubliée dans un vieux grenier, Isabelle Pandazopoulos nous entraîne dans le tourbillon des prémices de mai 1968 à la suite des ces trois jeunes filles bien décidées à battre le pavé avec une joyeuse insolence en clamant : « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! »

Claire Lebreuvaud (avril 2018)

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18/04/2018 | Lien permanent

1968 DANS LE MONDE

1968 DANS LE MODNE.jpgdocumentaire
de Claude GRIMMER
Éd. De La Martinière Jeunesse, coll. La vie des enfants, janvier 2008 - ÉPUISÉ

Loin des clichés sur les outrances de mai 1968, ce documentaire au langage clair, donne une vision très complète de cet épisode de notre histoire récente. Exhaustif, il explique le contexte international et l’état de la société française, qui ont mené aux évènements de mai. Alternant explications de l’auteur et témoignages reconstitués, il donne à voir l’immense écart entre le monde d’avant 68 – et la fin des années 60 et le début des années 70 – et le monde d’aujourd’hui. À cet égard, les deux photos de lycéens le jour du bac– en 1960 et en 1972 – sont terriblement parlantes : sur la première on voit des jeunes gens qui se tiennent droit dans leurs vêtements classiques (jupes et petits talons pour les filles, costumes et cravates pour les garçons) ; sur la seconde,tout dans les vêtements (pantalons “pat’eph”), les coiffures, la manière de se tenir, indique un profond changement des moeurs.

Avec une pointe de nostalgie, Claude Grimmer rend palpable l’espérance de ces années de révolte contre une société corsetée et injuste. On mesure alors que si de nombreuses choses ont changé – et sans retour en arrière possible n’en déplaise à certains –beaucoup d’espoirs sont restés sans lendemain, et que le monde d’aujourd’hui, s’il est moins figé dans les convenances des années d’après guerre n’en est pas moins profondément injuste.

Ariane Tapinos (première publication : février 2008)

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15/03/2018 | Lien permanent

Lettre d'information #128

En août à la librairie Comptines

Pour vos libraires ce sont enfin les vacances !
La librairie sera fermée du mardi 10 août au samedi 14 août inclus.

N'oubliez pas ! La librairie sera en horaires d'été jusqu'au 24 août
ouverture de 10h30 à18h30 sans interruption.

Reprise de nos horaires habituels le mardi 24 août.

 

... Et pour vous occuper cet été Comptines vous propose un petit concours :

téléchargement.jpegMets en scène ton animal préféré

Qu'il soit réel, dessiné, en bois ou en plastique, crées une scène avec ton animal préféré et envoies-nous la photo de ta réalisation à l'adresse comptines@comptines.fr .
Les plus drôles recevront un exemplaire de Ça ne tourne pas rond aux éditions Nathan, dédicacé par Régis Lejonc himself !

 

téléchargement (1).jpegUn autre concours ? Pas de problème ! Retrouvez le jeu des sorcières organisé par la revue Citrouille et les librairies sorcières par ICI

 

 

Et en septembre ?

Nous ferons la connaissance de La Partie avec une exposition, le festival Gribouillis nous offrira de belles rencontres (Jeanne Ballas, Max Ducos, Anne Herbauts, Pauline Martin,Vincent Pianina, Mélanie Roubineau ) et l'association Les mains pour le Dire viendra jouer avec nous !

Bonnes vacances !

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06/08/2021 | Lien permanent

COLIN FISCHER UN GARÇON EXTRAORDINAIRE

autisme,enquete,harcelementRoman
de Ashley EDWARD MILLER & Zack STENZ
Traduit  de l’américain par Nathalie Peronny
Éd. Hélium, octobre 2013
208 pages – 13,50 €

« Mon nom est Colin Fischer. J’ai 14 ans et je pèse 54,9 kg. Aujourd’hui c’est mon premier jour au lycée. Plus que 1365 avant la fin. »

La grande différence pour ce premier jour de lycée, c’est que Colin va devoir se débrouiller tout seul. Jusque là Marie, son aide de vie scolaire, l’avait toujours accompagné et aidé dans ses relations aux autres. Désormais… il devra affronter seul la meute des adolescents pas toujours bienveillants, le bruit incessant des récréations ou de la cantine et même les odeurs de transpiration du gymnase. Heureusement, Colin est très intelligent et s’emploie à noter tout ce qui se passe autour de lui dans son petit carnet. Il met également en pratique les conseils de Marie et utilise des fiches mémoire pour reconnaître et comprendre les expressions de ses interlocuteurs. Cela ne l’empêche pas de dire, sans aucune malice, des choses qu’on évite habituellement de dire, comme quand il énonce à Melissa « tes seins ont grossi » et se lance dans une grande explication sur le développement mammaire et l’augmentation hormonale due à la puberté devant l’adolescente interloquée. Colin est atteint du syndrome d’Asperger et dit de lui-même : « Je suis considéré comme autiste de haut niveau mais j’ai du mal à interagir socialement et je possède en outre des lacunes sur le plan de l’intégration sensorielle provoquant un grave déficit dans certains aspects de la coordination physique ».

Les bizarreries de Colin en font l’un des souffre douleur préféré des caïds du lycée et souvent même de son frère cadet Danny. Pourtant quand à la suite d’une bagarre autour du gâteau d’anniversaire de Melissa, un coup de feu part et que Wayne, le pire ennemi de Colin depuis la maternelle, est accusé d’avoir introduit un revolver dans le lycée, Colin n’écoute que son sens de l’observation et sa logique implacable quitte à disculper Wayne.

Comme souvent dans les romans, le héros atteint du syndrome d’Asperger fait un excellent détective : concentré sur les détails, logique, observateur mais Colin, comme son héros Sherlock Holmes, est incapable de comprendre les interactions sociales et c’est ce qui ajoute une touche d’humour.

En menant sons enquête, Colin repousse ses limites et prend le risque de la relation à autrui. Et alors qu'il apprend à se connaître et à connaître les autres, il nous livre de nombreuses informations sous la forme de notes ou de longs paragraphes qui se distinguent par leur typographie, sur tous ses sujets d’intérêts… et sur le syndrome d’Asperger.

Ariane Tapinos (mars 2014)

 

 

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30/03/2014 | Lien permanent

LE FIL À RECOUDRE LES ÂMES

japon,hiroshima,seconde guerre mondiale,racisme,nucleaireRoman de Jean-Jacques GREIF
Éd. L’école des loisirs, coll. Médium, avril 2012
231 pp. – 10,70 €

Au lendemain de l’attaque surprise menée par les Japonais contre la flotte américaine stationnée à Pearl Harbour, dans l’archipel d’Hawaï, le 7 décembre 1941, le FBI arrête de très nombreux Japonais-Américains. Puis, le président Franklin Delano Roosevelt décide, par décret, le 18 février 1942, d’éloigner des côtes californienne toute la population d’origine japonaise qui y réside. Ces personnes (au nombre de 110 000 environ), qu’elles soient citoyennes américaines ou non, sont finalement rassemblées, parquées, dans une dizaine de camps répartis à l’intérieur des terres, dans l’Ouest américain. Ce fait historique mal connu est le point de départ de ce formidable roman de Jean-Jacques Greif. 

Vu au travers des yeux de Kenichiro un jeune garçon de douze ans qui écrit à son enseignante, depuis le camp où, lui, sa mère et sa petite sœur, sont enfermés. Kenichiro raconte avec des mots simples (bien que dans une langue parfois un peu compliquée pour un enfant de son âge) leur condition de (sur)vie, la plongée forcée dans la culture japonaise (il lui écrit qu’il n’avait jamais vu autant de Japonais), et leur départ pour le Japon… Son père, arrêté tout de suite après Pearl Harbour, a été libéré à condition d’accepter un retour forcé au Japon pour permettre un échange de prisonnier. Là-bas, Kenichiro découvre qu’il est bel et bien américain, par ses habitudes, sa double culture, son japonais hésitant. Sur le chemin de l’école, il rencontre une petite fille, Yukiro, qui se prend d’affection pour lui et tente de l’aider à s’intégrer dans son nouvel environnement. Mais Yuriko doit partir pour rejoindre sa famille à Hiroshima.

Là s’ouvre une seconde partie du roman, terrible, brutale, à la limite du soutenable. Yuriko perd tout dans l’explosion et est gravement blessée par la bombe.

Pourtant, elle et Kenichiro vont encore se croiser… avec tout le romanesque que seule autorise la littérature. Mais également, comme l’histoire qui continue d’unir ces deux pays ravagés par la guerre et qui ont sut faire taire leurs haines.

Selon la formule consacrée, on ne sort pas indemne d’une telle lecture mais elle est indispensable à qui veut comprendre l’histoire d’une des plus grande folie humaine. Après cette lecture, l’atome n’est plus un mot mais une réalité : celle de Yukiro errant dans les rues dévastées d’Hiroshima, entourée de cadavres et de vivants aux allures de fantômes suppliciés.

Ariane Tapinos (juin 2012)

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08/07/2012 | Lien permanent

PEUR EXPRESS

peur express.gifThriller de Jo WITEK
Éd. Actes Sud Junior, coll. Romans Ado Thriller
Février 2012, 323 pp. – 14,50€

17h25, un soir de décembre, le TGV 175 quitte la Gare de Lyon en direction de Perpignan avec à son bord 1000 passagers répartis dans deux rames à étage. Parmi eux, six jeunes qui ne se connaissent pas et voyagent seuls, pour des raisons différentes. Trois filles et trois garçons qui trimballent leur mal-être adolescent, pas vraiment à l’aise dans leur corps et dans leur vie. Aux commandes de ce véritable paquebot des temps modernes qui atteint les 300 km/h en vitesse de croisière, une jeune femme, Jeanne, passionnée par son métier mais qui, ce jour-là, embarque avec elle ses doutes et ses inquiétudes sur sa vie personnelle. Dans la rame 1, celle dans laquelle se trouvent Jeanne et les six adolescents, Robert, le contrôleur et Josy la barista sont chargés du bon déroulement du voyage et du confort des passagers. Le premier, qui a de longues années de rail derrière lui, s’inquiète des intempéries qui pourraient compliquer le voyage. La seconde est préoccupée par son mariage prochain et son retour sur l’île de la Réunion d’où elle est originaire.

Tout commence comme un film catastrophe: présentation des personnages, les uns à la suite des autres, tension qui monte alors que le train prend de la vitesse, petits incidents qui s’accumulent… Puis viennent la neige et la panne… Le train est bloqué sur un viaduc, les intempéries compliquent la résolution de la panne. Le train est immobilisé. L’attente dure. Les vivres mais aussi l’eau et l’électricité viennent à manquer… 

Et là, le roman catastrophe frôle le grand-guignol pour mieux briser les frontières de la normalité. On quitte Titanic, on effleure Le Crime de l’Orient Express ou Le Pont de Cassandra, on s’approche de Runaway Train et enfin… on plonge dans l’irrationnel!

Après une petite virée – horrifique – du côté du paranormal, Peur Express se termine sur un long chapitre: «Au-delà du retour», à la manière d’une enquête de «X-Files».

C’est peu de dire que Jo Witek tient son lecteur en haleine! Peur Express se dévore à la vitesse de croisière d’un TGV. Elle réussit ce savant mélange de suspens et de fantastique qui, parce qu’il est parfaitement dosé et maîtrisé, nous fait accepter toutes les outrances (surtout celles qui culminent dans la seconde partie). Elle semble se jouer des figures des genres littéraire et cinématographique. Alors que tous les personnages des romans en vogue s’y trouvent (ce serait dommage d’en dévoiler plus), elle évite le ridicule (avec une pincée de gore) et réussit un excellent roman dans lequel les personnages secondaires (comme dans les bonnes séries américaines) sont parmi les plus intéressants.

À Lire de toute urgence. Âmes sensibles s’abstenir.

Ariane Tapinos (mars 2012)

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20/04/2012 | Lien permanent

Le Maître des estampes | album de Thierry DEDIEU

maitre estampes.jpgÉd. Seuil jeunesse, octobre 2010 - 16€

Un riche mandarin commande une estampe à un artiste dont il a admiré le travail. L’artiste lui demande un délai de six mois et la moitié de la somme que coûtera l’œuvre. Les mois et les semaines passent et le mandarin s’impatiente d’autant que quand il croise l’artiste celui-ci semble se promener le nez en l’air, dans la nature… Enfin, l’artiste arrive chez son commanditaire, déroule une feuille blanche et d’un trait simple et rapide, produit une œuvre magnifique, qui représente un écureuil descendant d’une branche de bambou. Le mandarin est à la fois ébahi et furieux: si c’était si simple et si rapide, il ne voit vraiment pas pourquoi il lui a fallu attendre si longtemps et payer si cher! L’artiste le conduit dans son atelier et lui montre les nombreuses esquisses qui ornent ses murs et remplissent ses tiroirs: partout ce ne sont que branches de bambous et écureuils…

Il explique alors :  «Ce que vous avez pris pour du dilettantisme, c’était la période pendant laquelle j’observais la vie et les mœurs des écureuils. Ce que vous preniez pour un délai déraisonnable n’était que le temps nécessaire à la maîtrise du geste, au choix du papier, au dosage de l’encre et à la recherche du pinceau le plus apte à reproduire le pelage du rongeur ainsi que la texture de la feuille de bambou. Le salaire que je vous ai demandé paie tout juste ma ration de riz quotidienne.»

Difficile de faire plus explicite et plus joliment dit à la fois, pour parler du travail de l’artiste en général. Ce pourrait être le texte d’un tract pour une manifestation d’intermittents du spectacle ou de représentants des arts et de la culture, en butte à des réductions budgétaires… L’art prend du temps et le monde moderne, comme celui des puissants, est un monde de la vitesse dans lequel la culture et l’artiste qui la produit, sont trop souvent mal considérés.
En plus d’être intelligent, cet album est splendide, finement illustré et accompagné d’un merveilleux «carnet d’études» où se pressent écureuils et feuilles de bambous, au crayon, au feutre ou à l’encre de chine. Espérons qu’un tel ouvrage permettra aux plus jeunes de percevoir que le travail de l’artiste ne se limite pas à son geste définitif. Qu’il se murit, se pense, s’essaie, sur le temps long. Et que oui, être artiste c’est travailler énormément pour parfois produire très peu mais que c’est ce peu qui fait notre vie à tous plus belle et plus intéressante.

Ariane Tapinos (octobre 2010)

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16/11/2010 | Lien permanent

Le Nouveau

le nouveau.gifAlbum Noël
Didier Lévy (texte) et Matthieu Roussel (ill.)
Éd. Sarbacane | 4e trimestre 2004 - 14,90 €

Robert est un jeune homme ambitieux, publicitaire de son état. Un jour, ou plutôt une nuit qu’il roule sur une petite route de montagne, sa voiture tombe en panne. Il s’enfonce dans la forêt (et dans la neige) à la recherche de quelqu’un pour l’aider et… il tombe nez à nez avec le Père Noël et ses lutins! Le vieux monsieur barbu lui annonce qu’il est le nouveau Père Noël. Robert n’en croit rien et se fâcherait même si le lutin Django ne lui réparait vite fait sa voiture. De retour dans la vie «normale», Robert s’aperçoit vite que Django le suit partout mais qu’il est le seul à pouvoir le voir. Cela n’arrêtera pas Robert dans son irrésistible ascension sociale et professionnelle. Il prend de l’embonpoint, fume des cigares de plus en plus gros et atteint enfin le dernier étage de la tour. Il est le «Grand Chef». Un soir, il croise sa fille de dix-huit ans qui quitte la maison (il avait trouvé le temps de faire un enfant à sa femme) et sa femme lui annonce qu’elle le quitte. Robert comprend soudain (il était temps, mais mieux vaut tard que jamais, paraît-il) qu’il est passé à côté de sa vie. Dès le lendemain, tout change: il ne va plus travailler, ne quitte plus son pyjama, demande pardon à sa fille et se laisse pousser la barbe. Il part avec sa femme se promener dans la montagne et croise… les lutins qui l’attendent avec un beau manteau rouge et un tout nouveau traîneau (du genre vaisseau spatial).

Voilà un album qui sort du lot des gentils livres de Noël! Tout est insolent et amusant dans ce drôle de livre. La figure du publicitaire symbole de la réussite sociale n’est pas nouvelle (on pense au personnage joué par Kirk Douglass dans L’Arrangement, magnifique film d’Elia Kazan, ou dans le registre plus humoristique au mari de Samantha dans la célèbre série Ma sorcière bien aimée) mais la solution que Robert apporte au constat de l’échec de sa vie personnelle ouvre des perspectives nouvelles! Les images (de synthèse?) aussi sont à la fois très référencées (très sixties, justement) et très originales. Cerise sur le gâteau, le titre en lettres d’or brille de mille feux. Délicieusement kitsch. Comme dans Angelman, leur précédent album chez le même éditeur, Didier Lévy et Matthieu Roussel réussissent un cocktail décoiffant. À mettre entre toutes les mains…

Ariane Tapinos

(première publication de l'article : 1er décembre 2004)

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01/12/2009 | Lien permanent

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