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13/05/2016

ENFANTS DE L'EXIL. De l'île de la Réunion à la Creuse

Enfants de l'exil.jpgroman
de Ahmed KALOUAZ
Éd. Oskar, coll. Histoire et Société, janvier 2016, 90 pages - 9,99€

Louis a été embauché par les parents d’Adèle pour faire du jardinage. Au fil des jours et des pauses au soleil entre deux tailles de haies ou de rosiers, Louis, s’est mis à raconter son histoire à la petite fille. Celle de Cornélien, le prénom qu’il portait quand il avait l’âge  d’Adèle, dix ans, et qu’il a été brusquement arraché à sa famille, à son île, La Réunion, pour être conduit dans la Creuse. En fait des familles d’accueil promises, Louis-Cornélien a connu les granges, les journées de travail harassantes à la ferme, les foyers miséreux… A 60 ans et avec la vie de labeur d’un garçon de ferme dans la campagne française, il n’en garde pourtant aucune amertume. Un regret peut-être, celui de ne pas savoir quelle aurait été sa vie là-bas, dans son île si il avait peut y rester… Aurait-il eu une vie plus misérable encore ? Une vie de « mauvais garçon » ? Et puis une question qui le taraude : pourrait-il y retourner tant d’années après ?


Si ce roman est bouleversant c’est bien sûr pour l’histoire qu’il raconte, celle de ces 1 630 enfants réunionnais, parfois abandonnés mais souvent arrachés à leurs familles, déplacés en Métropole pour repeupler les campagnes françaises. Pour le bien des paysans métropolitains en mal de main d’oeuvre mais soit disant pour leur bien aussi… Commencés en 1963 ces « déplacements » d’enfants n’ont cessés qu’en… 1982 ! Oui, oui, vous avez bien lu… il y a à peine un peu plus de trente ans, les autorités françaises pensaient encore qu’il était préférable pour ces enfants de ce coin de France perdu dans l’océan Indien, de vivre loin de leurs familles, loin de leur environnement, à trimer dans les fermes des paysans de la Creuse, du Tarn, du Gers…

C’est aussi pour la manière dont le récit est porté par la langue toujours belle et empathique d’Ahmed Kalouaz qui en choisissant de faire dialoguer un homme de 60 ans et une fillette de dix ans, nous rapproche plus encore de ces enfants malmenés par l’histoire et par les hommes qui la font.

Ecrit à hauteur d’enfant, ce roman parfaitement documenté, devrait intéresser et toucher les plus jeunes, toujours avides d’ « histoires vraies ».

Ariane Tapinos (avril 2016)

Retrouvez, sur notre blog, les critiques d'autres - merveilleux - romans d'Ahmed Kalouaz : Mon cour dans les rapides (Le Rouergue, 2012), Les fantômes d'octobre (Oskar, 2011), La première fois on pardonne (le Rouergue, 2010).

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