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04/03/2013

QUI VA LOIN, REVIENT PRÈS

Qui va loin reviens près.gifRoman de Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. romans
Janvier 2013, 142 pp. – 9 €

Kima a neuf ans quand son père, voyant sa mort venir, la confie à un passeur qui doit la faire voyager depuis la République démocratique du Congo pour être « adoptée » par une nouvelle famille. En fait d’adoption et de famille, Kima est confiée, au terme d’un pénible voyage, à un couple de riches Parisiens pour leur servir d’esclave domestique. Kima grandit sans jamais quitter l’appartement du XVIe arrondissement, ni connaître le nom de ses « parents » qui se font appeler « Monsieur » et « Madame ». Aucun document, aucun courrier, qui pourrait la renseigner sur leur identité, ne traine dans ce grand appartement bourgeois, sans enfants.  Seule une cuisinière et un chauffeur y font des allers et venues. À 17 ans Kima n’en peut plus d’être séquestrée, ignorée et ignorante du monde qui entoure son univers clos. Elle s’enfuit et rencontre un jeune homme avec qui elle partage un semblant de bonheur durant quelques mois. Sur la base d’une dénonciation, elle est arrêté et prise pour ce qu’elle a déclaré être dans sa demande d’asile : une jeune adulte.


Christophe Léon ne nous épargne rien dans ce terrible récit fait d’allers et retours qui mettent les nerfs du lecteur à rude épreuve. Rien ne vient tempérer l’égoïsme et l’indifférence de ceux qui croisent la route de Kima. Même Gilles la trahit, par couardise et parce qu’il ne supporte plus sa propre lâcheté et l’entraine à sa perte. Aucune générosité, aucun geste, ne vient jamais rompre l’isolement de Kima. Le pire est sans doute la révélation finale qui donne à la vie ravagée de cette enfant d’Afrique envoyée en France par son père pour connaître une vie meilleure, un caractère encore plus vain. Le sort de Kima s’écrit comme dans une tragédie grecque : loin dans son histoire, le malheur a germé et inexorablement, le pire la rattrape. Le titre, en forme de proverbe, annonce la couleur, tout comme chacun des livres de Christophe Léon qui met ses engagements au cœur de son écriture. Loin des romans nombrilistes qui brossent l’adolescent dans le sens de son mal-être, Christophe Léon l’invite à s’interroger sur le monde dans lequel il vit. À faire d’une lecture un engagement.

Ariane Tapinos (février 2013)

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