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Rechercher : voyage à Birmingham

QUI VA LOIN, REVIENT PRÈS

Qui va loin reviens près.gifRoman de Christophe LÉON
Éd. Thierry Magnier, coll. romans
Janvier 2013, 142 pp. – 9 €

Kima a neuf ans quand son père, voyant sa mort venir, la confie à un passeur qui doit la faire voyager depuis la République démocratique du Congo pour être « adoptée » par une nouvelle famille. En fait d’adoption et de famille, Kima est confiée, au terme d’un pénible voyage, à un couple de riches Parisiens pour leur servir d’esclave domestique. Kima grandit sans jamais quitter l’appartement du XVIe arrondissement, ni connaître le nom de ses « parents » qui se font appeler « Monsieur » et « Madame ». Aucun document, aucun courrier, qui pourrait la renseigner sur leur identité, ne traine dans ce grand appartement bourgeois, sans enfants.  Seule une cuisinière et un chauffeur y font des allers et venues. À 17 ans Kima n’en peut plus d’être séquestrée, ignorée et ignorante du monde qui entoure son univers clos. Elle s’enfuit et rencontre un jeune homme avec qui elle partage un semblant de bonheur durant quelques mois. Sur la base d’une dénonciation, elle est arrêté et prise pour ce qu’elle a déclaré être dans sa demande d’asile : une jeune adulte.

Christophe Léon ne nous épargne rien dans ce terrible récit fait d’allers et retours qui mettent les nerfs du lecteur à rude épreuve. Rien ne vient tempérer l’égoïsme et l’indifférence de ceux qui croisent la route de Kima. Même Gilles la trahit, par couardise et parce qu’il ne supporte plus sa propre lâcheté et l’entraine à sa perte. Aucune générosité, aucun geste, ne vient jamais rompre l’isolement de Kima. Le pire est sans doute la révélation finale qui donne à la vie ravagée de cette enfant d’Afrique envoyée en France par son père pour connaître une vie meilleure, un caractère encore plus vain. Le sort de Kima s’écrit comme dans une tragédie grecque : loin dans son histoire, le malheur a germé et inexorablement, le pire la rattrape. Le titre, en forme de proverbe, annonce la couleur, tout comme chacun des livres de Christophe Léon qui met ses engagements au cœur de son écriture. Loin des romans nombrilistes qui brossent l’adolescent dans le sens de son mal-être, Christophe Léon l’invite à s’interroger sur le monde dans lequel il vit. À faire d’une lecture un engagement.

Ariane Tapinos (février 2013)

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04/03/2013 | Lien permanent

COLIN DE L'ESPACE. LA COURSE COSMIQUE PUANTE

Colin de l'espace.jpgroman {Première lecture}
de Tim COLLINS
Traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud et illustré par Joëlle DREIDEMY
Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Mes premiers Witty, premier semestre 2016, 125 pages - 8,50€

Colin s’ennuie au plus haut point dans sa classe où sévit le très barbant le Monsieur Watkins. L’arrivée d’un nouvel élève, Harry, va transformer ses longues journées d’école en une incroyable aventure. Il faut dire que Harry n’est pas n’importe quel nouveau… Il arrive de la galaxie du Centaure et voyage dans le temps dans une… poubelle ! De plus il est équipé d’un extraordinaire téléphone-portable-transpondeur-interstellaire… Avec l ‘un et l’autre, il peut voyager dans l’espace et dans le temps.

Après s’en être donné à cœur joie sur des planètes lointaines et dans un avenir rempli de nouveautés technologiques, Colin et Harry se rendent à l’aube des temps et là… l’aventure se complique… Une rencontre inopinée entre un poil de barbe de Monsieur Watkins et une petite créature verte située au tout début de l’évolution va entrainer un bouleversement inattendu et dramatique qui va modifier l’espèce humaine désormais affublée des traits du visage peu gracieux de Monsieur Watkins (moustaches comprises). Colin et Harry vont devoir se mettre en quatre pour corriger cette abominable erreur…

Ce petit roman très illustré est une hilarante première lecture qui ressemble à un vrai petit roman avec ses 125 pages. Paru en même temps que le très drôle Crumble (texte de Michael Rosen et images de Tony Ross : un chien fait passer un entretien à ses futures maîtresses…), ces deux livres inaugurent une nouvelle collection, mes premiers WItty, qui décline pour les plus jeunes et moins aguerris à la lecture, l’excellente collection Witty des éditions Albin Michel. Dans le même esprit très british que sa grande sœur, ces premiers Witty plus illustrés et d’un format plus petit, peuvent également se prêter à une lecture partagée. Après des années de vaches maigres, nous nous réjouissons que les éditeurs s’intéressent de nouveau à ces lecteurs passagers qui d’écouteurs d’histoires deviendront peut-être des dévoreurs de romans. 

Ariane Tapinos (mars 2016)

 

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21/03/2016 | Lien permanent

CLASSE DE LUNE

ClasseLune.jpgalbum sans texte
de John HARE {Etats-Unis}
Éd. L’école des loisirs, mai 2019 – 14€

Certains albums mettent du temps à s’installer, à trouver leur public, parents et enfants, leur place sur les étagères des bibliothèques publiques ; d’autres, comme celui-ci sont immédiatement des classiques, des incontournables qui enchantent grands et petits.

Cette Classe de Lune est, comme son nom l’indique, une sortie sur la Lune. Avec découverte des cratères, bonds lunaires et observation de la Terre. Les enfants sont tous habillés d’une combinaison d’astronaute (présumons que comme l’auteur de ce livre, ces enfants sont américains) et affublés d’un casque. Un enfant pourtant se distingue : il porte un cahier et des crayons de cire. Pendant que ses camarades découvrent les pierres de lune, bien calé contre un rocher, il dessine la Terre si belle et si bleue depuis l’espace. Si bien installé qu’il s’endort et à son réveil, il voit l’astronef s’envoler, le laissant seul… Seul ? Pas si sûr !
Les drôles de créatures qui peuplent la Lune lui font la fête, à lui et à ses crayons.

Heureusement, la classe a fait demi-tour et vient le récupérer mais avant de partir, il faut tout nettoyer et ne laisser aucune trace de son passage sur l’astre lunaire. Aucune ?

A vous de voir !

La grâce de cet album vient du fait qu’il mêle ce qui est connu (et reconnu avec plaisir par le petit lecteur) – la sortie ou le voyage scolaire – et ce qui est magique, poétique, impossible et qui fait tellement rêver : le voyage interstellaire.

De plus, John Hare arrive à donner vie aux sentiments de ses petits personnages alors même que leurs visages nous restent cachés jusqu’à la dernière image. Là encore, leurs sentiments nous sont proches alors même que leur aventure est extraordinaire.

Et il en faut du talent pour raconter, sans mots, cette Classe de Lune !

Ariane Tapinos (juin 2019)

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03/06/2019 | Lien permanent

Manolis de Vourla | roman d'Allain GLYKOS

manolis vourla.gifÉd. Quiquandquoi | sept. 2005 | 144 pages - 19,50€
Livre accompagné d'un DVD documentaire

Vourla, bourgade grecque d'Asie Mineure, septembre 1922. Manolis a sept ans. En quelques jours sa paisible vie de petit paysan va être emportée dans la tourmente de l'Histoire. La France et l'Angleterre viennent d'abandonner leur ancienne alliée, la Grèce, et renoncent à la soutenir dans son incroyable tentative de reconquête d'une partie de la Turquie. La défaite grecque provoque la «Grande catastrophe d'Asie Mineure»: les Grecs sont chassés de ce territoire turc dans lequel ils vivent depuis toujours (les Turcs qui habitent le nord de la Grèce depuis presque aussi longtemps, sont eux aussi renvoyés dans leur «patrie»).
Manolis est depuis quelques jours chez sa grand-mère, Sophia, lorsque la guerre frappe à sa porte. Sophia et lui doivent partir. Marcher des heures de long de routes jonchées de cadavres. Embarquer sur un navire militaire anglais, puis sur un vieux cargo grec. Ils arrivent enfin à Nauplie, la première capitale de la Grèce libre, où ils sont conduits avec tous les réfugiés dans une école de la ville.

D'abord adopté par une riche famille de Nafpliotes en manque de descendance masculine, Manolis apprend que sa mère, dont il est sans nouvelle depuis son départ forcé de Turquie, a trouvé refuge en Crète. Il a huit ans lorsqu'il entreprend seul ce long voyage jusqu'à Vori, en Crète, où il apprend la mort de son père mais retrouve sa mère, ses frères et ses sœurs. Il n'a que quinze ans lorsqu'il entame un plus long voyage encore jusqu'en France, à Bordeaux où il sait que vit l'un de ses oncles. Manolis veut étudier et vivre une autre vie que celle que lui promet cette terre aride de Crète. Coupé de la terre qui l'a vu naître, il cherche, toujours plus loin, un autre ailleurs qui soit enfin un nouveau chez lui. L'arrivée à Bordeaux est rude: il y fait froid, il y pleut souvent, les murs sont gris et les gens moins expansifs qu'autour de la Méditerranée, mais la France est encore une terre d'accueil et c'est ici, dans la région bordelaise que Manolis fera sa vie d'adulte.

Après le très beau Parle-moi de Manolis, paru en 1997 aux éditions de L'Escampette, Allain Glykos a une nouvelle fois trempé sa plume dans l'encre de son histoire familiale, pour revenir sur le voyage qui a conduit son père d'Asie Mineure jusqu'à Bordeaux. Alors que son premier récit de cet exil, d'une construction littéraire très différente, était destiné aux adultes, Manolis de Vourla, plus narratif, s'adresse aux adolescents. Peut-être à ceux à qui il a souvent raconté l'histoire de son père et avec qui il a débattu des réalités de l'immigration, du déracinement et de la double culture (comme le montre le film de Yolande Detez et Jean-Marie Bertineau, qui accompagne l'ouvrage sous la forme d'un DVD).

Allain Glykos trouve les mots justes pour raconter cette terrible histoire, dont on ne sait si l'issue est vraiment heureuse, comme si l'immigré devait toujours faire un compromis entre là d'où il vient, là où il vit et les rêves qu'il a abandonnés en chemin. On lit le roman de Manolis le cœur serré à la pensée de ce petit garçon bringuebalé par les événements, de cet adolescent courageux et volontaire et de cet homme tenu si longtemps éloigné de la terre de son enfance. Au-delà du récit, si mal connu en France, de ce déplacement tragique de populations entre la Grèce et la Turquie (mais à vrai dire, pour les Français, la Grèce se résume bien souvent à ses plages, ses ruines, ses maisons blanches et son histoire s'arrête à Périclès), le texte d'Allain Glykos nous parle de tous ces exils forcés, de toutes ces guerres et de leurs cortèges de réfugiés hagards et dépenaillés, qui trouvent tant d'échos dans l'histoire récente. En cela son récit est universel, comme est universel l'amour de ce fils pour son père.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 14 novembre 2005)


À lire pour les plus grands : Parle-moi de Manolis, éd. L'Escampette, 4e trim. 1997, 150 pages, 15€

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31/05/2009 | Lien permanent

AVENTURIERS MALGRÉ EUX. Tome 1 : 1 Yack, 2 Yétis, 3 Explorateurs

aventure,explorateur,tibet,jumeaux,humourRoman d’aventures abracabrantesques de C. Alexander LONDON
Éd. Les Grandes Personnes
Avril 2012, 329 pp. – 16,50 €

N’importe quel enfant rêverait de la vie d’aventures de Celia et Oliver, les jumeaux de la famille Nombril. Leurs parents sont explorateurs et ils vivent quatre étages et demi au-dessus du très select Club des Explorateurs, dans l’Upper East Side, à Manhatan, New-York. Leurs vacances ne sont que voyages, découvertes, péripéties et aventures en tous genres. Seulement… Celia et Oliver détestent les voyages et toutes les aventures qui conduisent inmanquablement à des expériences gustatives douteuses et comprennent toutes sortes d’exercices physiques et de rencontres périlleuses. Ils n’aspirent qu’à une chose: rester vautrés dans leur canapé les yeux rivés sur leur téléviseur. Alors que leurs parents sont des professionnels de l’aventure tendance Indiana Jones (bien que le professeur Nombril ait l’air moins sexy qu’Harrisson Ford), les jumeaux sont d’insatiables téléphages dont le principal souci est d’arriver à se mettre d’accord sur le programme et l’unique objectif est d’acquérir le câble. Et ce n’est pas la disparition de leur mère, trois ans plus tôt, partie à la recherche de la Bibliothèque d’Alexandrie qui les ferait bouger de leur position (assise). Bien au contraire, voilà bien la preuve que l’exploration ne mène nul part. Pourtant et pour leur plus grand malheur, Celia et Oliver sont contraints, par un pari stupide de leur père, de repartir à l’aventure. Et l’aventure dans la famille Nombril… c’est vraiment l’aventure! 

À peine occupés depuis quelques heures à regarder les émissions proposées par la compagnie aérienne qui les conduit vers le Tibet, les voilà éjectés de l’avion… Impossible dès lors de résumer ne serait-ce qu’une toute petite partie des multiples péripéties qui les conduiront sur les traces de leur mère et de la bibliothèque perdue d’Alexandrie. Qu’il suffise de dire que c’est grâce à l’immense somme de connaissances qu’ils sont acquises en regardant la télévision (et bien que la télé-réalité ne soit pas «aussi mouillé(e) que la réalité tout court») qu’ils viendront à bout des yaks parlants, yétis (femelles), sorcières empoisonneuses, faux Lamas, vrai-faux moines…

Totalement farfelu et réjouissant, voilà un vrai roman d’aventures qui se lit au rythme soutenu de ses courts chapitres, aux titres annonciateurs, et de ses multiples rebondissements, au sens propre comme au sens figuré.

Quelque part entre les Monthy Python et Nils Olgerson, ces Aventuriers malgré eux sont merveilleusement drôles et rendent à la littérature d’aventure toutes ses lettres de noblesse. Celia et Oliver rêvent de ne pas quitter leur canapé et, grâce eux, le lecteur peut s’enivrer d’une folle escapade loin de la morosité ambiante, sans quitter son cabinet de lecture. 

Ariane Tapinos (mars 2012)

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09/04/2012 | Lien permanent

La Saga Mendelson. Tome 1 : Les Exilés | roman de Fabrice COLIN

saga mendelson.gifÉd. Seuil jeunesse | avril 2009 | 16,50 €

En faisant quitter Odessa à sa famille en octobre 1905, Isaac Mendelson a sauvé les siens d'un péril imminent. Cet homme, sombre mais aimant, horloger renommé, a choisi l'exil pour protéger sa femme Batsheva et leurs deux jeunes enfants, David et Leah, du pogrom qui conduira à la mort de centaines de juifs russes. Le voyage à destination de Vienne, où un ami leur a promis un destin plus serein, sera chaotique et douloureux. Il ne sera pourtant qu'une étape sur une route encore longue vers une vie meilleure. Quelques années plus tard, en pleine Première Guerre mondiale, les Mendelson quitteront le vieux continent pour les États-Unis, New York, puis Hollywood. Ce trajet mouvementé (c'est peu de le dire) sur près de la moitié du globe constitue le premier tome de La Saga Mendelson, une traversée du siècle à laquelle nous convie Fabrice Colin.

D'Odessa à Los Angeles, en passant par Budapest et Vienne: tout comme on ne peut résumer une émigration en une ligne reliant un point à l'autre sur une carte, l'ampleur romanesque des Exilés déborde largement de cet itinéraire. Construisant son roman comme une enquête sur une famille au destin extraordinaire, mêlant interviewes des protagonistes et de leurs amis, journaux intimes, vrais et faux documents d'époque, jonglant avec les temps et le passé reconstruit par la mémoire, l'auteur nous guide dans l'intimité de ces exilés, et nous dévoile la part si peu linéaire de leur voyage intérieur. Hésitations, contraintes, violence des sentiments, espoirs fous et désillusions cuisantes, chacun de ses héros se débat à sa façon et à son heure avec ces sentiments contradictoires dans ses bagages. Le trajet qui permet à chacun de trouver sa place dans son nouvel environnement ne se mesure plus ni en kilomètres, ni même en années. Pour certains (Batsheva, la mère) le deuil du passé semble même impossible.

Le coup de maître de Fabrice Colin est de parvenir à installer cette intimité en liant étroitement aux éléments de sa fiction une multitude de notations, de références sur les événements historiques et les personnalités politiques et artistiques du début du XXe siècle. Pari osé pour un livre «jeunesse», un domaine où l’on a plus souvent l’habitude de la linéarité temporelle et d’un point de vue narratif unique. D’autant qu’ici cette audace stylistique s’exerce dans une aire très vaste – de la Russie à Hollywood, en passant par les Carpates et l’Autriche-Hongrie – et sur près d’un siècle… Loin de nous égarer, l’auteur instaure petit à petit une familiarité entre le lecteur et ses personnages qui confère au livre un souffle digne d’un roman d’aventure. On a hâte de lire la suite!

Corinne Chiaradia (avril 2009)

PS: À ne pas manquer dans le prochain numéro de la revue Citrouille, qui paraitra en juin, un dossier sur le thème de «L'Exil» avec - entre autres - un entretien avec Fabrice Colin.

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04/05/2009 | Lien permanent

Le Cantique des carabines | roman de Xavier DEUTSCH

cantique carabines.gifÉd. Mijade (Namur) | juin 2009 | 142 pages - 7€

Ponce vient d'avoir quatorze ans. À Moio, son village natal en terre sicilienne, c'est l'âge de la majorité. Ponce «le petit» est grand aujourd'hui et pour cette raison son frère aîné Léonidas, vingt-huit ans, lui offre de l'accompagner à Catane, la grande ville où il compte bien vendre sa récolte annuelle d'oignons. Voilà donc les deux garçons juchés sur une charrette remplie d'oignons et tirée par une jument, partis pour un périple de plusieurs jours sur des routes poussiéreuses et semées d'embûches (des brigands écument les campagnes siciliennes). Léonidas est un jeune homme secret, calme et silencieux - un «taiseux» - il économise ses mots au moins autant que son jeune frère écarquille les yeux dans ce qui ressemble pour lui à un voyage initiatique. Le lecteur ne mesure pas encore à quel point ce voyage va chambouler le jeune Ponce, emporté par la résolution ferme et sans faille de son frère qui, en quelques mots et quelques jours, lui ouvrira des horizons insoupçonnés.

Le premier chamboulement – et non des moindres – intervient autour de la page 40 quand l'étrange attelage atteint… l'aire de repos d'une station-service. On croyait évoluer dans un roman «paysan» plus ou moins historique et nous voilà projetés dans une contemporanéité très déstabilisante!

On pourrait penser que ce basculement relève de la pirouette, du ressort narratif pour épater le lecteur, mais Xavier Deutsch sait donner à ses personnages une vraie épaisseur et quand intervient cette irruption de la modernité le caractère et la personnalité de Léonidas sont là pour nous la faire accepter. J'ignore s'il existe aujourd'hui en Sicile des villages où la charrette est un moyen de locomotion comme un autre, où un jeune agriculteur peut refuser un paiement en euros pour lui préférer les napoléons (ou les souverains d'or si l'acheteur est britannique) et où l'on vend une enfant à un bordel quand on ne peut plus la nourrir… Au bout du compte l'étonnant dans ce Cantique est que la fausse simplicité de l'écriture de l'auteur s'accorde si bien au caractère du héros – il n'économise ses mots que pour mieux les choisir – qu'elle parvient à nous faire admettre les incongruités du récit et accepter l'individualisme forcené du personnage. Léonidas cherche à atteindre un objectif, un seul, et il choisit d'ignorer tous les événements collatéraux; partant il se moque de la marche du monde bien plus que de son premier oignon durement cultivé. Il est comme une illustration de l'expression populaire «c'est pas mes oignons» mais, se débattant lui-même avec une situation et des origines marginales et méprisées, le lecteur aura garde de le juger ni de lui appliquer les grilles habituelles du politiquement correct. Quelles que soient les invraisemblances réelles ou supposées contenues dans l'histoire, elle prend pour héros un personnage atypique et amène son lecteur sur des chemins bien peu explorés par le roman ado. Une belle surprise.

Corinne Chiaradia (janv. 2010)

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11/02/2010 | Lien permanent

MERCI FACTEUR !

Merci facteur!.jpgalbum
de Véronique MASSENOT & Isabelle CHARLY (illustrations)
Éd. Élan Vert, coll. Ponts des arts, en partenariat avec Canopé éditions, mai 2015 - 14,20€.

Il est minuit, le facteur Cheval dort profondément et il ne faut surtout pas le réveiller. Demain matin il doit se lever pour la distribution du courrier et par ces belles journées d'été, ce n'est pas de tout repos !

Mais pendant ce temps-là, alors que le clocher sonne les douze coups, les personnages de son Palais idéal semblent s'animer... Les trois géants : Archimède, César et Vercingétorix ; la gargouille et les momies d’Égypte ; les petits cochons et le dromadaire ; la chèvre à barbiche, les serpents et l'oiseau; partent tous en voyage aux quatre coins du monde afin d'envoyer au facteur des cartes postales de tous les lieux qui l'ont tant inspiré...

Au petit matin, quand le facteur Cheval attrape son sac pour entamer sa tournée, quelle n'est pas sa surprise de découvrir que tout le courrier lui est destiné. Des cartes postales d'Inde, de Suisse, d'Algérie, d’Égypte, … Quelle belle façon de le remercier !

La collection « Ponts des arts » des éditions l’Élan vert et Canopé, permet de découvrir l'art par la fiction. Nous abordons ici l’œuvre de Ferdinand Cheval, facteur de métier, qui a construit le palais de ses rêves, le « Palais idéal », au cœur de la Drôme il y a plus de 100 ans. Il fut alors inspiré par la nature qu'il traversait chaque jour pendant sa tournée, ainsi que par l'arrivée des cartes postales et des magazines illustrés dans ses distributions. Son œuvre, unique et originale, fera de lui un des pionnier de l'art brut.

L'auteure, Véronique Massenot, fascinée par la création du Facteur Cheval ainsi que par l'art postal depuis son adolescence, mêle à merveille ses deux passions pour nous offrir un récit aussi poétique qu'instructif. Quant aux illustrations d'Isabelle Charly, elles sont à l'image du Palais idéal. On y retrouve la profusion des détails, la diversité des matières et des techniques ; tout ceci complété par l'introduction de l'art postal par des reproductions de timbres et de cartes.

Cet album est une invitation au voyage à travers le rêve du Facteur Cheval. Et aussi fou que cela puisse paraître, un rêve devenu réalité...

 Le Palais idéal est une œuvre incroyable dont on nous parle trop peu souvent... Enfin un ouvrage qui lui rend justice, à distribuer partout dans le monde !

Chloé Boulanger (juin 2015)

 

 

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25/06/2015 | Lien permanent

LE SOURIRE DE LA MONTAGNE

afghanistanAlbum
de
François PLACE
Éd. Gallimard Jeunesse, octobre 2013
16 €


« J’ai fait graver ce sourire pour ceux qui viennent de loin et ceux qui viendront après nous. Dans mille, deux mille ou dix mille ans, qui peut savoir ce qu’ils en feront ? Ton sourire m’est tout aussi précieux »…

C’est, vous l’aurez compris, une histoire de transmission : transmission familiale d’un grand-père à sa petite-fille, d’un roi à son peuple, d’un vieux montagnard à des voyageurs, d’une culture à une autre culture, d’un temps passé à un temps futur, d’une sagesse présente à une sagesse universelle…

Le lecteur est transporté dans ce voyage initiatique à travers espace et temps par un texte et des images d’une grande maîtrise.

Merci à François Place de nous offrir cette belle fenêtre d’espoir, de sérénité et d’élan vers un avenir positif !

Josuan (février 2014)

PS : cet album évoque les statues monumentales des trois bouddhas de Bâmiyân, en Afghanistan. Ces splendides sculptures, inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco, on été détruites en mars 2001 par les talibans.


 

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01/03/2014 | Lien permanent

NO PASARAN, LE JEU. L’intégrale en BD

no pasaran.jpgBande dessinée
de Christian LEHMANN (scénario) & Antoine CARRION (images)
Éd.Rue de Sèvres, février 2014, 124 pages - 16€

Lors d’un voyage scolaire à Londres, trois amis Eric, Thierry et Andreas, trouvent par hasard une boutique de jeux vidéo vintages. Alors qu’ils sont sur le point de partir, le vieux commerçant aperçoit une croix nazie sur le blouson d’Andréas, il leur offre alors un jeu ancien mais des plus fantastique. Tour à tour, dans les tranchées en 1917, à Guernica en 1937 ou encore en Yougoslavie dans les années 1990, les joueurs sont transportés physiquement dans le jeu pour incarner des hommes qui ont pris part aux plus grands conflits de l’humanité. Pour mettre fin à la partie, il s’agit d’une question de vie ou de mort.

18 ans après la parution de son livre, Christian Lehmann revient ici en tant que scénariste. Grâce à un dessin réaliste, quasi photographique, Antoine Carrion ajoute une autre dimension à une histoire que nous connaissons déjà tous.

Le graphisme est d’autant plus réussi que chaque univers, chaque ère de l’histoire a sa propre palette de couleurs qui met en exergue l’ambiance de chaque époque.

Cette adaptation du classique du même nom est parfaitement réussie, ni trop violente, ni trop superficielle, elle évite les clichés et est tout autant instructive que divertissante.

Marlène Demen (mai 2014)

A lire également :
No pasaran.gifNo pasaran, le jeu, suivi de Andreas, le retour
de Christian Lehamann
Éd. L'école des loisirs, coll. Médium, 450 pages - 19,50€

 

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11/05/2014 | Lien permanent

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