13/05/2016
ENFANTS DE L'EXIL. De l'île de la Réunion à la Creuse
roman
de Ahmed KALOUAZ
Éd. Oskar, coll. Histoire et Société, janvier 2016, 90 pages - 9,99€
Louis a été embauché par les parents d’Adèle pour faire du jardinage. Au fil des jours et des pauses au soleil entre deux tailles de haies ou de rosiers, Louis, s’est mis à raconter son histoire à la petite fille. Celle de Cornélien, le prénom qu’il portait quand il avait l’âge d’Adèle, dix ans, et qu’il a été brusquement arraché à sa famille, à son île, La Réunion, pour être conduit dans la Creuse. En fait des familles d’accueil promises, Louis-Cornélien a connu les granges, les journées de travail harassantes à la ferme, les foyers miséreux… A 60 ans et avec la vie de labeur d’un garçon de ferme dans la campagne française, il n’en garde pourtant aucune amertume. Un regret peut-être, celui de ne pas savoir quelle aurait été sa vie là-bas, dans son île si il avait peut y rester… Aurait-il eu une vie plus misérable encore ? Une vie de « mauvais garçon » ? Et puis une question qui le taraude : pourrait-il y retourner tant d’années après ?
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09/01/2013
MADE IN VIETNAM
Roman de Carolin PHILIPPS
Traduit de l’allemand par Florence Quillet
Éd. Bayard jeunesse, coll. Millézime
Octobre 2012, 236 pages – 11,50 €
Lan a tout juste quatorze ans mais elle a dû quitter l’école pour aider ses parents à subvenir aux besoins de sa famille. Elle travaille, plus de dix heures par jour, dans un atelier de fabrication de chaussures de sport. Bientôt, sa petite sœur de onze ans doit se joindre à elle et supporter, comme elle, les brimades, les émanations de produits toxiques, les heures travaillées tard dans la nuit et jamais payées. C’est que son maigre salaire suffit à peine à aider ses parents, lesquels assument également leurs neveux nés, comme de nombreux enfants, aveugles, les orbites vides, suite à l’intoxication de leur père par l’ « agent orange », le produit déversé par les Américains sur les forêt et les rivières durant la guerre.
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20/12/2009
LES PIERRES DE FOUDRE
Les Pierres de foudre
Roman d'Alain GROUSSET
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Hors-piste, avril 2007
144 pages - 8,15 €
À la mort de son père, tué dans un éboulement de la mine, Marien décide de quitter l’école et s’inscrit comme mineur. Il n’a rien trouvé d’autre pour éviter la misère à sa mère, Cathline – qui s’épuise comme lavandière pour un salaire de misère – et à son frère et sa sœur jumeaux, encore si petits. Désormais il sera « galibot » et travaillera au complexe minier du Puits du Diable. Crainte et fierté mêlées, il ne doute pas de son choix et de sa responsabilité d’aîné.
Le travail souterrain est pénible mais Marien s’en acquitte, découvrant la solidarité des mineurs, il est vite « dans son élément ». Un peu trop même, quand il devient évident qu’il possède le don étrange de communiquer avec la roche, un don de voyance jusqu’ici réservé à une secte de femmes. En effet, les « Devineuses » monnayent très cher leur capacité à lire dans les parois de la mine l’emplacement des précieuses Pierres de foudre, des éclats de roches qui ont le pouvoir de retarder le vieillissement de qui en porte un fragment sur son corps. Marien est une menace pour les Devineuses, tandis que le directeur de la mine y voit une occasion d’augmenter considérablement ses bénéfices. Mais quelle est donc la nature de cette Chose qui parle ainsi à l’adolescent ?
On croit ouvrir un roman social (pauvreté, rudesse desconditions de travail, solidarité ouvrière, langage imagé, précis et désuet pour désigner leshommes, les tâches, les outils...) et l’on glisse doucement vers le fantastique, sans que pour autant le réalisme sociologique disparaisse complètement. Ainsi le fantastique se déploit pleinement au moment même où les mineurs se mettent en grève à la suite d’un énorme coup de grisou qui a tué cinquante d’entre eux. Le voisinage des deux genres est assez réussi, et l’action pas moins improbable que dans n’importe quel roman de science-fiction. Le lecteur « marche » et la lecture est agréable. Une réserve toutefois : ceci est une histoire d’hommes, tous les héros sont masculins, et si les méchants sont du côté du capital (le directeur), les très-méchants et meurtriers sont des tueuses – hormis le pauvre Perrin, qui agit sous la pression des Devineuses pour soigner sa... petite fille malade. Les autres personnages féminins (la mère, l’amie, les « trieuses ») apparaissent comme beaucoup plus démunies et faibles que leurs homologues masculins, qui n’ont de cesse de les protéger. Mais il s’agit sûrement d’une concession faite au versant réalisme social du roman ?
(Première publication de l'article : 16 juillet 2007)
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