Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Le Voyage d'Henry

LA FILLE DU SAMOURAÏ

Fille du samourai.gifAlbum de Fred BERNARD (texte)
& François ROCA (illustrations)
Éd. Albin Michel Jeunesse
Août 2012 – 19 €

Dans un théâtre, des spectateurs médusés assistent au « XVIIIe Concours d’histoires vraies ou presque consacré aux îles de l’Orient ». Après qu’un vieux Chinois ait raconté l’histoire d’un matelot « devenu pirate, invincible grâce à un petit arbre qui lui était poussé sur la tête »*, un couple apparaît sur scène. L’homme, jeune, est un Européen habillé à l’orientale, la femme porte un kimono et a le visage masqué par un voile. Tomé, c’est le nom du jeune homme, déclare qu’on peut l’appeler « Tome II » et raconte son histoire et celle sa compagne Tomo Musahi dont il a découvert le visage, entièrement tatoué de fins idéogrammes.

Leur histoire, c’est celle de Tomé, échoué sur un île du Japon après avoir essuyé une tempête en mer. Recueilli par un vieil homme aveugle et sa fille Tomo, il apprend la « Voie de la tactique des samouraïs » et « l’Art de l’union de l’esprit et du sabre ». Seul cet enseignement lui permettra de combattre les Guerriers-Démons et de sauver Tomé. Cette dernière participera également au combat final et c’est son chant qui viendra à bout d’un terrible dragon…

Comme toujours, les images de François Roca sont somptueuses. À la fois sombres et lumineuses, elles forment avec le beau texte de Fred Bernard, un récit magique et envoûtant. On retrouve ici, comme dans leurs précédents albums, le goût des deux artistes pour l’aventure, les voyages mais aussi le cirque, le cabaret et le tournant du siècle dernier, époque où les voyages étaient encore synonymes de mystères et les scènes de théâtre les réceptacles de tous lesdésirs d’exotismes de l’Occident.

Un album qui régalera les plus grands comme les adultes nostalgiques des lectures de leur enfance…

Ariane Tapinos (septembre 2012)


* on reconnaîtra la citation… de L’Homme Bonsaï, un des plus beaux albums de Fred Bernard et François Roca (éd. Albin Michel Jeunesse, 2003).

Lire la suite

16/09/2012 | Lien permanent

BIBLIO ALGERIE 3 • L’Algérie d’aujourd’hui racontée aux enfants français

Algérie (Grandir).gif

L'Algérie
Documentaire
Djilali DJELALI
Illustration Kamel KHELIF

Éd. Grandir, coll. Les terres des hommes
Juin 2008 - 15€
Portrait de l’Algérie «terre de contrastes et d’échanges»: géographie physique et humaine, histoire, économie, culture… 

Aujourd'hui en Algérie.gifAujourd’hui en Algérie. Yanis, Alger 
Documentaire
Mohammed KACIMI EL HASSANI 
Illustrations Charlotte Gastaut & Christian Heinrich
Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Le journal d’un enfant
Mai 2008 – 12,90€
Voyage dans l’Algérie d’aujourd’hui aux côtés du jeune Yanis, algérois de onze ans. Selon le principe de cette collection, la fiction – le journal de Yanis – est complétée par des rabats documentaires.

Ikram, Amina et Fouad.gifIkram, Amina et Fouad vivent en Algérie
Documentaire
Claire VEILLÈRES
Illustration Sophie Duffet
Éd. De La Martinière Jeunesse, coll. La vie des enfants d’ailleurs
Sept. 2005 – 12€
«Ikram, Amina et Fouad sont des enfants qui vivent en Algérie. De la verte Kabylie aux dunes du Sahara en passant par Alger, la capitale, ils grandissent auprès de leur famille, découvrant l'Algérie moderne tout en apprenant l'histoire et les traditions de leur pays. Ikram vit dans les montagnes de Kabylie. Il aime la culture kabyle, travaille dur à l'école et à la ferme. Amina, fille d'un haut fonctionnaire algérien, profite des nombreux trésors de la capitale tout en se questionnant sur le statut et le rôle de la femme dans son pays.
Plus au sud, enfin, Fouad rêve du désert et de la vie nomade, dont lui parle pendant des heures son arrière-grand-père. C'est en suivant ces trois enfants que Claire Veillères nous fait découvrir l'Algérie, longtemps malmenée par l'Histoire et aujourd'hui pleine d'espoir dans l'avenir.» (note de l'éditeur)

Kalimagier.gifKalimagier
Imagier bilingue français-arabe
Nadia ROMAN, Lazhari LABTER et Marie MAHLER
Éd. Ricochet, sept. 2010, 50 pp. – 17€
«Le français et l'arabe se sont enrichis mutuellement au gré des échanges entre les peuples. Aspirine, clinique, docteur, momie, nénuphar, zéro, zénith... ces mots que l'on emploie couramment sont le résultat d'un échange entre deux langues, deux cultures. Le voyage de 100 mots, d'un côté à l'autre de la Méditerranée.» (note de l'éditeur)


 

Lire la suite

02/02/2012 | Lien permanent

Amos et le pays noir | album d'Anne CORTEY, illustré par Janik COAT

9782746712447.jpgÉd. Autrement jeunesse | février 2009 - 16,50 €

Amos est un koala bleu, rouge et jaune. Il a de grands yeux ronds un peu hallucinés et de longues oreilles ovales. Il vit perché sur son arbre dans un univers entièrement noir où même «les habitants semblent couverts de suie». «Un jour Amos découvre une boîte. Il l’ouvre. Un arc-en-ciel en sort». Et les couleurs, peu à peu vont envahir son monde. C’est d’abord «l’arc-en-ciel qui s’étire» et se répand sur les arbres ronds et noirs. Ce sont ensuite des étoiles multicolores semées par Amos au fil de ses pas. C’est enfin le noir qui s’efface devant les couleurs qui se mélangent. Alors le pays d’Amos n’est plus le pays noir, c’est celui des couleurs denses, éclatantes, souriantes.

Ce voyage au pays d’Amos est surtout un voyage dans l’univers graphiques de Janik Coat. Les formes y sont rondes, sans aucune mièvrerie, les traits larges, les couleurs franches. L’irruption des couleurs permet, a contrario, de mettre en valeur les quelques pages entièrement noires du début de l’album. Le noir se fait gris, plus ou moins dense, plus ou moins sombre. Les contrastes entre la page blanche, le monde noir d’Amos, et le petit koala multicolore, sont splendides. S’en suivent quelques pages où la couleur s’immisce dans cet univers de gris. Plutôt que de repousser le noir, elle l’effrite et, s’installant peu à peu en son sein, en repousse les limites. Quand enfin les couleurs sont là, c’est une toute autre lumière qui éclaire le monde d’Amos. L’herbe est verte et grasse comme, sans doute, la craie de l’artiste. Le ciel est d’un bleu lumineux et épais comme un océan perché dans le haut de la page. Amos n’est plus seul et nous on s’extasie devant tant de beauté.
Et si ce livre est réussi, c’est aussi parce que son grand format carré et son papier épais mettent magnifiquement en valeur le style si personnel de Janik Coat, servi ici par un texte d’Anne Cortey, fait de phrases courtes qui flirtent avec la poésie. Un texte qui, présenté en grandes lettres d’imprimerie gris clair, s’installe avec bonheur aux côtés de l’image.

Ariane Tapinos (avril 2009)

Lire la suite

04/04/2009 | Lien permanent

La Cuisine des corsaires | petite conférence d’Olivier ROELLINGER

9782227478121.jpgPetite conférence sur la gastronomie
Éd. Bayard, coll. Petites conférences | septembre 2008, 76 pp. | 12 €


Restaurateur à Cancale, chef étoilé (il n’avait pas encore «rendu» ses trois étoiles au moment de cette conférence), Olivier Roellinger invite ses auditeurs – et lecteurs ! – à un voyage dans le temps et l’espace, sur les traces des épices. Il nous transmet un peu de sa curiosité passionnée pour l’histoire des saveurs et ceux qui les font voyager.

Sa « petite conférence » s’ouvre sur une approche par l’odeur et se conclut sur une dégustation : des expériences difficiles à faire passer sur le papier ! Mais entre les deux, ce conteur infatigable nous embarque à la suite des corsaires, des pirates, des botanistes, des cuisiniers, qui de tous temps ont influencé et enrichi les goûts et les couleurs des assiettes de leurs contemporains. Il nous explique sa tendresse particulière pour les cuisiniers du siècle des lumières, si prompts à intégrer des ingrédients nouveaux et exotiques dans leurs recettes… dont certaines nous paraissent aujourd’hui « typiquement » françaises ! Son livre n’est pas une démonstration mais un plaidoyer pour une conception anti-nationaliste de la gastronomie. Et on le suit volontiers, quand il nous apprend qu’au Moyen-âge, en Occident, le poivre était souvent remplacé par… du gingembre, une épice que l’on croit ici très moderne. Ou encore, lorsqu’il se plaît à décortiquer l’origine historique des ingrédients à la base de nombreux plats « nationaux » : nos frites si françaises nées d’un légume… importé du Chili ou du Mexique, idem pour la tomate chère aux Italiens, ou les spaghetti, variation sur les nouilles… chinoises. D’Amérique en Asie, il retrace le chemin parcouru sur plusieurs siècles par le piment qui a pris racine dans plusieurs traditions culinaires : il devient piment d’Espelette au passage des Pyrénées, poivron en Méditerranée, paprika dans le goulasch hongrois, pour finalement agrémenter moult plats indiens et asiatiques… avec lesquels il revient en force aujourd’hui dans nos repas !

On devine que les enfants ont été un peu surpris par ce discours non-conventionnel, plus proche du cours de civilisation que du livre de cuisine, si l’on en juge par leurs questions en fin d’ouvrage ; ces questions sont très pragmatiques : sur la fraîcheur des épices, les bienfaits (ou méfaits) du sel sur la santé… Olivier Roellinger y répond avec bienveillance, il prêche la modération – sur le sel, le sucre…- mais une curiosité gastronomique sans limites !

Corinne Chiaradia (février 2009)

Lire la suite

15/02/2009 | Lien permanent

Le Schmat doudou | album de Muriel BLOCH & Joëlle JOLIVET (illustrations)

Schmat doudou.jpg Éd. Syros, coll. Paroles de conteurs - Petites oreilles | sept. 2009 | 10,50€

À sa naissance Joseph reçu de son grand-père, tailleur de son état, une belle couverture cousue main pour couvrir son petit lit. En grandissant, l’enfant fît de la couverture son doudou qu’il traînait partout. Un schmat doudou, un doudou chiffon usé de toutes les tendresses de Joseph. Un jour sa mère en eut assez de cette couverture dégoûtante et la jeta. Joseph la récupéra et courut, de l’autre côté de la rue, chez son grand-père, qui aussitôt la transforma en une petite veste que Joseph porta jusqu’à ce qu’elle soit devenue vraiment trop petite. Alors sa mère s’en débarrassa de nouveau, et une fois encore, Joseph récupéra son schmat doudou et implora son grand-père d’en faire quelque chose qu’il pourrait garder. Le schmat doudou devint ainsi cravate, puis mouchoir et termina son existence de doudou en petit bouton de tissu pour fermer le pantalon de Joseph. Ce dernier le perdit, puis le retrouva, puis le perdit de nouveau… définitivement.

Ce conte yiddish, déjà paru dans le recueil Contes de Chelm (éditions Syros, épuisé) et illustré ici par Joëlle Jolivet, est délicieusement raconté par Muriel Bloch qui nous donne à entendre l’accent du shtetl et toute la tendresse qui lie Joseph à son grand-père. Joseph en grandissant se sépare peu à peu, et avec difficulté, de son doudou, véritable «couverture de sécurité», pour parler comme Charly Brown, des Peanuts. Et puis un jour, sans y prendre garde, Joseph n’a plus besoin de son doudou, qu’il soit couverture, mouchoir ou bouton. Il a grandi et son grand-mère n’est plus qu’un souvenir à ses côtés. Mais dans sa chambre, où il couche sur le papier l’histoire de son schmat doudou, les murs sont tapissés du même motif que celui de sa couverture fétiche…
Schmat doudou nous raconte ce long voyage vers l’âge adulte au cours duquel on se défait peu à peu de son enfance pour n’en garder que le souvenir. Au cœur de ce voyage, le conte rend toute son importance à un bout de tissu si cher aux plus petits.

Ariane Tapinos (novembre 2009)

Lire la suite

04/12/2009 | Lien permanent

QUI VA LOIN, REVIENT PRÈS

Qui va loin reviens près.gifRoman de Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. romans
Janvier 2013, 142 pp. – 9 €

Kima a neuf ans quand son père, voyant sa mort venir, la confie à un passeur qui doit la faire voyager depuis la République démocratique du Congo pour être « adoptée » par une nouvelle famille. En fait d’adoption et de famille, Kima est confiée, au terme d’un pénible voyage, à un couple de riches Parisiens pour leur servir d’esclave domestique. Kima grandit sans jamais quitter l’appartement du XVIe arrondissement, ni connaître le nom de ses « parents » qui se font appeler « Monsieur » et « Madame ». Aucun document, aucun courrier, qui pourrait la renseigner sur leur identité, ne traine dans ce grand appartement bourgeois, sans enfants.  Seule une cuisinière et un chauffeur y font des allers et venues. À 17 ans Kima n’en peut plus d’être séquestrée, ignorée et ignorante du monde qui entoure son univers clos. Elle s’enfuit et rencontre un jeune homme avec qui elle partage un semblant de bonheur durant quelques mois. Sur la base d’une dénonciation, elle est arrêté et prise pour ce qu’elle a déclaré être dans sa demande d’asile : une jeune adulte.

Christophe Léon ne nous épargne rien dans ce terrible récit fait d’allers et retours qui mettent les nerfs du lecteur à rude épreuve. Rien ne vient tempérer l’égoïsme et l’indifférence de ceux qui croisent la route de Kima. Même Gilles la trahit, par couardise et parce qu’il ne supporte plus sa propre lâcheté et l’entraine à sa perte. Aucune générosité, aucun geste, ne vient jamais rompre l’isolement de Kima. Le pire est sans doute la révélation finale qui donne à la vie ravagée de cette enfant d’Afrique envoyée en France par son père pour connaître une vie meilleure, un caractère encore plus vain. Le sort de Kima s’écrit comme dans une tragédie grecque : loin dans son histoire, le malheur a germé et inexorablement, le pire la rattrape. Le titre, en forme de proverbe, annonce la couleur, tout comme chacun des livres de Christophe Léon qui met ses engagements au cœur de son écriture. Loin des romans nombrilistes qui brossent l’adolescent dans le sens de son mal-être, Christophe Léon l’invite à s’interroger sur le monde dans lequel il vit. À faire d’une lecture un engagement.

Ariane Tapinos (février 2013)

Lire la suite

04/03/2013 | Lien permanent

COLIN DE L'ESPACE. LA COURSE COSMIQUE PUANTE

Colin de l'espace.jpgroman {Première lecture}
de Tim COLLINS
Traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud et illustré par Joëlle DREIDEMY
Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Mes premiers Witty, premier semestre 2016, 125 pages - 8,50€

Colin s’ennuie au plus haut point dans sa classe où sévit le très barbant le Monsieur Watkins. L’arrivée d’un nouvel élève, Harry, va transformer ses longues journées d’école en une incroyable aventure. Il faut dire que Harry n’est pas n’importe quel nouveau… Il arrive de la galaxie du Centaure et voyage dans le temps dans une… poubelle ! De plus il est équipé d’un extraordinaire téléphone-portable-transpondeur-interstellaire… Avec l ‘un et l’autre, il peut voyager dans l’espace et dans le temps.

Après s’en être donné à cœur joie sur des planètes lointaines et dans un avenir rempli de nouveautés technologiques, Colin et Harry se rendent à l’aube des temps et là… l’aventure se complique… Une rencontre inopinée entre un poil de barbe de Monsieur Watkins et une petite créature verte située au tout début de l’évolution va entrainer un bouleversement inattendu et dramatique qui va modifier l’espèce humaine désormais affublée des traits du visage peu gracieux de Monsieur Watkins (moustaches comprises). Colin et Harry vont devoir se mettre en quatre pour corriger cette abominable erreur…

Ce petit roman très illustré est une hilarante première lecture qui ressemble à un vrai petit roman avec ses 125 pages. Paru en même temps que le très drôle Crumble (texte de Michael Rosen et images de Tony Ross : un chien fait passer un entretien à ses futures maîtresses…), ces deux livres inaugurent une nouvelle collection, mes premiers WItty, qui décline pour les plus jeunes et moins aguerris à la lecture, l’excellente collection Witty des éditions Albin Michel. Dans le même esprit très british que sa grande sœur, ces premiers Witty plus illustrés et d’un format plus petit, peuvent également se prêter à une lecture partagée. Après des années de vaches maigres, nous nous réjouissons que les éditeurs s’intéressent de nouveau à ces lecteurs passagers qui d’écouteurs d’histoires deviendront peut-être des dévoreurs de romans. 

Ariane Tapinos (mars 2016)

 

Lire la suite

21/03/2016 | Lien permanent

CLASSE DE LUNE

ClasseLune.jpgalbum sans texte
de John HARE {Etats-Unis}
Éd. L’école des loisirs, mai 2019 – 14€

Certains albums mettent du temps à s’installer, à trouver leur public, parents et enfants, leur place sur les étagères des bibliothèques publiques ; d’autres, comme celui-ci sont immédiatement des classiques, des incontournables qui enchantent grands et petits.

Cette Classe de Lune est, comme son nom l’indique, une sortie sur la Lune. Avec découverte des cratères, bonds lunaires et observation de la Terre. Les enfants sont tous habillés d’une combinaison d’astronaute (présumons que comme l’auteur de ce livre, ces enfants sont américains) et affublés d’un casque. Un enfant pourtant se distingue : il porte un cahier et des crayons de cire. Pendant que ses camarades découvrent les pierres de lune, bien calé contre un rocher, il dessine la Terre si belle et si bleue depuis l’espace. Si bien installé qu’il s’endort et à son réveil, il voit l’astronef s’envoler, le laissant seul… Seul ? Pas si sûr !
Les drôles de créatures qui peuplent la Lune lui font la fête, à lui et à ses crayons.

Heureusement, la classe a fait demi-tour et vient le récupérer mais avant de partir, il faut tout nettoyer et ne laisser aucune trace de son passage sur l’astre lunaire. Aucune ?

A vous de voir !

La grâce de cet album vient du fait qu’il mêle ce qui est connu (et reconnu avec plaisir par le petit lecteur) – la sortie ou le voyage scolaire – et ce qui est magique, poétique, impossible et qui fait tellement rêver : le voyage interstellaire.

De plus, John Hare arrive à donner vie aux sentiments de ses petits personnages alors même que leurs visages nous restent cachés jusqu’à la dernière image. Là encore, leurs sentiments nous sont proches alors même que leur aventure est extraordinaire.

Et il en faut du talent pour raconter, sans mots, cette Classe de Lune !

Ariane Tapinos (juin 2019)

Lire la suite

03/06/2019 | Lien permanent

Manolis de Vourla | roman d'Allain GLYKOS

manolis vourla.gifÉd. Quiquandquoi | sept. 2005 | 144 pages - 19,50€
Livre accompagné d'un DVD documentaire

Vourla, bourgade grecque d'Asie Mineure, septembre 1922. Manolis a sept ans. En quelques jours sa paisible vie de petit paysan va être emportée dans la tourmente de l'Histoire. La France et l'Angleterre viennent d'abandonner leur ancienne alliée, la Grèce, et renoncent à la soutenir dans son incroyable tentative de reconquête d'une partie de la Turquie. La défaite grecque provoque la «Grande catastrophe d'Asie Mineure»: les Grecs sont chassés de ce territoire turc dans lequel ils vivent depuis toujours (les Turcs qui habitent le nord de la Grèce depuis presque aussi longtemps, sont eux aussi renvoyés dans leur «patrie»).
Manolis est depuis quelques jours chez sa grand-mère, Sophia, lorsque la guerre frappe à sa porte. Sophia et lui doivent partir. Marcher des heures de long de routes jonchées de cadavres. Embarquer sur un navire militaire anglais, puis sur un vieux cargo grec. Ils arrivent enfin à Nauplie, la première capitale de la Grèce libre, où ils sont conduits avec tous les réfugiés dans une école de la ville.

D'abord adopté par une riche famille de Nafpliotes en manque de descendance masculine, Manolis apprend que sa mère, dont il est sans nouvelle depuis son départ forcé de Turquie, a trouvé refuge en Crète. Il a huit ans lorsqu'il entreprend seul ce long voyage jusqu'à Vori, en Crète, où il apprend la mort de son père mais retrouve sa mère, ses frères et ses sœurs. Il n'a que quinze ans lorsqu'il entame un plus long voyage encore jusqu'en France, à Bordeaux où il sait que vit l'un de ses oncles. Manolis veut étudier et vivre une autre vie que celle que lui promet cette terre aride de Crète. Coupé de la terre qui l'a vu naître, il cherche, toujours plus loin, un autre ailleurs qui soit enfin un nouveau chez lui. L'arrivée à Bordeaux est rude: il y fait froid, il y pleut souvent, les murs sont gris et les gens moins expansifs qu'autour de la Méditerranée, mais la France est encore une terre d'accueil et c'est ici, dans la région bordelaise que Manolis fera sa vie d'adulte.

Après le très beau Parle-moi de Manolis, paru en 1997 aux éditions de L'Escampette, Allain Glykos a une nouvelle fois trempé sa plume dans l'encre de son histoire familiale, pour revenir sur le voyage qui a conduit son père d'Asie Mineure jusqu'à Bordeaux. Alors que son premier récit de cet exil, d'une construction littéraire très différente, était destiné aux adultes, Manolis de Vourla, plus narratif, s'adresse aux adolescents. Peut-être à ceux à qui il a souvent raconté l'histoire de son père et avec qui il a débattu des réalités de l'immigration, du déracinement et de la double culture (comme le montre le film de Yolande Detez et Jean-Marie Bertineau, qui accompagne l'ouvrage sous la forme d'un DVD).

Allain Glykos trouve les mots justes pour raconter cette terrible histoire, dont on ne sait si l'issue est vraiment heureuse, comme si l'immigré devait toujours faire un compromis entre là d'où il vient, là où il vit et les rêves qu'il a abandonnés en chemin. On lit le roman de Manolis le cœur serré à la pensée de ce petit garçon bringuebalé par les événements, de cet adolescent courageux et volontaire et de cet homme tenu si longtemps éloigné de la terre de son enfance. Au-delà du récit, si mal connu en France, de ce déplacement tragique de populations entre la Grèce et la Turquie (mais à vrai dire, pour les Français, la Grèce se résume bien souvent à ses plages, ses ruines, ses maisons blanches et son histoire s'arrête à Périclès), le texte d'Allain Glykos nous parle de tous ces exils forcés, de toutes ces guerres et de leurs cortèges de réfugiés hagards et dépenaillés, qui trouvent tant d'échos dans l'histoire récente. En cela son récit est universel, comme est universel l'amour de ce fils pour son père.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 14 novembre 2005)


À lire pour les plus grands : Parle-moi de Manolis, éd. L'Escampette, 4e trim. 1997, 150 pages, 15€

Lire la suite

31/05/2009 | Lien permanent

AVENTURIERS MALGRÉ EUX. Tome 1 : 1 Yack, 2 Yétis, 3 Explorateurs

aventure,explorateur,tibet,jumeaux,humourRoman d’aventures abracabrantesques de C. Alexander LONDON
Éd. Les Grandes Personnes
Avril 2012, 329 pp. – 16,50 €

N’importe quel enfant rêverait de la vie d’aventures de Celia et Oliver, les jumeaux de la famille Nombril. Leurs parents sont explorateurs et ils vivent quatre étages et demi au-dessus du très select Club des Explorateurs, dans l’Upper East Side, à Manhatan, New-York. Leurs vacances ne sont que voyages, découvertes, péripéties et aventures en tous genres. Seulement… Celia et Oliver détestent les voyages et toutes les aventures qui conduisent inmanquablement à des expériences gustatives douteuses et comprennent toutes sortes d’exercices physiques et de rencontres périlleuses. Ils n’aspirent qu’à une chose: rester vautrés dans leur canapé les yeux rivés sur leur téléviseur. Alors que leurs parents sont des professionnels de l’aventure tendance Indiana Jones (bien que le professeur Nombril ait l’air moins sexy qu’Harrisson Ford), les jumeaux sont d’insatiables téléphages dont le principal souci est d’arriver à se mettre d’accord sur le programme et l’unique objectif est d’acquérir le câble. Et ce n’est pas la disparition de leur mère, trois ans plus tôt, partie à la recherche de la Bibliothèque d’Alexandrie qui les ferait bouger de leur position (assise). Bien au contraire, voilà bien la preuve que l’exploration ne mène nul part. Pourtant et pour leur plus grand malheur, Celia et Oliver sont contraints, par un pari stupide de leur père, de repartir à l’aventure. Et l’aventure dans la famille Nombril… c’est vraiment l’aventure! 

À peine occupés depuis quelques heures à regarder les émissions proposées par la compagnie aérienne qui les conduit vers le Tibet, les voilà éjectés de l’avion… Impossible dès lors de résumer ne serait-ce qu’une toute petite partie des multiples péripéties qui les conduiront sur les traces de leur mère et de la bibliothèque perdue d’Alexandrie. Qu’il suffise de dire que c’est grâce à l’immense somme de connaissances qu’ils sont acquises en regardant la télévision (et bien que la télé-réalité ne soit pas «aussi mouillé(e) que la réalité tout court») qu’ils viendront à bout des yaks parlants, yétis (femelles), sorcières empoisonneuses, faux Lamas, vrai-faux moines…

Totalement farfelu et réjouissant, voilà un vrai roman d’aventures qui se lit au rythme soutenu de ses courts chapitres, aux titres annonciateurs, et de ses multiples rebondissements, au sens propre comme au sens figuré.

Quelque part entre les Monthy Python et Nils Olgerson, ces Aventuriers malgré eux sont merveilleusement drôles et rendent à la littérature d’aventure toutes ses lettres de noblesse. Celia et Oliver rêvent de ne pas quitter leur canapé et, grâce eux, le lecteur peut s’enivrer d’une folle escapade loin de la morosité ambiante, sans quitter son cabinet de lecture. 

Ariane Tapinos (mars 2012)

Lire la suite

09/04/2012 | Lien permanent

Page : 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12