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MON BUS
album
de Byron BARTON
Traduit de l’américain par Isabelle Reinharez
Éd. L’école des loisirs, mars 2014 – 11,20€
Un livre de Byron Barton est forcément un événement tant ses albums pour les petits –Le toute petite dame, La petite poule rousse, Aéroport, Sur le chantier… - sont devenus d’indémodables classiques. Ce dernier opus, longtemps attendu (son dernier livre date de 2002), est à la hauteur de tous ses précédents livres.
Mon bus est un régal de malice et de couleurs. On y retrouve ces grands aplats de couleurs très contrastées, un peu « pop », qui sont la marque de fabrique de Byron Barton. On y retrouve également son grand talent pour raconter une histoire toute simple mais qui mêle habilement fantaisie et pédagogie.
Ici, c’est Joe, un chauffeur de bus de fait sa tournée. Il conduit le bus 123 (lire 1, 2, 3, à l’américaine). Aux quatre premiers arrêts un chien ou un chat (ou plusieurs) montent dans le bus. Aux trois arrêts suivants, un chien ou un chat (ou plusieurs) descendent du bus pour prendre, qui un train, qui un bateau, qui un avion. Un chien reste dans le bus : c’est celui de Joe qui, le soir venu, rentre avec lui, en voiture.
Ainsi, les petits lecteurs enthousiastes auront pu profiter de tous les moyens de transports qu’ils affectionnent, ils auront fait la connaissance de 5 chiens et 5 chats, auront vu passer une journée entière du lever du jour jusqu’à la nuit et leurs parents pourront à loisir leur faire additionner et soustraire les chiens et les chats !
Ariane Tapinos (mai 2014)
13/05/2014 | Lien permanent
UNE PLANÈTE DANS LA TÊTE
Roman dérangeant
de Sally GARDNER
Traduit de l’anglais par Catherine Gibert
Éd. Gallimard Jeunesse, sept. 2013
254 pages – 14,90 €
Dans un monde totalitaire où règne la Mère Patrie et ses lois d’exclusion, un jeune garçon survit tant bien que mal avec son grand-père, dans la Zone 7, la zone des déshérités, des inadaptés et des opposants silencieux au régime.
Standish est dyslexique, considéré comme idiot par tous sauf par Hector, son seul ami, le fils de ses voisins, échouésaux marges de la société, pour mauvaise attitude envers la Mère Patrie.
Cet endroit délaissé et désolé est dominé par un étrange bâtiment entouré de grillages. Un jour, Hector va chercher leur ballon de l’autre côté des barrières. Peu après, il disparaît…
Standish est prêt à tout pour retrouver son ami et dénoncer le mensonge d’État, entretenu par les dirigeants pour maintenir le peuple dans la soumission.
Avec ses chapitres très courts et son écriture heurtée, ponctuée d’exclamations (« merde et remerde »), Une planète dans la tête est un étrange roman qui parle tout à la fois de la résistance à la tyrannie et de la différence et du handicap. Comme de nombreux romans, il adopte le point de vue de son narrateur « différent », voire défaillant et immerge le lecteur dans un mode de pensée déstabilisant, parfois même dérangeant.
D’autant qu’on ne sortira pas plus de ce monde clos et désespérant que du cerveau décalé de Standish. Le récit de Sally Gardner appelle à la discussion autant sur le fond que sur la forme. Après cette lecture un rien éprouvante, on ne saurait trop vous recommander une promenade dans la nature et un échange avec des personnes bienveillantes.
Ariane Tapinos (octobre 2013)
22/11/2013 | Lien permanent
LA PRISONNIÈRE DU DJEBEL
Roman de Didier DAENINCKX
Éd. Oskar, coll. Histoire et Société
Janvier 2012, 72 pp. – 9,95 €
Suivi d’un entretien avec l’auteur
Alors qu’il fait des travaux dans l’appartement de son grand-père à Montreuil, Éric fait une étonnante et mystérieuse découverte. Bien cachés sous la baignoire, il trouve un pistolet, de vieilles cartes postales d’Algérie et une étrange photo sur laquelle il reconnaît Gilbert, son grand-père, aux côtés d’une jeune femme – européenne – attachée à un arbre. Peu de temps après, Éric retrouve Gilbert, en Charente Maritime où il a désormais élu domicile. Là, entre promenades et repas de famille, il tente de le faire parler du passé. Avec difficulté, Gilbert finira par lui livrer les secrets de cette photo : son enrôlement dans la Guerre d’Algérie, ses doutes et finalement sa désobéissance éclairée… Surtout, il dira enfin cette douleur sourde, ces «deux longues années d’aveuglement et de souffrances» sources d’une «blessure invisible» qui lui fait écrire qu’il s’est «amputé d’une partie de (sa) mémoire pour survivre».
Avec ce court roman, accessible aux jeunes lecteurs, Didier Daeninckx revient une fois de plus sur l’histoire trouble de la Guerre d’Algérie. Au-delà de cette histoire, inspirée pour partie de faits réels, il s’intéresse à la mémoire de cette guerre. Mémoire individuelle blessée, mémoire collective sélective… L’entretien avec l'auteur, proposé en fin de volume, est à ce titre très intéressant.
Ariane Tapinos (janvier 2012)
29/01/2012 | Lien permanent
NIAN LE TERRIBLE. La légende du nouvel an chinois
Album de Guillaume OLIVE & Hé ZHIHONG
Éd. Seuil Jeunesse
Janvier 2012 – 14 €
Autrefois… il y a bien longtemps, un terrible dragon marin, Nian, terrorisait les populations chinoises. Une fois par an, au cours de la dernière nuit de l’année, il quittait son abri du fond des mers et s’abattait sur les terres, dévorant tout sur son passage. La seule possibilité qui s’offrait alors aux paysans apeurés était de s’enfuir des rivages pour se cacher dans les montagnes, le dernier soir de la douzième lune. Jusqu’à ce qu’un vieil homme sage et rusé arrive à les convaincre de lutter contre le monstre. Sachant que celui-ci avait peur du feu, les villageois allumèrent des milliers de lanternes dans leurs foyers, en cette dernière nuit de l’année…
«Depuis lors Nian signifie "année" et, à la veille du Nouvel An, chaque famille de Chine se rassemble, dispose des banderoles rouges aux portes et aux fenêtres» et «fait éclater de nombreux pétards, dans l’espoir de passer un bonne et heureuse année».
Un album – au grand format étroit – magnifique où l’on retrouve les splendides images à l’encre de chine, de Hé Zhihong. Sa peinture si évocatrice de la Chine est ici en parfaite harmonie avec ce conte des origines, accessible aux plus jeunes. La double page centrale qui montre Nian s’approchant du village à la fois caché dans la brume et éclairé de mille feux orangés est une merveille.
Ariane Tapinos (janvier 2012)
19/02/2012 | Lien permanent
Le Problème avec les lapins | Emily GRAVETT
Traduit de l'anglais par Elisabeth Duval
Éd. Kaleïdoscope | septembre 2009 | 18€
Janvier, champ Fibbonacci: le lapin Cœur-à-Prendre se languit sur le gazon et invite tout rongeur aux longues oreilles à le rejoindre.
Février, champ Fibonacci: Cœur-à-prendre et Gros Lapin Blanc, frigorifiés, tricotent et se pelotonnent.
Mars: Cœur-à-Prendre et Gros Lapin Blanc ont le bonheur de vous annoncer la naissance de deux lapereaux rebondis, Perce-Neige et Trèfle. On leur souhaite la bienvenue dans le champ Fibonacci!
Le problème avec les lapins, c'est qu'ils ont tendance à exagérer. Si chacun sait que la règle de base de la reproduction sexuée équivaut à 1+1= 3, chez les lapins, le résultat de ce postulat double dès le départ. Ceci posé, en tenant compte des variables saisonnières (ennui, chaleur estivale…) et de la constante propre à l'espèce (super fertilité), combien de lapins y aura-t-il dans le champ Fibonacci au mois de décembre? Et, plus important encore, combien de lapins un champ peut-il contenir? Et une page? Le problème avec les lapins, c'est que les lois régissant les espaces clos, ils s'en soucient comme de leur première carotte…
Le dernier opus d'Emily Gravett prend la forme d'un calendrier truculent où le lecteur voit évoluer la population du champ Fibonacci au rythme des saisons: pluies printanières, récoltes de septembre, il s'en passe des choses dans la vie de nos sympathiques rongeurs! Comme à son habitude, l'auteur joue avec le format choisi, agrémentant son calendrier de livrets pour nous faire découvrir recettes de carottes, faire-part, post-it… jusqu'à la surprise finale!
Nathalie Ventax (octobre 2009)
07/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
Villa des Oliviers | roman d'Anne VANTAL
Éd. Seuil Jeunesse, coll. Karactère(s) | juin 2009 | 142 pp. - 8,5O€
C’est l’été. Manon a quinze ans et comme chaque année, elle va passer trois semaines dans la maison de ses grands-parents, la Villa des Oliviers, où elle retrouvera ses tantes, ses oncles, ses deux cousines et son petit cousin. Mais cette année, c’est décidé, Manon sera désagréable (suite à une sombre histoire de cheville brisée de sa meilleure copine, Célia), elle restera silencieuse et s’emploiera à gâcher les vacances de ses parents. Mais les résolutions prises sous le coup de la colère sont les plus difficiles à tenir. Comment résister à la gentillesse de Mona, sa grand-mère (et à sa bonne cuisine) et au cou bronzé de Nicolas, le fils du jardinier?
De critique, Manon devient observatrice et se fait la chroniqueuse de ces vacances au soleil où chacun tente de composer entre collectif familial et intimité. Finalement, cet été sera tout sauf ennuyeux. Accidents, révélations, premiers émois amoureux (et première déception aussi)… Manon a matière à exercer son esprit critique, pour le plus grand bonheur du lecteur!
Sous une affreuse couverture (une pin-up anorexique prend un bain de soleil en maillot violet sur serviette turquoise) se cache un réjouissant petit roman sur le mode de la comédie familiale grinçante et tendre à la fois. Comme nous l’annonce la quatrième de couverture, Villa des Oliviers est «le portrait d’une adolescente qui voit s’éloigner son enfance» mais c’est aussi, en beaucoup plus drôle, un portrait de groupe dans lequel Manon (la narratrice) découvre que la vie des adultes est parfois aussi compliquée et mélodramatique que celle des enfants. Une comédie qui n’est pas sans rappeler un certain cinéma français, comme le film de Pascal Thomas, Les Maris, les femmes, les amants, avec ses réussites et aussi son côté très CSP-plus qui en agacera certains (mais pas nous!).
Ariane Tapinos (septembre 2009)
05/10/2009 | Lien permanent
C'est quoi la mémoire ? | documentaire d'Héliane BERNARD et Alexandre FAURE
Éd. Milan jeunesse, coll. Phil’Art | sept. 2008 | 14,50 €
Pour répondre à cette passionnante question, Héliane Bernard et Alexandre Faure font un va et vient entre l’histoire, le religieux, le politique et l’art. Leur propos est étonnamment clair pour un sujet si compliqué. Chaque chapitre (Qu’est-ce que la mémoire ?, Mémoire et religions, Mémoire civile et politique, Commémorer aujourd’hui) est développé en quelques doubles pages thématiques qui s’appuient sur une ou deux œuvres d’art. D’une grande variété culturelle et historique (de l’Antiquité à nos jours, de l’Océanie à l’Europe), ces œuvres éclairent le propos autant qu’elles le construisent. Rien que de logique, puisque c’est de la déesse de la mémoire, Mnémosyne, que sont nées les neuf Muses de l’art…
C’est quoi la mémoire ? penche du côté de la mémoire collective et sociale et c’est sans doute la raison pour laquelle l’inconscient n’est évoqué à aucun moment (encore qu’on parle bien d’ «inconscient collectif»…) mais est-ce un effet de l’inconscient des auteurs, si les femmes de chair sont si peu présentes ? En dehors de Frida Khalo et de Marguerite Yourcenar (simplement citée dans le «Petit alphabet de la mémoire» qui clôt le documentaire), les femmes sont des figures symboliques et des objets artistiques, mais pas des sujets de l’Histoire.
Cela dit, située quelque part entre le livre d’histoire, de philosophie et d’art, cette collection – qui compte déjà quatre titres – est pleine de promesses.
Ariane Tapinos (février 2009)
10/02/2009 | Lien permanent
TOUT SCHUSS !
Album de Bjorn R. LIE
Traduit du norvégien par Pascale Mender
Éd. Thierry Magnier
Nov. 2011 – 15,50 €
Sur les pentes du mont Traffollé, la journée commence à -4° mais cela n’arrête pas les habitants et les visiteurs, dans leurs activités quotidiennes. Certains travaillent : écoliers, bûcherons, commerçants… D’autres profitent des joies des sports d’hiver : ski, moto des neiges, pêche sur lac gelé, fabrication de bonhomme de neige (ou plutôt d’un lapin de neige)… Et le soir, quand la température baisse, tous se mettent au chaud. Qui pour faire une partie de Trivial Pursuit, qui pour danser au son de l’accordéon… La nuit est tombée « les pistes enneigées sont désormais désertes et silencieuses. Les étoiles scintillent dans le ciel tandis que le vent du Nord chante dans les câbles des remontées mécaniques. Demain aussi la journée promet d’être belle… »
Bjorn R. Lie nous convie à un voyage en Norvège au cœur de l’hiver en compagnie de nombreux personnages – humains ou animaux humanisés – chaudement vêtus de splendides pulls multicolores à motifs jacquard, de knickers de velours et de bonnets en tricots. Les images aux nombreux détails amusants sont pleines de poésie et de fantaisie.
Une lecture qui donne une furieuse envie de boire un chocolat chaud après avoir dévalé les pentes !
Ariane Tapinos (janvier 2012)
22/01/2012 | Lien permanent
DARK EYES
Roman policier
de William RICHTER
Traduit de l’américain par Raphaële Eschenbrenner
Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz
Janvier 2013, 363 pages – 15 €
Fini la mode des clones d’Harry Potter ou des vampires romantiques, l’éditeur de Dark Eyes nous annonce en quatrième de couverture la naissance d’une « nouvelle Lisbeth Salander » (l'héroïne de Millénium, pour qui l'ignore encore…). Bon, c’est vrai, Wally est une adolescente, en rupture avec sa famille, qui zone dans les rues de New York à la tête d’une bande de quatre jeunes paumés, installés dans un squat. Elle arbore des collants déchirés, des shorts effilochés et brandit ses ongles peints comme des griffes. D’origine russe, elle a quitté sa mère adoptive, peu après le départ de son père adoptif, et oui, comme il est précisé en quatrième de couverture, son père est un tueur. Très méchant et affublé d’un adolescent prêt à tout qui n’est autre que… le frère de Wally.
On se doute que toute ressemblance avec les personnages d’une célèbre trilogie est parfaitement assumée ! Cela dit, au-delà du pastiche (jusqu’au titre emprunté à un film de Mikhalkov pour faire russe), ce roman se lit avec plaisir et l’histoire est menée tambour battant. Il y a ce qu’il faut de poursuites, de rebondissements, de sentiments – sans oublier la violence (après tout on est chez les malfrats russes, pas chez les enfants de chœur) – qui font les thrillers réussis : ceux qu’on commence et qu’on ne lâche pas avant la dernière page.
Ariane Tapinos (février 2013)
09/06/2013 | Lien permanent
BON VOYAGE LOUISE ! & BONNE NUIT LOUISE !
Albums
de Markus MAJALUOMA
Traduit du finnois par Lucie Labreuille
éd. La Joie de lire
Mars 2013 – 6 € chaque album
Après Louise & Victor et Louise & la grenouille en robe des champs, Louise et son père sont de retour pour deux savoureux albums. Dans l’un, le père et la fille entreprennent un grand voyage dans lequel l’aventure commence en faisant sa valise et se poursuit sur les escalators de l’aéroport, avant de se vivre aux couleurs de l’Asie. Il faut dire que « Partir en vacances avec Louise n’est pas de tout repos ! »
Dans l’autre, Victor tente de coucher Louise. Là encore… ce n’est pas simple. Rien de tel que la traditionnelle (et excellente) recette de l’histoire du soir. Mais avec Louise, tout est une aventure ! Son père choisirait bien un album plein de véhicules formidables mais Louise veut l’histoire de « L’ou’s et l’abeille » ce qui n’est pas sans danger surtout si Louise fait vivre à son père les mésaventure de l’Ours…
Ces deux derniers titres installent ce drôle de couple pas si fréquent dans la littérature jeunesse (à l’exception notable d’Ernest et Célestine) : un papa qui élève manifestement seul son adorable et délurée petite fille. Sans doute fallait-il un détour par la Finlande d’où nous viennent ces petits livres étonnants et amusants, pour que cette configuration familiale (avec un papa coiffé de dreadlocks qui plus est !) fasse son entrée dans nos librairies.
Ariane Tapinos (février 2013)
19/06/2013 | Lien permanent