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22/04/2016

DE SI BEAUX CHEVEUX

De si beaux cheveux.jpgroman
de
Gwladys CONSTANT
Éd. Oskar, coll. Court métrage, janvier 2016, 39 pages - 6€

« Pourquoi les cheveux ?… Je ne sais pas… Enfin, si, je sais… La mythologie le raconte très bien. La chevelure est un atout majeur de la séduction féminine. (…) Plus sensuel, tu meurs ! Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai fait ça. Je n’allais pas me trancher un sein, et jouer les Amazones. La chevelure, c’est symbolique, c’est signifiant, elle parle aux instincts, les instincts les plus vils. Car je considère que les mecs qui m’abordent dans la rue ne sont pas des hommes, justement. Ils sont en dessous ».

Une jeune fille  de 17 ans, une « adolescente comme les autres » comme elle se définie elle-même, qui se fait appeler Jeanne, en référence à Jeanne d’Arc, accepte de répondre à un journaliste de la presse locale pour expliquer le geste radical (mais pas définitif) qui a fait parler d’elle. Dans une longue confession elle dit sa lassitude et sa colère même, face aux interpellations incessantes des hommes dans la rue. Des mots, des gestes, des attitudes qui sont autant de petites agressions et qui peu à peu deviennent insupportables alors même que la première d’entre elles n’est pas tolérable.


« Finalement, un temps ça m’a reposé d’être regardée comme une excentrique ou une malade en phase terminale plutôt que comme une marchandise consommable. Notre société dit aux femmes qu’elles doivent être belles mais elle leur donne envie d’être laides ». Son geste, qui nous est livré dès la couverture où s’expose un crâne entièrement rasé, lui donne droit à la parole. Sa chevelure contre une voix. Jeanne dénonce ce que tant et tant de femmes font mine d’accepter et sa colère n’empêche pas la réflexion et la lucidité. Elle parle pour toutes celles qui ne peuvent le faire, pour toutes celles qui se dépouillent de bien plus que leurs cheveux pour trouver une place dans un monde où le désir des hommes gouverne la vie de femmes.

Ce texte de Gwladys Constant est beau et utile : de nombreuses adolescentes se reconnaitront dans le témoignage de Jeanne et sauront qu’il existe des mots pour dire non aux violences qu’elles subissent, que la honte est du côté des harceleurs et que la rue leur appartient.

Ariane Tapinos (avril 2016)

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