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25/04/2016

AU COEUR DE FUKUSHIMA Journal d'un travailleur de la centrale nucléaire 1F

japon,fukushima,usine,travail,témoignage,nucleaire,catastrophe écologiquemanga
de Kazuto TATSUTA
Traduit du japonais et adapté par Frédéric Malet
Éd. Kana, coll. made in, mars 2016 - 9,90€
Volume 1 / 
Volume 2 à paraître en juin 2016

Dans sa préface, Karyn Nishimura-Poupée, correspondante de l’AFP au Japon, explique que « des dizaines de mangas sont paru au Japon sur la catastrophe dans les premières années suivant le drame, car le manga est pour les Japonais un media qui dépasse le divertissement ». Cette affirmation trouve ici une éclairante confirmation. Point de divertissement dans Au cœur de Fukushima, ni même de diversion sous la forme de commentaires ou de distance critique, mais un « journal d’un travailleur de la centrale nucléaire 1F » comme l’indique son sous-titre, scrupuleux et détaillé. Kazua Tatsuta a travaillé pendant six mois à la centrale de Fukushima Daichi ichi-efu (1F), jusqu’à atteindre la dose annuelle limite d’irradiation. Ouvrier et mangaka, il relate dans cet ouvrage, le quotidien des travailleurs de la centrale chargés d’assurer la décontamination du site. Il retranscrit dans le moindre détail ses journées de travail : trajets compliqués avec plusieurs véhicules selon les zones et la distance du réacteur, équipements, installations, relations avec les collègues, travail fragmenté et contrôles répétés des taux d’irradiation…


Il pourrait tout aussi bien s’agir d’un travail sur une chaine, à l’usine, avec ses conversations de vestiaires, ses cadences, ses pauses … Kazuto Tatsuta décrit par le menu le travail d’un ouvrier du XXIe siècle soumis à des conditions de travail très difficiles et touchant une rémunération scandaleusement faible au regard des risques encourus (payée en espèces et déduites de frais divers). Son témoignage vaut d’ailleurs autant pour cette immersion sociale que pour ce qu’il décrit du travail spécifique des ouvriers du nucléaire. Au point qu’on est parfois agacé par son manque de distance critique à l’égard de la société Tepco ou des autorités japonaises. Ce manga est l’exact opposé de Colère nucléaire* dans lequel Takashi Imashiro expose page après page, sa colère, sa désillusion, ses inquiétudes face à l’industrie du nucléaire au Japon. Pour autant, Au coeur de Fukushima est un témoignage passionnant et exceptionnel. C’est aussi un très beau manga au dessin limpide, précis, documentaire et documenté et à la narration fluide.

Ariane Tapinos (avril 2016)

* Colère nucléaire, éditions Akata
1 - L’après catastrophe, , novembre 2015
2 - Aux manifs… , janvier 2016

 

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